F1 : La Course à la Perfection_Épisode 1 _Une course pour un titre (2020) (en français - Canal+ - France)

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F1 : La Course à la Perfection_Épisode 1 _Une course pour un titre (2020) (en français - Canal+ - France)

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00:00 Il y a 70 ans, une aventure extraordinaire débutait.
00:05 La Formule 1.
00:07 Un homme et sa machine, en parfaite harmonie, portés par une équipe, unis pour repousser sans cesse leurs limites.
00:15 Avec pour ambition la première marche du podium.
00:19 L'objectif c'est gagné.
00:21 Leur obsession, la perfection.
00:24 Une quête souvent risquée.
00:28 Ils nous ont émerveillés par des moments d'anthologie.
00:32 Nous avons souri, pleuré avec nos héros.
00:38 Ils nous ont offert des actes de grand bravoure.
00:44 Des tragédies aussi.
00:48 Des événements à jamais gravés dans nos mémoires.
00:52 Depuis 70 ans, ces hommes ont poursuivi ce rêve de victoire au péril de leur vie.
00:58 Voici ce qui les rend uniques.
01:04 Voici l'histoire de la Formule 1.
01:09 Le jour où la France se déplace.
01:13 Le nouveau circuit situé au pied du mont Fuji accueille le dernier grand prix de Formule 1 de 1976.
01:28 C'est ici que le titre de champion du monde va se jouer.
01:32 Un duel au sommet entre l'Autrichien Niki Lauda et le Britannique James Hunt.
01:38 J'étais toujours le premier pilote à me battre pour notre sécurité.
01:42 Un peu plus tôt cette saison-là, à Long Beach, on avait évoqué la course de Nürburgring.
01:48 J'avais dit à mes collègues que nos voitures étaient tellement rapides que je pensais qu'on ne pouvait plus aller à Nürburgring.
01:55 Pour des raisons de sécurité.
01:57 Parce que chaque année, nous perdions un ou deux pilotes.
02:01 On devait tout faire pour que ça n'arrive plus.
02:04 Mais la majorité des pilotes a dit que si.
02:08 Il fallait qu'on y aille au vu de l'argent investi.
02:10 On était payés pour cela.
02:12 Et j'ai accepté.
02:13 D'accord, pas de soucis.
02:14 La majorité avait choisi.
02:15 La discussion était terminée.
02:18 L'Autrichien Niki Lauda et le Britannique James Hunt.
02:23 L'Autrichien Niki Lauda et le Britannique James Hunt.
02:27 L'Autrichien Niki Lauda et le Britannique James Hunt.
02:54 Pour résumer cette saison, Niki a dominé la première moitié.
02:57 Puis a failli mourir lors du Grand Prix d'Allemagne.
02:59 Avant de revenir de convalescence de façon héroïque, miraculeuse.
03:03 James Hunt, après avoir perdu le Grand Prix de Grande-Bretagne, a remporté la majorité des courses précédant le Grand Prix du Japon.
03:08 C'était l'homme en forme.
03:10 À Fuji, ce fut la même chose.
03:14 On a attendu des heures parce que le circuit était inondé.
03:17 Personne ne pensait que la course aurait lieu.
03:19 Ni qu'elle pourrait avoir lieu.
03:23 James et Niki faisaient partie du comité de sécurité de la GPLA, l'association des pilotes de Grand Prix.
03:30 Et les deux ont passé la matinée à soutenir que la course ne devait pas avoir lieu.
03:34 James et Niki.
03:35 Je ne crois pas que ce soit aux pilotes de dicter leur loi et de prendre la décision finale.
03:40 Mais je pense que s'ils disent que les conditions sont dangereuses et qu'ils ne veulent pas piloter,
03:46 les responsables devraient respecter leur avis.
03:49 Ne pas les forcer à prendre le départ et à annuler la course.
03:53 Je lui ai dit "James, c'est de la folie. Si cette course n'a pas lieu, on ne peut pas gagner le championnat."
04:00 Et lui "Non, non, non, on ne peut pas faire cette course. Il y a beaucoup trop d'eau."
04:04 James ne voulait pas prendre le départ de la course au Japon.
04:08 Mais Alastair Colwell lui a dit "Tu t'assois dans la voiture, tu t'occupes et tu conduis. C'est tout."
04:19 Bernie voulait que la course ait lieu pour la télévision.
04:22 Et moi je voulais bien sûr qu'elle ait lieu parce qu'on ne pouvait remporter le championnat sans cette course.
04:27 Et puis tout d'un coup à 4 heures de l'après-midi, le directeur de course est venu nous dire que la course allait commencer.
04:37 Mais rien n'avait changé. C'était pour la télé.
04:40 Ça n'avait rien à voir avec la course. On avait un contrat avec la télévision.
04:45 C'est tout. On a dit que la course allait commencer à telle heure et c'est l'heure à laquelle elle a commencé.
04:52 Et ça a dû arriver deux ou trois fois, avant et après ce Grand Prix, que des gens disent qu'on devrait annuler la course.
04:59 "Il ne faudrait pas faire ci ou ça."
05:01 Et je leur ai toujours répondu "On a dit qu'on le ferait et on le fera."
05:06 On a donc maintenu la course.
05:10 C'est difficile à imaginer de nos jours, mais en 1976, c'était les promoteurs qui payaient les chaînes pour qu'elles diffusent la course.
05:18 Le championnat était bien entendu de plus en plus intéressant, surtout en fin de saison.
05:23 Le titre ne s'est joué qu'à un point.
05:26 Les diffuseurs se sont réveillés et ont réalisé qu'ils n'avaient pas de contrat pour retransmettre cette course.
05:32 Et un type a surgi et leur a dit "C'est exact, vous n'avez pas de contrat."
05:37 "Mais je peux faire en sorte que vous en ayez un si vous acceptez de diffuser toutes les courses de la saison prochaine."
05:44 Et voilà, c'est comme ça que la Formule 1 s'est retrouvée à la télévision.
05:51 De nos jours, personne n'aurait accepté de maintenir cette course.
05:56 Ça aurait été hors de question tellement les conditions étaient mauvaises.
06:00 L'Oda s'est donc montré très courageux.
06:03 C'était la première fois qu'il y avait les télés du monde entier, évidemment, que Bernie a fait en sorte que la course aie lieu.
06:10 C'était un grand événement télévisuel avec toute la pression qui allait avec.
06:14 Alors ils nous ont dit que la course commencerait à 4 heures.
06:17 Et je leur ai dit "Vous êtes fous, le circuit est encore inondé."
06:20 Comme la sécurité a toujours été très importante à mes yeux, je trouvais que c'était inacceptable de prendre le départ dans ces conditions.
06:27 Le Grand Prix est lancé.
06:34 Outre les milliers de fans japonais, la course est suivie par certains spectateurs qui y ont un intérêt plus personnel.
06:41 Les parents de James Hunt ainsi que sa petite amie Jane Burbeck regardent la course via satellite.
06:47 Depuis un studio de télévision londonien.
06:57 À la sortie de la ligne droite des stands, James a viré en tête dans le premier virage.
07:02 Et j'étais juste derrière lui.
07:04 Puis à la fin du premier tour de la course, je me suis pris un véritable loup.
07:09 Je me suis fait tirer de l'autre côté de la ligne droite.
07:12 Puis à la fin du premier tour de la course, je me suis pris un véritable lac.
07:18 J'aurais pu prendre une canne à pêche et attraper une truite tellement il y avait d'eau.
07:23 Je suis parti en aquaplanning et j'ai fait un tête à queue avant de parvenir à repartir.
07:29 Mais les conditions et la visibilité étaient telles que je ne pense pas que la course aurait eu lieu de nos jours.
07:38 Deux ou trois pilotes se sont arrêtés en même temps que moi.
07:41 Fittipaldi s'est arrêté, Pace aussi.
07:43 Donc il n'y avait pas que moi.
07:45 Dans ces conditions, c'était la catastrophe assurée.
07:48 Alors j'ai choisi d'abandonner.
07:51 Forghieri est allé le voir et il lui a dit "écoute Nicky, on peut dire qu'il y a un problème avec ta voiture.
07:56 Tu as fait tellement pour nous. On peut dire que c'est la faute à pas de chance."
07:59 Et Nicky lui a répondu "Non, non, non, c'est pas la faute."
08:02 "Ne mentez pas. Dites que j'ai décidé d'arrêter parce que c'est ridicule de courir un grand prix dans ces conditions."
08:09 Nicky a donc été très honnête, très franc.
08:13 Après la course, il a dit "Je suis désolé, mais ma vie est plus importante qu'un championnat du monde."
08:19 J'ai eu encore plus d'estime pour Nicky après ça.
08:24 Parce que je ne savais pas ce qu'il allait faire.
08:27 J'ai eu encore plus d'estime pour Nicky après ça.
08:31 Parce que ça montrait que sa vie comptait plus que le championnat.
08:37 À cause des brûlures qu'il avait sur le visage, il avait des yeux qui pleuraient énormément.
08:45 La visibilité ce jour-là était au mieux de 20%.
08:49 Et avec ce problème aux yeux, elle n'était plus que de 5% pour lui.
08:56 Si quelqu'un avait fait un tête-à-queue en ligne droite, on lui serait rentré dedans.
09:02 Entre l'eau, la visibilité quasi nulle, l'aquaplanning, le départ de la course aurait dû être repoussé.
09:09 Malheureusement, ça n'arrivait jamais à l'époque.
09:12 Maintenant, ils ont une voiture de sécurité, ils font attention.
09:16 Grâce à Dieu, ils font les choses comme il faut, pour les pilotes.
09:20 Mais c'était de la folie de maintenir cette course.
09:25 On n'arrêtait pas de lui montrer un panneau qui lui demandait de refroidir ses pneus.
09:30 Mais James refusait de rouler dans les flaques. Il ne réagissait pas.
09:34 Tous les autres pilotes, Andretti, Maas, roulaient dans les flaques dans la ligne droite.
09:38 Mais James s'entêtait à passer sur la partie sèche.
09:41 Il n'avait pas beaucoup d'avance sur Andretti, Maas et les autres.
09:45 Tactiquement, on ne pouvait pas le faire entrer au stand, lui changer les pneus et remporter le championnat du monde.
09:50 On avait plus qu'à espérer que ses pneus tiennent la distance.
09:54 Finalement, il s'est retrouvé à plat à l'avant et à l'arrière du côté gauche.
10:01 Il est donc arrivé au stand avec deux crevaisons.
10:04 Il a roulé beaucoup plus vite avec ses pneus neufs et a rattrapé Regazzoni, qui aurait dû lui fermer la porte.
10:09 Mais il ne l'a pas fait.
10:11 Il s'est écarté et l'a laissé passer parce qu'il s'était fait virer par Ferrari.
10:16 James l'a donc doublé et a fini troisième.
10:20 Quand il est reparti, il était huitième.
10:27 Donc, on a mis P8 sur notre panneau.
10:29 Puis, il était cinquième. On a mis P5, puis troisième, donc P3.
10:34 Et quand il a bouclé le dernier tour, on a marqué P1 parce qu'il était champion du monde.
10:38 Ça lui est passé complètement au-dessus de la tête.
10:41 L'image qui me revient toujours à l'esprit quand je repense à ça, c'est celle de James,
10:46 qui ne savait toujours pas s'il avait gagné ou non le championnat après la course.
10:50 Il ne l'a su qu'une fois arriver au stand.
10:53 Donnez-moi à boire ! Donnez-moi à boire ! Génial ! On a vraiment gagné !
10:58 C'est Frank Williams qui lui a dit dans la voix des stands, "Calme-toi, James, calme-toi, tu es champion du monde."
11:04 James buvait un Coca à ce moment-là et il a tout recraché.
11:10 Il s'est battu. Il a eu une course très difficile.
11:14 Il a failli ne pas gagner, mais il a fini pile à la bonne place et il a été champion, c'est tout.
11:20 Et je l'ai accepté parce que franchement, si on est objectif, je n'ai pas perdu le titre au Japon, comme tout le monde le pense.
11:26 Je l'ai perdu parce que j'ai eu un terrible accident et que j'ai loupé trois ou quatre courses.
11:31 C'est ça, la raison principale. Mais j'étais content qu'il ait gagné, malgré tout.
11:36 J'étais triste pour Niki Loda, mais je ne pense pas que lui l'était tant que ça.
11:43 Je crois qu'il était content de sa décision.
11:46 Et James et lui s'entendaient tellement bien qu'il a tout de suite dit,
11:50 "Si quelqu'un d'autre que moi devait gagner, je suis content que ce soit James."
11:55 On a fait une fête de tous les diables. L'alcool a coulé à flots et on a fait n'importe quoi.
12:01 Il y avait d'autres écuries à l'hôtel avec lesquelles on s'entendait bien, comme Tyrell, Lotus et Brabham.
12:06 On s'entendait tous bien. On a fait une fête pas possible.
12:10 Et je crois que James a mis un moment à s'en remettre.
12:14 C'est un James Hunt aux anges qui est descendu de l'avion à Londres et a montré une de ses récompenses aux journalistes.
12:21 C'est votre récompense ?
12:24 Oui, c'est ce qu'on gagne quand on est champion du monde.
12:28 C'est ce qu'on gagne quand on est champion du monde.
12:31 Il fallait que je choisisse quelqu'un qui serait plus qu'un pilote,
12:55 qui serait un leader charismatique et ne serait pas un pilote de course comme les autres.
13:03 J'ai pensé à Nicky. Je lui ai téléphoné de but en blanc et je lui ai dit "Et si tu revenais, Nicky ?"
13:13 Et pendant un quart d'heure, une demi-heure, on a échangé des plaisanteries.
13:17 Et puis je lui ai demandé d'y réfléchir. Et ensuite, je suis revenu à la charge. Encore et encore.
13:23 Ron m'appelait tout le temps. Il me demandait comment ça allait, s'il ne me dérangeait pas.
13:29 Et puis il m'a appelé pour la énième fois et je lui ai dit "Ok, et si on faisait un essai ?"
13:36 Je suis allé à Donington, puis j'ai fait un autre essai.
13:44 Une fois que j'ai eu évacué les sentiments négatifs que j'avais vis-à-vis du sport,
13:49 que je suis remonté dans une Formule 1, c'était reparti. Je suis revenu à la compétition en 1982.
13:56 J'ai senti qu'après avoir pris le temps de faire autre chose, mon cœur battait toujours aussi fort pour la course automobile.
14:04 Et comme cela fait deux ans que je n'ai pas piloté, mon défi sur le plan personnel,
14:09 c'est de voir à quelle place je peux finir en revenant à la compétition. Et c'est ce que je vais faire.
14:17 Nicky était un pilote hors du commun. J'étais un peu inquiet quand il a rejoint l'écurie.
14:24 Je me disais qu'il allait nous en faire voir de toutes les couleurs, nous mener à la baguette,
14:30 mais il n'a jamais fait aucune demande extravagante. Je crois que c'est parce que c'était une super écurie.
14:37 On avait des moyens incroyables grâce à Ron Dennis, on avait tout ce qu'on voulait.
14:42 Nicky avait donc tout ce qui se faisait mieux. Il n'avait vraiment pas de raison de se plaindre.
14:49 Puis Ron a eu l'occasion de signer Prost et il l'a saisi parce que c'était le meilleur à l'époque.
14:56 Et tout d'un coup, Prost s'est retrouvé dans ma voiture, celle que j'avais développée l'année précédente,
15:01 une fabuleuse McLaren Tag à moteur turbocompressé.
15:05 Il avait peur que Prost soit la nouvelle star, le futur de l'écurie, le chouchou de Ron et qu'il monopolise toute l'attention.
15:13 Et puis je me suis dit, d'accord, si Prost débarque, je vais l'ignorer ce qui français, normal.
15:32 Je lui disais, Nicky, fais-moi confiance, je vais m'occuper de toi,
15:37 je veillerai à ce que tu n'aies jamais rien de moins que le meilleur de ce que McLaren a à offrir.
15:42 Je suis là, tu as tes trois mécaniciens, tu n'as besoin de rien d'autre.
15:47 Ne t'inquiète pas, on va veiller à ce que ta voiture soit parfaite.
15:51 Tu vas avoir ce que McLaren a de mieux.
15:54 Tu auras exactement la même chose que Prost, alors ne pense pas à ça.
15:58 Occupe-toi de piloter et nous, on se charge du reste.
16:01 Prost me battait toujours en qualification, au début de 5/10, puis de 2/10, mais il était toujours plus rapide.
16:26 Alors j'ai changé de stratégie.
16:29 Je me suis dit, OK, je ne le battrai pas en qualification, je vais me concentrer sur mes réglages de course.
16:35 Il me disait, ce petit Français est tellement rapide.
16:39 Il peut profiter de mon expérience pour les réglages de la voiture.
16:43 Il peut me donner des conseils, il peut me donner des conseils,
16:46 il peut me donner des conseils, il peut me donner des conseils.
16:49 Il peut me donner des conseils, il peut me donner des conseils.
16:52 Il peut me donner des conseils, il peut me donner des conseils.
16:55 Il peut me donner des conseils, il peut me donner des conseils.
16:58 Il peut me donner des conseils, il peut me donner des conseils.
17:01 Il peut profiter de mon expérience pour les réglages de la voiture,
17:05 mais je ne peux pas profiter de sa vitesse.
17:08 Je me rappelle cette année-là, quand on est arrivé à Dijon.
17:22 On était quasiment à la moitié de la saison.
17:25 C'était le Grand Prix de France, et Prost avait quelque chose comme 17 points d'avance.
17:31 Et Nicky m'a dit, viens, suis-moi sur le circuit.
17:36 Et là, il m'a confié, j'essaie de toutes mes forces,
17:41 je fais tout mon possible pour battre ce petit Français,
17:44 mais il est tellement fort et tellement rapide.
17:47 Et il a ajouté, mais je ne vais pas abandonner.
17:51 Je vais essayer encore plus fort.
17:53 Je vais gagner cette course, et je vais remporter le championnat du monde.
17:57 Et je me suis dit que ça allait être dur.
18:00 Gagner cette course et le championnat du monde ?
18:04 Mais il a remporté cette course avec un peu de chance,
18:07 vu que Prost a eu un petit problème mécanique.
18:10 Sa détermination était absolument incroyable.
18:19 Et le champion du Comité national sportif, Paolo Pinto.
18:23 J'ai fait tout mon possible parce que je voulais gagner cette course pour refaire mon retard.
18:28 Notre voiture roulait très bien, surtout au début de la course.
18:32 J'ai pu vraiment attaquer, et ça m'a permis de gagner.
18:35 Le Grand Prix du Portugal de 1984 a été mémorable.
18:46 C'est rien de le dire.
18:48 On est arrivé là-bas en sachant que nous avions déjà remporté les deux titres pilote et constructeur.
18:53 Mais il restait à déterminer lequel de nos deux pilotes allait être sacré champion du monde.
18:58 Cette course a été d'une intensité incroyable.
19:03 Tout le monde était tendu.
19:05 On voulait que tout soit parfait.
19:08 La performance aujourd'hui est bonne pour moi, mais pas pour Nicky.
19:11 Parce qu'il a commencé très loin de moi.
19:14 Et c'est très difficile de passer.
19:17 Donc ça va être très dur pour lui.
19:19 Mais je dois être un peu plus chanceux.
19:21 Est-ce que tu vas aller chercher les points ou la victoire ?
19:24 Je vais aller chercher la championnat et voir ce qui va se passer.
19:27 Mais si je peux gagner la course, je vais essayer de le faire.
19:29 Ça serait fantastique.
19:31 Je pense que Nicky n'était jamais en avant de moi en condition de course
19:38 quand nous avions combattu dans la condition normale.
19:42 Mais j'ai arrêté. J'avais un peu plus de plaisir avec les mecaniques.
19:47 J'ai combattu beaucoup plus contre Nelson et ces gars.
19:51 Et puis il était un peu derrière.
19:53 Frost a battu Loda en qualification.
19:59 Et Loda n'a pas bien commencé la course.
20:01 Il a perdu des places.
20:03 J'étais un peu démoralisé.
20:05 Une pierre a caché le turbocompresseur gauche.
20:11 Je voyais qu'il se mettait en marche, mais je n'avais aucune puissance.
20:14 Je ne pouvais doubler personne en ligne droite.
20:16 Alors que normalement, ça n'aurait posé aucun problème.
20:19 J'étais frustré. Je n'arrivais pas à croire que je ne pouvais doubler personne.
20:23 Je suis resté une éternité derrière des voitures.
20:26 Je n'avais pas la puissance pour les dépasser.
20:28 J'étais à ce Grand Prix.
20:33 Nicky n'était pas le pilote le plus rapide,
20:35 mais il était extraordinaire quand il s'agissait de jouer sur les pourcentages.
20:39 Je me souviens d'une course à Monza
20:41 où je l'étais passé à l'entrée d'une chicane avec ma Tyrell.
20:45 J'étais super content de moi.
20:47 On se battait pour la 10e place ou quelque chose comme ça.
20:50 Il n'avait pas réussi ses qualifications.
20:52 Et puis il m'a redoublé à la sortie de la Parabolica.
20:55 Il m'a regardé, on roulait à plus de 300 km/h.
20:58 Et il m'a fait ça avec la main.
21:00 Style, "Mais qu'est-ce que tu fais ?"
21:02 Entre parenthèses. On est loin d'être arrivé.
21:05 Il faut économiser nos pneus, nos freins, notre voiture.
21:08 Et moi, je me suis dit, m'en fiche,
21:10 je vais essayer de te redoubler dans une minute.
21:12 Ma voiture est tombée en panne à la mi-course.
21:14 Je suis revenu au stand, j'ai regardé l'écran.
21:17 Et qui menait le Grand Prix ? Nicky Loda.
21:19 Parce qu'il pensait toujours à long terme.
21:21 Et il le fallait avec les voitures qu'on avait à l'époque.
21:24 Nicky évitait les ennuis.
21:28 Il éliminait ses adversaires un par un
21:30 et remontait petit à petit jusqu'à l'avant de la course.
21:35 Il avait tellement de finesse, d'expérience,
21:38 ainsi que la maturité qu'il y allait avec.
21:40 Il est remonté à la 3e place,
21:45 ce qui n'allait pas être suffisant.
21:47 Mais Nigel Mansell a abandonné dans les derniers tours,
21:50 ce qui l'a fait passer à la 2e place.
21:52 J'étais 3e, puis Mansell a dû arrêter à cause d'un problème de frein,
22:01 et Dieu merci, j'ai fini 2e.
22:04 Ce jour-là à Estoril,
22:06 Nicky a réussi à arracher son 3e championnat du monde
22:09 à un demi-point près.
22:11 Qu'aimeriez-vous dire à Alain Prost,
22:29 votre coéquipier durant toute la saison ?
22:33 C'est le pilote que j'ai eu le plus de mal à battre.
22:36 Ça a été le plus dur à battre,
22:38 alors c'est le titre le plus important à mes yeux.
22:41 Comment allez-vous fêter ce titre, Nicky ?
22:43 Je vais me reposer.
22:45 Félicitations.
22:48 J'ai perdu le championnat pour Alfa Point,
22:51 mais après toutes les interviews,
22:54 nous allons boire ensemble avec Nicky
22:57 et nous allons penser à l'année prochaine.
22:59 C'est le meilleur.
23:01 J'ai perdu le championnat cette année,
23:03 mais j'ai fait une fantastique saison.
23:05 J'ai gagné 7 tours, je n'ai pas eu de chance,
23:08 mais je suis plus heureux que les autres pilotes de la F1,
23:11 à l'instant, sauf Nicky.
23:14 Prost a pris sa défaite avec beaucoup de philosophie.
23:18 On a fait une fête incroyable ce soir-là,
23:21 et les deux pilotes étaient très contents.
23:25 J'ai toujours été un peu déçu pour Alain Jenkins,
23:30 l'ingénieur de course de Prost.
23:32 Tout le monde était sur un petit nuage,
23:34 mais forcément, Alain Jenkins, Alain Prost et ses trois mécaniciens
23:38 étaient les seuls de l'équipe à être un peu déçus.
23:42 Je me souviens quand je suis revenu à l'hôtel,
23:45 je me suis dit, je vais gagner un championnat, un jour,
23:48 parce que c'était trois fois que je me suis perdu
23:51 pour différentes raisons, très proches.
23:53 On est allé à Astoril, à un club de nuit,
24:06 on a eu une fête énorme,
24:09 je suis complètement boisé,
24:12 c'est bien, parce que c'est une partie de l'histoire humaine.
24:17 On a eu du plaisir, comme on ne peut le croire.
24:20 Quand on est arrivé à Adelaide en 1986,
24:33 on aurait tous mérité de partir cinq ans en vacances,
24:36 mais c'était tellement difficile,
24:39 tellement cette saison avait été marquée par les jeux politiques,
24:42 les difficultés et surtout par l'accident de Frank en mars.
24:45 Ça avait été très grave.
24:48 Il s'en était sorti, mais à un moment donné,
24:51 on a cru qu'on allait le perdre.
24:54 Nigel avait une avance raisonnable,
24:57 Nelson était à quelques points derrière lui
25:00 et Prost était juste derrière Nelson.
25:04 À chaque course, il y avait six ou sept pilotes qui pouvaient gagner,
25:07 mais je savais que j'en faisais partie
25:10 et on ne peut pas en demander plus quand on fait de la compétition.
25:13 Si vous faites partie des six ou sept qui ont une chance de l'emporter,
25:16 c'est à vous d'assurer le jour de la course.
25:19 C'est ce qui était tellement grisant avec cette époque.
25:22 1986 a été la meilleure saison.
25:27 C'est celle que j'ai toujours pris en référence.
25:32 Les choses se sont envenimées quand Nelson a accordé
25:35 une interview à l'édition brésilienne de Playboy.
25:38 On lui a demandé ce qui le différenciait de Nigel
25:41 et il a répondu que la grande différence, c'était qu'il sortait avec des filles magnifiques
25:44 et que la femme de Nigel était laide.
25:47 Et bien sûr, Nigel l'a vite su et vous pouvez imaginer comment il l'a pris.
25:50 Vous avez une tactique pour le début de course ?
25:54 M'assurer d'en clencher la première.
25:57 Il n'y a pas mieux que de démarrer à côté d'un équipier.
26:00 Il doit gagner la course alors il ne va pas prendre de risque dans le premier virage.
26:03 Nigel était un pilote très coriace, très solide
26:08 et Nelson Pickett avait beaucoup de mal à le battre.
26:11 Je vais essayer de faire sortir Nigel de la piste et gagner la course.
26:15 Il est proche alors, vous allez aussi le faire sortir ?
26:19 Non, pas besoin, il sera derrière moi.
26:22 Il est proche, il est derrière moi.
26:25 Il est proche, il est derrière moi.
26:28 Il est proche, il est derrière moi.
26:31 Il est proche, il est derrière moi.
26:34 Il est proche, il est derrière moi.
26:37 Il est proche, il est derrière moi.
26:40 Il est proche, il est derrière moi.
26:43 Il est proche, il est derrière moi.
26:46 Il est proche, il est derrière moi.
26:49 Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis toujours confié
26:52 que je pourrais être champion, que je pourrais le faire.
26:55 Aussi parce qu'ils se battaient et nous étions très bons.
26:59 L'issue de cette course ne dépendait que de Nigel.
27:02 Il était en pôle position, on savait à quel point il était rapide
27:05 et il le savait aussi, mais l'important c'était qu'il finisse 3e.
27:08 Ce n'était pas la spécialité de Nigel de finir 3e,
27:11 il conduisait toujours pour gagner.
27:14 Ce n'était donc pas facile pour lui, mais il l'a très bien fait.
27:17 A chaque fois que le pilote de derrière lui mettait la pression,
27:20 il le laissait passer, que ce soit Nelson ou KK Rosberg
27:23 qui avaient pris un très bon départ, mais qui n'avaient pas eu le temps
27:26 de finir la course.
27:29 C'est fini pour Rosberg ! C'est fini pour KK Rosberg !
27:32 On savait qu'on allait avoir des problèmes avec les pneus.
27:35 J'étais un peu chanceux, pour une raison.
27:38 On avait fait une très bonne pratique le dimanche et le samedi.
27:41 On savait qu'on ne pouvait pas faire toute la course avec les pneus.
27:44 On avait plané une pause.
27:47 Personne ne savait, sauf le team et les gens de Goodyear.
27:53 On se demandait si on devait lui changer les pneus
27:56 et je me souviens que j'étais juste à côté de Patrick
27:59 quand l'ingénieur de Goodyear lui a dit
28:02 "On vient de vérifier les pneus des Arose, ils sont parfaits.
28:05 Pas la peine de faire faire un arrêt à Nigel, il peut tenir toute la course."
28:08 C'était toujours un risque de faire un arrêt au stand.
28:11 J'ai demandé un arrêt au stand.
28:16 Je leur ai dit "J'arrive pour les pneus" et ils m'ont répondu "Non, continue".
28:19 Je roulais à une allure qui me convenait et ils m'ont assuré
28:22 que les pneus étaient en bon état.
28:25 Je n'ai senti aucune vibration au niveau des pneumatiques
28:28 parce que sinon je serais tout de suite allé au stand.
28:31 Je crois qu'il restait 17 ou 18 tours.
28:34 Dans la longue ligne droite, je n'étais pas très loin derrière.
28:39 Prost a fait un petit écart.
28:42 On devait rouler à 350 km/h et il y a eu une explosion à l'arrière.
28:45 Le pneu venait de lâcher.
28:50 Regardez ! C'est Mansell !
28:53 C'est Nigel Mansell !
28:56 Il n'y a eu aucun signe avant-coureur. Il a éclaté tout d'un coup.
28:59 La course est finie pour Mansell !
29:02 Ça devrait... Non, ça va changer l'hélice du championnat du monde !
29:05 Ça a emporté toute la suspension, toute la conduite de frein
29:10 et évidemment, j'ai dû faire un effort surhumain pour redresser la voiture
29:13 et ne pas finir dans le mur.
29:16 Bien sûr, j'ai perdu le championnat pour un point.
29:19 Oui, ça n'a pas été une journée facile.
29:22 C'est comme ça.
29:31 Nigel a piloté exactement comme il devait le faire.
29:34 Il ne pouvait pas aller moins vite ou rester plus à l'écart du danger.
29:37 Et on a suivi tous les conseils qu'on nous a donnés vis-à-vis des pneus.
29:43 Ce n'était pas un coup du sort.
29:46 C'était une mauvaise décision.
29:49 Ils ne se sont pas arrêtés pour changer les pneumatiques.
29:52 Et son pneu n'a pas lâché à cause d'une crevaison.
29:55 Il a lâché parce qu'il était trop usé.
29:58 Ils ont pris la mauvaise décision.
30:01 Un pneu avait déjà explosé sur la voiture de Nigel.
30:04 Nelson était en tête.
30:07 À la fin de la course, ses pneus auraient été plus usés
30:10 et il aurait été plus facile de le changer.
30:13 Et on avait eu quelques problèmes de pneus avant ça.
30:16 J'en avais parlé à Goodyear et ils m'avaient dit que ça devait venir de notre voiture.
30:19 Je leur avais répondu que oui, elle était sûrement un peu plus puissante que les autres
30:22 et que pour compenser, on avait plus d'appui aérodynamique
30:25 et donc plus de dégradation pneumatique.
30:28 Ils ne m'ont jamais vraiment répondu.
30:31 J'ai donc fait rentrer Nelson au stand pour changer ses pneus
30:34 vu qu'on avait eu un problème d'usure avec Nigel.
30:37 À ce moment-là, il était en train de rattraper Alain Prost
30:40 et il n'a fini la course que quelques secondes derrière lui.
30:43 Je dois reconnaître que même s'il sait que je lui ai imposé
30:46 de marquer un arrêt au stand alors qu'il était en position
30:49 de devenir champion du monde, il ne me l'a jamais reproché
30:52 parce qu'il comprend qu'on courait le risque d'avoir un problème de pneus.
30:55 Il a toujours été très honnête par rapport à ça.
30:58 On a perdu la chance de changer les pneus.
31:01 On a perdu la chance de changer les pneus.
31:04 Il a toujours été très honnête par rapport à ça.
31:07 On a perdu la course, le championnat, tout.
31:10 Alain Prost finit en première position.
31:17 Il remporte le Grand Prix d'Australie et le championnat du monde.
31:20 Parfois, on sait que quelque chose va se passer.
31:23 Je savais que ce match n'allait pas être comme d'autres.
31:27 Mais Adelaide, à l'époque, était très dur.
31:30 Elle avait des problèmes de pneus, de puissance, de réaction.
31:33 C'était très mauvais. Il fallait être très prudent.
31:36 Tout le monde pensait que j'allais arrêter parce que j'avais une blessure,
31:39 ce qui était vrai, mais c'était plané.
31:42 C'était très dur.
31:45 C'était ma meilleure saison.
31:48 Ça s'est joué à pas grand-chose, bien sûr.
31:52 Nigel a eu ce problème de pneus.
31:55 Il n'a pas eu de chance.
31:58 Il a été le titre contre toute attente
32:01 parce que Williams avait fait un mauvais Grand Prix.
32:04 Après ça, on est dégoûté quand on remballe tout pour repartir
32:07 et qu'on voit l'écurie McLaren en train de faire la fête et de boire du champagne.
32:11 À ce moment-là, on se demande un peu
32:14 si on veut vraiment continuer à bosser dans la Formule 1.
32:17 On n'était encore qu'au début de la Formule 1, d'un point de vue technologique.
32:22 Évidemment, avec le recul, en 2020,
32:25 on se dit qu'on aurait dû faire cet arrêt ostente.
32:28 Malgré le risque encouru, on aurait dû avoir de nouveaux pneus
32:31 et on aurait sûrement remporté le championnat du monde.
32:34 Ça a été très dur à accepter.
32:37 Je n'avais jamais été aussi proche de remporter le championnat du monde.
32:40 C'était très difficile, mentalement.
32:44 Ça a sûrement été l'hiver le plus dur que j'aie jamais passé,
32:47 ou un des plus durs.
32:51 Le premier jour de la F1
32:54 On était enfin à Interlagos
33:06 et le titre se jouait entre Lewis et Felipe.
33:11 Ce qui s'est passé par la suite est entré dans la légende de la Formule 1
33:16 et il restera à jamais,
33:18 tellement c'est une histoire incroyable.
33:21 J'étais parti en pole position en 2006, 2007, mais 2008.
33:38 C'était mon circuit, mon public, ma voiture, mon pays.
33:44 Quand on court à domicile, on est toujours meilleur, ça fait aucun doute.
33:48 On était au Brésil et j'étais au coude à coude avec un pilote brésilien.
33:57 J'étais donc pas le favori du public.
34:00 C'était pas facile pour le jeune pilote que j'étais
34:03 de faire abstraction de tout ça et de me concentrer sur ce que j'avais à faire.
34:07 C'est l'essence même de ce sport.
34:12 Je viens ici dans l'idée de gagner, mais en même temps,
34:15 je sais dans un coin de ma tête que c'est pas une obligation.
34:19 C'est un peu de pression au moins.
34:21 Même si le championnat s'est joué au Brésil, un titre se gagne sur toute une saison.
34:28 On avait connu des courses difficiles, mais aussi de super grands prix cette année-là.
34:32 Et ce n'était qu'une course parmi les autres.
34:36 Ce n'est pas dans l'esprit de McLaren, mais pour une fois,
34:39 on était parti dans l'idée de remporter le championnat,
34:42 et peu importe si on gagnait ou non cette course.
34:45 Alors que tous les autres se devaient de la gagner.
34:48 Ce n'est pas du tout le même état d'esprit, c'est un peu comme jouer au chat et à la souris.
34:51 Mon attitude est toujours la même.
34:54 J'ai rien à perdre. Je suis deuxième, j'essaie de prendre au tard.
34:57 Au pire, on va finir deuxième.
34:59 Mais il faut qu'on essaie, qu'on fasse de notre mieux.
35:02 Il y a une infime possibilité que je sois champion, c'est vrai.
35:05 Je ne sais pas du tout ce que je vais ressentir si ça arrive.
35:09 Il s'était passé tellement de choses lors de ma première saison.
35:12 Perdre le titre pour un point.
35:16 J'ai eu du mal à me pardonner ce qui était arrivé en Chine.
35:21 Le circuit du Grand Prix de Chine a un dernier virage vraiment bizarre.
35:25 Il est très difficile, il tourne à 90 degrés sur la gauche,
35:28 et il est bien plus rapide qu'il y paraît.
35:31 Juste après, il y a l'entrée de la voie des stands.
35:37 On peut facilement aller à fond à l'entrée du virage,
35:40 donner un grand coup de frein pour tourner à gauche,
35:43 et enfin rentrer au stand.
35:45 Personne ne s'était dit que c'était un virage où il pouvait se passer un truc en course.
35:49 Les pneus de Lewis étaient tellement usés que leur adhérence était réduite.
35:54 Dans ces cas-là, on ne peut rien faire si on prend un virage un peu trop large,
35:58 et c'est ce qui est arrivé à Lewis.
36:04 On savait que ces pneus étaient fichus.
36:07 On avait une telle avance.
36:10 On n'a pas vraiment donné de conseils à Lewis.
36:15 Certains diraient qu'il avait suffisamment d'expérience pour le savoir,
36:19 mais on aurait dû lui dire que ces pneus étaient vraiment usés,
36:22 et qu'il aurait très peu d'adhérence s'il roulait sur une surface mouillée.
36:27 Et bien sûr, il est arrivé clairement trop vite sur la voie des stands.
36:32 On a encaissé le coup et on a retenu la leçon.
36:35 On est reparti de plus belle, mais c'était décevant.
36:39 C'est le mot que j'utiliserais.
36:42 On peut dire que c'était une erreur de débutant.
36:50 C'était la première fois qu'il courait à Shanghai, mais ça lui a coûté le championnat,
36:54 car le titre s'est ensuite joué au Brésil.
36:58 Allez, on y va, on attend !
37:01 Lewis avait encore de l'avance au classement du championnat, mais plus énormément.
37:14 Il y avait aussi Fernando, qui avait réalisé une très bonne deuxième partie de saison.
37:19 Il avait retrouvé le niveau auquel il aspirait après sa victoire à Monza.
37:23 Quant à Kimi, il était toujours très régulier avec sa Ferrari.
37:26 Il pilotait très bien et tirait vraiment le meilleur de sa voiture.
37:29 Et il y avait Lewis, ce débutant hors du commun qui dominait Fernando
37:33 et arrivait au Brésil avec une avance qui, en théorie, devait lui permettre de remporter le championnat du monde.
37:39 On a cette sensation horrible dans le ventre.
37:45 On en a gros sur le cœur.
37:47 Cette fin de saison fut affreuse.
37:49 J'étais vraiment mal. J'ai pas dormi tout le week-end.
37:53 C'est toujours compliqué au Brésil parce que la météo est imprévisible.
37:56 Parfois il fait très chaud et les Ferraris sont toujours plus rapides par grosse chaleur.
38:00 Et s'il pleut, c'est un casse-tête.
38:02 Parfois il faut des pneus intermédiaires, parfois des pneus plus extrêmes.
38:05 C'est très dur à juger.
38:07 Il a eu ce qu'on a par la suite identifié comme un problème hydraulique au niveau de la boîte de vitesse.
38:19 Un petit débris métallique s'est glissé dans une des soupapes de commande.
38:23 Celles-ci ont des orifices tellement petits que ça a perturbé le fonctionnement de cette soupape
38:29 et la voiture ne voulait plus changer de vitesse.
38:32 Au bout de 25 secondes, ce débris est a priori sorti de la soupape.
38:41 Et celle-ci s'est remise à fonctionner correctement.
38:48 Lewis a perdu le championnat en 2007 parce que ça a duré 25 secondes.
38:52 A 20 secondes, il s'en serait sorti. Il aurait pu remonter les places nécessaires.
38:57 C'est fini ! Hamilton est 7ème !
39:08 On gagne le championnat pour un point !
39:12 Lewis Hamilton, le champion de la France
39:15 Quand on a l'impression que tout se ligue contre vous, c'est très important de garder la tête haute,
39:22 de ne pas baisser les bras et de continuer.
39:24 Il faut essayer de s'appuyer sur son entourage pour rester positif si on peut.
39:28 Et de ce côté-là, j'ai eu beaucoup de chance.
39:31 J'avais mon père et toute ma famille autour de moi. Ils m'ont aidé.
39:39 Lewis avait connu cette déception en 2007 de se réveiller le lundi matin
39:43 après avoir perdu le titre de si peu dès sa première saison.
39:46 Ça aurait été fabuleux s'il avait gagné, bien sûr.
39:49 Et en 2008, il a eu cette impression de déjà vu.
39:52 Tout ce que j'avais à faire, c'était de finir 5ème.
39:55 Et j'étais persuadé que je pouvais prendre ma revanche par rapport à la saison précédente
39:58 et réaliser un meilleur week-end.
40:00 Mais après, il s'est passé tout un tas de choses et j'ai affronté un Brésilien.
40:03 Il y avait beaucoup d'engouement autour de Philippe et beaucoup d'animosité à mon égard.
40:07 J'étais le méchant.
40:09 Lewis était en tête du championnat, mais Philippe et Massa n'avaient rien à perdre
40:15 et couraient devant son public.
40:17 Massa, vous êtes prêt à entrer dans l'histoire pour votre pays ?
40:20 A faire de mon mieux et essayer de réaliser une bonne course.
40:23 Bonne chance. Merci.
40:25 On avait le sentiment qu'on pouvait peut-être se racheter face à notre ennemi de toujours,
40:30 Ferrari.
40:33 Le Mans, France
40:37 Le Mans, France
40:41 Le Mans, France
40:45 Le Mans, France
40:49 Le Mans, France
41:17 Pendant toute la course, on a dosé nos efforts pour être sûr de gagner les points nécessaires
41:24 pour finir en tête du classement.
41:27 Et bien sûr, c'était un calcul qui changeait tout le temps,
41:31 selon la position de chacun sur le circuit.
41:34 Vous êtes devant, vous êtes en train de gagner la course,
41:38 vous menez avec une avance assez confortable, mais vous savez pas ce qu'il se passe derrière.
41:42 Vous vous attendez toujours à ce qu'il se passe peut-être des choses.
41:47 Il y avait très peu de chances que Lewis n'arrive pas dans les cinq premiers,
41:51 parce qu'il avait une bonne voiture cette année-là.
41:55 Si on regarde les différents Grands Prix du Brésil à travers l'histoire,
41:59 on voit que s'il pleut, il pleut souvent très fort en fin de course.
42:04 S'il commence à pleuvoir, le plus souvent, la pluie s'intensifie.
42:09 Il a commencé à pleuvoir à trois ou quatre tours de la fin.
42:13 On a eu une décision incroyablement dure à prendre.
42:17 On savait ce qu'il fallait faire, mais on savait aussi que ça pouvait payer de prendre un risque.
42:22 Quand le titre se joue sur le dernier Grand Prix, le pire qu'il puisse arriver,
42:27 si la course n'est pas déjà gagnée, c'est que la météo change et qu'il se mette à pleuvoir.
42:31 Ce qu'il fallait faire, c'était passer en pneus pluie, ce qu'on a fait, comme tous ceux qui étaient en tête.
42:36 Mais on s'est aussi demandé s'il fallait prendre le risque de rester en pneus slicks,
42:40 comme l'ont fait les deux Toyota.
42:43 Ils m'ont dit « Tu fais du super boulot, c'est génial, continue comme ça.
43:06 Tu as une chance. Lewis est cinquième, peut-être que ça va changer.
43:10 Il peut lui arriver quelque chose. Alors concentre-toi.
43:13 Ne pense pas à ce qu'il y a derrière. Focalise-toi sur ce qui se passe devant.
43:17 Oublie le reste. Vas-y. »
43:19 Lewis était juste derrière Vettel, sur sa Toro Rosso.
43:23 Il fallait que je finisse cinquième pour remporter le championnat et je suis longtemps resté sixième.
43:28 Je voyais mes chances de finir champion se réduire au fur et à mesure.
43:31 J'étais en face de l'écurie Ferrari au moment où ça commençait à sentir le roussi.
43:37 J'avais les yeux rivés sur mon écran. Je ne quittais pas Lewis des yeux.
43:42 Je faisais tout pour l'aider à retrouver la position qu'il lui fallait.
43:46 Et il était désespéré parce qu'il n'y arrivait pas.
43:50 Il est devenu clair que Lewis n'allait sûrement pas réussir à passer Vettel
43:56 et n'arriverait donc pas à finir cinquième.
44:00 Du coup, Ferrari et Felipe Massa allaient être champions.
44:06 À ce moment-là, je voulais arrêter la Formule 1.
44:11 Je ne voulais plus faire ça.
44:14 Ça allait être la deuxième année consécutive qu'on perdait le championnat d'un rien.
44:19 Tous les efforts surhumains que l'on fait durant une saison,
44:26 tout ce qu'il faut donner dans cette compétition, c'est indescriptible.
44:30 Alors imaginez un peu perdre le championnat après avoir produit autant d'efforts.
44:34 Il faut tout recommencer à zéro l'année suivante.
44:38 C'est très très difficile et on se retrouvait encore une fois dans cette position.
44:44 J'allais tout arrêter. C'était fini. Je ne voulais plus m'afficher ça.
44:51 [Musique]
44:55 Je n'oublierai jamais ce moment.
45:11 Tout à coup, quasiment tous en même temps,
45:14 on s'est aperçu en regardant les écrans de chronométrage et les images en direct
45:18 qu'une des Toyota n'était pas au ralenti,
45:21 mais plutôt extrêmement au ralenti à l'avant de la course.
45:24 C'était Timo Glock.
45:26 Timo Glock est bien placé parce qu'il ne s'est pas arrêté.
45:29 Il a gardé ses pneus slicks et il a du mal à contrôler sa voiture.
45:33 Et il y a une possibilité qu'avant le dernier tour, ou avant l'avant-dernier tour,
45:38 ou après le drapeau à damier, Lewis revienne à sa hauteur.
45:42 Et on s'est rendu compte que Vettel, mais aussi Lewis, allaient tous les deux le doubler.
45:49 Je n'arrive pas à en parler sans être à nouveau gagné par l'émotion.
45:54 Avant de réaliser ce qui se passait avec Glock, j'avais décidé de retourner à notre stand.
46:04 Je n'avais pas envie de rester avec les mecs de Ferrari.
46:07 Il y avait foule à ce moment-là autour de leur stand.
46:10 J'ai dû me faufiler à travers tout ce monde pour rejoindre l'écurie McLaren.
46:16 Et au moment où j'ai réussi à m'extirper de cette mer de journaliste,
46:21 j'ai vu ce qui se passait avec Glock sur le grand écran et je me suis dit "on a réussi".
46:25 C'était le chaos.
46:28 On a tous couru dans la cohue la plus totale.
46:32 On s'est précipité vers la voie des stands pour grimper sur le grillage et le regarder finir la course.
46:39 Voilà, c'est ça le championnat du monde de F1 et le métier de pilote de course.
46:45 Felipe Massa avait déjà franchi la ligne d'arrivée.
46:53 Il fêtait son titre de champion du monde avec son père et l'ensemble de son équipe.
46:58 Il ne se rendait pas compte de ce qui se passait à quelques centaines de mètres derrière lui.
47:03 Et quand ils ont compris, ils ont ressenti une déception presque inconcevable.
47:10 On a vu et revu ces images.
47:18 Jamais on immortalisera mieux l'instant où quelqu'un passe de la plus grande joie au plus grand désespoir.
47:28 Je ne sais pas si j'arriverai un jour à décrire ce que j'ai ressenti.
47:33 C'était terrifiant, grisant et émouvant à la fois.
47:37 C'était le chaos quand je suis sorti de la voiture.
47:47 J'étais épuisé mentalement et physiquement par cette saison et par le fait d'avoir cru perdre le titre, puis le gagner, puis le perdre.
47:54 C'était horrible.
47:57 Mais là, j'ai retrouvé mon équipe et j'ai pu vivre ce moment avec des gens qui étaient ravis de fêter ce titre de champion du monde avec moi.
48:06 Tout va tellement vite, je n'ai pas eu le temps de me poser et de vraiment apprécier.
48:12 Je me suis arrêté dans la voie des stands au moment où j'apprenais que Lewis Hamilton avait remporté le championnat du monde.
48:21 Je me suis garé juste derrière lui, je suis descendu de ma voiture et je me suis avancé pour le féliciter.
48:27 Et là, je me suis retourné et j'ai vu que ma Formule 1 était en feu.
48:31 Elle avait pris feu, elle n'aurait pas pu partir d'une meilleure façon cette voiture.
48:35 Je suis allé vers Lewis et je l'ai félicité.
48:45 C'était des pleurs de joie et de tristesse à la fois.
48:51 De joie parce que j'avais gagné cette course chez moi et que je n'aurais pas pu faire mieux ce week-end-là.
48:58 C'était ma course.
49:01 Mais aussi de tristesse parce que j'avais perdu le titre dans le dernier virage.
49:07 Comment c'était possible ?
49:09 Je ressentais ces deux choses à la fois.
49:13 Ce sentiment de victoire m'a beaucoup aidé à me comporter de manière professionnelle.
49:17 Parce que j'ai fait ce que j'avais à faire.
49:20 Et pour moi, c'était le plus important.
49:23 J'ai gagné cette course et ça m'a sauvé.
49:28 Parce que je n'aurais pas pu faire mieux que de gagner la course.
49:42 On a tous pleuré pour Félipe Massa, bien sûr.
49:45 Parce que ça a dû être terrible ce revirement de situation.
49:48 Surtout que tout ce qu'il a fait ce jour-là, il l'a fait à la perfection.
49:51 Il a gagné la course en étant parti en pole position.
49:54 Sa victoire était parfaite, tout était parfait.
49:57 Sauf que Lewis aussi a été parfait, malgré l'énorme pression qui pesait sur lui de remporter ce titre.
50:05 Le fait que ça soit passé dans le dernier virage du dernier grand prix du championnat, c'était vraiment fou.
50:16 Je suis très fier de repartir en ayant gagné ce grand prix chez moi.
50:22 J'ai failli remporter le championnat du monde, mais c'est ça la course automobile.
50:29 Ceux qui pensent qu'on a eu de la chance lors de cette course se trompent complètement.
50:35 C'était un risque calculé.
50:39 On savait qu'il fallait que nos pneus soient en bon état en fin de course.
50:44 Ça a failli nous coûter cher, mais ça n'a pas été le cas.
50:48 Quand je suis revenu au garage, Rob Smedley est arrivé.
50:54 Il m'a pris dans ses bras et il s'est mis à pleurer.
50:59 C'était trop. J'ai éclaté en sanglots. Je ne pouvais pas m'arrêter.
51:04 Ça a duré un moment avant que je puisse sécher mes larmes.
51:09 Mais c'était bien d'une certaine façon, parce que ça m'a permis d'évacuer tout ça, tout ce que je ressentais.
51:19 C'était pas idéal, mais c'était un bon moment que je n'oublierai jamais.
51:27 Anthony, c'est le moment dont vous rêvez depuis tellement d'années.
51:32 Vous pouvez nous dire ce que vous ressentez ?
51:36 Je ne sais pas quoi dire.
51:41 Parlez-nous de ces derniers tours.
51:45 Je ne sais vraiment pas quoi dire.
51:53 C'était émouvant de remporter ce titre et de partager ça avec ma famille, en sachant tout ce qu'on avait traversé.
52:00 On est partis de rien, et on a parcouru tout ce chemin pour devancer des gens qui avaient bien plus que nous au départ,
52:07 qui n'ont peut-être pas dû affronter tout ce qu'on a traversé.
52:11 C'était un sentiment extraordinaire.
52:15 Quand quelqu'un croit autant en vous, qu'il vous consacre autant de temps et d'efforts pendant des années et des années,
52:21 et qu'il vous finit par payer, c'est un sentiment merveilleux.
52:24 Je crois que lorsqu'on se souvient d'une fin de course comme celle du Brésil en 2008,
52:30 que le titre s'est joué en toute fin de course,
52:34 on se dit que c'est pour ce genre de moment qu'on adore ce sport, la Formule 1.
52:40 C'est pour ça qu'on aime cette course à la perfection.
52:43 Est-ce qu'on arrive parfois à atteindre cette perfection ?
52:47 Je pense qu'aucun pilote n'a jamais réussi le tour parfait, mais certains ont réussi à vivre des moments parfaits.
52:52 Et un de ces moments, ça a été ce Grand Prix du Brésil 2008 pour Lewis Hamilton.
52:58 Parce que nous sommes les champions du monde !
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54:11 Merci à tous !

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