Dans le cadre du festival Lumière 2023, un hommage a été rendu au réalisateur Denys de La Patellière, disparu il y a dix ans. Ses enfants, Julie écrivaine et Fabrice de la Patellière, producteur, ont assisté en famille à la projection du film "Les Aristocrates" 1955, ils confirment que certains des films de leur père sont populaires à la télévision, mais l'expérience de les voir au cinéma est exceptionnelle.
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00:00 Qu'est-ce que vous attendez pour vous réjouir ?
00:02 Bienvenue sur la radio du cinéma, ici au Berceau du cinéma, nous sommes dans le hangar, rue du premier film,
00:14 un cadre rêvé pour une interview après la première projection du Festival Lumière 2023,
00:20 film de Denis Delapatelière, Les Aristocrates, son premier film.
00:24 Je suis très honoré d'être avec Julie et Fabrice Delapatelière.
00:28 Bonjour.
00:30 Alors déjà, première réaction, voir un film, le premier de la carrière de votre papa, c'est quoi ?
00:39 C'est une émotion ? Vous les connaissez tous par cœur ?
00:42 C'est très émouvant, d'autant plus que je ne l'ai jamais vu en salle.
00:47 Et en plus je pense que c'est peut-être son film le plus personnel.
00:52 Je l'ai un peu redécouvert, je l'ai vu mais je ne l'ai pas non plus vu 50 fois et j'étais très émue de le voir.
01:02 Vous avez fait animer une introduction avec Thierry Frémaux qui, effectivement,
01:07 relevait l'importance de revoir ses films dans les salles de cinéma.
01:12 Oui, c'est des films que, certains films de mon père, pas tellement Les Aristocrates,
01:17 mais certains films très populaires sont passés souvent à la télévision.
01:22 C'est formidable de les voir à la télévision, mais c'est des films qu'on a rarement l'occasion de voir au cinéma.
01:28 Les Aristocrates, par exemple, comme Julie, c'est la première fois que je le vois dans une salle.
01:32 C'est vrai que le voir au cinéma et le voir avec des gens, c'est particulièrement émouvant.
01:38 Avec des applaudissements, avec une émotion, et en plus ici, ce n'est pas une salle de cinéma comme les autres.
01:46 Oui, le berceau du cinéma, ça l'aurait d'autant plus touché.
01:52 J'ai été frappée par les rires. Il y a eu beaucoup aussi de...
01:56 Oui, parce qu'il y a un mélange de tons dans le film qui est plus sensible quand on le voit en public que seul.
02:04 En tant que spectateur, pas forcément fils ou fille,
02:10 mais en tant que spectateur, qu'est-ce qui vous frappe dans ce cinéma, dans ce film en particulier ?
02:16 Et puis, on retrouvera un ton aussi dans les suivants.
02:20 Le soin des dialogues, et puis des jeux d'acteurs.
02:24 On a parlé de l'amour de votre papa pour les acteurs. Il le lui rend bien ?
02:30 Oui, après, ça dépend évidemment des films.
02:33 C'est difficile de faire abstraction.
02:35 Quand je vois un film de mon père, je n'oublie quand même pas que c'est mon père.
02:38 Je les regarde quand même d'une manière assez particulière.
02:41 Celui-là, comme Julie, je le redécouvre un peu.
02:46 Et en effet, il a sans doute plus de choses personnelles que le souvenir que j'en avais.
02:53 Et donc, moi, c'est plus ça. C'est par rapport à sa propre histoire.
02:57 J'ai l'impression quand même de voir des allusions à ce qu'il a pu vivre,
03:02 même si c'est assez caché, masqué, parce que c'était un homme très pudique.
03:06 Après, dans les grands films, ceux qu'on connaît le plus,
03:09 les grandes familles ou un taxi-porto-groupe,
03:11 effectivement, avec Gabin, avec Aznavour, avec Ventura,
03:14 avec des grands acteurs, avec les dialogues d'Audiard,
03:17 oui, il y a le plaisir du dialogue, il y a le plaisir de l'acteur.
03:22 Mais là, ce film est un peu différent. Il est un peu plus discret.
03:24 Il y a Pierre Frénet qui est central et qui est formidable.
03:30 Mais oui, ce premier film est un peu particulier par rapport au grand succès qu'on connaît.
03:35 Oui, il est à part.
03:36 Je pense qu'il a dû aimer tourner avec toute cette famille.
03:40 Il y a des seconds rôles qu'on retrouve aussi dans ses autres films.
03:43 Il a eu un rapport avec Frénet qu'après il aura avec Gabin,
03:47 enfin comme ça, d'investir son personnage.
03:51 Et le lieu aussi, je pense que cette maison ressemble à Bois-Benoît,
03:55 où ils ont grandi, avec tout, comme ça, les frères et soeurs.
03:57 Il était le dernier de sept.
03:59 Et je pense qu'il y avait ce côté famille déjà qui s'est mis en place.
04:02 D'ailleurs, c'est déjà sa script qu'il a regardé.
04:05 Il aimait beaucoup travailler avec la même équipe.
04:07 Et je pense que c'était déjà ses thèmes et sa façon de faire.
04:13 Lui-même avait une certaine tendresse pour ce film ?
04:15 Oui, parce que c'était son premier film.
04:19 Après, ce n'est pas forcément le film dont il parlait plus.
04:21 Je n'ai pas le souvenir d'en avoir tellement parlé avec lui.
04:25 Mais c'était son premier film et c'était en effet un sujet qui lui était proche.
04:30 C'est par ça que tout a commencé aussi.
04:32 Oui, tout à fait.
04:34 C'est là qu'il a tenu cette place quand même très particulière de réalisateur
04:39 sur un plateau qui lui a plu beaucoup.
04:41 Un mot sur ce festival, qui n'est pas comme les autres, bien évidemment.
04:45 On ne voit pas des films qui vont sortir en salle dans six mois, dans un an.
04:48 On revoit un film de 1955.
04:50 C'est un cinéma pour les amoureux du cinéma.
04:55 Ce festival est unique.
04:57 On a fait la présentation avec Thierry Frémault et je l'ai remercié.
05:02 Je lui ai dit que c'est vrai que mon père était très sensible à l'esprit de ce festival,
05:09 à ce côté très éclectique et cette bienveillance de Thierry et de toute l'équipe pour tous les cinémas,
05:17 que ce soit des cinémas d'auteurs, des cinémas de genre, du cinéma plus commercial.
05:22 Tous les cinémas, tous les films ne se valent pas, mais néanmoins ils se rassemblent tous autour du même plaisir
05:29 qui est celui de la salle et du spectacle qu'on partage.
05:32 Ce côté très généreux est unique.
05:36 Ça fait du Festival Lumière à Lyon un lieu complètement unique.
05:41 On peut imaginer que ça a pu faire grincer des dents,
05:43 d'imaginer dans le même festival la même programmation à films de votre papa et Star Wars,
05:47 à la nuit Star Wars.
05:49 Ça ne le serait pas du tout.
05:51 Lui ça l'aurait beaucoup amusé, il aurait été très content et ça lui correspond.
05:55 C'est formidable et c'est aussi ça le cinéma.
05:58 C'est ce qui est unique ici.
06:00 C'est pour ça qu'il aurait été d'autant plus heureux et touché d'avoir une rétrospective ici.
06:06 Merci beaucoup.
06:07 Merci.
06:08 A bientôt. Bon festival.
06:09 Merci.
06:10 Merci.
06:11 [SILENCE]