SMART IMPACT - Logistique et transition environnementale

  • l’année dernière
Avec des besoins en énergie de plus en plus conséquents, le secteur de la logistique a pris un virage environnemental depuis quelques années et ne cesse d'innover avec des choix plus verts. Carburant vert, panneaux photovoltaïques et réutilisation des eaux pluviales, la préservation de la biodiversité est son objectif principal. Et comme un acteur n'est pas suffisant, le secteur souhaite embarquer toutes entreprises confondues.

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Transcript
00:00 L'invité de Smart Impact, c'est Diana Dizien. Bonjour, bienvenue.
00:09 Bonjour, merci de l'invitation.
00:10 Vous êtes donc la directrice déléguée d'Aphilog,
00:12 association créée en 2001.
00:14 Vous représentez la filière des entrepôts logistiques, c'est ça ?
00:17 Les entrepôts et les usines.
00:19 Notre cœur de métier, c'est l'immobilier logistique et industriel.
00:22 En France, en Europe, vous êtes présente où ?
00:24 En France, surtout.
00:25 Donc depuis 22 ans en France et depuis trois ans en Europe,
00:29 puisque nous avons désormais une filiale à Berlin
00:32 qui rayonne sur l'Est et le centre de l'Europe,
00:35 mais aussi sur l'Europe dans son ensemble.
00:37 La logistique qui est vraiment au cœur des enjeux de transformation environnementale.
00:42 On va beaucoup parler évidemment de l'immobilier, des toits, etc.
00:46 Mais pas seulement, parce que quand on parle logistique,
00:48 on parle transport, donc on parle choix de mobilité,
00:51 choix de carburant, choix d'énergie, etc.
00:54 Vous avez vraiment ce sentiment d'être au cœur des enjeux ?
00:56 Tout à fait.
00:57 L'entrepôt, aussi mal aimé soit-il, est vraiment au cœur de la transformation environnementale
01:01 et je pense qu'il a vraiment pris ce virage environnemental,
01:05 peut-être même avant d'autres classes d'actifs.
01:08 Déjà en 2011, nous faisions des enquêtes de performance énergétique de nos bâtiments.
01:13 À l'époque, c'était vraiment inédit.
01:15 Et depuis, nous développons un certain nombre d'actions,
01:18 donc sur l'énergie, on va en parler aujourd'hui,
01:20 mais aussi sur la préservation de la biodiversité, par exemple,
01:24 sur l'infiltration des eaux pluviales,
01:26 sur la manière dont on rend finalement à la nature plus que ce qu'on lui prend.
01:31 Alors on va effectivement beaucoup parler de ce plan d'installation de panneaux photovoltaïques,
01:36 5 millions de mètres carrés de panneaux installés en 5 ans,
01:42 1 million par an.
01:43 C'est très ambitieux ?
01:44 Qu'est-ce que ça représente comme investissement pour le secteur ?
01:47 Alors déjà, il faut savoir que nos adhérents,
01:51 donc 130 entreprises adhérentes, installent déjà des panneaux photovoltaïques depuis plusieurs années.
01:56 Ce n'est pas quelque chose qui démarre à zéro.
01:58 Nous avons un parc d'entrepôt à date qui dépasse les 80 millions de mètres carrés,
02:05 donc d'entrepôts existants.
02:07 Ces entrepôts existants ne sont pas aujourd'hui tous équipés de panneaux photovoltaïques.
02:11 Donc vous imaginez l'ampleur des surfaces que nous pourrions solariser.
02:16 Et c'est là que nous nous sommes dit,
02:17 nous avons un devoir quelque part dans le contexte actuel qui est celui d'une crise énergétique qui s'installe,
02:24 d'un besoin d'énergie verte et pas chère qui est une demande sociétale importante.
02:31 Et puis avec une électrification massive de nos usages,
02:35 donc on va avoir besoin de plus en plus d'électricité.
02:37 Exactement, que ce soit pour le chauffage, pour nos véhicules,
02:40 on va avoir besoin de plus en plus d'électricité.
02:45 Donc avec tout ça, on s'est dit qu'il fallait non seulement électrifier et solariser nos toitures,
02:51 mais aussi embarquer avec nous d'autres acteurs, d'autres secteurs d'activité,
02:55 que ce soit le commerce, le bureau.
02:57 On a à nos côtés des gens comme Unibail-Rodamco, on a des gens comme la SNCF,
03:03 la direction immobilière de l'État.
03:05 Donc on a réussi non seulement à mobiliser nos adhérents,
03:10 mais aussi à élargir la démarche au-delà de notre simple filière.
03:14 Aujourd'hui, il y a beaucoup de mètres carrés sous-exploités ?
03:18 Aujourd'hui, le parc neuf, donc les projets neufs,
03:22 ceux qui se construisent là depuis quelques années,
03:25 ils sont systématiquement couverts de panneaux solaires,
03:27 parce que d'une part, la réglementation l'impose depuis fin 2019,
03:33 et d'autre part, notre profession a fait des engagements volontaires
03:38 et a signé une charte d'engagement réciproque avec l'État
03:41 pour en fait faire mieux et plus que ce que la réglementation nous imposait.
03:46 Donc la réglementation nous dit 30% obligatoire de photovoltaïque.
03:51 Nous, dès 2021, on a dit qu'on fera au maximum 50%.
03:55 Est-ce que c'est beaucoup ? Est-ce que c'est pas beaucoup ?
03:57 C'est une vraie question.
04:00 Est-ce qu'on peut être à 100% ? Ou est-ce qu'il y a des entrepôts qui ne s'y prêtent pas ?
04:04 Alors, il y a des entrepôts qui ne s'y prêtent pas,
04:06 ou des parties d'entrepôts qui ne s'y prêtent pas,
04:09 surtout les surfaces qui accueillent des matières dangereuses,
04:13 donc ce soit les aérosols, les hydrocarbures,
04:17 des choses qui sont incompatibles avec une installation solaire,
04:22 mais c'est une toute petite partie.
04:24 Ensuite, il faut savoir qu'en toiture d'entrepôt,
04:26 il y a un certain nombre d'installations techniques,
04:29 des lanterneaux, des choses liées au désenfumage,
04:32 donc on ne peut jamais couvrir 100%.
04:36 Mais on peut couvrir 50% et peut-être un petit peu plus dans les années à venir.
04:41 Est-ce que c'est un changement d'état d'esprit ?
04:44 C'est-à-dire se dire que finalement, un entrepôt devient producteur d'électricité ?
04:49 Parce que c'est ça ce que vous nous dites aujourd'hui.
04:51 Oui, tout à fait.
04:53 C'est presque une grille de lecture qu'il faut revoir.
04:55 Je pense qu'il faut effectivement voir l'objet entrepôt,
04:58 qui est souvent injustement assimilé à la boîte à chaussures,
05:06 comme une sorte de bâtiment à deux fonctions et à deux niveaux.
05:10 Un niveau de logistique, parfois un peu plus,
05:12 parce qu'il peut y avoir des entrepôts avec plusieurs étages,
05:16 et un niveau de production d'énergie.
05:18 Donc je pense que désormais, avec cet engagement de la filière,
05:22 il faut, quand vous passerez sur l'autoroute devant un entrepôt,
05:25 vous ne direz pas « tiens, c'est un entrepôt »,
05:27 mais aussi « c'est une centrale solaire et un entrepôt ».
05:29 Est-ce qu'il faut que la réglementation évolue
05:32 pour vous faciliter finalement ce passage à l'échelle ?
05:36 Est-ce qu'il y a un petit manque de souplesse aujourd'hui ?
05:38 Bien sûr.
05:40 On peut aussi commencer par quelque chose d'optimiste.
05:44 Le jour où nous avons annoncé notre plan solaire,
05:47 donc les 5 millions sur 5 ans,
05:50 nous avons su que la réglementation a évolué
05:53 et que l'autoconsommation collective,
05:56 son périmètre a évolué de 2 km autour du producteur à 10 km.
06:01 Donc ça déjà, c'est quelque chose que nous demandions depuis de longues dates
06:04 et c'est un petit verrou qui a sauté.
06:06 Il y en a d'autres.
06:07 Pourquoi c'est important qu'on comprenne bien ?
06:09 Qu'est-ce que ça change ?
06:10 Parce que cette électricité, elle va où finalement ?
06:12 Alors cette électricité, elle va à 3 endroits.
06:15 Quand vous produisez de l'énergie avec la toiture d'entrepôt,
06:18 vous pouvez déjà premièrement autoconsommer,
06:21 donc alimenter les véhicules de l'entrepôt, chauffer l'entrepôt.
06:26 Vous pouvez en utiliser une partie,
06:28 mais cette partie, elle est quand même très minime.
06:30 On consomme très peu de l'énergie produite.
06:34 Je dirais que maximum 20 % pour les entrepôts vraiment les plus consommateurs.
06:39 Ensuite, ce qui reste, qu'est-ce que vous en faites ?
06:41 Vous avez deux options.
06:42 Ou vous injectez dans le réseau, classique, comme à peu près tout producteur.
06:47 Ou alors vous injectez dans le réseau,
06:49 mais dans un dispositif d'autoconsommation,
06:51 dans un périmètre autour de votre entrepôt,
06:54 qui permet finalement à ceux qui sont autour
06:58 de bénéficier d'une énergie qui utilise peu ou moins le réseau
07:03 et qui est en général moins coûteuse.
07:05 Alors ça, c'est le premier verrou.
07:06 Vous dites que c'est bon, la réglementation a changé.
07:08 Qu'est-ce qu'il faudrait améliorer encore en matière de souplesse ?
07:11 Alors un autre petit point qui est probablement un peu technique,
07:14 mais qui mérite d'être souligné,
07:16 c'est que pour permettre à cette autoconsommation collective
07:20 de prendre ses ailes,
07:24 c'est non seulement d'élargir le périmètre,
07:26 mais aussi d'augmenter la puissance
07:29 qui peut être distribuée dans ce dispositif.
07:31 Aujourd'hui, on est bloqué à 3 MW crête, ce qui est assez peu.
07:36 Donc si on pouvait avoir un petit peu plus, ça serait déjà pas mal.
07:39 Et puis il y a aussi des avancées techniques
07:42 qui doivent pouvoir avoir lieu dans les années à venir.
07:45 On devra pouvoir trouver des solutions techniques
07:48 pour solariser les entrepôts existants et pas seulement les nouveaux,
07:53 qui ont des contraintes en termes de ce qu'ils peuvent porter comme poids, par exemple.
07:57 Et pour finir, il y a aussi des contraintes économiques,
08:01 parce que pour équilibrer le bilan économique d'une centrale,
08:08 c'est relativement compliqué.
08:09 On a besoin que la réglementation s'en occupe un petit peu.
08:12 Est-ce que c'est intéressant ?
08:13 Parce que vous dites, on a changé de grève de lecture.
08:15 C'est de la logistique et on devient centrale solaire.
08:18 C'est un autre métier.
08:19 Ce n'est pas si évident, j'imagine, pour les entreprises qui possèdent ou qui gèrent ces entrepôts.
08:23 Vous avez tout à fait raison.
08:24 Ce n'est pas évident.
08:25 Ce n'est pas le métier de nos adhérents traditionnels.
08:29 Vous êtes un promoteur, vous faites des usines ou des entrepôts.
08:32 Vous n'avez pas appris à faire ni les montages financiers et juridiques,
08:36 ni les techniques solaires.
08:37 Mais heureusement, depuis quelques années,
08:40 il y a beaucoup de sociétés qui se sont structurées
08:43 et qui viennent nous accompagner dans cet effort de solarisation.
08:47 Est-ce que, dernière question,
08:48 sur le, alors ça c'est le levier le plus important dont on vient de parler, la solarisation,
08:53 mais sur le maillage territorial,
08:56 comment vous pouvez accompagner les territoires,
08:58 finalement, pour limiter le nombre de camions sur les routes ?
09:01 Parce que plus il y a d'entrepôts bien placés,
09:04 plus ils vont permettre de limiter l'impact carbone des camions.
09:07 Vous voyez ce que je veux dire ?
09:07 Oui, oui, tout à fait.
09:08 Mais vous avez raison.
09:09 On aura beau faire l'entrepôt le plus écologique du monde,
09:13 le plus économe en énergie, le plus producteur d'énergie,
09:16 le plus respectueux de la biodiversité,
09:18 mais s'il n'est pas bien localisé,
09:20 il ne pourra pas jouer son rôle principal qui est celui d'optimiser des flux.
09:26 Qu'est-ce que c'est qu'un entrepôt ?
09:27 C'est aussi quelque chose qui optimise des flux qui sont déjà là.
09:31 L'entrepôt ne crée pas les flux, l'entrepôt les optimise justement.
09:34 Et donc, il faut bien choisir les emplacements, c'est ce que vous nous dites ?
09:36 Il faut bien choisir les emplacements et ce n'est pas simple
09:39 parce qu'avec la sobriété foncière et donc le principe avec lequel on est entièrement d'accord,
09:47 il y a de moins en moins de terrain.
09:49 Les friches industrielles ne sont pas toujours fléchées
09:52 vers un usage logistique ni industriel d'ailleurs.
09:54 Donc, dans les années à venir,
09:56 ce sera un vrai défi d'arriver à bien localiser les entrepôts
10:00 par rapport au baril centre des flux.
10:02 Merci beaucoup Diana Dizien et à bientôt sur Bismarck.
10:05 On passe au débat de ce Smart Impact.
10:07 Pour rester en place, on va évoquer l'engagement des établissements d'enseignement supérieur.

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