Dominique de Villepin, ancien Premier ministre, était l'invité de BFMTV-RMC ce vendredi matin.
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00:00 objectif à mener et qui est réaliste,
00:01 de faire en sorte d'éradiquer
00:04 les dirigeants du Hamas, de ceux qui
00:06 ont commis cette horreur-là et de ne
00:08 pas confondre les Palestiniens avec
00:10 le Hamas.
00:11 Nous sommes devant un gouffre,
00:13 un gouffre émotionnel, tout d'abord.
00:16 Face à l'horreur du 7 octobre,
00:20 il y a aujourd'hui le sentiment d'une
00:22 menace existentielle pour
00:24 chaque Israélien.
00:26 C'est la première fois qu'Israël
00:28 est attaqué sur son sol et
00:31 les bombardements que nous voyons sur
00:32 Gaza ne laissent que peu
00:35 d'espoir à la plupart des
00:37 populations civiles de Gaza.
00:39 Et face à ce gouffre existentiel,
00:41 nous sommes aussi devant un gouffre
00:43 géopolitique.
00:45 Ce gouffre géopolitique, c'est
00:47 l'absence de perspective face
00:50 à une offensive terrestre massive
00:52 pour Gaza. Pas d'autre perspective
00:55 qu'un bain de sang.
00:56 Il y a bien sûr le
00:58 risque d'extension de ce conflit
01:00 quand on voit la situation
01:03 dans la région, à la fois les
01:05 factions islamistes, les milices
01:07 islamistes qui obéissent à l'Iran,
01:09 au Liban, en Irak, en Syrie,
01:11 au Yémen et les
01:13 possibilités d'engrenage qui existent
01:15 dans cette région.
01:16 Il y a un droit de légitime défense
01:18 d'Israël, mais ce droit ne peut pas
01:20 être une vengeance indiscriminée.
01:22 Et il ne peut y avoir de
01:24 responsabilité collective du peuple
01:26 palestinien pour les
01:28 actions d'une minorité
01:30 terroriste du Hamas.
01:32 La voie est étroite.
01:33 Je ne renvoie personne dos à dos.
01:34 Je prends la mesure de la
01:36 catastrophe qui s'est passée.
01:38 Mais quand vous rentrez dans ce
01:40 cycle qui
01:41 consiste à rechercher les fautes,
01:44 la mémoire des uns s'oppose à la
01:45 mémoire des autres et certains
01:47 opposeront à la mémoire d'Israël,
01:49 la mémoire de l'Anakba, de la
01:51 catastrophe de 1948,
01:53 qui est une catastrophe que les
01:55 palestiniens vivent encore tous les
01:56 jours. Donc, vous n'en sortez
01:58 pas de ces cycles. Et c'est pour ça
02:00 que je vous dis, et c'est le point
02:01 de départ de tout.
02:02 Sortons du cycle
02:03 de la vengeance.
02:06 Il y a des choses qu'aucune armée
02:08 au monde ne sait faire, c'est gagner
02:10 dans un combat asymétrique
02:12 contre les terroristes.
02:13 La guerre contre le terrorisme n'a
02:15 jamais été gagnée nulle part
02:17 et elle enclenche au contraire
02:19 des méfaits et des cycles et des
02:21 engrenages extrêmement dramatiques.
02:22 Les Occidentaux doivent ouvrir les
02:24 yeux sur l'ampleur
02:26 du drame historique qui se joue
02:28 devant nous. Il faut une perspective
02:30 politique. Et là, c'est difficile
02:31 parce que la solution à deux États,
02:33 elle est sortie du logiciel
02:35 politique et diplomatique israélien
02:37 et que, comme vous le dites très
02:38 bien, dans le contexte d'aujourd'hui,
02:40 ça apparaît quelque peu irénique
02:42 que de dire "on va essayer
02:44 diplomatiquement de gérer les
02:46 choses". Les peuples n'ont jamais
02:48 oublié que la cause palestinienne
02:50 et l'injustice qui est faite aux
02:51 Palestiniens étaient une source de
02:52 mobilisation considérable.
02:54 Prenons en compte cette situation
02:56 et je crois qu'il est essentiel
02:57 d'aider Israël, d'accompagner.
02:59 Certains parlent d'imposer.
03:01 Je crois qu'il vaut mieux convaincre
03:02 d'avancer dans cette voie-là.
03:04 La difficulté, c'est qu'il n'y a pas
03:06 d'interlocuteurs aujourd'hui, ni du
03:07 côté israélien, ni du côté
03:09 palestinien. Il faut faire émerger
03:10 des interlocuteurs.
03:11 [SILENCE]