OM-OL reporté : "Moi j'ai peur, je ne comprends plus ce pays" le coup de gueule de Larqué

  • l’année dernière
Le match de clôture de la dixième journée de Ligue 1 entre l'OM et l'OL a été annulé en raison de graves incidents avant la rencontre. Dans l'After foot ce dimanche soir, Jean-Michel Larqué a poussé un gros coup de gueule en confiant notamment "avoir peur" et "ne plus comprendre" ce pays.
Transcript
00:00 Jean-Michel Larquet nous rejoint. Capitaine Larquet, bonsoir.
00:03 Merci pour votre invitation. Merci. Salut.
00:05 Salut Jean-Michel.
00:07 Écoute Jean-Michel, toi, tu as évidemment quelques années de football de plus que nous derrière toi.
00:13 Quand tu vois ce qui s'est passé ce soir, est ce que tu es étonné déjà par ça ?
00:18 Tu connais bien Marseille et les alentours du stade comme nous.
00:21 On y vient souvent ici.
00:24 Et est ce que tu estimes que la décision du soir a été la meilleure ?
00:28 Écoute, concernant la décision, je laisse aux gens qui sont très, très compétents leur responsabilité.
00:35 Moi, ça ne m'intéressait pas. Ce qui m'intéresse, c'est de savoir si le football est d'une manière générale et la sécurité d'une manière générale sont assurées.
00:44 On est incapable dans notre chère France d'assurer la sécurité d'un quart.
00:51 Et dans un an, il va y avoir des Jeux olympiques qui vont dans la cérémonie d'ouverture se dérouler sur 12 kilomètres.
00:59 Il paraît. Moi, j'ai peur. Alors je suis un vieux con.
01:03 Je suis un vieux schnock quand je dis que c'était mieux avant. Mais je ne comprends plus ce pays.
01:09 Je comprends plus ce pays. Je t'assure, je suis désespéré par rapport à ce qui se passe.
01:15 Alors la préfète, que ce soit un pavé ou une ou une canette de bière ou les deux à la fois ou l'un après l'autre.
01:23 Mais qu'est ce qu'on s'en fout ? Ce qui est important, c'est que la sécurité des personnes n'est assurée aujourd'hui.
01:27 Pas même d'un quart, pas même d'un quart. Je ne parle pas d'un convoi. Je parle d'un quart.
01:35 On est incapable de le faire. Et dans le même temps, on nous dit ah oui, il faut que les supporters aillent dans les supporters visiteurs.
01:44 Qu'ils puissent se déplacer. Mais on se fout du monde. On se moque du monde.
01:49 Là, ça va s'arrêter pendant un moment, je pense.
01:51 On se moque du monde.
01:53 Ce n'est pas le premier sujet. C'est un sujet certes important, le déplacement des supporters, mais ce n'est pas du tout le sujet du soir.
01:58 Moi, je veux revenir sur Jean-Michel et là où il a raison.
02:01 C'est concomitant.
02:02 Oui, oui, mais c'est après. Arrêtons nous déjà sur ton premier coup de gueule fort justifié, sur déjà ce qu'il s'est passé sur le parcours.
02:13 Et bon, alors ce que tu dis, évidemment, Jean-Michel, oui, on le dit assez souvent.
02:17 Ce n'est pas que dans le cadre du football, mais oui, la France est devenue un pays ultra violent.
02:21 Mais visiblement, à chaque fois qu'on dit ça en France, non, ce n'est pas forcément vrai.
02:25 C'est un sentiment. Ce n'est pas une réalité.
02:27 Bref, moi, j'ai cette réalité. Donc, j'ai envie de dire que c'est la réalité.
02:31 Ceux qui ne sont pas d'accord ne sont pas d'accord.
02:33 Mais tu sais, Daniel, les joueurs lyonnais, Jean-Michel, les joueurs lyonnais étaient à 10 minutes dans un hôtel à 10 minutes du stade.
02:39 Ils ont fait un trajet de 35 minutes, visiblement totalement alambiqués.
02:46 Ils ont réussi, malheureusement, à se faire bloquer à 200 mètres du stade.
02:52 Et c'est à 200 mètres du stade que, bloqué, puisque visiblement, rien n'avait été fait pour que ce soit fluide pour eux,
02:59 là, ils se sont fait littéralement agresser, canarder, caillasser.
03:03 - C'est bien ce que je t'ai dit, c'est un guet-apens peut-être, ou organisé ou pas organisé.
03:08 Mais je voulais apporter des détails. - Mais en tout état de cause, moi, ce que je constate, je ne sais pas.
03:13 S'ils ont mis 35 minutes là où ils devaient mettre 10 minutes, c'est bien la preuve de l'incompétence.
03:19 - Exactement. - Enfin, il n'y a qu'un mot qui convient.
03:22 - Plus ça allait, plus ils se faisaient canarder. Plus ils avançaient, plus ils se faisaient canarder.
03:26 Jusqu'à ce que le bus soit bloqué. Et là, ça a été déferlement et on a vu le résultat final.
03:32 - J'ai des témoignages. Pour être factuel, Jean-Michel, il y a des témoignages qui font...
03:36 Parce qu'on parlait de guet-apens il y a quelques instants.
03:38 Il y a des témoignages qui font l'état d'une voiture devant le bus qui a ralenti à dessein.
03:43 Alors bon, il y aura une enquête, hein. Voilà...
03:45 - Mais la voiture qui était devant le bus, ce devait être normalement une voiture de police.
03:50 Et c'était une voiture de Kidam. Donc pour te dire, on est incapable d'assurer la sécurité d'un car !
03:56 Moi, quand on me parle de Jeux Olympiques avec des millions de... Enfin, c'est une...
04:02 - Mais Jean-Michel, il y a un an, il y a eu une finale de la Ligue des Champions au Stade de France.
04:06 Il y a eu un rapport du Sénat. Le ministre en personne nous a menti sur ce qui s'est passé.
04:11 - Mais ce sont des menteurs et des incompétents !
04:14 Je peux pas te dire davantage !
04:16 Tu sais, quand est-ce qu'ils prennent conscience du danger, Daniel, Gilbert ?
04:21 Vous savez quand est-ce qu'ils prennent conscience du danger ?
04:24 C'est quand il y a un France-Algérie et qu'une gamine de Lyon, d'ailleurs,
04:29 envahit le terrain et qu'il y a un mouvement de foule.
04:32 Et Marie-Georges Buffet, qui est dans la tribune de presse, commence à paniquer.
04:36 Et là, ils prennent conscience du danger.
04:38 Mais à partir du moment où c'est l'entraîneur de Lyon...
04:40 - Ça, c'était le match de 2001, effectivement.
04:42 - Oui, mais on s'en fout ! On s'en fout ! Ils prennent conscience !
04:46 Ça dure une semaine, et puis ça retombe comme un soufflet de mauvaise qualité.
04:52 Et quand je parle de mauvaise qualité,
04:55 c'est la mauvaise qualité qui s'applique à tout le monde.
05:01 - J'ai un point, d'ailleurs, qu'on a évoqué avec le ministre, tout à l'heure,
05:04 Amélie Oudéa Castara, qui intervenait dans l'after-live.
05:06 C'est que...
05:07 Enfin, moi, j'ai insisté deux fois, mais elle n'a pas vraiment répondu.
05:09 Elle a tenu à préciser que ce n'était pas de la responsabilité du sportif.
05:14 On sentait déjà qu'il y avait une sorte de patate chaude qui se refilait.
05:17 Parce que, comme le dit Jean-Michel...
05:19 - Là, ce n'est pas une patate chaude, Flo !
05:20 À partir du moment où c'est sur la voie publique, ça peut pas être le ministère des Sports !
05:23 - Je suis d'accord. Sauf que là, quand tu es ministre qui intervient sur ce sujet-là,
05:27 tu dois dire effectivement, alors que, et c'était l'objet de ma question,
05:30 à quelques mois des JO, est-ce que vous êtes serein ?
05:33 Parce qu'on ne peut pas assurer la sécurité,
05:35 comme le dit Jean-Michel, d'un déplacement, ne serait-ce que d'un quart.
05:38 Elle a dit "oui, mais là, on est sur autre chose,
05:40 on est sur de la sécurité publique".
05:42 - Mais on est sur la même chose !
05:43 Mais c'est le même problème !
05:44 C'est la sécurité des Français !
05:46 C'est la sécurité des acteurs et des supporters !
05:48 - Elle n'est pas assurée, aujourd'hui.
05:50 - D'où je vous parle ?
05:53 Actuellement, je suis dans les Alpes.
05:54 Il y a des gamins de la vallée de Morienne
05:56 qui se sont saignés les veines pour aller voir le match.
05:59 On s'en fout !
06:00 On s'en tamponne le coquillard,
06:03 mais d'une force incroyable.
06:04 On s'en fout de tout !
06:05 Et tout va être passé par pertes et profits.
06:08 Je vous le dis, dans une semaine, on n'en parle plus.
06:11 Dans une semaine, on est passé à autre chose.
06:14 Voilà, c'est la France d'aujourd'hui !
06:17 Et je vous prie de me croire,
06:20 j'ai fait un match à Marseille, les gars.
06:25 Et je vais même vous dire, les enfants,
06:28 j'ai fait un match à Marseille,
06:30 où il y avait les spectateurs qui étaient assis
06:32 le long de la ligne de touche à 2,50 m.
06:36 2,50 m, vous pouvez prendre les archives.
06:39 À 2,50 m, on a gagné 3-2.
06:41 Il n'y a pas eu un incident.
06:44 Donc si on me dit que c'est mieux maintenant...
06:45 - Il y a une scène, Jean-Michel, il faut qu'on la décrive,
06:48 c'est qu'on a sous nos yeux Fabio Grosso,
06:51 John Texter et tous les Lyonnais qui viennent
06:55 saluer les supporters qui sont encore présents.
06:58 Et je rappelle que les supporters, pour l'instant,
06:59 on ne sait pas comment ils vont rentrer à Lyon
07:00 puisque leurs cars sont fracassés.
07:03 - Trois cars, en tout cas.
07:04 - Et on voit Fabio Grosso avec un bandage
07:08 au niveau de l'arcade soncilière.
07:10 Oui, un bandage pas énorme,
07:13 par exemple, on voit ses cheveux,
07:14 voilà, une sorte de bandeau blanc.
07:16 John Texter à côté de lui.
07:18 Et les joueurs, donc, il n'y a plus que dans le stade et nous,
07:21 pour vous dire, parce que nous, on a même dû,
07:23 pour être tout à fait transparent,
07:25 négocier avec la sécu du stade de pouvoir rester
07:27 et faire l'avantage qu'il y a minuit ici,
07:29 parce que tout le monde voulait évacuer et tout fermer.
07:32 Et comme les Lyonnais sont toujours là, évidemment,
07:35 donc là, il y en a une sorte de communication,
07:38 en fait, par champ interposé entre joueurs et Fabio Grosso.
07:43 Vous entendez peut-être Fabio Grosso.
07:45 - Il faudra savoir comment ils vont rentrer.
07:46 Il va falloir qu'il leur mette un quart à dispo.
07:47 C'est peut-être pas fini, cette histoire.
07:48 - En tout cas, je peux vous dire que Fabio Grosso est debout.
07:53 Il applaudit et qu'il a l'air tout à fait lucide sur ce qu'il fait.
07:59 - Le paradoxe, c'est que cette soirée qui aurait pu enterrer
08:01 sportivement les Lyonnais,
08:03 enfin, qui venaient avec plein de difficultés au vélodrome,
08:07 repart avec une scène qu'on n'aurait pas forcément imaginée
08:09 de communion entre Texter, Grosso, les joueurs
08:12 et les supporters qui se sont déplacés,
08:15 les 600 en tout cas qui sont dans le parquage.
08:17 - Ouais, on reparlera du comportement des supporters lyonnais après,
08:19 parce qu'il y a aussi des choses à dire qu'on a vues ce soir
08:24 qui ne sont pas très glorieusement.
08:25 - Mais la France, il n'y a pas que les supporters marseillais dans la France.
08:28 Il y a les supporters et il y a les Français.
08:31 - Non mais, pour en revenir sur ce que vous disiez, Jean-Michel, Daniel.
08:35 - Sur les deux dernières années, le nombre d'incidents
08:37 augmente terriblement en France.
08:40 On a eu le Bordeaux-Rhône-Aise,
08:43 les déplacements de Marseille souvent posent problème.
08:45 - Les matchs à Nice.
08:47 - Nice, évidemment. Lyon, Payet, la bouteille sur la tête.
08:51 On se souvient de la confusion ce soir-là avec...
08:54 On découvrait le process de décision avec ceux qui voulaient continuer.
09:00 D'ailleurs, ce soir, on a également eu un petit peu ces discussions.
09:03 À l'époque, on se souvient qu'au-là, ça avait fait pression
09:05 pour qu'on continue à jouer, alors que Payet avait pris une bouteille sur la tête.
09:08 À Nice, un supporter descend sur la pelouse, agresse un joueur.
09:13 Un mec du staff traverse le terrain pour aller mettre une patate à un supporter.
09:17 Enfin bon, les incidents dans le football français...
09:20 Jean-Michel, comme tu dis, on en parle pendant une semaine et ça passe.
09:24 Nous, on en parle régulièrement.
09:26 Qu'est-ce qui est fait ? Je ne sais pas.
09:28 Et je trouve qu'on est de plus en plus sévères.
09:31 Je pense que le débat du déplacement des supporters...
09:32 - De plus en plus sévère, Daniel ?
09:34 De plus en plus sévère, nous ?
09:36 - Ouais, non, non, non, non, les sanctions, elles sont...
09:39 - Tu sais ce qui s'est passé, Daniel ?
09:40 C'est que ce qui s'est passé dans la tribune,
09:42 il y a une petite différence, la seule leçon,
09:45 et on peut le constater quand même,
09:46 par rapport à ce qui s'est passé dans les tribunes,
09:48 puisque les incidents dont tu viens de parler, la bouteille, etc.
09:51 C'était dans le stade, tu as raison, on ne savait pas le gérer.
09:53 Avec le fait qu'on ait retrouvé individuellement les fameux fautifs
09:58 et qu'on les ait condamnés,
10:01 il est clair que dans les stades,
10:03 de par la sécurité, les caméras, ces sanctions-là,
10:06 elles ont sans doute eu un effet.
10:08 Mais ce qui est terrible, et c'est ce que dit Jean-Michel,
10:10 c'est qu'un événement, un stade,
10:12 enfin un match, ça n'est pas que le match, c'est le stade,
10:13 c'est le déplacement de tous ces gens qui viennent au stade,
10:16 c'est des gens qui viennent dans la rue.
10:17 Quand tu vas au stade avec tes enfants,
10:19 tu veux te dire "j'y vais, point barre".
10:20 Tu te dis pas "non, on va pas y aller, c'est chaud, c'est compliqué".
10:24 - Mais non, ne fais pas de distinguo entre en dehors du stade et dans le stade.
10:28 Tout le monde est...
10:29 - Oui, ils sont les mêmes, c'est les mêmes supporters.
10:31 Avant qu'ils soient à l'intérieur, ils sont sur une terrasse et ils canardent.
10:35 - Il me semble bien qu'un match de Montpellier va être rejoué
10:38 avec deux points, même, je crois...
10:41 - Bien sûr, c'était la semaine dernière.
10:43 - C'était en dehors du stade ou dans le stade ?
10:46 - Mais c'était dans le stade.
10:48 - Eh ben non !
10:48 - Dans la série, on va forcément oublier des choses,
10:51 mais y a quand même eu Charletti aussi !
10:53 - On est dans l'insécurité permanente !
10:56 On est dans l'insécurité...
10:57 - Y a eu beaucoup trop d'incidents, les déplacements, c'est terminé,
11:00 faudra arrêter de chialer !
11:01 Il va falloir arrêter de pleurer que tous les supporters qui nous téléphonent...
11:04 - Oui, on peut, on va, on... Non, stop, c'est fini les déplacements, c'est terminé !
11:09 C'est terminé, tant pis, voilà !
11:10 - Et c'est exactement le contraire !
11:11 - Y a eu Lancelis aussi, c'est à chaque fois en fait,
11:15 et puis quand on n'est pas vraiment au courant,
11:16 c'est des sournières de repos, voilà, c'est des bandes de sauvages qui veulent se taper dessus !
11:21 - Cette semaine, Amalie Oudéa-Casterat,
11:24 et avec le ministère de l'Intérieur justement,
11:25 avaient communiqué sur le fait qu'on allait remettre en place ces déplacements,
11:30 qu'on allait arrêter de les annuler...
11:32 Mais tant que ce ne sont pas eux qui prennent un pavé ou le reste,
11:36 ils s'en manquent, tant que c'est pas eux !
11:38 - Oui, après Jean-Michel, quand même, ce soir,
11:40 avant de parler des déplacements, même si je suis d'accord,
11:42 ce soir, ce sont des Marseillais qui sont dans la ville,
11:44 à une terrasse de café injuste, qui font un parcours...
11:47 - C'est une ambiance générale, je vous le conseille, c'est une ambiance générale !
11:49 - ... qui est bloqué, et qui se fait descendre !
11:52 C'est ça ! Avant de parler des problèmes de déplacement,
11:55 parce qu'il y en a eu aussi ici certains,
11:57 et peut-être qu'il aurait pas fallu autoriser les Lyonnais à revenir,
12:01 parce que ça a peut-être chauffé tout le monde,
12:03 mais bon, peu importe, ça c'est dans un second temps !
12:06 Le premier, c'est ce bus, qui dans un hôtel à 10 minutes,
12:08 qui n'est pas foutu d'arriver au stade,
12:10 parce qu'il n'y a pas un parcours qui est fait pour...
12:12 - Ça te fait pas peur, Daniel ? Ça te fait pas peur ?
12:15 Qu'un bus qui est à 10 minutes du stade...
12:17 - Mais bien sûr ! Mais bien sûr !
12:18 - Ça fait pas peur ?
12:19 - Bien sûr que ça me fait peur ! Mais bien sûr !
12:21 Malheureusement, ça ne m'étonne pas !
12:24 Ça ne m'étonne pas parce que c'est l'état du pays, ça !
12:27 - C'est ça, c'est ça !
12:28 [SILENCE]

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