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00:00 Invité de cette édition Tamara Al Rifai, bonjour et merci d'être avec nous.
00:04 Directrice de la communication et des relations extérieures de l'UNRWA,
00:07 l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens.
00:10 Vous êtes en Jordanie.
00:12 Quelles sont pour commencer vos dernières nouvelles sur la situation sur le terrain à Gaza ?
00:18 Bonjour, nous avons enfin rétabli la communication avec nos équipes à Gaza
00:24 qui nous rapporte une situation humanitaire très, très, très difficile.
00:29 On s'attendait à ça, un niveau de désespoir de la part des populations civiles à Gaza très élevé
00:35 et surtout à cause du déplacement en masse de ces deux dernières semaines
00:41 de plus d'un million de personnes qui ont bougé du nord de la bande de Gaza au sud.
00:47 Un surpeuplement dans le sud de la bande de Gaza contribue à ce sentiment de désespoir dans les populations.
00:57 Nous autres humanitaires, nous faisons face à une opération humanitaire très compliquée,
01:03 rendue plus compliquée par la coupure des communications hier
01:06 et donc notre manque de coordination avec nos équipes.
01:12 Mais en plus, comme vous l'avez dit dans la partie précédente,
01:17 nous n'avons reçu que 84 camions depuis plus d'une semaine.
01:22 C'est vraiment une goutte d'eau face aux besoins immenses des civils à Gaza.
01:27 Ces besoins immenses, parlons-en, qu'en est-il de l'accès à l'eau, à l'électricité, au carburant ?
01:33 Est-ce que vous arrivez à y répondre, ne serait-ce qu'un peu ?
01:38 Nous répondons comme nous pouvons, mais vous l'avez très bien dit,
01:42 le manque de carburant est un élément clé.
01:46 Nous n'arrivons pas à subvenir aux besoins des gens autour de nous.
01:52 Plus de 600 000 personnes déplacées sont en ce moment même dans nos écoles,
01:56 les écoles de l'UNRWA, l'Agence des Nations Unies pour les Réfugiés de Palestine.
02:01 Nous avons besoin de carburant pour générer de l'eau potable,
02:08 nous avons besoin de carburant pour faire fonctionner les boulangeries.
02:13 La plupart des Gazaouis ne reçoivent qu'une petite pièce de pain par jour.
02:19 Nous avons besoin de carburant pour aller chercher l'aide humanitaire à Rafah,
02:24 l'aide humanitaire qui vient d'Égypte.
02:26 Et en parlant de cette aide humanitaire, encore une fois, je dois confirmer,
02:32 insister qu'une poignée de camions tous les jours est très très loin des besoins de survie des populations de Gaza.
02:40 Nous avons besoin d'au moins 100 camions par jour d'aide humanitaire,
02:44 y compris des carburants, du « fuel » pour tous les usages que je viens de mentionner,
02:50 les boulangeries, les stations d'eau, les stations d'électricité,
02:53 mais aussi pour pouvoir soutenir les hôpitaux à Gaza,
02:57 surtout les hôpitaux qui reçoivent les blessés de guerre.
03:01 Sur ces carburants, Tamara, le Rifa, Israël a dit qu'ils ne les laisseraient pas entrer, ils viendraient d'où ?
03:09 Nous continuons à faire pression sur les autorités israéliennes,
03:16 et puis à utiliser nos amis, les États qui peuvent influencer l'État d'Israël,
03:23 pour faire entrer du carburant.
03:25 Pour l'instant, la seule voie d'entrée, c'est le passage de Rafah depuis l'Égypte.
03:30 Nous faisons de notre mieux maintenant pour convaincre toutes les parties concernées
03:36 que l'usage des carburants sera un usage strictement humanitaire.
03:42 Nous mettons en place des garanties d'utilisation de ce carburant.
03:47 Sans ce carburant, nous ne pourrons plus fonctionner, et c'est le message que nous donnons.
03:52 Non seulement nous avons très peu d'aide humanitaire, de nourriture,
03:57 de produits d'hygiène qui entrent à Gaza,
03:59 mais en plus, bientôt nous ne serons plus en mesure d'aller chercher cette aide humanitaire
04:05 à la frontière avec l'Égypte et de la distribuer aux 600 000 personnes déplacées
04:10 dans nos écoles et nos bâtiments dans la bande de Gaza,
04:14 surtout dans la partie médiane et sud.
04:17 Tamara Al Rifai, vous êtes responsable, on l'a dit,
04:21 de la communication de cette agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens.
04:24 On a l'impression que dans cette crise, l'organisation plus globalement,
04:27 plus généralement, est inaudible. C'est votre sentiment ?
04:32 Nous faisons de notre mieux de promouvoir la voie des civils à Gaza.
04:41 Nous avons, en tant qu'UNRWA, mais aussi en tant que les Nations Unies dans son sens large,
04:47 nous avons pris une position très claire dès le début pour la protection des civils,
04:53 tous les civils de tous les côtés.
04:55 Nous avons aussi insisté sur l'application du droit international humanitaire,
04:59 même dans une situation de conflit.
05:02 Il est inacceptable aujourd'hui, au XXIe siècle, de continuer à avoir des exactions,
05:08 des violations du droit international humanitaire,
05:10 de l'ampleur de celles que nous voyons dans ce conflit.
05:13 Notre position est très ferme, celle du secrétaire général des Nations Unies aussi.
05:18 C'est lui qui mène un appel pour un cessez-le-feu immédiat
05:21 et un passage continu de l'aide humanitaire
05:25 pour pouvoir subvenir aux besoins immenses aujourd'hui à Gaza.
05:29 Merci beaucoup Tamara Al-Rifaei d'avoir été avec nous sur France 24,
05:34 directrice de la communication et des relations extérieures.