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Interview de Richard Lenormand, porteur du projet controversé "Normandie Memory" et de Stéphane Roy, metteur en scène. Entretien réalisé par Julien Corbière, rédacteur en chef de France Bleu Normandie, et diffusé le 1er novembre 2023.

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Transcription
00:00 Comment vivez-vous cette opposition qui se fait au jour ?
00:16 Qu'avez-vous à répondre à ces anciens de la SMN qui disent qu'il faut respecter leur histoire ?
00:23 Je respecte les positions de chacun, mais je pense qu'il y a une incompréhension entre nous.
00:30 On ne s'est pas encore rencontré et il faut qu'on le fasse rapidement.
00:35 Je sais qu'il parle avec Marc Pottier, mais nous sommes évidemment sensibilisés au fait que la SMN est un haut lieu d'histoire pour la bataille de Normandie,
00:47 mais bien sûr aussi un haut lieu d'histoire industriel. La SMN a été le premier employeur de Normandie pendant des années.
00:55 Ça a existé pendant des années, c'est dans la mémoire collective.
01:00 Il est hors de question pour nous d'effacer tout cela si on s'installe à Colombel.
01:06 Au contraire, nous pensons que c'est l'occasion de rappeler ce qu'était ce site, de l'intégrer à l'intérieur de notre spectacle.
01:16 Stéphane pourra en parler. Et surtout de rappeler à tous nos visiteurs qui passeront sur le site,
01:22 et on en espère quelques centaines de milliers par an, où ils sont au moment du spectacle et quelle est l'histoire de ce site.
01:30 Donc nous on pense que contrairement à ce que nos opposants nous clament en disant "vous allez tout effacer, tout écraser",
01:38 à l'inverse, nous pensons pouvoir être un formidable écho pour pouvoir faire vivre cette mémoire à présent et dans le futur.
01:46 Ces opposants, M. Le Normand, ils disent qu'il ne faut pas mélanger les deux histoires.
01:51 Il ne faut pas mélanger les deux histoires. D'une part, la SMN a été au cœur de la bataille de Normandie.
01:58 Elle était occupée par les Allemands, c'était un très beau poste d'observation à la hauteur à laquelle il se situait pour voir ce qui se passait.
02:05 Il y a eu des combats sur ce site. Donc l'intégrer dans notre spectacle, ce n'est pas mélanger les deux histoires.
02:12 C'est rappeler l'histoire de la SMN au moment de la Seconde Guerre mondiale.
02:16 Et ensuite, en dehors du spectacle, dans les enceintes que nous aurons pour pouvoir accueillir notre public,
02:22 parler de l'endroit de la Normandie, nous pourrons avoir des salles d'exposition pour rappeler ce qu'était la SMN
02:31 et renvoyer vers tout ce qui existe sur l'histoire de la SMN.
02:36 Donc, il ne s'agit pas de les mélanger. On parle de la SMN dans la Seconde Guerre mondiale.
02:41 Et ensuite, on peut rappeler ce qu'était la SMN et renvoyer vers toutes les initiatives que peuvent prendre nos opposants
02:50 pour faire vivre la mémoire de ce site.
02:53 Il y a l'argument de la mémoire de la SMN, du respect de cette mémoire ouvrière que vous connaissez et que vous respectez manifestement.
03:00 On entend aussi les mêmes arguments que ceux que vous avez entendus aussi à 40 ans sur ce spectacle immersif, ce côté un peu chaud.
03:11 Est-ce que là, vous pouvez aussi rassurer nos auditeurs et rassurer peut-être vos opposants ?
03:16 Mais bien sûr. À 40 ans, l'argument existait, mais nous étions surtout sur des thématiques environnementales que nous avons entendues.
03:28 Et donc, le choix du site de Colombel, outre son implication dans l'histoire de la bataille de Normandie,
03:35 présente aussi l'avantage d'être une friche industrielle et donc d'évacuer ces problèmes environnementaux.
03:43 Sur le spectacle en lui-même, il ne s'agit absolument pas de travestir l'histoire.
03:50 Nous le disons et nous le répétons. Nous ne sommes pas un parc d'attractions.
03:54 Nous sommes à des années-lumières d'un parc d'attractions.
03:57 Nous sommes un spectacle historique avec des acteurs, donc du spectacle vivant.
04:03 Et nous sommes aussi un spectacle immersif, c'est vrai, parce que parallèlement au spectacle,
04:09 où figureront des acteurs et des figurants, des images d'archives, des images historiques,
04:16 seront diffusées au même moment pour rappeler ce que fut ce moment et donner des informations supplémentaires
04:24 à ce qui est en train de se dérouler dans le spectacle.
04:27 Donc, ce n'est pas parce que vous avez un caractère immersif que nous sommes chez Guignol.
04:32 Les expositions immersives, il en existe des dizaines extrêmement sérieuses.
04:40 Le Louvre organise des expositions immersives.
04:46 Pas plus tard que la semaine dernière, je suis allé en voir une absolument exceptionnelle
04:50 et que je conseille à tous vos auditeurs.
04:52 C'est "Eternel Notre-Dame", qui est une exposition immersive
04:57 et qui vous rappelle ce qu'était la construction de Notre-Dame,
05:00 l'histoire de sa construction et ce qu'est en ce moment sa reconstruction.
05:04 C'est quelque chose d'absolument extraordinaire.
05:07 C'est une exposition immersive. Je pense qu'il n'y a pas plus intelligent
05:11 sur l'aspect pédagogique et scientifique de cette histoire, de l'histoire de Notre-Dame.
05:19 Donc, immersif, certains s'emparent du mot pour dire "c'est immersif, donc ce n'est pas sérieux".
05:28 Eh bien non, on peut faire des choses immersives extrêmement sérieuses.
05:31 On peut utiliser les nouvelles technologies de manière extrêmement intelligente
05:35 et comme valeur ajoutée au spectacle, et non pas comme valeur diminutive du spectacle.
05:40 Je pense que c'est ce dont on a parlé avec M. Roy.
05:42 Une dernière question, M. Le Normand.
05:44 Qu'est-ce que traduit ce changement de nom, le passage de "Hommage aux héros" à "Normandie mémorie"?
05:51 Alors, le changement de nom, nous on aimait bien "Hommage aux héros",
05:56 mais durant la concertation, et nous l'avons entendu,
06:00 certains de nos opposants ont trouvé que c'était très réducteur,
06:05 et surtout l'interpréter comme c'est une mise en avant de la guerre.
06:12 C'est, on va insister sur le côté héroïque de l'événement,
06:16 et on va faire un peu abstraction du côté dramatique de la guerre,
06:20 et de tous les à-côtés de la guerre.
06:22 À côté, pardonnez-moi du terme, les à-côtés sont absolument dramatiques.
06:27 Alors même que notre objectif, et on insiste depuis le début,
06:31 ce n'est pas l'histoire du débarquement que l'on veut raconter,
06:33 c'est l'histoire du débarquement et de la bataille de Normandie.
06:36 Donc, il y a eu le débarquement qui a duré 24 heures,
06:39 et ensuite il y a eu deux mois absolument terribles qui sont la bataille de Normandie.
06:42 C'est cet aspect dont on veut parler.
06:44 Et avec "Hommage aux héros", certains comprenaient qu'on allait beaucoup insister sur le débarquement
06:49 et le côté héroïque de cette journée, faire abstraction du reste.
06:54 Les victimes civiles, les bombardements, l'horreur de la guerre, évidemment on en parlera.
06:59 Donc, comme il était mal perçu, nous avons réfléchi à un nouveau nom,
07:03 et nous sommes arrivés à Normandie Memories.
07:06 Et donc, une nouvelle mise en scène aussi, Stéphane Roy, je vous donne la parole.
07:12 J'imagine que, sans dire nouvelle mise en scène, des évolutions sur la mise en scène.
07:18 Votre propos depuis le début d'ailleurs, et de dire nous on est à l'écoute des retours
07:22 que peuvent nous faire les populations en Normandie, les historiens et d'autres.
07:27 Oui, tout à fait.
07:29 Mais le travail qu'on fait depuis plus de trois ans est effectivement un travail d'écoute.
07:34 Alors du coup, on est sur une œuvre de mémoire.
07:38 Donc, quand on est dans la mémoire, on va suivre tous les petits souvenirs.
07:42 Alors du coup, on découvre des images d'archives qui sont de simples gens
07:48 qui ont vécu la bataille de Normandie, qui ont vécu l'occupation.
07:52 De la même façon, on va avoir l'Humanité en Marche,
07:55 qui va partir de New York vers l'Angleterre, vers le Sussex,
08:01 ensuite le débarquement, et on suit des petits gens,
08:03 on suit des gens qui vont se retrouver sur le territoire français,
08:08 et on va suivre les petits gens qui vont se retrouver sur le territoire français.
08:13 Donc, on a un travail à libérer, à subir la bataille de Normandie,
08:19 qui a été épouvantable, autant pour les militaires que pour les Normands.
08:24 Mais l'évolution se fait, dans le processus de création, on travaille par tableaux.
08:31 On travaille par des tableaux qui sont...
08:33 La mise en scène est un, comment vous dire, c'est un plan-séquence.
08:36 On a un plan-séquence, on a un plan-séquence,
08:39 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
08:42 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
08:44 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
08:46 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
08:48 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
08:50 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
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09:05 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
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09:37 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
09:39 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
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10:01 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
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11:03 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
11:05 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
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11:17 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
11:19 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
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11:23 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
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11:27 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
11:29 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
11:31 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
11:33 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
11:35 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
11:37 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
11:39 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
11:41 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
11:43 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
11:45 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
11:47 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
11:49 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
11:51 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
11:53 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
11:55 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
11:57 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
11:59 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
12:01 et on a un plan-séquence, et on a un plan-séquence,
12:03 et ces gens marchent vers nous, que ce soit des militaires,
12:05 et ces gens marchent vers nous, que ce soit des militaires,
12:07 ou que ce soit des gens de Colombel,
12:09 qui tirent une charrette, qui fuient les combats,
12:11 qui fuient un exode,
12:13 on voit cette souffrance.
12:15 On est au même niveau,
12:17 on est au sol, je ne sais pas comment le dire,
12:19 et pour le spectateur, c'est d'être avec eux.
12:21 et pour le spectateur, c'est d'être avec eux.
12:23 Comme je disais tout à l'heure,
12:25 on les a vus les films de guerre, on n'est pas là.
12:27 Donc on n'est pas dans ce spectacle-là,
12:29 on n'en a pas besoin.
12:31 Et très concrètement,
12:33 vous savez un petit peu à quoi va ressembler déjà
12:35 ce tableau de Colombel et de la SMN ?
12:37 ce tableau de Colombel et de la SMN ?
12:39 Là, je travaille avec des photos d'archives.
12:41 Je reconstruis à partir de photos d'archives
12:43 de l'après-bombardement,
12:45 de l'après-bombardement,
12:47 donc dans les dates exactes du 18 juillet.
12:49 Et là, je reproduis
12:51 de quoi avait l'air
12:53 le terrain,
12:55 comment il a été défoncé.
12:57 Il y a eu deux colonnes de bombardement,
12:59 je crois que c'est 6 000 tonnes de bombes
13:01 qui ont été lâchées par les alliés
13:03 de chaque côté de l'avancée
13:05 canadienne-française
13:09 et anglaise. Il y avait des Britanniques.
13:11 Donc voilà.
13:13 Donc on travaille avec ces ressources-là.
13:15 Est-ce que c'est de nature à rassurer
13:17 les anciens de la SMN qui s'inquiètent du projet ?
13:19 Nous, on va parler d'eux.
13:23 On va parler d'un lieu qui a été
13:25 leur lieu de travail,
13:27 qui a été un lieu
13:29 occupé, libéré,
13:31 ensuite reconstruit.
13:33 Et l'usine a fait un autre 50 ans.
13:37 Attendez,
13:39 voilà.
13:41 Donc un autre 40 ans.
13:43 Donc on est à un moment charnière.
13:45 Elle a été reprise.
13:47 Et ça, on va le dire.
13:49 On va l'expliquer. Parce que nous,
13:51 on travaille sur des vignettes.
13:53 Donc on a des films d'archives.
13:55 Et en temps réel, cette marche,
13:57 on fait les 100 jours de la bataille de Normandie.
13:59 Mais du coup, quand on est
14:01 sur ce tableau à Colombelle autour du 18 juillet,
14:03 on peut faire
14:05 des flashbacks, on part en avant
14:07 en allant
14:09 dans le futur. Alors tout d'un coup,
14:11 tout ça se superpose.
14:13 Et voilà.
14:15 Donc si je vous résume bien, vous deux,
14:17 sur l'aspect SMN, il y a ce tableau
14:19 consacré à Colombelle.
14:21 Et il y a des espaces muséographiques
14:23 aussi dans l'accueil qui seront prévus
14:25 pour resituer l'enjeu de la SMN
14:27 à l'époque de l'occupation
14:29 et de la libération. C'est bien ça, M. le Normand ?
14:31 Absolument.
14:33 Mais d'ailleurs, ce dont on va parler
14:35 de la SMN, ça peut aller
14:37 au-delà de la Seconde Guerre mondiale.
14:39 On peut aussi rappeler ce que c'était dans les années
14:41 50, 60, 70, jusqu'à la fermeture
14:43 en 93.
14:45 Nous, on veut avoir,
14:47 on veut sensibiliser nos spectateurs
14:49 à ce que fut l'histoire
14:51 du site où ils vont se trouver.
14:53 Maintenant, notre projet,
14:55 il n'est pas incompatible avec d'autres
14:57 initiatives qui pourraient être prises
14:59 par les tenants de la mémoire
15:01 de la SMN. On peut cohabiter
15:03 avec d'autres choses. Nous, on va occuper
15:05 8 à 9 hectares.
15:07 L'emprise de la SMN, c'était
15:09 très largement supérieur à ces 8 à 9
15:11 hectares. Donc, il y a d'autres
15:13 endroits où d'autres initiatives
15:15 peuvent être faites
15:17 concomitamment à la nôtre.
15:19 Ce n'est pas parce que nous existons que rien d'autre
15:21 ne peut exister. Au contraire, je pense que la
15:23 cohabitation est la bienvenue.
15:25 Monsieur Roy, qu'est-ce que...
15:27 Il y a un mot qui est utilisé par les opposants
15:29 et qui doit vous toucher particulièrement, vous,
15:31 qui êtes un homme de
15:33 spectacle reconnu au sens
15:35 où votre travail
15:37 est respecté, votre travail
15:39 de mise en relief
15:41 de la culture par le
15:43 spectacle et parfois par le cirque, c'est le mot
15:45 indignité qui revient.
15:47 J'imagine que ça vous touche un peu,
15:49 vous.
15:51 Je ne comprends même pas.
15:53 Depuis le jour
15:55 où on a
15:57 entamé ce travail, depuis le jour
15:59 où... Je ne sais pas, je
16:01 ne comprends pas.
16:03 Il y a tellement de choses à dire,
16:05 il y a tellement de mémoire à avoir.
16:07 Tout le monde veut se battre actuellement, on est dans
16:09 un état...
16:11 C'est catastrophique, la planète.
16:13 Les conflits sont monstrueux.
16:15 Ce qui se passe, ça n'a aucun bon sens.
16:17 L'oeuvre de mémoire est tellement importante
16:19 et l'indignité
16:21 de suivre
16:23 des gens ordinaires qui vivent
16:25 cette exon, qui vivent... Je ne vois pas
16:27 en quoi... Il faut
16:29 le sentir. Il faut
16:31 plus le vivre.
16:33 On est là. Ces oeuvres de mémoire
16:35 sont là pour ça.
16:37 Je ne comprends pas, je ne vois pas.
16:41 Écoutez, on
16:43 écoute. On va
16:45 continuer à écouter et on va s'assurer
16:47 que le spectacle ait toute la
16:49 dignité possible. Vous avez envie
16:51 d'échanger avec ces gens-là, j'imagine aussi,
16:53 parce que M. Lenormand faisait référence.
16:55 Vous n'avez pas eu l'occasion, finalement, encore
16:57 de parler avec les
16:59 anciens de la SMN, d'échanger avec eux?
17:01 Moi, je suis allé sur le terrain.
17:03 Je suis passé par la France
17:05 rapidement, 24 heures. Je suis allé sur le terrain,
17:07 rencontré le maire, etc.
17:09 J'ai vu l'espace, j'ai compris.
17:11 Je fais des recherches, etc. Donc, prochain
17:13 séjour,
17:15 il sera là. Vous avez hâte
17:17 de parler avec eux? Oui.
17:19 Oui, oui.
17:21 Tout à fait. Tout à fait. C'est très
17:23 intéressant. Écoutez,
17:25 d'une autre manière, je vous parle,
17:27 du point de vue artistique, comme scénographe,
17:29 toute la machine... C'est bien ce que je vous demande.
17:31 La machine scénographique,
17:33 je suis dans l'acier
17:35 des chantiers navals qu'on retrouvait
17:37 aux États-Unis. Ils ont construit des
17:39 milliers de navires en l'espace d'un an
17:41 ou deux pour traverser l'Atlantique,
17:43 se rendre en
17:45 Angleterre, amener des vivres.
17:47 Et ce chantier d'acier,
17:49 c'est aussi
17:51 la SMN. Donc,
17:53 toute la scénographie, c'est dans des grandes poutres d'acier,
17:55 arrivées,
17:57 c'est des grandes portes coulissantes
17:59 en acier. Toute la scénographie,
18:01 on est dans
18:03 cette machine de guerre. Donc, très simple,
18:05 très brutal, très brutaliste,
18:07 mais dans lequel on retrouve
18:09 des humains qui se déplacent. Donc, c'est des portes d'acier
18:11 qui s'ouvrent et qui se ferment.
18:13 Et on est...
18:15 Oui, c'est très dur.
18:17 Donc, c'est une scénographie mémorielle.
18:19 Puis là,
18:21 on travaille sur les chantiers navals. On peut aussi
18:23 recycler des matériaux, comment on peut...
18:25 Donc, il y a aussi un hommage à ce travail
18:27 sur l'acier qui était
18:29 déjà là. Donc, du coup, quand on arrive, on me dit
18:31 SMN,
18:33 je fais des fous et je dis, ben oui, voilà,
18:35 c'est tout le travail de matière dans
18:37 lequel on est. Donc, ça,
18:39 c'est déjà très, très présent. Donc, on
18:41 va le sentir. Puis, voilà.
18:43 Monsieur Le Normand, par rapport
18:45 à cette envie,
18:47 j'imagine, partagée, d'échanger avec
18:49 ceux qui sont aujourd'hui les opposants
18:51 au projet, cette nécessité peut-être?
18:53 Oui, alors, nous avons déjà
18:55 échangé avec
18:57 certains.
18:59 Marc Pottier, avec lequel nous
19:01 travaillons en
19:03 très bonne intelligence.
19:05 Le maire de Colombel. Absolument,
19:07 le maire de Colombel, avec
19:09 qui nous travaillons en très bonne intelligence,
19:11 a déjà échangé avec
19:13 ses opposants qui représentent
19:15 la SMN. Moi, j'en ai
19:17 rencontré certains
19:19 et je suis, bien sûr, ouvert
19:21 à les rencontrer et surtout à
19:23 réfléchir ensemble aux initiatives
19:25 que l'on peut prendre pour faire
19:27 cohabiter
19:29 nos souhaits respectifs.
19:31 Très bien. Est-ce que vous voyez
19:33 d'autres choses à ajouter, là ou là-haut?
19:35 Peut-être une idée que vous n'avez pas pu faire passer au cours
19:37 de cet interview, parce que des fois, je ne pose pas toutes
19:39 les bonnes questions. Ça m'arrive d'en oublier.
19:41 Il y a une chose qui est très importante.
19:43 Écoutez, on est dans
19:45 une structure et on s'est donné une structure
19:47 de travail qui est très, très mobile,
19:49 qui est vraiment dans l'écoute. Alors,
19:51 du coup, c'est assez
19:53 bouleversant. Donc, dans les trois dernières
19:55 années, comment on a évolué, changé,
19:57 puis on se l'est imposé de pouvoir
19:59 faire cette chose et d'entendre et de
20:01 comprendre. Puis à chaque fois qu'il y a une porte qui s'ouvre,
20:03 il y a des... c'est incroyable
20:05 tout ce qu'on découvre. Donc,
20:07 qu'est-ce qui est bouleversant, qu'est-ce qui touche le plus,
20:09 pourquoi, tout ce qui
20:11 devient spectacle, on l'élimine,
20:13 donc on trouve.
20:15 Et ça, c'est un travail de création
20:17 où on n'est pas pris... Souvent, quand
20:19 vous faites du cinéma, vous faites un scénario très
20:21 fixe, vous voyez, avec des
20:23 contraintes de tournage, de lieu.
20:25 Là, on n'a pas ces
20:27 contraintes-là.
20:29 Puis c'est une œuvre qui va toujours être un...
20:31 qui va bouger, qui va vivre, qui va écouter.
20:33 Donc, essentiellement, c'est ça.
20:35 Théodore Norman ?
20:37 Moi, je dirais, je...
20:39 je suis surpris de la polémique.
20:41 Parce qu'en fait,
20:43 on veut faire une œuvre de mémoire, un spectacle
20:45 de mémoire, un spectacle historique,
20:47 comme le dit Stéphane,
20:49 un spectacle historique qui a une vocation
20:51 au grand public.
20:53 Donc, de parler à
20:55 beaucoup, beaucoup de gens de cette histoire
20:57 qui est finalement mal connue,
20:59 qui est bien
21:01 connue en Normandie, tout le monde connaît à peu près
21:03 le débarquement, mais qui connaît le détail de la
21:05 bataille de Normandie ? Très peu de monde.
21:07 Donc, pour
21:09 en parler à une très large
21:11 échelle, je ne comprends
21:13 pas pourquoi ça suscite de la polémique.
21:15 Les profs de
21:17 sérieux, nous les donnons. Nous travaillons
21:19 avec des historiens, nous avons un comité
21:21 d'éthique, nous travaillons avec les meilleurs professionnels.
21:23 Donc, je
21:25 suis surpris, alors
21:27 peut-être parce qu'on utilise des technologies
21:29 innovantes, mais je
21:31 rappelle que quand le Mémorial
21:33 a été créé,
21:35 l'objectif du Mémorial, c'était d'utiliser
21:37 les nouvelles technologies qui apparaissent à l'époque
21:39 et qui étaient simplement la vidéo.
21:41 Eh bien voilà, nous, 30 ans plus tard,
21:43 on veut incorporer les toutes nouvelles
21:45 technologies.
21:47 Nous sommes dans la même démarche.
21:49 Donc,
21:51 nous sommes évidemment
21:53 ouverts à discuter avec tout le monde.
21:55 D'ailleurs, vous l'avez vu, nous faisons évoluer
21:57 notre spectacle en fonction de ce que nous
21:59 entendons, mais pour autant,
22:01 je suis surpris
22:03 que cette initiative suscite
22:05 de la polémique.
22:07 [SILENCE]

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