Coupure d'électricité, d'eau et de téléphone : la commune de Pleyben, dans le Finistère, a été durement touchée par la tempête Ciaran. La maire fait le point sur la situation.
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00:00 Stéphane Carpentier, RTL Matin.
00:03 Merci d'être là, 8h49, nous prenons donc ce matin la direction de la Bretagne,
00:07 lourdement touchée par la tempête de ce milieu de semaine,
00:10 à l'image du Finistère où les vents violents, les pluies importantes ont quasiment coupé du monde
00:15 une commune de 3600 habitants.
00:18 Et pour bien comprendre et mesurer les choses sur place,
00:21 Pierre Bazin, l'envoyé spécial de RTL, s'est entretenu avec Amélie Carreau,
00:25 c'est la maire de Plébins, c'est le face-à-face de RTL Matin Week-end.
00:29 Bonjour Madame le maire.
00:31 Bonjour.
00:31 Merci d'être l'invité d'RTL ce matin.
00:34 Votre commune a été frappée par la tempête et aujourd'hui il y a encore de nombreux dégâts.
00:39 Oui, effectivement, on est une commune de 3600 habitants,
00:42 commune rurale, forcément impactée par les chutes d'arbres,
00:45 des impacts collatéraux en termes d'électricité,
00:47 comme une bonne partie du Finistère,
00:49 dans la nuit de mercredi à jeudi on a eu une coupure d'électricité qui dure encore
00:53 et on espère avoir un retour à l'eau normale d'ici lundi ou mardi.
00:56 Nous n'avons plus d'eau non plus et toujours pas de réseau,
00:59 donc on est vraiment coupé du monde.
01:01 On commence à retrouver quelques points très précis sur lesquels on peut recevoir des SMS,
01:06 donc sur tel parking à tel endroit, sur tel rond-point à tel endroit,
01:09 mais c'est très très très limité et effectivement on attend avec impatience le retour à la normale
01:13 mais c'est vraiment le retour de l'eau qui est le plus important
01:16 pour qu'on puisse être plus autonome à la maison et qu'il n'y ait pas d'impact collatéraux.
01:20 Hier vous avez donc organisé justement une distribution d'eau pour alimenter une partie des habitants.
01:26 Un camion de bouteilles d'eau, donc de packs, qui nous a été livré,
01:30 donc on a reçu 33 palettes.
01:32 L'objectif c'est de pouvoir les distribuer à l'ensemble des habitants
01:35 pour qu'ils puissent au moins pouvoir boire et faire le nécessaire
01:39 qu'ils ne peuvent pas faire avec l'eau, soit qui est complètement coupée
01:42 ou soit l'eau qui peut être un petit peu pourpre
01:45 puisque les réseaux n'étaient pas alimentés pendant quelque temps à cause de la panne d'électricité.
01:50 Les agriculteurs ils sont dans une situation particulière dans votre ville
01:54 parce que plus d'eau, certains n'ont plus d'électricité pour la traite,
01:57 ils subissent de plein fouet aussi les conséquences de cette tempête.
02:00 Plus d'électricité donc ça peut causer des problèmes pour les poulaillers par rapport au chauffage,
02:05 pour l'alimentation également, donc dans les poulaillers, dans les porcheries.
02:08 Pour la traite, certains agriculteurs sont équipés de groupes électrogènes
02:13 ou ont des génératrices qu'ils peuvent mettre sur leur tracteur pour faire tourner la salle de traite justement.
02:18 Mais on a identifié plusieurs agriculteurs qui n'ont pas pu traire les vaches depuis mercredi soir,
02:23 ce qui est quand même assez compliqué et ce qui veut dire qu'ils n'ont pas non plus de possibilité
02:27 d'avoir le lait qui soit refroidi dans leur tank à lait, donc de toute façon la traite va être forcément jetée.
02:32 Donc ça effectivement c'est conséquent comme impact,
02:36 d'autant que beaucoup d'entre eux ont eu des dommages sur leurs bâtiments,
02:39 donc avec des toitures qui se sont envolées ou des bâtiments, des hangars qui se sont effondrés également.
02:44 L'accès aux services est donc très compliqué,
02:46 aujourd'hui encore il n'y a plus de supermarché, plus de pharmacie, plus rien.
02:50 Donc plus de supermarché, plus de pharmacie, plus de commerce du tout d'ailleurs, plus de ligne téléphonique.
02:55 Donc pour nous c'est compliqué d'avoir des infos, de donner des infos, de diffuser de l'information aux habitants.
03:00 Pas de service de téléphone non plus pour les pompiers qui sont vraiment en galère,
03:04 mais c'est très très compliqué pour gérer les secours.
03:06 Donc quelqu'un qui se blesse à domicile ou quelqu'un qui a un problème chez soi
03:11 doit se déplacer au centre secours et certains ne peuvent pas le faire.
03:14 Donc on espère qu'il n'y aura pas eu de drame dans les maisons,
03:19 de personnes qui se soient blessées et qui n'ont pas pu se manifester auprès des pompiers,
03:23 parce que ça c'est le risque effectivement de personnes qu'on n'a pas identifiées aujourd'hui.
03:26 Là aujourd'hui et au moment où je vous parle, je ne sais pas si on pourra réouvrir les écoles,
03:30 mais les accueils de loisirs, les crèches n'ont pas pu ouvrir.
03:34 On est plutôt serein sur la partie Ehpad, puisqu'ils ont géré la mise en place d'un groupe électrogène
03:40 et l'approvisionnement pour que ça puisse tenir pour l'accueil des seniors, les résidents.
03:45 Ils ont aussi été d'une grande aide puisqu'ils ont permis à des habitants qui vivent chez eux
03:51 et qui souffrent d'apnénie sommeil de pouvoir aller dormir à l'Ehpad qui a de l'électricité.
03:56 Donc il y a un vrai système de solidarité qui s'est mis en place,
03:58 mais effectivement sinon rien ne fonctionne.
04:00 Vous êtes finalement loin de tout.
04:03 Est-ce que vous avez le sentiment d'être abandonné et trop loin des services de l'État ?
04:08 Hier je me suis rendue à la sous-préfecture de Châtellin pour prendre des nouvelles,
04:12 puisqu'effectivement on ne reçoit pas de mail, on n'a pas d'informations à part quelques rares SMS
04:17 depuis les lieux qui captent, mais ils sont très rares.
04:21 Je me suis rendue à la sous-préfecture de Châtellin pour indiquer lors de la réunion qui s'est tenue avec le préfet
04:26 qu'on se sentait vraiment démunis, on ne sait pas quand les services d'électricité vont être remis en place,
04:35 on n'a aucune visibilité et effectivement on se sent tout seul.
04:39 En tant que maire de la commune, j'imagine que cette situation vous préoccupe.
04:43 Forcément, puisqu'on a les habitants qui ne savent pas parfois où aller acheter à manger,
04:49 ils sont inquiets, donc les premiers jours ça a été de se questionner sur ce qu'ils ont dans le frigo,
04:53 est-ce qu'ils peuvent manger, pas manger, etc.
04:55 Donc c'est des questions du quotidien, donc on a essayé de les rassurer.
05:00 Les personnes qui ont besoin de traitements médicaux,
05:03 donc là on a la maison de santé qui n'a pas pu ouvrir non plus puisqu'il n'y a pas d'électricité,
05:07 on essaie de rassurer comme on peut, mais on ne sait pas quels sont les dégâts collatéraux derrière
05:11 par rapport à la santé, par rapport aux agriculteurs sur leurs cheptels,
05:16 est-ce qu'il va y avoir de la casse ou pas.
05:17 Donc ça c'est vraiment effectivement les questions de l'après,
05:20 où on ne sait pas quelles vont être les conséquences morales,
05:23 puisque certains habitants, on a reçu depuis vendredi, en mairie, étaient enfermés chez eux,
05:29 dans leur maison, mais les fenêtres dans le noir en fait,
05:32 puisque les volets électriques ne pouvaient pas s'ouvrir.
05:34 Donc là en termes de morale, de ne voir personne, de ne pas avoir d'informations,
05:39 parce que la télé, la radio, tout le monde ne peut pas l'écouter,
05:43 parce qu'on n'a plus les moyens avec les piles dans les radios portables.
05:47 Donc certains je pense qu'ils ne vont pas forcément aller très bien,
05:51 et il faudra avoir une attention particulière sur ces personnes.
05:54 On a mis en place avec des volontaires, pas des maraudes,
05:57 mais la démarche d'aller vers ceux qui habitent dans des maisons fermées comme ça,
06:02 pour voir si les personnes vont bien,
06:05 et leur signaler qu'il n'y aura pas de rétablissement tout de suite,
06:08 et les inviter à aller peut-être dans leur famille,
06:10 s'ils peuvent aller chez leurs enfants, etc.
06:13 Et on essaye de les mettre en relation,
06:14 mais c'est très compliqué, puisqu'on a 3600 habitants,
06:17 dans 1800 foyers, dans plus de 300 amos, c'est compliqué.
06:21 Merci beaucoup Madame le maire d'avoir accepté l'invitation d'RTL ce matin.
06:24 Merci à vous, à bientôt.
06:26 Une ville bretonne quasiment coupée du monde,
06:27 un plébin dans le Finistère, le témoignage RTL d'Amélie Carreau,
06:30 la maire de la commune avec Pierre Bazin,
06:32 un entretien à retrouver sur notre site rtl.fr.