Daphna Beny Amine, gérante de la pizzeria Lippo à Villeurbanne, a découvert hier des tags antisémites sur toute la façade arrière de son restaurants. Aujourd'hui, elle indique qu'elle est "en état de choc, de haine, de rage" face à ces tags.
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00:00 Il s'est passé quand on est arrivé à 8h du matin et qu'on a eu la belle surprise de trouver des tags de Maguen David et mort un petit peu sur toute la façade arrière du restaurant.
00:12 Est-ce que...
00:15 Allez-y, allez-y, pardon.
00:17 Oui, donc c'était, on était en état de choc, de haine, de rage, parce que vous parlez de sécurité, mais on ne la sent pas du tout.
00:28 On est, comme vous venez de dire, qu'on est à peine 1%.
00:30 On nous dit qu'il y a beaucoup de sécurité pour nous, alors qu'il n'y en a pas du tout.
00:35 Il n'y en a ni dans les lieux de culte, ni dans les écoles.
00:38 Nos enfants ont de plus en plus peur de sortir dans la rue avec une kippa, alors qu'on est en France, on est en 2023.
00:45 Et vivre tout ça, ce n'est pas normal.
00:48 Est-ce que vous aviez déjà été victime d'attaques antisémites ?
00:53 Non, jamais.
00:55 On est là depuis 20 ans.
00:57 On n'a jamais eu quoi que ce soit comme problème avec le voisinage.
00:59 On a des musulmans autour de nous, des Français, de tout.
01:02 Et franchement, aucun, aucun problème.
01:05 Aucun, c'est la première fois.
01:07 En tout cas, pour ma part, pour nous, c'est la première fois ici.
01:10 Est-ce que vous étiez particulièrement vigilante ces derniers jours, ces dernières semaines ?
01:16 Est-ce que... Et même inquiète ?
01:17 Pas spécialement.
01:19 On sentait qu'il y avait un petit peu de tension depuis les événements.
01:22 Mais on est un petit peu, on va dire, pointé du doigt, comme un petit peu de partout.
01:27 Quand vous rentrez dans des carrefours, par exemple, où vous trouvez des affiches "Boycott Israël",
01:32 encore une fois, en 2023, c'est très grave.
01:36 Alors, on n'est pas à la faute sur les grandes enseignes, carrefours ou une autre enseigne.
01:40 Mais que les gens se permettent de mettre des affiches, ça devient de plus en plus dangereux.
01:47 – Alors, vous le disiez, il y a ces inscriptions que l'on voit à l'antenne.
01:53 Évidemment, quelle décision allez-vous prendre ?
01:56 Est-ce que vous ouvrez malgré tout le restaurant ?
02:00 Qu'est-ce que vous allez faire ?
02:01 – Ah bon, on a ouvert.
02:02 Il est certain qu'on a ouvert quand même hier.
02:04 On ne va pas arrêter de vivre, c'est certain.
02:06 Il en faudrait beaucoup plus.
02:08 On espère que ça va s'arrêter là et qu'on sera un peu plus protégés.
02:12 Mais on ne s'arrêtera pas de travailler, non.
02:14 Non, du tout, non.
02:16 Bien au contraire, on est forts, on sera encore plus forts.
02:19 – Oui.
02:20 Est-ce que vous avez le sentiment que la réponse est à la hauteur ?
02:24 Je parle de la réponse de l'État,
02:26 mais pas seulement de tous ceux qui dénoncent l'antisémitisme.
02:31 – Pour le moment, rien n'est à la hauteur parce que nous, on n'en voit pas la couleur.
02:35 Je parle en tous les cas de nous dans le quartier ici.
02:38 On est en face de la grande synagogue de Villeurbanne,
02:41 il n'y a jamais la police.
02:42 Ça passe vraiment de temps en temps.
02:43 L'armée passe de temps en temps pour dire "est-ce que tout va bien ?"
02:46 mais ça dure 30 secondes, pas plus que ça.
02:48 Dans les synagogues qui sont aux alentours, on n'a jamais vu de police.
02:53 L'école de mes enfants, il n'y a pas de sécurité, il n'y a pas de police.
02:56 Il y a juste notre sécurité, donc de la communauté, la SCPJ,
03:02 mais autrement il n'y a rien d'autre.
03:03 C'est les parents qui se relaient pour la sécurité de nos enfants,
03:06 mais autrement il n'y a rien d'autre pour le moment, en espérant que ça change.
03:09 – Si vous êtes ouvert aujourd'hui, ça veut dire que vous avez pu parler
03:12 avec vos clients, qu'est-ce qu'ils vous ont dit ce matin ?
03:16 – Les clients étaient là depuis hier, ils sont de tout cœur avec nous,
03:20 ils espèrent aussi de la sécurité, mais ça ne les a pas empêchés de venir, de sortir.
03:26 Donc tant mieux pour eux, tant mieux pour nous, on n'arrêtera pas de vivre.