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00:00 Du nouveauté en Gironde, un nouveau protocole de prise en charge vient d'être mis en place pour les enfants des femmes tuées pendant les violences conjugales.
00:07 Laetitia Huline vous recevez ce matin pour en parler, le procureur du parquet de Bordeaux.
00:11 Bonjour Frédéric Portery.
00:13 Bonjour Madame.
00:14 Alors avant de commencer sur ce protocole essentiel, une question d'actualité.
00:17 On entame le deuxième mois de guerre entre Israël et le Hamas avec une montée des actes antisémites.
00:22 Un Girondin a été déféré hier pour des injures, des menaces de mort contre les présentateurs Cyril Hanouna et Arthur entre autres.
00:31 Alors est-ce que vous avez globalement une augmentation de ces faits en Gironde ?
00:36 Oui, je peux dire qu'effectivement nous enregistrons plus de plaintes qu'auparavant et nous constatons plus de faits matériels, de dégradations, de tags avec des relents d'antisémitisme.
00:49 Avec les conséquences judiciaires qui vont avec ?
00:51 Complètement, c'est-à-dire que lorsque nous avons des faits en flagrant délit et que nous pouvons interpeller immédiatement les auteurs, nous le faisons.
00:57 Et sinon nous menons des enquêtes de fond pour essayer d'identifier effectivement ces auteurs.
01:02 Ça a été le cas pour l'affaire que vous venez de citer, puisque nous avons été saisis par le parquet de Nanterre de la plainte du garde du corps de Monsieur Hanouna.
01:10 L'identification a pu être faite que l'auteur était présumé habiter sur notre ressort.
01:16 Il a été interpellé et en faisant les investigations utiles, les policiers se sont rendus compte que les menaces visaient aussi les deux animateurs que vous avez cités, Monsieur Hanouna et Arthur.
01:28 Merci de ces précisions. Revenons-en à ce protocole.
01:31 Pour les enfants victimes collatérales de violences conjugales, qu'est-ce que ça change dans leur prise en charge ?
01:38 Alors peut-être pour reprendre ce que vous disiez tout à l'heure, je ne pense pas que les enfants qui sont victimes directes ou collatérales d'un féminicide ou d'un homicide,
01:48 c'est-à-dire d'un meurtre commis sur l'un de ses parents par l'autre parent, aient été oubliés par la justice, loin de là.
01:56 En revanche, ce protocole vient simplement inscrire dans le marbre des modalités de fonctionnement qui permettent aujourd'hui à tous les intervenants d'y voir clair dans très exactement le rôle qui est le leur pour chacun d'entre eux.
02:13 C'est un travail de partenariat qui a été fait par évidemment le parquet de Bordeaux, mais aussi le département.
02:19 A la fois le président du conseil départemental sur son aspect, je dirais, aseux, aide sociale à l'enfance, avec aussi donc sous sa casquette de président d'USDIS,
02:31 mais aussi évidemment je dirais avec le CHU de Bordeaux, avec aussi Charles Perrinz, et puis évidemment avec les forces de sécurité intérieure, police et gendarmerie,
02:41 qui sont souvent quand même les premiers intervenants sur les lieux d'un drame de la sorte.
02:46 Donc ça veut dire que l'enfant est désormais une victime à part entière ?
02:51 Tout à fait, je crois que c'est ça qui est important, c'est-à-dire que ce protocole, il concerne des enfants mineurs qui sont présents lors des faits, comme je l'ai dit, comme ceux qui peuvent ne pas y être.
03:02 On a eu des exemples, hélas, tragiques dans le département en 2021, avec le meurtre de, l'assassinat je dirais même, de Chahinez Daoud et puis ensuite de Sandra Pla.
03:12 Et on voit bien que dans ces deux cas, il y avait des situations qui étaient à peu près similaires, puisque les enfants, au moment du drame, étaient à l'école et n'étaient pas sur les lieux du drame même.
03:24 Pour l'une, ça s'est passé dans la rue, on le sait, pour l'autre à son domicile.
03:28 Mais encore l'année dernière, à la fois dans un meurtre suivi du suicide du père, Surgujan Mestras, qui avait tué sa femme,
03:37 la jeune fille, l'adolescente de 14 ans, était présente, elle, sur les lieux et lorsque je me suis déplacée, évidemment, il y avait l'accum' enfin le SAMU, le SMUR,
03:47 les pompiers, l'accum' qui est arrivé, donc la cellule d'urgence médico-psychologique qui a pris en charge la mineure, les services de gendarmerie
03:56 et immédiatement, donc, nous avons procédé pour faire en sorte que les gendarmes récupèrent des objets personnels, donc de l'enfant,
04:03 donc des affaires, évidemment, des effets personnels mais aussi des objets auxquels elle tenait, son journal intime, un doudou, que sais-je, voilà,
04:11 et de pouvoir partir avec le SAMU vers l'hôpital où là, nous avons pris une ordonnance de placement provisoire pour qu'elle puisse rester en centre hospitalier
04:24 et que tous les soins, à la fois psychologiques et physiques, puissent lui être donnés parce que c'est effectivement un énorme traumatisme pour des enfants.
04:31 Je pense que ça doit être le pire de perdre à la fois un parent et de savoir que celui qui est auteur, finalement, voilà, que l'autre est l'auteur,
04:39 donc voilà, on perd deux parents en même temps, soit parce que l'autre parent s'est suicidé, c'était le cas dans l'affaire que je citais à l'instant,
04:45 ou soit que le parent soit ensuite incarcéré, ce qui fait qu'il était important que ce travail de partenariat qui existait déjà sur le département
04:55 soit mis en page aujourd'hui à travers ce protocole, donc qui est un signe finalement de coordination, une fois de plus, dans le département,
05:04 de la part de l'ensemble des acteurs pour lutter contre les violences conjugales.
05:08 Ce nouveau protocole de prise en charge qui vient d'être mis en place pour les enfants de femmes tuées pendant les violences conjugales,
05:13 on en parle, vous l'entendez avec notre invité ce matin, c'est Frédéric Porterie, le procureur de la République de Bordeaux.
05:17 Alors justement, plus globalement, en ce qui concerne les violences conjugales, les associations jugent qu'il n'en est pas fait assez,
05:23 c'est l'avis également de Linn, une habitante de Puissegain.
05:27 Pour l'instant, on n'a pas l'impression que ça change les choses. Il y a toujours autant de femmes victimes de violences.
05:32 Ce qui se passe malheureusement à l'intérieur des maisons, il n'y a plus personne.
05:37 Tous les outils qu'on a mis en place, les spots publicitaires à la télé, à la radio, je pense que tout le monde l'entend,
05:44 mais je ne suis pas sûre que ça ait un impact en tout cas sur le faiseur de mal.
05:50 Ce matin, Frédéric Porterie, qu'est-ce que vous lui répondez ?
05:52 Je lui réponds qu'elle a raison, cette auditrice, puisque nous nous constatons que malgré tous les dispositifs que nous avons mis en place,
06:00 et là encore, dans un travail de partenariat que je salue, des actions de formation auprès des services de police, gendarmerie,
06:09 avec l'implication des associations de femmes victimes de violences conjugales, nous voyons que les chiffres ne font qu'augmenter.
06:19 Ce qui me fait poser d'ailleurs une question à l'ensemble des acteurs, c'est de dire que nous devons continuer à mener le travail que nous menons,
06:28 mais qui pour ma part, côté justice, est un travail de répression.
06:33 Il y a tout un travail de prévention à mener, sur lequel nous essayons d'agir, à la fois en intervenant dans les écoles,
06:41 en intervenant auprès des associations, en ayant créé une cellule départementale avec le préfet,
06:49 en essayant d'aider les associations dans le travail de signalisation.
06:54 Tout le monde est mobilisé, les services sociaux, les services de l'État, et pour autant, les chiffres ne font qu'augmenter.
07:02 Et lors de la dernière rencontre que j'avais, la dernière bilatérale avec le général Barras, qui est donc commandant du groupement de gendarmerie,
07:10 celui-ci m'indiquait que les chiffres en termes de violences conjugales sur le département avaient augmenté encore de 20%.
07:17 Ce qui me fait dire que le travail doit se faire sans doute ailleurs et en complémentarité là aussi, en amont,
07:24 et on ne peut pas attendre tout non plus d'une action juste répressive.
07:28 - Avec aussi une augmentation du nombre de téléphones graves danger, du nombre aussi de bracelets anti-rapprochement.
07:34 On vous met tous les chiffres sur France Bleu Gironde.