DOCUMENT RTL - Le témoignage exceptionnel de Oday, Franco-Palestinien qui a été rapatrié de Gaza

  • l’année dernière
Oday, un Franco-Palestinien d'une vingtaine d'années, était parti se marier à Gaza au mois de septembre. Il s'est retrouvé bloqué dans le sud de l'enclave Palestinienne avant de faire partie de la centaine de Français qui ont été rapatriés ce week-end. Hermine Le Clech a pu le joindre pour RTL.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL midi. Agnès Bonfillon, Éric Brunet.
00:06 Un témoignage exceptionnel à présent.
00:09 Celui d'Odé, ce franco-palestinien d'une vingtaine d'années, était parti se marier à Gaza au mois de septembre.
00:15 Il s'est retrouvé bloqué dans le sud de l'enclave palestinienne.
00:19 Bonjour, Hermine Leclech.
00:21 Bonjour.
00:21 Odé fait partie de la centaine de Français qui ont été rapatriés ce week-end et vous venez de le joindre pour RTL.
00:28 Racontez-nous d'abord quel est son parcours.
00:30 Oui, en fait, Odé est né à Gaza. Il s'est réfugié quand il était jeune en France avec sa famille à Hexlebain, plus précisément.
00:37 C'est là qu'il a grandi avec ses parents, sa soeur et son frère.
00:41 En septembre dernier, il part se marier à Gaza avec une palestinienne qui vit là-bas.
00:45 Odé est accompagné de sa soeur. Ils célèbrent leur union à l'occasion d'une belle fête, profitent de ce moment.
00:51 Mais voilà, quelques jours plus tard, la situation se dégrade.
00:54 Les bombardements à Gaza commencent et Odé se retrouve coincé chez un ami.
00:58 Il part avec sa soeur dans l'urgence, se réfugier dans le sud de l'enclave palestinienne et attend d'être exfiltré par les autorités françaises.
01:05 C'est finalement ce qui arrive. Entre vendredi et samedi matin, Odé et sa soeur embarquent dans un taxi vers la frontière égyptienne.
01:12 Sur la route, je voyais qu'il y avait des cailloux partout. La voiture montait sur des cailloux.
01:16 Il essayait de faire un passage et je voyais des avions partout.
01:19 Je voyais les drones en train de résonner dans le ciel.
01:23 J'entendais des roquettes, des explosions, mais je ne sais pas où c'était. Je voyais des fumées de loin.
01:28 Je voyais les pompiers, ils n'arrêtent pas de dire "Aller retour".
01:30 Vous avez eu peur d'être touché sur la route ?
01:32 Oui, j'ai eu peur, mais bon, qu'est-ce que vous voulez que je fasse ? Il fallait que je fasse ce chemin-là pour rentrer chez moi.
01:39 Donc on se dressait sur la route. Dieu merci, on a réussi à partir, on a réussi à arriver en sain et sauf à la frontière.
01:46 Ils nous ont mis dans un bus, que des franco-palestiniens dedans. Ils nous ont ramenés à l'hôtel au Honker.
01:51 Nous, on est arrivés le matin, toute la nuit, pendant 13 heures de route, on a fait avec le car.
01:55 Entre Rapha et le Ker, c'est ça ?
01:57 Entre Rapha et le Ker, on a fait 13 heures de route.
02:00 Donc vous imaginez, 13 heures de route, toute la nuit, on était sur la route.
02:04 On est arrivés le matin, à l'hôtel, on avait le petit déjeuner.
02:09 Pendant deux semaines, je n'ai pas mangé bien correctement, madame. Deux, trois semaines, je n'ai pas mangé correctement.
02:13 Je n'ai pas bu de l'eau correctement. Je n'ai pas bu de café. J'ai l'impression que je viens d'un autre monde.
02:20 Je ne sais pas, j'avais l'impression que j'étais dans un autre monde, rien à voir avec ce monde-là.
02:24 Voilà, vous l'entendez, aujourd'hui, Odé et sa soeur Bara ne réalisent toujours pas ce qui s'est passé.
02:29 Après deux jours à l'hôtel au Ker, ils prennent finalement un vol vers Paris, afin de retrouver leurs proches à Aix-les-Bains.
02:35 Malgré le soulagement de ce retour en France, de ce citoyen français, j'imagine que ce stade, il est très traumatisé par ces jours, ces semaines qu'il a passées.
02:46 Il est extrêmement traumatisé, en effet. En fait, Odé, vous l'avez entendu, il a fui sous les bombes.
02:50 Il s'est retrouvé face à des situations extrêmement traumatisantes, des bombardements, des victimes au sol.
02:56 Et quand je lui demande s'il est soulagé, oui, mais il a du mal à l'admettre.
03:00 Il se dit coupable d'être rentré en France, alors que son épouse et ses proches sont encore coincés sous les bombes.
03:06 Physiquement, je suis en France, mais mentalement, le cœur, il est toujours à Gaza, madame.
03:11 Aujourd'hui, je me sens comme un traître. Donc, j'ai laissé ma famille, parce que je suis franco.
03:14 Aujourd'hui, je suis français. J'ai le droit de partir, j'ai le droit de quitter Gaza, mais pas les autres.
03:21 J'ai laissé ma famille, j'ai abandonné ma famille, j'ai abandonné mes proches, j'ai abandonné les gens qui m'ont accueilli chez eux.
03:26 Je me sens mal.
03:27 Je me sens comme un traître. J'ai abandonné ma famille. Ce sont des mots très forts, Odé.
03:31 Extrêmement forts, en fait. Il a une très, très grosse culpabilité d'avoir abandonné ceux qu'il aime.
03:35 Il se repasse en boucle les images du mois passé à Gaza, isolé, terrifié par l'idée de mourir.
03:42 Je veux du cadavre autour de moi, madame. Il y a beaucoup de passages dans ma tête.
03:46 La nuit, les explosions en plein de nuit, en plein de sommeil, on se réveille en plein de nuit, en plein de sommeil, madame, sur les bruits des explosions.
03:53 Vous imaginez, moi, aujourd'hui, je suis en France. J'ai la belle vie, je dors bien. Il n'y a pas d'explosion, il n'y a pas d'avion.
03:58 J'ai l'impression comme s'il n'y a pas de guerre, il n'y a rien. Mais ailleurs, je suis en train de penser, ce que moi, j'ai traversé, ce que moi, j'ai eu,
04:08 ce que je pense passer jusqu'à l'heure actuelle. Vous voyez, ça ne s'arrête pas, non stop.
04:12 Désormais, Odé se repose à Aix-les-Bains. Il essaie de se reconstruire doucement. Il a retrouvé par exemple son parrain, son frère, qui était resté en France.
04:20 Il me confie qu'il a besoin de temps, mais qu'il ne commencera à aller vraiment mieux qu'à une seule condition, qu'il y ait un cessez-feu sur la borne de Gaza.
04:28 Merci beaucoup, Hermine Leclech, pour ce témoignage très fort à retrouver, évidemment, sur le site rtl.fr.
04:34 Dans un instant, RTL Midi, votre vie, nous allons parler d'une fête américaine qui est de plus en plus célébrée en France, la "baby shower". Je ne connaissais pas.
04:43 La douche de bébé.
04:45 RTL Midi. Agnès Bonfillon.
04:48 N'est-ce bon, Fillon ?

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