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“Il ne faut pas avoir peur de souffrir quand on arrête le tabac”. Le centre François Baclesse à Caen organise des consultations gratuites pour arrêter de fumer.

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00:00 France Bleu Normandie.
00:02 Notre invitée ce matin, Catherine Dubois-Harvis, oncologue, tabacologue au centre François Baclès à Caen.
00:08 Elle est avec vous Didier Charpin.
00:10 Le centre Baclès qui organise aujourd'hui une journée de consultation d'aide au sevrage tabagique.
00:15 Catherine Dubois-Harvis, bonjour, bienvenue.
00:18 Bonjour.
00:19 Est-ce qu'on peut dire qu'il y a plus de fumeurs aujourd'hui en 2023 qu'en 2020 par exemple ?
00:23 Alors le tabagisme a beaucoup diminué en France depuis les années 2016.
00:29 Et puis après le Covid, dans les années 2021-2022, il y a eu une nette stagnation de la baisse du tabagisme,
00:37 voire même une petite remontée dans certaines catégories de population.
00:41 On peut l'expliquer, le climat anxiogène a joué.
00:44 Voilà, le climat anxiogène, est-ce que nous avons des politiques de lutte contre le gouvernemental,
00:49 de lutte contre le tabagisme suffisante ?
00:51 Oui, il y a beaucoup d'explications.
00:54 Un petit signal positif, c'est que chez les jeunes, par contre, la catégorie des 18-25 ans,
01:01 on a des petits signaux de poursuite de baisse du tabagisme.
01:03 Je vais revenir sur la question que vous posez, est-ce qu'on a les bonnes politiques ?
01:07 Votre réponse c'est laquelle ?
01:09 En Europe, nous sommes mauvais, en France, puisque nous avons une prévalence du tabagisme de près de 30% de la population,
01:17 25% quand on compte juste les usages quotidiens réguliers.
01:23 C'est le nombre de fumeurs.
01:25 Nous sommes mal classés en Europe, des pays qui ont des taux de prévalence du tabagisme beaucoup plus faibles,
01:32 comme la Suède, la Norvège qui sont à 5%, la Grande-Bretagne qui sont à moins de 17%.
01:38 Pourquoi on est mauvais en France ? Les cigarettes ne sont pas assez chères par exemple ? C'est une question de tarif ?
01:44 Ça c'est très discutable, parce que c'est la double punition pour les fumeurs.
01:48 Je pense qu'il faut vraiment aider beaucoup plus, dénormaliser le tabagisme,
01:54 et vraiment mettre encore plus le paquet pour aider les fumeurs à arrêter, qui se lancent dans le sevrage.
02:04 Beaucoup de fumeurs sont des personnes en situation précaire, il y a ça aussi ?
02:09 Oui, beaucoup, et ce sont ceux qui ont le plus de difficultés à arrêter, pour de multiples facteurs socio-économiques.
02:17 C'est la 8ème édition du mois sans tabac, c'est un défi national, collectif,
02:24 et ce côté collectif peut inciter des gens à s'engager dans cette démarche qui individuellement peut être compliquée ?
02:30 C'est le moment où beaucoup d'acteurs concentrent leur force sur ce mois,
02:36 pour se donner plus de moyens sur ce mois-là, donner beaucoup de messages.
02:40 Nous avons fait le choix de participer à un mois sans tabac depuis 2016.
02:47 Mais quel est le bénéfice de cette opération ? En quoi c'est différent en novembre ? En quoi cet accompagnement peut aider ?
02:55 Ce sont des signaux forts qu'on met en place.
02:59 En tant que soignants, par exemple, dans notre centre de contrôle cancer, on va mobiliser nos forces.
03:06 On est toujours un petit peu en pénurie de forces vives dans les hôpitaux,
03:12 mais là on va faire un effort supplémentaire pour donner des signaux aux patients et à leur entourage,
03:19 pour les inciter à se lancer dans le sevrage tabagique.
03:24 Il ne faut vraiment pas craindre de se lancer dans le sevrage tabagique.
03:29 Si fumeur sur 10 aimerait arrêter de fumer, sur une année, 30% seulement se lancent.
03:39 Parmi ces 30% qui se lancent, il faut trouver le bon accompagnement.
03:43 C'est vraiment à la carte, selon le profil de la personne ?
03:47 Voilà, vous avez 70% des fumeurs qui vont tenter leur sevrage sans aide.
03:51 Et puis il y a des fumeurs qui ont beaucoup plus de difficultés, il ne faut vraiment pas hésiter à se faire accompagner.
03:57 L'accompagnement réussi c'est quoi ?
03:59 On a des outils. Le message c'est qu'on peut arrêter de fumer sans souffrir.
04:06 Beaucoup de patients me le disent, j'ai peur d'arrêter, j'ai peur d'être en manque, je ne vais pas y arriver.
04:13 Mais si, on a des outils, les substituts nicotiniques, le principal facteur de dépendance au tabac c'est la nicotine.
04:21 Donc on a des outils pour ne pas souffrir quand on se lance dans le sevrage tabagique.
04:27 Des outils à la carte. Vous disiez en début d'entretien, il y a moins de jeunes qui fument, c'est encourageant ?
04:32 Oui, voilà. On veut vraiment arriver, aux Etats-Unis, on va arriver à une génération sans tabac.
04:40 Il y a moins de 1,5% des jeunes qui fument aux Etats-Unis.
04:44 Il faut vraiment qu'on suive cela, ça va passer par une dénormalisation du tabac.
04:49 Les jeunes qui consomment, pour certains, la peuf, qui est d'ailleurs dans le collimateur du gouvernement,
04:54 la cigarette qu'on vapote à usage unique, quel regard vous portez là-dessus ?
05:00 C'est un danger ou au contraire ça permet d'éviter de basculer dans le tabachisme ?
05:04 Alors, je me positionne en tant que tabacologue, en tant que personne qui aide les gens à arrêter de fumer,
05:09 c'est un bon outil pour les patients qui l'ont choisi, les personnes qui l'ont choisi pour arrêter de fumer.
05:15 Pour autant, évidemment, je ne vais pas conseiller à un jeune de vapoter.
05:19 Alors, l'effet passerelle est extrêmement discuté, c'est le sujet d'une très vive polémique.
05:24 Est-ce que ça fait rentrer dans le tabagisme ?
05:27 Ou au contraire, est-ce que finalement les jeunes qui vapotent ne se mettent pas à fumer ?
05:31 Le débat est ouvert mais il est difficile à trancher.
05:35 Pour l'instant, la polémique est encore importante.
05:39 Merci beaucoup. Je rappelle donc cette journée d'aide au sevrage tabagique,
05:42 aujourd'hui au centre François Baclès, entre 9h et 17h, gratuit, sans inscription.
05:47 Tout le monde qui veut venir, on vous montrera que ce n'est pas difficile de se lancer dans le sevrage.
05:52 Et les gens peuvent vous rencontrer, vous personnellement.
05:55 On est en plus direct avec l'infirmière tabacologue et le médecin tabacologue.
05:58 Merci Catherine Dubos, Arvis, invité ce matin, France Bleu, France 3. Bonne journée.

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