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00:00 Prenez la parole ce matin sur France Bleu Gironde, 7h45, un sandigret, l'érosion de tempête,
00:04 c'est ce que vous avez peur pour les paysages du département.
00:07 Vous pouvez nous appeler tout de suite, prendre la parole, donner votre avis, vos témoignages également.
00:11 Et nous en reparlons ce matin avec notre invité Kevin Blondel.
00:14 Effectivement, notre invité Olivier Laban, le président du comité régional de conchiliculture,
00:20 également stréiculteur à Guggenmestrasse, on le disait,
00:23 chaque heure compte sur le banc d'Arguin, coupé en deux par les vagues avec les épisodes des jours précédents.
00:28 Racontez-nous d'abord ce matin dans quel état vous trouvez vos huîtres sur place ?
00:33 Bonjour, d'abord on trouve nos huîtres évidemment malmenées,
00:38 ça fait maintenant plus de huit jours que certaines sont sous le sable.
00:41 Donc on parle beaucoup de course contre la montre, c'est vraiment le cas.
00:46 Il faut savoir que l'huître vit dans la colonne d'eau, elle ne vit pas sous le sable,
00:49 ce n'est pas un coquillage, ce n'est pas un fouisseur.
00:52 Donc elle étouffe ?
00:55 Oui, l'huître s'étouffe et elle meurt.
00:58 Donc aujourd'hui on évalue l'eau d'huître à 50% de mortalité à l'intérieur des poches.
01:04 Alors comment vous faites pour tenter d'en sauver le plus possible en ce moment ?
01:07 Malheureusement il ne faut pas trop réfléchir, il faut se baisser, il faut tirer, il faut déterrer.
01:14 Physiquement c'est très éprouvant, la météo n'arrange rien, il ne fait pas très beau.
01:21 Et puis les coefficients de marée, on en parle beaucoup, ça faisait quasiment 8 jours
01:24 qu'on n'avait pas pu se rendre à pied d'oeuvre.
01:26 Nous avons repris les travaux hier et ça va durer pendant une petite dizaine de jours.
01:30 On espère que la météo soit plus clémente pour qu'on puisse sortir enfin l'ensemble
01:36 des lots d'huître qui restent encore sur le bain d'argan.
01:39 Une huître qui a passé 2 jours, 3 jours, voire plus sous le sable,
01:42 on peut encore la sauver, elle pourra encore être mangée ?
01:45 Les vivantes évidemment ne pourront être mangées mais vont reprendre une phase d'affinage,
01:50 on les transfère à l'intérieur du bassin d'Arcachon, elles vont être remises sur table.
01:54 Ce sont des huîtres qui étaient en préparation pour les fêtes de fin d'année,
01:58 donc il nous reste encore un mois, un mois et demi pour pouvoir les affiner.
02:02 Donc ça c'est pas grave mais il faut encore qu'elles soient vivantes.
02:04 Celles qui sont mortes malheureusement c'est fini, c'est une perte sèche.
02:08 - Justement il y a déjà des pertes, elles s'élèvent à combien aujourd'hui ?
02:10 - Oui, je vous disais, celles qui restent sur le bain d'argan,
02:12 on estime à peu près à 50% des huîtres mortes dans nos poches.
02:19 On en a sorti un maximum quand même la semaine dernière,
02:22 il est encore très tôt pour faire un bilan précis,
02:25 je pense qu'à la fin du mois, début décembre, on sera en mesure d'avoir fini le travail
02:32 et puis surtout de quantifier les pertes.
02:35 - Notre reporter sur place hier, Stéphanie Scock,
02:38 on a parlé de 160 tonnes environ perdues, c'est réaliste ça ?
02:41 - Oui, c'est une zone, il faut savoir que la zone qui est touchée, la zone sud du bain d'argan,
02:45 représente à peu près la moitié de notre potentiel de production sur le bain d'argan,
02:49 à savoir quand elle est à plein régime, elle produit 800 tonnes d'huîtres,
02:53 on estimait fin de semaine dernière avoir sorti 80% de nos huîtres,
02:57 donc un solde de 160 tonnes qui aurait été perdu,
03:01 mais encore une fois, des chiffres à prendre avec beaucoup de précautions
03:07 parce qu'on n'en est pas encore au stade du bilan.
03:09 - Vous aurez des quantités suffisantes en tout cas pour Noël ?
03:12 - Oui, parce que quand je parle de 800 tonnes, le bassin d'Arcachon c'est 8000 tonnes,
03:16 donc ça représente 10% de notre production,
03:19 mais au-delà de la quantité, c'est surtout la qualité qu'offre cette zone,
03:24 et c'est bien dommage d'avoir perdu ça, de te dire que c'est toujours une perte,
03:28 et puis moralement, quand vous avez toute une zone, 20 hectares de parcs qui partent en fumée,
03:33 ce sont des cathédrales de ferraille qui sont amoncelées sur le banc de sable,
03:39 c'est toujours assez traumatisant, même si on le sait, ça fait partie de notre métier,
03:43 et les ostriculteurs ont une forte capacité à s'adapter.
03:46 - Le préfet de la Gironde, Etienne Guyot, est venu vous voir lundi,
03:49 est-ce que l'État envisage de vous aider financièrement ?
03:52 - Oui, je crois que l'État reste à l'écoute,
03:54 et puis c'est vrai que la mobilisation des services de l'État, du préfet et des élus du bassin d'Arcachon
04:00 amènent du réconfort aux entreprises, ce signal était quand même très important,
04:06 et le moment venu pour certaines entreprises,
04:08 s'il y a besoin de mettre des mesures financières en place,
04:12 on le fera, parce que je le rappelle, on n'est pas assuré pour ce genre de dégâts.
04:16 - Il est 7h50 sur France Bleu, Gironde, et sur France 3 avec nous le président du comité régional de congés et cultures,
04:22 Olivier Laban, également sur France 3, Aquitaine.
04:25 - Le banc d'Arga, coupé en deux, l'image elle est terrible,
04:28 est-ce que ça peut se reformer ou bien c'est fichu pour de bon ?
04:30 - Là je crois que le meilleur il n'y connaît rien, c'est la nature qui décide,
04:34 c'est justement le côté philosophique intéressant de notre métier,
04:38 mais qui peut faire peur aussi.
04:42 Je crois que pour l'hiver, la zone ne sera plus propice à y faire l'ostriculture,
04:48 en revanche peut-être qu'au printemps de cet été, le banc de sable se reformera,
04:52 nous offrira à nouveau une barrière contre les assauts de l'océan,
04:56 et derrière nous pourrons reprendre l'ostriculture,
04:58 mais aujourd'hui il est trop tôt pour le dire.
05:00 En tout cas on restera très attentifs à ça, parce que je le redis,
05:04 cette zone de production est très importante pour les ostriculteurs du banc Saint-Arcachon.
05:07 - Plus globalement la nature nous malmène ces dernières années,
05:09 notamment sur le littoral de la Gironde, il y a les coups de mer,
05:11 il y a les tempêtes, il y a les incendies aussi.
05:13 Écoutez ce retraité arcachonais traumatisé.
05:16 - Bonjour, je m'appelle André, on essaie de s'y adapter tout doucement,
05:20 on espère que ça ne s'aggravera pas.
05:21 Sur tous les incendies qui ont été absolument imparables pratiquement,
05:27 ça détruit le paysage en particulier, toute la zone des campignes,
05:33 c'est devenu triste, c'est la côte qui est dévorée.
05:39 - Il trouve ça triste, André on le comprend,
05:42 au-delà de la tristesse il y a une vraie question,
05:43 c'est l'économie qui va changer sur ce bassin d'Arcachon dans les années à venir,
05:47 pour la production du litre, pour le tourisme et j'en passe.
05:50 On va devoir changer notre façon de travailler, vous y réfléchissez déjà Olivier Laban ?
05:54 - Oui, je le disais, les ostriculteurs ont une forte capacité d'adaptation,
06:01 nous avons déjà commencé à modifier nos façons de travailler,
06:05 cette montée des eaux on la regarde, le réchauffement climatique on le regarde,
06:09 l'acidification des océans pour nos productions,
06:11 c'est quelque chose que l'on regarde énormément,
06:14 donc tout cet écosystème il évolue évidemment,
06:16 et pour nous il faut s'adapter,
06:19 parce que l'ostriculture au-delà de sa valeur financière sur le bassin d'Arcachon,
06:23 elle a une forte valeur identitaire et patrimoniale,
06:26 et il est important de pouvoir le continuer.
06:28 - Merci Olivier Laban, président du comité régional de congéliculture,
06:31 ostriculteurs vous-même, à Guggenmestras,
06:33 est-ce qu'on retient ses 160 tonnes d'huîtres perdues ?
06:36 A priori, pour le moment sur le banc d'Argan, on n'a pas encore le bilan final.
06:39 Merci, belle journée. - Merci à vous.