Les réseaux sociaux sont-ils trop violents ?

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Transcription
00:00 Les français seraient les utilisateurs de X les plus violents d'Europe.
00:02 Et ça, loin devant l'Allemagne et l'Espagne.
00:05 16 288 messages français ont été supprimés entre le 28 août et le 20 octobre.
00:09 Pour autant, X ne possède que 52 modérateurs humains francophones.
00:13 A titre de comparaison, le réseau possède 2294 modérateurs anglophones.
00:17 Le communiqué ne précise pas si les équipes francophones sont plus efficaces
00:20 ou s'ils reçoivent plus de contenu violent et de signalement.
00:23 L'entreprise d'Elon Musk expose au grand jour la faible taille de ses équipes de modération.
00:27 Franchement, quelle honte. C'est choquant.
00:30 Je suis frappé par la méchanceté en ligne.
00:33 Les français ont l'habitude de gueuler, mais là, la critique est obsessionnelle.
00:39 On est sur de la violence.
00:40 Il y a 10 ans, Twitter, c'était un réseau social super fun, convivia.
00:44 On n'a jamais été aussi fun.
00:46 Jamais dans notre vie.
00:47 Maxime, je ne suis pas d'accord avec toi.
00:49 Au tout début.
00:51 Aujourd'hui, maintenant, on me suggère des contenus d'une violence inouïe,
00:55 de gens qui se font frapper, qui tombent par terre.
00:57 Ils sont violentés.
00:59 Je ne veux pas. Ils sont suggérés, mais ils ont tellement de puissance.
01:02 Et comme les gens ne peuvent pas s'empêcher de regarder ces vidéos,
01:04 qui sont quand même très addictives,
01:05 on tombe dessus et c'est un engrenage perpétuel.
01:09 À l'époque, quand je recevais des messages un peu méchants,
01:11 c'était encore des comptes qu'on appelle des trolls,
01:13 c'est-à-dire avec zéro abonné, zéro abonnement, pas de photo de profil, etc.
01:17 L'autre fois, j'ai reçu un message quand même très violent
01:19 d'une personne qui me souhaitait d'aller me faire plein de choses très sympathiques.
01:22 Et j'ai regardé le profil et cette personne était photo,
01:26 maman de cette petite fille, une petite fille de 3 ans, un petit garçon de 6 ans.
01:31 C'était des menaces un peu vis-à-vis de la personne, quoi.
01:36 - De famille, tout ça. - Sans drague.
01:37 - Elle n'est pas ton maquillage. - Des choses légèrement antisémites, quoi.
01:40 Et donc, la personne m'a envoyé des messages d'une violence extrême.
01:46 Et quand j'ai été voir son profil, une maman, deux enfants, 6 ans et 3 ans,
01:51 qui poste des photos comme vous et moi tous les jours,
01:53 qui emmène ses enfants à l'école, etc.
01:54 Et je me suis dit, la nana est quand même sanglée.
01:56 - Mais tu lui as piqué son mec aussi, donc ça, ça reste...
01:58 - Non, c'est ça, c'est épouvantable.
02:00 Son profil n'a pas ouvert, en fait.
02:02 - Oui, mais après, il faut prendre du recul, vous voyez.
02:03 Moi, parfois, ça me fait rire.
02:04 - Non, non, non, non. - Très donnament.
02:06 - Il y a des limites.
02:07 On se le dit, en ce moment, sur les réseaux sociaux,
02:09 on dépasse, on atteint des sommets de haine et de violence...
02:12 - Vous avez raison. - ...jamais atteints jusque-là.
02:14 Mais parfois, il y a de l'inventivité dans l'insulte.
02:16 Et moi, je dois avouer que j'ai reçu des insultes
02:17 qui, parfois, m'ont fait rire.
02:18 On a fait, il y a quelques années de temps, en 2018,
02:19 sur ce plateau, c'était dans l'émission "C'est que de la télé",
02:21 un débat sur la fourrure.
02:22 En gros, c'était pour ou contre la fourrure.
02:24 Je ne vais pas vous redévelopper mon raisonnement,
02:25 mais il se trouve que mon raisonnement allait plutôt vers le pour.
02:28 Il fallait un petit peu de contre-point de vue, etc.
02:31 Et en fait, sur Internet, il y a un monsieur
02:33 qui m'a gentiment envoyé un message
02:34 et qui se proposait d'utiliser la peau de mes testicules
02:36 pour s'en faire une écharpe.
02:37 Vous voyez, ça, ça m'a fait rire.
02:39 Quand j'ai lu ça, ça ne m'a pas spécialement choqué,
02:40 mais franchement, ça m'a fait sourire.
02:42 Il se trouve qu'il n'a pas eu d'écharpe pendant l'hiver.
02:44 - Parce que tu n'as pas de testicules !
02:46 - Au revoir, Déborah.
02:48 - Pardon, excusez-moi.
02:49 - Non, non, Déborah.
02:50 - Je t'en prie.
02:51 - Je te fais croire que les réseaux sociaux sont grand grainés
02:52 et que c'est devenu un monstre à part entière.
02:54 - Non, c'était un bonjour, maître.
02:56 - Oui, bonjour.
02:57 - Bah oui, on est content de vous recevoir.
02:59 - Ah, mais merci.
03:00 - Comment on fait pour se protéger de ça ?
03:01 C'est vrai qu'on voyait effectivement
03:02 le nombre de modérateurs en France,
03:03 largement inférieur aux autres pays.
03:05 - C'est là qu'est le problème.
03:06 C'est-à-dire qu'on peut dire qu'ils sont grand grainés,
03:08 on peut dire tout ce qu'on veut.
03:09 En fait, c'est vrai qu'avec 50...
03:10 Il y a plusieurs millions d'utilisateurs francophones sur Twitter.
03:13 52 personnes, évidemment, qui ont un problème.
03:16 Il y en a 2200, il y en a plus de 2200, presque 2300
03:18 pour les contenus anglophones.
03:20 Vous en avez 80 en Allemagne,
03:21 où il y a presque la moitié de moins d'utilisateurs.
03:23 Enfin, ça n'a aucun sens.
03:24 On est sur un truc qui est utilisé au quotidien
03:26 par de nombreux Français.
03:27 Et en réalité, il faudrait du monde
03:29 pour pouvoir répondre au signalement.
03:31 - Pourquoi ? Vous m'expliquez pourquoi nous,
03:32 on n'en a que 52, alors qu'il y en a 2500 en Grande-Bretagne ?
03:35 - C'est une question qu'il faut poser, bien évidemment,
03:37 aux propriétaires de la plateforme.
03:39 Toutes les plateformes, désormais,
03:40 sont obligées de communiquer sur ces chiffres.
03:42 Ça fait longtemps qu'on essaie de les avoir.
03:44 Ça fait même quasiment 10 ans, je pense,
03:46 parce que ça fait un moment qu'on voit la violence émerger, etc.
03:49 Et effectivement, vous savez bien que ces plateformes,
03:51 malgré tout, ce n'est pas du service public.
03:53 Ce sont des entreprises privées.
03:55 Elles essayent évidemment de minimiser les coûts.
03:57 Or, payer des gens, en plus, c'est un métier
03:59 qui est extrêmement difficile, qui est très, très, très dur,
04:02 si vous voulez, de voir des messages, des vidéos,
04:04 des photos choquantes à longueur de journée,
04:07 eh bien, en fait, elles en paient le moins possible.
04:09 Ça, il faut que ça cesse. C'est évident.
04:11 - Autre question, Maître, pardon.
04:12 Mais quand on signale une vidéo sur les réseaux sociaux,
04:16 le temps que ça remonte...
04:17 Il y a une plateforme qui s'appelle Faros.
04:19 Le temps que ça remonte, en fait,
04:20 la vidéo, elle vit des jours et des jours.
04:22 Et même parfois, elle n'est même pas prise en compte,
04:24 cette vidéo.
04:25 Comment se fait-il qu'on ait du mal à signaler ces vidéos ?
04:28 - Alors, en fait, vous avez plusieurs façons de faire.
04:30 Et c'est important de le dire,
04:31 surtout pour les téléspectateurs qui ne se sentent pas bien, etc.
04:34 Vous avez Faros. Ça marche comme ça peut.
04:36 Mais au moins, ça enregistre.
04:37 Ensuite, ça avance un petit peu.
04:39 Ensuite, vous le savez, le procès judiciaire,
04:40 il est malheureusement très long.
04:42 En fait, en France, que vous ayez un dégât des os
04:44 ou que vous ayez un signalement à faire sur les réseaux sociaux,
04:46 c'est pareil.
04:47 Ça va prendre des mois, voire des années.
04:49 Mais vous avez aussi, et c'est important,
04:50 surtout pour les gens qui ne se sentent pas bien,
04:52 vous avez un très bon système de tchat avec la police qui existe.
04:55 C'est-à-dire que vous allez sur leur site,
04:56 vous tapez tchat police, vous allez tomber dessus.
04:58 Et là, vous avez des interlocuteurs
05:00 auprès desquels vous êtes anonyme.
05:01 Vous pouvez discuter avec eux.
05:03 C'est moins dur que de se déplacer au commissariat,
05:05 à la gendarmerie, ou même de téléphoner.
05:07 Et c'est peut-être plus adapté aussi à certaines personnes.
05:09 Et là, vous discutez avec eux, vous leur expliquez le problème.
05:11 Vous envoyez des captures d'écran.
05:13 Et ils vont vous expliquer si c'est légal, pas légal,
05:15 ce qui a été enfreint, et vous guider un petit peu.
05:17 Voir, vous conseiller de porter plainte,
05:19 préparer la plainte, etc.
05:20 Ça marche très bien.
05:21 – Mais là, ils sont un peu débordés,
05:22 vu ce qui se passe en ce moment sur les réseaux sociaux,
05:24 ce déversoir de haine inadmissible.
05:26 Ils doivent être débordés.
05:27 Deuxième question, quand une vidéo a été suspendue,
05:31 un compte suspendu, parce que contenu violent,
05:33 est-ce qu'il y a derrière des suites judiciaires ?
05:35 – Bien sûr, bien sûr.
05:36 Et vous avez des condamnations.
05:37 Mais oui, vous avez des condamnations qui existent aujourd'hui.
05:39 Et ça, il faut que les gens le comprennent.
05:41 Aller insulter quelqu'un sur Internet, le menacer,
05:44 même quand on croit que c'est anodin.
05:46 Parfois, les gens, à un moment d'absence,
05:47 peut-être, ils se sentent mal, peut-être, ils ont trop bu,
05:49 peut-être, ils ont fumé quelque chose, je ne sais pas.
05:52 Mais tout le monde peut avoir un faux pas.
05:54 Mais attention, parce que ce faux pas, c'est comme dans la vraie vie.
05:56 Si vous faites ça devant le commissariat, en public, devant des gens,
05:58 ça peut avoir des conséquences.
05:59 Mais là aussi, ça peut avoir des conséquences.
06:01 Et les conséquences du harcèlement en ligne,
06:03 c'est les mêmes que les conséquences du harcèlement sexuel.
06:05 C'est vous dire si c'est important.
06:07 Ça peut monter jusqu'à 3 ans de prison et 45 000 euros d'amende.
06:10 Et il y a déjà eu des condamnations dans la ferme Ila.
06:13 C'était des peines de prison avec sursis qui ont été prononcées.
06:17 Alors, pourquoi avec sursis ?
06:18 Parce que c'était des jeunes et c'était des promos délinquants.
06:20 Donc, on leur a accordé le bénéfice du doute, d'une certaine manière.
06:23 Mais vous comprenez bien qu'il y a d'autres…
06:25 Typiquement, vous avez quelqu'un aussi qui avait pris un an d'emprisonnement.
06:28 Vous savez pourquoi ?
06:29 C'était l'auteur d'un livre qui s'était fait insulter,
06:31 enfin, qui s'était pris une mauvaise critique, en fait,
06:33 et qui s'était mis à insulter l'auteur de la critique.
06:36 500 emails envoyés à l'auteur de la critique sur un espèce de blog.
06:40 Plus, derrière, usurpation d'identité pour se faire passer pour l'auteur de la critique
06:45 sur des forums, etc.
06:46 Essayer de faire croire qu'elle aurait dit des trucs horribles, ainsi de suite.
06:48 Mais la personne est tombée dans la dépression.
06:50 C'est ça, le problème du harcèlement.
06:51 C'est que quand vous êtes harcelé, les gens ne comprennent pas.
06:54 En fait, ça vous touche tellement profondément.
06:56 Et après, derrière, le risque…
06:58 – Tu voudrais bien qu'on rappelle à ceux qui, par hasard,
07:00 envoient des horreurs sur les réseaux sociaux,
07:03 qu'ils ont con jusqu'à 3 ans de prison et 45 000 euros d'amende.
07:05 Alors même si la justice est lente, elle retrouve toujours les auteurs.
07:09 Comment on les identifie ?
07:10 – Elles retrouvent très souvent ces histoires d'anonymat.
07:12 – Non mais il y a un problème d'identification.
07:13 – Non, non, non, il n'y a pas de problème d'identification.
07:15 Ce n'est pas aussi difficile que ça.
07:16 D'abord, quand vous êtes harcelé, les forces de police ont les moyens
07:20 de réussir à obtenir des informations sur de quels comptes il s'agit, etc.
07:23 En plus de ça, je vais vous dire un truc, les hackers,
07:25 les gens qui savent vraiment masquer leur identité,
07:27 ils ne perdent pas leur temps à aller harceler des gens sur Internet.
07:30 Ils font des fraudes pour essayer d'arnaquer des millions à des banques.
07:33 Ils ne vont pas s'amuser à vous embêter sur les réseaux sociaux.
07:35 Nous, en général, c'est monsieur tout le monde et madame tout le monde.
07:38 C'est ça qui est terrible.
07:39 C'est que les gens n'ont pas de surmoi ou ils laissent tomber un petit peu leur surmoi
07:42 et tout d'un coup, ils vont s'exprimer.
07:43 – Oui, ils se sentent protégés par leur écran.
07:44 Ils se sentent plus puissants.
07:45 – Est-ce qu'il y a prescription ?
07:47 Est-ce que je peux récupérer 45 000 euros grâce à mon histoire d'écharpe, là ?
07:50 – C'était quand ?
07:51 – C'était en 2018.
07:52 – Eh bien écoutez, en 2018, non, car c'était avant l'évolution de la prescription.
07:55 Donc en fait, c'était trois ans et c'est passé à six ans aujourd'hui.
07:59 Vous pourriez facilement.
08:00 – Ah !
08:01 – Voilà, vous pouvez aller vous réveiller, là.
08:02 – Ah, ah, Déborah.
08:03 – Moi, ce que je ne comprends pas, c'est quand on se fait insulter,
08:06 je parle de vrais, vrais insultes et vraies menaces,
08:08 pourquoi est-ce que cette personne, au lieu de me dire
08:10 "elle ne pourra plus vous envoyer de messages", etc.,
08:12 on ne supprime pas complètement son profil
08:14 et elle n'a plus le droit de se recréer un profil via son adresse IP
08:19 sur n'importe quel réseau social où elle peut entrer en interaction avec des gens ?
08:21 – Alors en fait, c'est possible.
08:22 Non, mais en fait, c'est tout à fait possible.
08:23 C'est-à-dire qu'il y a deux sujets différents.
08:25 D'une part, les plateformes vont réagir par elles-mêmes
08:27 parce qu'avant la sanction judiciaire, il y a quand même des sanctions intermédiaires.
08:30 C'est-à-dire que la plateforme a commencé par supprimer les contenus,
08:33 va réagir en coupant le compte.
08:35 Il y a quelques années, en réalité, il y a dix ans,
08:38 faire réagir une plateforme, c'était beaucoup plus difficile qu'aujourd'hui.
08:41 Maintenant, ils sont un peu à tension quand même
08:44 et ils essayent de réussir à intervenir.
08:46 Des fois, ils y arrivent, des fois, ils n'y arrivent pas,
08:48 des fois, ils arrivent à tort.
08:49 Il y a plein de choses qui sont supprimées par erreur.
08:52 Mais si vous allez devant un juge, bien sûr qu'il va pouvoir interdire à quelqu'un
08:55 de cesser d'utiliser un ou des réseaux sociaux.
08:58 C'est tout à fait possible.
09:00 – Voilà, donc la justice passe toujours,
09:02 c'est ce qu'il faut rappeler, la justice passe toujours,
09:04 même si elle est lente.
09:05 – Même si elle est lente et c'est pour ça qu'il faut faire attention.
09:07 Et puis, une chose importante, c'est que parfois,
09:09 Internet n'a pas besoin de votre avis sur quelqu'un.
09:11 Donc, il faut aussi savoir se retenir et se dire que ce qu'on va dire,
09:14 c'est un être humain qui va l'entendre et que ça peut faire beaucoup de mal.
09:17 Donc, il faut juste, de temps en temps, s'apaiser un peu
09:20 et comme on tourne cette fois sa langue dans sa bouche,
09:22 et bien en fait, on tourne cette fois ses pouces devant son téléphone
09:24 avant d'envoyer un message.
09:25 – Ça marche, c'est bien dit.
09:26 – C'est très bien dit, Maître Souffraud.
09:27 Merci beaucoup.
09:28 [Applaudissements]
09:29 [Musique]

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