Le grand imam de Bordeaux explique pourquoi il marchera ce dimanche contre l'antisémitisme

  • l’année dernière
Tareq Oubrou, grand imam de Bordeaux, participera à une marche contre l'antisémitisme ce dimanche. Il explique pourquoi sur notre antenne.

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Transcription
00:00 Il ne faudrait pas se tromper d'interprétation.
00:02 Il s'agit d'une marche contre l'antisémitisme et pour la République.
00:07 Il n'y aura et ne doit pas être question,
00:12 il ne s'agira pas de posture politique.
00:16 Il n'y aura qu'un seul drapeau, c'est celui de la France.
00:19 Et donc, c'est une union de tous les citoyens,
00:23 au-delà de leur confession, autour d'un fléau qui range notre société,
00:27 à savoir l'antisémitisme et la tentation de la division de notre société.
00:32 Donc, en tant que musulman, je ne voudrais pas
00:36 que l'on accuse ma religion d'être antisémite.
00:39 La société a besoin de gestes forts et de manifester notre lutte
00:44 contre l'antisémitisme qui, souvent, est attribué à notre religion musulmane.
00:49 Ça veut dire que pour vous, Tarik Obrou, il faut qu'on fasse abstraction
00:52 de ce qui se passe au Proche-Orient et qu'on se concentre
00:54 sur des considérations très françaises aujourd'hui.
00:56 C'est ça la priorité ?
00:58 Justement, le pied, c'est d'importer un conflit du Proche-Orient
01:01 pour diviser notre société française.
01:04 Nous sommes déjà divisés sur plusieurs plans économiques,
01:07 idéologiques, identitaires.
01:09 Il ne faut pas ajouter de l'huile sur le feu.
01:12 Nous avons besoin d'une paix civile et d'une morale d'altérité
01:17 pour pouvoir construire vraiment une solidarité sociétale par le bas.
01:23 Ici, en tout cas à Bordeaux, nous avons une tradition
01:27 de dialogue interreligieux, interconfessionnel et interconvictionnel.
01:32 Nous entretenons des rapports fraternels avec la communauté juive
01:37 et nous avons vraiment forgé un lien de fraternité
01:41 sous la coupole de la République.
01:44 Il y a une partie de la communauté musulmane qui ne va donc pas participer.
01:49 Je m'appuie encore une fois sur l'imam de la Grande Mosquée de Paris,
01:53 sur le Conseil français du culte musulman.
01:55 Est-ce que vous comprenez cette réticence ?
01:59 Oui, il y a toujours ce sentiment de se justifier en tant qu'islamo-musulman.
02:04 C'est vrai que la psychologie sociale qui traverse une partie de la communauté musulmane
02:10 qui est susceptible à cet égard,
02:13 et qu'il se voit toujours accusé d'être antisémite,
02:17 et qui, puisqu'il n'est pas concerné par l'antisémitisme,
02:19 il ne trouve pas de raison de manifester.
02:23 Sinon, c'est quand même une situation très difficile.
02:28 En tout cas, moi, pour ma part, j'invite les musulmans à marcher
02:33 pour la République, pour la concorde sociale,
02:38 pour la lutte contre l'antisémitisme,
02:39 parce qu'aujourd'hui, c'est le juif qui est attaqué.
02:42 Peut-être que ce sont d'autres communautés qui ne seront pas attaquées.
02:45 Vous savez, le racisme est contagieux,
02:48 et quand il frappe une communauté, c'est comme un virus,
02:51 il ne connaît pas de frontières et de clôtures identitaires ou religieuses.
02:55 Donc, c'est un fléau, comme disait Hannah Arendt, la banalisation du mal.
03:01 Donc, le mal, quand il frappe, il frappe tout le monde.

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