Mode de seconde main : 50 nuances de vert

  • l’année dernière
Peut-on s'habiller à petits prix sans nuire à la planète ? L'industrie mondiale de la mode produit chaque année 100 milliards de vêtements, soit deux fois plus qu'il y a 20 ans. Or, il faut 2 700 litres d’eau douce pour fabriquer un seul T-shirt en coton, l’équivalent de ce que boit une personne en deux ans et demi. Acheter d’occasion est une solution, mais attention au greenwashing (ou éco-blanchiment) !

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Transcription
00:00 [Générique]
00:09 Et si je vous disais qu'on fabrique 100 milliards de vêtements dans le monde chaque année,
00:13 deux fois plus qu'il y a 20 ans ?
00:15 [Cri de bébé]
00:16 Qu'il faut 2700 litres d'eau douce pour fabriquer un t-shirt en coton,
00:21 ce que boit une personne en deux ans et demi ?
00:24 [Bruit de bouche]
00:25 Et qu'en Europe, 80% des vêtements dont nous ne voulons plus finissent à la poubelle,
00:31 20% à peine sont réutilisés ou recyclés.
00:34 [Cri de bébé]
00:35 Bonjour et bienvenue dans Plan B, l'économie autrement.
00:39 S'habiller plus responsable, c'est possible.
00:42 Le problème, c'est que la fast fashion nous a habitués à de tout petits prix
00:47 et a changé deux fois plus vite notre garde-robe.
00:50 Une solution, c'est la seconde main.
00:53 On rééconomise les matières premières et on garde des prix raisonnables.
00:57 Mais attention là aussi au greenwashing.
01:00 [Musique]
01:02 Dans l'antre du diable, Emmaüs tient désormais boutique au centre des Halles,
01:08 le temple de la mode jetable.
01:11 Depuis 75 ans, l'association collecte les vieux vêtements, les répare et les revend à petit prix.
01:17 La mission première n'est pas le commerce, mais l'aide aux personnes précaires.
01:21 - Regarde, je te laisse renverser ça.
01:25 - Notre rôle, c'est vraiment de les accompagner dans leur parcours d'insertion vers le réemploi
01:30 et c'est vraiment de les amener vers un travail.
01:33 Tout en permettant aux plus modestes de se vêtir.
01:36 - 6 euros la jupe, 3 euros le t-shirt.
01:39 Concrètement, tous les vêtements vendus ici sont donnés à l'association.
01:44 Avant d'arriver sur ces portants, ils sont soigneusement sélectionnés
01:48 et viennent dans ce centre de tri du nord de Paris.
01:51 Il y a 20 ans, Emmaüs revendait 60% de sa collecte contre 40% aujourd'hui.
01:57 - Là, on a un tissu qui n'a pas du tout tenu.
02:00 Ça se voit mal à plat, mais complètement détendu et qu'on ne va pas du tout pouvoir remettre en vente.
02:05 Les gens, ils achètent des vêtements neufs qui ne durent pas longtemps.
02:09 Ils les donnent en pensant à faire profiter quelqu'un d'autre, mais en fait, ce n'est pas possible.
02:14 Et nous, on travaille un peu à vide.
02:17 On cause donc la faible qualité des vêtements de la mode jetable et les changements d'habitude.
02:23 Le défi majeur pour Emmaüs, c'est l'accès aux dons,
02:27 car de nouveaux acteurs sont arrivés sur le marché de la seconde main.
02:31 Zara, H&M, numéro 1 et numéro 3 mondiaux de la fast fashion,
02:36 sans oublier Vinted et son slogan "Si tu ne le portes pas, vends-le".
02:42 En mars 2023, Emmaüs contre-attaque.
02:45 Emmaüs présente. Si tu ne le portes pas, donne-le.
02:49 Les premières annonces Vinted qui incitent aux dons.
02:52 Sous le faux compte Emmaüs, l'association lance une campagne de dons sur le site Vinted
02:57 en postant des photos retouchées de vêtements.
03:00 Merci Vinted d'avoir rendu visible notre appel aux dons.
03:04 La campagne peine à porter ses fruits et continue dans les rayons d'Emmaüs Oal.
03:10 La boutique cible les jeunes, touchés de plein fouet par l'inflation.
03:14 Y compris des fashionistas.
03:16 A une époque je revendais, maintenant je préfère donner.
03:18 Si c'est pour revendre 2-3 euros, je préfère autant les donner.
03:21 Moi ça ne m'apporte pas grand chose 2-3 euros et ça sert à d'autres gens.
03:25 Je vends plus que je donne.
03:27 C'est vrai que vu que je suis étudiante, je ne vais pas m'en dire que Vinted ça fait des compléments de revenus.
03:33 Des revenus et de l'activité, car Emmaüs transforme dans ses ateliers parisiens
03:37 une partie des textiles qui n'arrivent jamais en boutique.
03:40 Vêtements, accessoires, coussins ou isolants pour bâtiments.
03:44 L'association vise le zéro déchet en France et ailleurs.
03:48 La seconde main, c'est une bonne affaire pour les géants de la mode ?
03:59 La seconde main aujourd'hui représente autour de 180 milliards d'euros
04:04 et elle devrait doubler d'ici 2027 à l'échelle mondiale.
04:08 Le fait, dès à présent, de se lancer sur ce marché,
04:11 c'est de ne pas prendre du retard par rapport à d'autres acteurs.
04:14 Il y a deux raisons pour lesquelles les acteurs de la mode vont sur ce marché.
04:18 Premièrement, c'est l'image.
04:20 Ils sont extrêmement stigmatisés, à raison pour bon nombre, sur l'impact environnemental de leur activité.
04:27 Deuxième chose, c'est qu'ils récupèrent la valeur de leurs consommateurs.
04:31 Aujourd'hui, bon nombre de consommateurs revendent leurs vêtements via des tiers.
04:34 ThreadUp aux Etats-Unis, on a Vinted en Europe.
04:38 Le fait de réintégrer cette activité dans leur cœur de métier fait qu'ils peuvent récupérer,
04:44 notamment la donnée consommateur, qui est extrêmement précieuse.
04:47 Comment bien choisir sa seconde main ?
04:49 La seconde main, c'est encore mieux si c'est lié au social.
04:53 Donner à des associations, au lieu de vendre à des prix dérisoires sur Vinted ou sur d'autres plateformes.
05:00 La seconde main représente une opportunité pour notre secteur, si et seulement si elle se substitue à la première main.
05:07 Ça, ça va être tout l'enjeu de notre secteur aujourd'hui dans la transformation de l'essai de l'économie circulaire de notre secteur.
05:13 C'est la réduction de l'achat de première main.
05:16 Et ailleurs dans le monde, quelles solutions ?
05:19 En Afrique, le problème, c'est l'arrivée massive des fribes occidentales.
05:23 En Ouganda, le styliste Bobby Coladé les récupère, redessine, recoupe
05:28 et en fait des pièces haut de gamme pour l'export.
05:31 Cet ancien de chez Margiela et Balenciaga a baptisé sa marque Busiga'il et cette collection Return to Sander,
05:39 retour à l'envoyeur en français.
05:41 Plus petit prix, 65 euros pour une casquette.
05:44 Au-delà du pied de nez, son but, c'est de relancer la production textile africaine
05:49 écrasée par les fribes bon marché, à la clé des usines et des emplois.
05:54 Pour en savoir plus, retrouvez d'autres numéros de Plan B sur la mode relocalisée et la précommande.
06:01 C'est sur le site de France 24, sur LinkedIn, Facebook, Twitter ou YouTube.
06:06 On ne se quitte plus. Ciao ciao !

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