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Le maire de Fontrabiouse (Pyrénées-Orientales) est-il allé trop loin ? Fin octobre, lors du Congrès des maires de montagne dans le Haut-Rhin, le président de la communauté de communes Pyrénées catalanes a qualifié les écologistes "d'écotalibans". Le mouvement Les Ecologistes réclame des excuses.

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Transcription
00:00 En attendant à 7h45, les écologistes des Pyrénées-Orientales sont-ils des éco-talibans ?
00:05 C'est le maire de Font-Rhabiouz, Pierre Bataille, qui l'a dit fin octobre lors d'une réunion entre élus de montagne.
00:10 Suzanne Chaudjaye, votre invitée ce matin, c'est le porte-parole du parti des écologistes dans les Pyrénées-Catalanes.
00:16 Bonjour David Berrué.
00:17 Bonjour.
00:18 Les écologistes ont déjà été traités de Khmer Vert, d'Ayatollah, d'éco-terroristes,
00:23 mais là, éco-taliban, pour vous ça passe pas. Pourquoi ?
00:26 Oui, cette nouvelle innovation dans les insultes, qui est due à un maire du Cap-Cyr, M. Bataille,
00:33 fait qu'à un moment donné, ça nous fait dire que stop, ça suffit, halte à la surenchère, les mots ont un sens,
00:41 et on attend des élus de la République qui gardent leur sang-froid, surtout dans le contexte du réchauffement climatique,
00:47 qui, je le rappelle, va deux fois plus vite en montagne qu'en plaine.
00:51 Qu'est-ce que vous réclamez alors ? Des excuses ?
00:53 Oui, ça se fait de donner des excuses quand, à un moment donné, on dérape,
00:58 mais au-delà de ça, si ces insultes ont pu être proférées au congrès des maires de montagne,
01:06 il y a deux semaines, en présence du ministre, c'est aussi parce que c'est le signe que le débat n'a pas lieu,
01:13 dans nos vallées, ou alors quand il a lieu, c'est à coup de mots incendiaires,
01:19 et ça, dans des sénacles ou par presse interposée.
01:23 Donc, ce que ça veut dire, c'est qu'un dialogue est nécessaire pour que les questions qui fâchent soient mises sur la table,
01:30 quel est l'avenir de notre territoire avec la neige qui est de moins en moins présente,
01:35 la population et les habitantes et les habitants de Pyrénées-Catalanes ont besoin de pouvoir vivre ce débat.
01:42 Alors, Pierre Bataille est maire de Fontrabius, mais également président de la communauté de communes pyrénées-catalanes,
01:48 il vous reproche effectivement vos positions, entre autres sur la gestion de l'eau, mais aussi sur l'avenir des stations de ski.
01:54 Quel est le problème ? Les écologistes veulent définitivement finir avec l'économie des stations de ski en montagne ?
02:00 C'est ça votre position et c'est ça qui dérange ?
02:02 Nous, ce qu'on demande, c'est d'être réaliste par rapport au consensus scientifique
02:08 qui annonce un changement climatique dans le département.
02:12 Je crois que dans la plaine, on commence à en avoir pleinement conscience,
02:15 avec les problèmes de la raréfaction de la ressource en eau.
02:18 En montagne, la question de l'eau est peut-être moins cruciale pour l'heure,
02:23 sauf qu'en aval, sur l'aude, on a déjà des conséquences un peu plus bas dans la vallée.
02:29 Donc, les perspectives en termes d'enneigement pour la montagne font que l'économie de la neige
02:37 est de toute façon condamnée à plus ou moins bref échéance.
02:40 Mais là, les stations de ski, elles s'adaptent déjà ? Il y a des canons à neige plus économes,
02:44 des retenues d'eau, ça ne vous suffit pas ?
02:47 Alors, nous, ce qu'on pense, c'est que tous les investissements qui sont faits aujourd'hui
02:51 en direction des stations de ski consistent en une fuite en avant.
02:55 Les dizaines de millions d'euros aujourd'hui qui servent à changer des télésièges,
02:58 à Formiguer, à porter Puy-Maurin, sous les travaux qui sont prévus au camp Bredaz,
03:02 c'est une façon d'avoir un futur gâchis financier,
03:09 alors que cet argent pourrait être utilisé pour préparer un avenir de nos montagnes
03:16 où l'économie du ski sera encore présente tant que c'est possible,
03:20 mais à un moment donné devra être remplacée par autre chose.
03:24 En tout cas, le maire de Fontrabuse, il dit que l'activité actuelle des stations de ski,
03:28 si on revient à la nature, sans cette activité, la montagne tomberait en friche
03:33 et ce serait un "no man's land", c'est ce qu'il dit.
03:36 Sans le ski, a priori, ce n'est pas faisable économiquement.
03:39 Il ne faut pas faire peur aux gens comme ça.
03:41 Il y a eu plusieurs moments dans l'histoire de nos montagnes,
03:45 il y a eu l'époque du thermalisme, l'époque du climatisme,
03:48 il y a eu des époques où on allait exploiter les minerais,
03:51 il y a eu, c'est vrai, depuis 50 ans, l'économie du ski.
03:55 La montagne trouvera d'autres solutions, les gens de la montagne ont des ressources.
03:59 Est-ce que ce seraient des solutions qui feraient vivre la montagne aussi bien que le ski ?
04:03 On vivra différemment. Ce qui est sûr, c'est que le jour où il n'y aura plus les stations de ski,
04:08 il n'y aura plus autant de manne financière qui va arriver sur le territoire.
04:11 Donc ça ira forcément moins bien ?
04:13 Ce n'est pas forcément que ça ira moins bien, c'est qu'il y aura autre chose.
04:16 Par exemple, on pourrait imaginer aujourd'hui que l'argent public,
04:19 au lieu d'investir dans le ski à tour de bras,
04:23 puisse être utilisé pour aider des jeunes qui veulent s'installer en agriculture.
04:27 Mais sans eau, il n'y a pas d'agriculture ?
04:30 En Capsire et en Cerdagne, de l'eau, il y en a encore un petit peu.
04:34 Mais plus beaucoup, c'est ce que vous dites ?
04:36 Le problème de l'eau se pose notamment dans la plaine avec les problèmes d'urbanisation.
04:41 Après, à la montagne, on peut aussi imaginer que viendront s'installer des populations
04:46 qui viendront chercher la fraîcheur en altitude.
04:49 Dans ce cas-là, il y aurait un gros boulot à faire sur la rénovation thermique des logements en montagne,
04:54 de façon à ce qu'on puisse accueillir des populations qui généreront une économie résidentielle.
04:59 C'est-à-dire des gens qui sont là tout au long de l'année et n'ont pas là un grand coup en hiver et un grand coup en été.
05:05 Enfin, il y aura toujours un écosystème touristique qui va survivre autour des sports de montagne,
05:10 avec ou sans neige.
05:12 Mais cette façon de vivre le territoire, effectivement,
05:15 Jamais autant que le ski, vous confirmez.
05:17 ne ramènera pas autant d'argent de façon très importante ponctuellement.
05:22 Mais par contre, elle peut générer une qualité de vie à la montagne
05:26 qui fera vivre les gens tout au long de l'année.
05:28 France Bleu Roussillon, l'invité du 6/9.
05:31 Il est 8h10 sur France Bleu Roussillon,
05:33 David Berruer, porte-parole du parti Les Écologistes dans les Pyrénées-Orientales, est notre invité.
05:39 On a quand même la sensation que ça n'évolue pas très vite, ce débat en montagne.
05:43 Chacun campe sur ses positions.
05:45 Les élus, vous, les écologistes, qu'est-ce qui bloque ?
05:48 Est-ce que vous ne vous comprenez pas ?
05:50 Est-ce que c'est vos propositions qui sont en fait irréalisables ?
05:54 Quel est le souci, a priori, selon vous ?
05:58 Il y a besoin d'un dialogue contradictoire.
06:02 Il y a besoin de poser publiquement les questions qu'il fasse
06:05 pour que tout le monde puisse s'exprimer.
06:08 Je pense qu'il y a deux choses qui peuvent être angoissantes à la montagne.
06:12 C'est de se dire que le ski, avec tout l'argent qu'il a ramené, va s'arrêter un jour.
06:17 Je comprends qu'un certain nombre de maires disent qu'il faut maintenir à tout prix cette économie du ski.
06:25 Mais pour nous, les écologistes, ce qui est de plus en plus angoissant,
06:29 c'est de ne pas prendre la mesure que, comme le climat change,
06:32 ce genre d'économie de la neige n'a plus d'avenir.
06:35 Vous parlez d'un dialogue, ça veut dire que là, à l'heure actuelle, vous ne vous parlez pas ?
06:38 Il y a très peu de dialogue.
06:40 Au printemps dernier, on a organisé des états généraux de la montagne
06:43 où il était question de poser l'avenir du territoire avec des associations,
06:48 avec des citoyens, avec des habitants.
06:51 Nous avons invité la plupart des élus locaux, y compris des maires de stations de ski.
06:58 Aucun n'est venu, même si on a loué notre façon de vouloir organiser un débat démocratique sur ce sujet.
07:06 Vous parliez de la montagne, mais vous dénoncez aussi le tourisme,
07:10 en tout cas les grosses affluences touristiques en pleine à cause du manque d'eau.
07:16 Vous voulez aussi en finir avec le tourisme en pleine l'été,
07:20 c'est-à-dire les grosses affluences touristiques, il faut que ça s'arrête,
07:23 même si ça fait partie des économies importantes du département,
07:27 la locomotive économique du département ?
07:30 En finir, non. Par contre, organiser dès que possible une reconversion de ce tourisme
07:37 vers un tourisme qui soit probablement moins important au niveau numérique,
07:42 peut-être moins de fréquentation, en tout cas sur juillet-août,
07:45 au moment où la ressource en eau est la plus critique,
07:47 pour aller vers un tourisme davantage de qualité, davantage durable,
07:50 et notamment davantage réparti tout au long de l'année.
07:53 Ça rapporterait moins d'argent aussi ?
07:55 Ça rapporterait moins d'argent au même moment et au même endroit.
07:58 Par contre, on peut imaginer que si le tourisme s'est reparti mieux tout au long de l'année,
08:02 sur la côte comme à la montagne,
08:04 ça va générer du travail dans le tourisme de façon durable,
08:08 c'est-à-dire des emplois qui pourront être utiles toute l'année,
08:12 et pas seulement des boulots saisonniers au coup par coup pendant l'été,
08:15 qui sont souvent des contrats précaires.
08:16 Mais qui sont intéressants pour certains, c'est des choix,
08:19 de travailler dans le tourisme l'été.
08:23 Oui, c'est également ma situation.
08:25 Moi, je suis guide, j'emmène les gens dans la nature et dans la montagne.
08:31 Mon revenu dépend du tourisme de masse,
08:36 mais en tant qu'habitant du territoire, je suis bien obligé de me rendre compte
08:39 que ce modèle touristique est en train de rendre ce territoire inhabitable.
08:44 Il n'y a plus d'eau, il y a de la spéculation immobilière,
08:46 on continue à construire dans tous les sens,
08:48 que ce soit sur le littoral ou autour des stations de ski.
08:51 En tant qu'habitant du territoire, je suis bien obligé de me rendre compte
08:53 qu'on est en train d'abîmer notre patrimoine commun,
08:57 on est en train d'abîmer la nature, d'abîmer le vivant,
09:00 et jusqu'à preuve du contraire, nous autres habitants, nous faisons partie de ce vivant.
09:04 Merci beaucoup David Berrué, vous êtes le porte-parole du mouvement
09:07 "Les écologistes dans les Pyrénées", catalan. Bonne journée à vous.
09:10 Merci.

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