Le député Les Ecologistes de Gironde Nicolas Thierry a convaincu ses collègues de réguler, à partir du 1er janvier 2026, ces produits chimiques dont les effets font scandale aux Etats-Unis. Mais la majorité est parvenue in extremis à sauver les poêles Tefal et autres ustensiles de cuisine. Une première victoire pour les écologistes, Camille Etienne est venue nous raconter comment elle lutte contre les polluants éternels.
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00:00 - Comme ça on attend que des gens meurent, c'est ça le plan ?
00:02 C'est quoi ? Je comprends pas du tout pourquoi.
00:03 Tomber dans ce vortex des polluants éternels et se dire "mais c'est quoi ce délire ?"
00:07 Et donc une fois qu'on est dedans, en fait on devient inarrêtable
00:10 parce que c'est vraiment un enjeu de santé publique immense.
00:13 Camille Etienne et les écologistes ont gagné une première bataille.
00:16 L'usage des PIFAS, ces polluants éternels, a été limité par les députés.
00:20 Malgré la contre-attaque d'industriels qui utilisent ces substances chimiques présentes partout.
00:24 - Par exemple si on met du mascara waterproof c'est grave,
00:26 mais par contre dans la poêle, là c'est plus grave.
00:29 Ce qui semble complètement illogique, on découvre en creusant un petit peu plus loin,
00:33 c'est qu'ils ont toujours cinq coups d'avance sur nous, les citoyens,
00:36 sur les scientifiques, sur les pouvoirs publics.
00:38 Ils ont essayé de maguier ça en disant que c'était un combat écologie vs sociale.
00:40 Plusieurs études scientifiques prouvent la dangerosité de certains PIFAS sur notre santé.
00:45 Mais les industriels disent utiliser de nouveaux PIFAS moins dangereux.
00:48 Les écologistes voudraient interdire complètement l'usage de ces polluants éternels,
00:53 ce qui est loin d'être le cas.
00:54 - Les menaces elles sont réelles mais c'est pas du tout moi plus que d'autres.
00:57 Il faut quand même se dire que c'est du David contre Goliath,
00:59 à un niveau stratosphérique.
01:00 Quand je vois des menaces assez intenses, par exemple cette nuit,
01:03 je décide de ne pas me rendre sur place sur le terrain au moment où je voulais aller ou pas.
01:07 Donc ça marche.
01:07 Tout ce que je fais s'appuie, c'est là notre force, sur le consensus scientifique.
01:11 On fact-check un nombre de fois, vous n'imaginez pas,
01:14 là encore hier je suis à 4h du matin avec des chimistes très oulacés
01:17 qui m'expliquent les choses parce que je veux vraiment être sûre d'être impeccable.
01:20 Camille Etienne est venue nous raconter comment elle lutte contre les polluants éternels.
01:25 - Parce qu'on a de notre côté quelque chose qui est inarrêtable je trouve.
01:28 Pour moi c'est ce qui est le sens de l'histoire.
01:30 En fait de notre côté, nous tout ce qu'on fait, c'est pas pour nous qu'on fait le combat.
01:33 On est payé par personne de secret, on n'a pas d'intérêt privé autre que l'intérêt commun.
01:37 - Salut Camille, comment vas-tu ?
01:42 - C'est intense mais je serai mieux après le VodJump.
01:45 - C'est ce que je disais un petit peu avant qu'on t'accueille à ceux qui nous lisent dans le chat.
01:49 Je disais qu'en effet, c'était un petit peu la course pour toi aujourd'hui.
01:53 Puisque demain, on en a déjà un petit peu parlé, il y a une proposition de loi qui arrive
01:57 qui vise à interdire l'usage non essentiel d'épiphases et polluants éternels.
02:01 Et que donc, là aujourd'hui, comme ces derniers jours,
02:04 et ça entoure aussi la sortie de ton documentaire qui a été réalisé avec Solal Moisan,
02:08 il y a beaucoup de plateaux télé pour essayer de parler de ce sujet, c'est ça ?
02:10 - Pas que en fait. Le documentaire nous c'est vraiment un outil.
02:14 On l'a fait avec vraiment les moyens du bord, sans du tout, sans argent, c'était autofinancé,
02:19 sans plateforme, juste parce qu'on voulait que ce soit un outil.
02:23 En fait, on s'est dit, quand on a commencé à creuser au début, on s'est dit, on va en faire une vidéo.
02:28 Et on a réalisé que c'était un scandale de santé publique énorme,
02:31 qui était traité par quelques journalistes d'investigation, qui était beaucoup plus traité aux États-Unis.
02:35 Mais qu'en France, quelque part, la mayonnaise n'avait pas vraiment pris, si je puis dire.
02:39 Et que donc, il fallait alerter les gens.
02:40 Et plus on avançait, plus on s'est dit, il faut qu'on en fasse quelque chose de plus grand.
02:45 Événementialiser aussi la sortie pour rassembler au moins trois fois 500 personnes dans une salle de cinéma
02:49 et dire, vous, on va avoir besoin de vous pour faire voter une loi.
02:52 Et là, maintenant, ce qui se passe après, c'est tout le lobbying politique qui est très intense,
02:56 parce qu'en face de nous, on a une montée en puissance du lobby politique des poils à frire,
03:00 de l'entreprise Seb, qui détient le groupe Tefal, qui appelle les mêmes députés que moi,
03:05 qui a un peu plus de poids à Bercy, on va dire.
03:08 Et c'est assez impressionnant de le voir, d'en être témoin.
03:11 - Tu t'y attendais à cette contre-attaque de l'industrie ?
03:13 - Pas à ce niveau-là, non. Non, non, non, pas à ce niveau-là.
03:17 On se doutait, quand on a commencé à voir naître en commission,
03:20 c'est le moment avant que la loi soit votée, où il y a différents groupes politiques
03:23 qui sont représentés et qui doivent un peu donner quelles sont leurs directions.
03:28 En fait, là, c'est passé. Et donc, on s'est dit, mais waouh, incroyable,
03:32 on va avoir un sujet de santé publique sur lequel les politiques vont se mettre d'accord.
03:36 Et puis, on a un petit peu déchanté quand on a commencé à voir les amendements de la majorité,
03:40 qui disaient, on est d'accord, c'est très dangereux, ça.
03:43 C'est très dangereux quand vous vous en mettez dans les cosmétiques.
03:45 Donc, par exemple, si on met du mascara waterproof, c'est grave.
03:48 Mais par contre, dans la poêle, là, c'est plus grave.
03:50 Ce qui semble complètement illogique.
03:52 Et on voyait ce qu'on appelle des amendements de suppression.
03:55 Donc, c'est un peu ça qui nous fait peur.
03:57 J'ai commencé à comprendre l'ampleur de ça rapidement et ça a pris des proportions assez grandes.
04:02 - C'est quoi le problème avec ces p'tits phases, finalement, concrètement ?
04:04 - Bien sûr. Alors, concrètement, petit cours de chimie rapide, rapide.
04:08 En fait, c'est une famille de molécules.
04:09 C'est une famille de molécules qui fait... On peut voir ça comme un collier de perles, en fait.
04:13 Il y a forcément une perle, pour que ce soit un polio internel,
04:16 forcément une perle de fluor et une perle de carbone.
04:19 C'est ce qui rend cette fameuse famille des polio internels persistants.
04:23 Donc, ils ont la capacité à être indestructibles.
04:25 Et parce qu'ils sont indestructibles, ils restent pour toujours.
04:27 Dans les sols, dans l'air, dans l'eau.
04:28 - C'est pour ça qu'on les appelle "éternels".
04:30 - Voilà. Et c'est une invention de l'homme.
04:31 En fait, c'est une molécule qui a été inventée par l'homme.
04:33 On la retrouve pas à l'état naturel.
04:34 C'est une des seules, de l'histoire de la chimie, en fait, qui a cette capacité à être indestructible.
04:38 Donc, ça a été inventé par hasard, en fait, aux États-Unis.
04:42 Utilisé la première fois dans la bombe atomique Progeman-Nathan.
04:45 Et ensuite, en revêtement des chars de l'armée américaine.
04:47 Et une fois que la guerre avait fini, ils se sont dit "comment est-ce qu'on pourrait utiliser ça ?"
04:51 Ça a été utilisé d'abord dans les fameuses poêles à frire.
04:53 Donc, le fameux PTFE, Téflon, le revêtement des poêles à frire.
04:56 Et ensuite, absolument partout autour de nous.
04:59 Donc, c'est pas du tout seulement dans les poêles, c'est sûrement dans ce pull.
05:02 Sûrement dans les verres de...
05:03 Je sais, pour les lentilles de contact, je sais pas, pour les verres de lunettes.
05:07 Voilà, on a mis beaucoup, beaucoup de temps à avoir toutes les données,
05:09 à essayer de faire une liste précise des endroits où c'est utilisé.
05:11 Mais il faut vous dire qu'en fait, le consommateur tout seul ne peut pas éviter les polluants internels.
05:15 Il y en a même dans l'eau qu'on boit.
05:16 Une dernière chose qui est sortie là ce matin,
05:19 c'est 22 villes qui ont été testées.
05:21 Dans ces 22 villes testées, 16...
05:23 C'est le robinaire, ils ont pris juste de l'eau du robinet dans 22 maisons, quoi.
05:26 Et ils se sont rendus compte que 16 d'entre elles étaient contaminées au polluant internel,
05:30 soit 73% de l'eau à tester.
05:32 D'ailleurs, tu dis qu'on y est toutes et tous confrontés.
05:35 Tu dis qu'il y en a peut-être dans ton pull.
05:37 Ce qui est intéressant aussi dans le documentaire,
05:38 c'est que tu racontes aussi que tu as fait toi-même l'expérience
05:40 pour voir si tu étais contaminé au PIFAS.
05:42 Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu cette expérience et son résultat ?
05:45 En fait, on a fait tester nos cheveux,
05:48 justement avec l'équipe du député.
05:50 Et puis moi, je lui ai aidé à essayer de trouver des amis
05:52 qui étaient dans des milieux complètement différents.
05:54 Des sportifs de haut niveau,
05:56 des actrices,
05:58 des humoristes, pour se dire,
05:59 bon, en fait, selon des modes de vie très différents,
06:02 des niveaux de vie très différents aussi,
06:04 est-ce qu'on est tous contaminés ou est-ce que c'est juste des gens qui vivent près d'une usine,
06:07 comme on est allé les voir à Rumi,
06:09 ou comme on est allé les voir à Pierre-Bénit,
06:10 comme il y a à Rumi, comme il y a dans Val d'Oise ?
06:12 Ou est-ce qu'en fait, c'est vraiment tous les...
06:13 - Les villes qui sont plus exposées parce qu'elles sont plus proches de sites qui utilisent et qui produisent des PIFAS.
06:17 - Exactement.
06:18 Et en fait, on s'est dit,
06:19 est-ce que ça concerne vraiment toute la population ?
06:21 Et en faisant tester, on n'en a testé que un millième,
06:24 c'est-à-dire 12 sur les 14 000.
06:26 Et même en testant que ceux-là,
06:27 on a 94 % de contamination.
06:30 Moi, j'ai un PIFAS qu'on a testé dans le sang.
06:32 C'est un peu bizarre de le voir parce qu'on essaie de le prendre avec légèreté,
06:35 mais en fait, on se dit,
06:36 OK, c'est absolument partout.
06:37 Et quand on lit ensuite les études scientifiques et qu'on voit
06:40 qu'il y a ces classés cancérigènes certains
06:42 par le Centre International de Recherche sur le Cancer
06:45 pour des molécules,
06:46 qu'il y a des problèmes sur la reproduction, tout ça,
06:49 et que c'est bioaccumulable,
06:50 donc une chose, une dernière à bien comprendre,
06:51 c'est que quand on en a, on ne peut pas le perdre,
06:53 on ne peut pas l'enlever, en fait.
06:54 Ça met très, très, très, très longtemps,
06:55 le corps n'arrive pas vraiment à s'en débarrasser.
06:58 Donc dès qu'on en a, c'est juste,
06:59 voilà, notre petite fiole augmente au fur et à mesure.
07:02 - Et donc, est-ce que ça veut quand même dire que certains
07:04 sont plus exposés que d'autres ?
07:05 Est-ce que, par exemple, les habitants de villages
07:08 qui habitent près d'une usine qui utilise des PIFAS
07:10 pour produire leurs matériaux,
07:12 c'est le cas d'une usine comme Arkema, par exemple,
07:14 qui produit des matériaux spéciaux,
07:15 est-ce que les habitants qui habitent près de ces usines-là
07:17 sont potentiellement plus contaminés que nous,
07:19 qui en sommes plus loin ?
07:21 - Alors, oui et non, parce que les premiers contaminés,
07:24 c'est bien sûr les ouvriers.
07:25 Il y a eu des tests qui ont été faits.
07:27 On a été en contact,
07:28 c'est qu'on a inspecté de manière totalement anonyme
07:29 avec des employés de ces sites-là, notamment d'Arkema,
07:32 et ils ont des taux qui sont jusqu'à 400 fois supérieurs
07:35 à la norme européenne qui dit, à partir de 1,
07:38 en fait, de 1 ng/L,
07:39 ça commence à être vraiment dangereux pour la santé.
07:41 Et là, ils ont 400 ng, donc c'est absolument énorme.
07:44 Cette personne qui a été testée là à 400,
07:45 elle a déjà son troisième cancer.
07:48 Donc les employés sont évidemment en première ligne.
07:50 La population autour aussi,
07:51 il y en a qui ont fait des prises de sang,
07:52 ils ont des taux très, très élevés.
07:55 Et enfin, la dernière chose,
07:57 c'est que c'est aussi beaucoup utilisé
07:58 dans les mousses anti-incendie.
08:00 Et donc, dans les endroits, par exemple,
08:01 dans les Landes où il y a eu des gros feux,
08:03 on se rend compte que la population est très exposée.
08:06 Donc voilà, on est malheureusement,
08:08 on ne peut pas juste déménager,
08:09 ne plus être contaminé au pollume interne.
08:11 Il y a d'ailleurs une carte qui s'appelle
08:13 "Forever Pollution Project".
08:14 On peut zoomer, on peut voir les "hot spots".
08:16 En France, on y est pas mal quand même.
08:17 - OK, je vous mettrai un lien tout à l'heure dans le chat
08:19 pour que vous puissiez aller voir cette carte-là.
08:21 Clément Legrand qui nous dit qu'on n'a pas répondu
08:23 à sa question sur les surfaces adhésives des poils en inox.
08:25 - Ah oui, oui, excuse-moi.
08:26 - En inox, c'est quand même qu'elles sont...
08:27 - Bien sûr, bien sûr.
08:27 Alors, je suis "respo poil" maintenant.
08:30 C'est assez absurde si on m'avait dit que tu m'avais dit...
08:33 Expertise poil.
08:34 En fait, en inox,
08:36 il n'y a pas de revêtement anti-adhésif.
08:37 C'est d'ailleurs pour ça qu'on a inventé le téflon.
08:39 On se dit "bah, c'est pratique,
08:40 comme ça, on a moins besoin de mettre de matière grasse".
08:42 Et donc, ça accroche moins.
08:44 En réalité, c'est le revêtement,
08:46 ce qu'on appelle le PTFE.
08:47 Donc, c'est le petit nom du téflon qui, pour le synthétiser,
08:50 pour faire du PTFE, en gros, il faut avoir ça comme une mayonnaise qui prend.
08:52 Pour faire prendre la mayonnaise du PTFE,
08:54 on a besoin de polluants éternels.
08:56 Voilà, donc il n'y en a pas dans l'inox
08:57 parce qu'il n'y a pas ce fameux revêtement en PTFE.
09:00 - Pour en revenir à ces polluants éternels,
09:02 on disait donc que certains sont encore plus exposés que d'autres
09:04 pour celles et ceux qui habitent près des usines
09:06 qui utilisent ces polluants éternels, ces pifasses.
09:09 Quels sont les dangers, les maladies
09:10 que l'on peut avoir concrètement, nous, du coup,
09:12 en tant qu'être humain,
09:13 quand on est exposé ou trop exposé à ces pifasses ?
09:17 - Il y a des liens extrêmement clairs sur les cancers,
09:19 notamment des testicules, aussi de la thyroïde.
09:22 Il y a des effets qui font qu'on est moins...
09:24 On a une moins bonne réponse aux vaccins,
09:28 notamment chez les enfants.
09:29 C'est d'ailleurs l'effet qu'on voit à la plus faible dose de contamination.
09:31 Donc, en fait, les vaccins fonctionnent moins bien.
09:33 La défense immunitaire aussi s'affaiblit.
09:35 Donc, notre corps est plus vulnérable face à d'autres maladies.
09:38 Et c'est ce qu'on appelle "reprotoxique".
09:39 Donc, "reprotoxique", c'est-à-dire que
09:41 ça va accélérer le vieillissement, par exemple, ovarien.
09:44 Et donc, concrètement, on risque d'avoir des ménopauses précoces
09:47 ou aussi des pubertés précoces.
09:49 Il y en a qui me racontait, près d'une usine,
09:50 justement, près d'Arkema, quand on allait le voir,
09:52 une petite qui avait eu sa puberté extrêmement tôt
09:54 et qui s'avait fait pas mal de cas comme ça dans l'école à côté de l'usine.
09:57 Donc, ça empêche d'avoir des enfants.
09:58 C'est quand même un peu dommage, ce que je dis,
10:00 pour le réarmement démographique qui nous est demandé par notre cher président.
10:03 - Et d'ailleurs, dans le documentaire, vous allez aussi voir,
10:05 alors je ne sais plus son prénom, mais d'une habitante,
10:07 je ne sais plus à quel endroit, mais qui parle d'hypercholestérol.
10:10 - Oui, Edith.
10:11 Absolument, sur le cholestérol, alors malheureusement, la liste est longue,
10:13 donc je ne peux pas dire toutes les maladies,
10:15 mais il y a aussi, bien sûr, les troubles cardiovasculaires.
10:17 Il y a beaucoup de...
10:18 Et en fait, une chose à résumer qui est assez claire à comprendre,
10:21 c'est que ça a été estimé le coup,
10:23 par un conseil de ministre nordique,
10:26 ça a été estimé le coût pour les pays européens,
10:27 pour le système de santé européen,
10:29 soigner toutes les maladies liées au pifas,
10:31 entre 50 000 et 80 000...
10:33 Entre oui, c'est ça, 50 000 et 80 000 milliards...
10:36 80... 50, yes.
10:39 50 et 80 milliards, c'est ça que je voulais dire, d'euros par an.
10:43 Donc c'est complètement énorme, si on réfléchit.
10:45 Donc en fait, ça nous coûte, à nous, la société,
10:47 donc à nous aussi, aux contribuables, quand on paye nos impôts,
10:49 de payer les maladies qui sont liées au pifas.
10:51 - Ce qui peut aussi être une forme de réponse, on y reviendra,
10:53 mais quand on pense à la contre-attaque du groupe CEB,
10:55 ils évoquent, eux, les emplois qui seraient supprimés
10:57 si la proposition de loi est votée,
10:59 si donc demain, les pifas non essentiels ne sont plus utilisés.
11:02 Donc c'est aussi une réponse, c'est qu'aujourd'hui,
11:04 cette exposition à ces produits-là nous coûte de l'argent.
11:07 - Elle coûte énormément à la société, puis surtout, elle met des gens en danger.
11:09 Ça me semble être un argument suffisant.
11:10 En réalité, pardon, mais entre 3 000 emplois qui sont en réalité
11:13 pas vraiment menacés, c'est du chantage à l'emploi.
11:15 On a fait un grand entretien avec Sophie Binet de la CGT
11:18 qui dit bien que personne n'est dupe sur le sujet.
11:21 On a liqué des mails internes qui nous ont été donnés
11:24 par des employés justement de l'entreprise Stefal,
11:27 qui montrent bien les pressions qui ont été reçues par les employés,
11:30 ou les directeurs de Seb, on a des mails envoyés par le groupe Seb eux-mêmes,
11:35 donc ça a été ressourcé, qui montrent la pression qui a été mise sur les sergents,
11:38 en disant "en fait, si vous ne venez pas, on a fritté des bus,
11:40 on vous paye vos journées, si vous ne venez pas, vous allez perdre votre emploi".
11:43 Donc c'est ce qu'on appelle du chantage à l'emploi.
11:45 Et ça, c'est vraiment très, très grave parce que c'est le vrai coupable.
11:48 Ce qui fait perdre des emplois, c'est une industrie qui décide,
11:52 alors qu'il y a un scandale de santé publique, qui décide de dire
11:55 "ah, moi, ma priorité, ça va être de continuer à produire des pifas".
11:57 C'est ça qui fait réellement perdre des emplois, et en plus, qui crée des cancers
12:01 et tout un tas de maladies dans la population française.
12:02 - Pour en revenir un petit peu au début, toi, ton rapport aussi avec cette problématique-là,
12:06 comment est-ce que tu en as pris conscience, connaissance,
12:09 et comment tu t'es dit que tu devais te saisir de ce sujet-là,
12:11 et du coup, en parler à l'opinion publique, dans la société,
12:14 et du coup, aussi à essayer d'influencer le pouvoir politique ?
12:18 - En tant qu'activiste, je me pose toujours la question de, à la fois,
12:21 et c'est ce que je préfère en fait, essayer d'influencer avec plein d'autres,
12:24 avec plein d'ONG, plein de scientifiques, plein d'activistes,
12:27 d'influencer sur l'agenda médiatique et l'agenda politique.
12:31 C'est toujours plus puissant, je trouve, quand on arrive à imposer des sujets.
12:36 Mais parfois, il faut aussi regarder quelle va être un petit peu l'actualité législative.
12:40 Quelles sont les lois qui vont être votées pour pouvoir donner notre avis
12:43 et essayer d'obtenir des victoires concrètes dans le vote ?
12:46 Donc là, c'est ce qui s'est passé, c'est-à-dire que j'avais l'équipe de Nicolas Thierry,
12:50 avec lesquelles on avait déjà travaillé sur les fonds marins, qui m'ont dit...
12:52 - Qui est le député écologiste à l'initiative de cette proposition de loi.
12:55 - Exactement. Et ça faisait quelques mois qu'ils essaient de rentrer en contact,
12:58 de me dire "Camille, regarde ça quand même, ce sujet".
13:00 Ça faisait partie des mille choses. Moi, j'étais sur mes fonds marins en Norvège, sur des bateaux.
13:04 Et on me disait "Regarde Dark Waters, Camille, regarde Dark Waters".
13:08 - La film dont on a parlé tout à l'heure, avec Marc Lepalot.
13:11 - Exactement. C'est un film américain,
13:15 qui est sur la question des polluants éternels. C'est une histoire vraie.
13:18 C'est basé sur l'histoire d'un avocat américain
13:21 qui a levé vraiment le scandale au niveau public.
13:23 - Je ne comprends pas tout dans leurs archives.
13:25 On nous cache des choses.
13:27 Ce produit chimique, ça ferait quoi si on en buvait ?
13:29 - En boire ? C'est comme de demander "Et si j'avais la pneue, c'est grave ?"
13:33 - Imaginons que ce qui fait mourir toutes ces vaches,
13:36 c'est quelque chose qui est dans l'eau du robinet.
13:38 - Et c'est sur ce premier entretien avec ce fameux avocat
13:44 où je me suis dit "Mais c'est hallucinant".
13:46 Donc là, j'ai appelé mon téléphone, j'ai dit "Mais il faut faire quelque chose".
13:48 Ils m'ont dit "En fait, dans un mois et demi, il y a une loi qui peut être votée".
13:52 Donc là, c'est à partir de ce moment-là que s'est déclenché la course contre la montre.
13:55 - Tu connaissais un peu ce sujet au départ, des PIFAS ?
13:58 - Pas du tout. - C'est un vocabulaire un peu compliqué, un peu technique.
14:01 - Ah oui, encore PIFAS, c'est la version sympa.
14:04 J'ai passé de nombre d'heures à essayer de me dire PFH, XA, PFT, RDA, PFT.
14:08 Donc à essayer de me dire "Attends, il faut..."
14:09 J'ai encore hier, jusqu'à vraiment 2h du matin, c'est très cliché.
14:13 - On le voit d'ailleurs dans le documentaire, ça qui est intéressant aussi,
14:15 c'est qu'on vous voit un peu galérer à comprendre les termes techniques.
14:18 - On passe des heures, mais là même encore hier, jusqu'à...
14:20 Les indiriels jouent là-dessus.
14:22 Il faut comprendre ça, c'est que la complexité des sujets permet de mettre à distance les citoyens
14:26 pour être sûr qu'on ne se saisisse pas de l'enjeu.
14:29 - Camille, concernant Darkwater, on voit dans le film un personnage qui semble se sentir menacé.
14:33 Donc sa question, c'est est-ce que toi, tu t'es déjà sentie personnellement menacée en lien avec tes combats ?
14:37 Est-ce que ça t'est arrivé aussi peut-être sur ce combat-là face aux PIFAS ?
14:41 - Oui, justement, le reconnaître, j'essaie de voir...
14:45 C'est oui, de manière assez inquiétante, pour être très honnête, sur ce combat particulièrement.
14:50 Je pensais pas à ce point-là.
14:52 - Mais ça ressemble à quoi par exemple ?
14:53 - Mais j'attends de voir ce que je peux dire ou pas, parce que j'ai peur de représailles.
14:56 En fait, il faut quand même se dire que c'est du David contre Goliath, quoi.
14:59 À un niveau stratosphérique, évidemment.
15:01 - Pourquoi ? Comment ça se fait qu'il est plus bien influent ?
15:03 - Parce qu'on est contre des multinationales, on est contre une industrie,
15:05 qui a son armada d'avocats, qui ont de l'argent pour payer des communicants,
15:10 pour avoir des cellules de gestion de crise en communication,
15:14 qui ont leurs entrées avec les ministères de l'Industrie, avec BRC.
15:17 Ce qui est normal, en fait, c'est une industrie.
15:19 Donc c'est normal qu'elle ait des moyens, et c'est normal qu'il y ait des dialogues
15:21 avec ce gouvernement qui gère cette industrie. Je le comprends tout à fait.
15:24 - Parce que moi, très honnêtement, quand je vois ça, je vois aussi que toi, par exemple,
15:28 tu prends beaucoup d'espace médiatique, on te voit souvent,
15:30 t'es aussi très suivie sur les réseaux sociaux,
15:33 t'as une parole qui est très populaire, qui est très relayée.
15:36 Comment est-ce que cette industrie-là, elle arrive à contre-attaquer justement
15:38 la parole de personnalités publiques comme toi,
15:40 qui semble réussir à influencer quand même le débat public ?
15:42 - On essaie, grâce à plein de gens, en fait.
15:44 Tout ce que je fais s'appuie, c'est là notre force, sur le consensus scientifique.
15:48 On fact-check un nombre de fois, vous n'imaginez pas, là encore hier,
15:51 jusqu'à 4 heures du matin, avec des chimistes très houlacés
15:54 qui m'expliquent les choses parce que je veux vraiment être sûre d'être impeccable.
15:57 Et cette exigence, elle m'oblige, vraiment.
15:59 Je suis obligée, de part justement cette fragilité-là,
16:02 ils attendent le moment où je vais relier quelque chose un peu vite,
16:04 pas être sérieuse.
16:05 Donc je suis vraiment extrêmement rigoureuse sur le sujet
16:08 et je travaille avec plein de gens qui sont vraiment des spécialistes
16:11 sur cette question-là.
16:12 Ça, c'est l'avantage de notre côté.
16:14 Après, les menaces, elles sont réelles,
16:16 mais ce n'est pas du tout moi plus que d'autres.
16:18 Quand on regarde l'histoire des algues vertes en Bretagne,
16:22 quand on regarde ce qui s'est passé,
16:24 et Bilotte nous avait prévenu qu'elle allait avoir une contre-attaque
16:27 assez violente potentiellement.
16:29 Mais après, on essaie de se dire qu'il y aura toujours le droit
16:33 et potentiellement des avocats qui seront là pour nous défendre
16:35 si des choses se passent.
16:36 Et sur les menaces physiques, je fais des choix.
16:38 Quand je vois des menaces assez intenses, par exemple cette nuit,
16:41 je décide de ne pas me prendre sur place sur le terrain
16:43 au moment où je voulais aller ou pas.
16:44 Donc ça marche, ils arrivent à nous dissuader.
16:45 - Ah oui, il y a quand même des pressions qui, du coup, font bien peur.
16:48 - Je voulais aller devant l'Assemblée Nationale, là, cet après-midi.
16:51 On avait demandé l'autorisation à la préfecture
16:54 pour avoir accès à cet espace-là.
16:56 Ils nous ont finalement donné une place
16:59 qui était à 20 minutes à pied de l'Assemblée,
17:00 donc c'était un peu moins intéressant.
17:02 À la place, il y a une manifestation de l'entreprise Seb.
17:05 Et moi, je voulais aller rencontrer ces employés en leur disant
17:08 "Mais écoutez, nous, on est du côté aussi bien sûr de l'emploi.
17:12 Simplement, on ne demande pas à une industrie qu'elle disparaisse.
17:15 On rappelle que Tefal produit déjà des poils.
17:17 Il produit des poils sans pifasse.
17:19 Il produit des poils en inox. Ça existe.
17:21 Donc on demande juste à une industrie de se transformer
17:23 sur quelque chose qu'elle fait déjà, pas du tout disparaître.
17:25 Je voulais y aller et bon, les messages en Suisse à nuit m'ont un peu dissuadée.
17:28 Mais c'est normal, ce n'est pas un cas isolé.
17:30 Et voilà, le droit répondra en temps et en heure.
17:32 - Ça ne te fait jamais peur, toi, quand tu as des menaces comme ça
17:34 par rapport à tes combats ?
17:35 - Bien sûr, mais l'avouer, c'est leur faire croire qu'ils ont une puissance.
17:38 Donc je préfère garder mon cap et me dire qu'on tiendra bon.
17:41 Là, on a la chance encore quand même d'être dans une démocratie.
17:44 Quand je dézoome et que je pense un peu à mes amis qui se battent en Ouganda,
17:48 par exemple, les répressions sont bien plus grandes.
17:51 Par contre, il ne faut pas sous-estimer le poids de ces industries
17:54 pour faire plier les votes politiques à des niveaux qui sont vraiment très, très grands.
17:58 Donc voilà, si on est sérieux sur le sujet, il faut quand même se rendre compte de ça.
18:02 - D'ailleurs, ces entreprises, ces usines qui emploient, qui produisent des Pifas,
18:06 vous êtes allées à leur rencontre, en tout cas, vous avez essayé d'aller à leur rencontre.
18:09 Et on le voit, vous l'expliquez dans le documentaire, notamment l'entreprise Kemours.
18:12 Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu cette rencontre qui a difficilement eu lieu ?
18:16 - Oui, alors on a essayé de rentrer en contact avec certains producteurs de Pifas.
18:22 On s'est dit, bon, on voudrait avoir leurs arguments, comment est-ce qu'ils gèrent ça ?
18:27 Et en fait, parce qu'il y a une petite chose rapide à comprendre,
18:31 c'est ce qu'on appelle le substitut regrettable.
18:33 Moi, quand je suis rentrée dans le sujet, je me suis dit, ah super, waouh,
18:35 scandale des poils, PFOA, c'est bon, c'est arrêté,
18:37 parce que quand je regarde ma poile, je vois écrit "sans PFOA".
18:39 Donc je me dis, ils ont géré le truc très bon.
18:41 - On en parlait tout à l'heure, c'est la petite étiquette où il y a écrit "non PFOA".
18:43 - Voilà, on te dit, là, c'est fait.
18:45 En fait, ce qu'on découvre en creusant un petit peu plus loin,
18:47 c'est qu'ils ont toujours cinq coups d'avance sur nous, les citoyens,
18:51 sur les scientifiques, sur le pouvoir public.
18:53 Parce que quand ils changent, en fait, il suffit pour eux de changer
18:55 une des perles du fameux collier des PIFAS,
18:57 ils gardent une molécule de fluor, ils gardent une molécule de carbone,
18:59 ils changent juste ce qu'il y a entre les deux.
19:01 Ils appellent, ils donnent un nouveau nom, c'est un nouveau PIFAS,
19:03 mais celui-ci n'est pas interdit.
19:05 Et après, il faut des années aux scientifiques pour prouver la toxicité
19:07 et des années au pouvoir public pour les interdire.
19:09 Donc, une fois qu'on s'est rendu compte que, ah, il n'y a plus de PFOA,
19:11 mais il y avait ce qu'on appelait de l'adona,
19:13 et que ce n'était pas forcément mieux, c'est juste qu'il fallait longtemps
19:15 pour prouver que c'était aussi toxique.
19:17 Donc, d'où l'intérêt d'interdire tout le collier,
19:19 que ce soit bien clair. On s'est dit, on va aller voir les industries,
19:21 on va aller voir les industries,
19:23 et leur dire, donnez-nous les documents, donnez-nous des informations
19:25 sur est-ce que c'est dangereux ça ou pas. On les a appelés,
19:27 on n'avait aucune réponse, donc on s'est déplacés sur place.
19:29 Et on est arrivé, on a un accueil,
19:31 c'est marqué "accueil Kémour", on est arrivé pour poser une question.
19:33 Une dame est venue nous voir,
19:35 nous disant, bah, oui, oui,
19:37 quelqu'un arrive dans cinq minutes.
19:39 C'est tellement facile d'être journaliste, en fait,
19:41 c'est une investigation, Alice le sait, il suffit de venir,
19:43 et on a la réponse, évidemment, que non.
19:45 Et donc on est arrivé,
19:47 cinq minutes plus tard, c'était très drôle en réalité,
19:49 parce que c'était une buesse comme situation,
19:51 on a eu trois camions,
19:53 ça a duré une vingtaine, une demi-heure peut-être,
19:55 mais pendant dix minutes, on a eu comme ça successivement
19:57 des dizaines de policiers
19:59 qui sont arrivés.
20:01 - Qu'est-ce que vous faites, Hugo ?
20:03 - On fait un reportage, on était venu demander
20:05 un rendez-vous à Kémour,
20:07 c'était quelqu'un de Kémour qui venait le vendredi.
20:09 - Vous, vous êtes qui ?
20:11 - Vous avez une carte d'identité, s'il vous plaît ?
20:13 - Oui. - Les trois.
20:15 Le but, c'est de faire quoi, là, au début ?
20:17 - Là, on voulait... En fait, on a essayé d'appeler l'entreprise
20:19 pour avoir un rendez-vous, on n'a pas eu de réponse,
20:21 donc on voulait savoir s'il y en a qu'un
20:23 pour demander un rendez-vous, simplement.
20:25 - Pourquoi vous filmez de l'extérieur ?
20:27 - Ah, pour faire des images, pour montrer...
20:29 - C'est interdit. - Même à l'extérieur ?
20:31 - Par contre, c'est interdit de filmer sur la public.
20:33 - Vous avez des trucs ?
20:35 - C'est cool.
20:37 - C'est... Cam', je peux vous montrer, si vous voulez, pour ça.
20:39 - C'est cool.
20:41 - Vous avez des trucs ?
20:43 - Oui, j'ai un truc.
20:45 - Dans la dizaine de minutes qui s'écoule,
20:47 il y a deux autres voitures de police qui rejoignent la première,
20:49 donc on se retrouve face à 12 policiers.
20:51 - Et ce qu'on n'a pas raconté dans le documentaire,
20:53 c'est aussi ce qui s'est passé après,
20:55 c'est-à-dire qu'ils nous ont dit... Donc il y a enfin
20:57 quelqu'un de l'usine qui est descendu, qui nous a dit
20:59 "Posez vos questions à l'accueil", sans vouloir nous dire
21:01 qui c'était. On a dit "Bon, bah, on va partir,
21:03 on va donner nos questions à l'accueil, très bien."
21:05 Et puis le policier nous a dit "Non, vous partez tout de suite,
21:07 on ne vous fait pas de questions, au bout de quelques minutes."
21:09 Donc on est partis, on s'est dit "Bon, très bien,
21:11 on ne pose pas de questions, on a allé à l'arrêt de bus pour reprendre notre RER."
21:13 Et en fait,
21:15 la police est revenue une première fois,
21:17 nous a demandé de leur préciser notre train,
21:19 est repartie, est revenue une deuxième fois, nous a demandé de vérifier
21:21 un autre sac. Donc bon,
21:23 c'était une intimidation assez grande,
21:25 qui n'est pas nouvelle, mais qui montre quand même à quel point
21:27 ce secret industriel est protégé de l'information.
21:29 - Il y a une question dans le chat, c'est vrai,
21:31 c'est le pseudo Frank Sinatra,
21:33 qui nous avait posé cette question avant que tu arrives,
21:35 qui voulait savoir comment est-ce que
21:37 ton combat face au PIFAS est
21:39 reçu par les partenaires sociaux ?
21:41 Et donc moi je disais qu'il y avait eu notamment un entretien dans l'Humanité
21:43 avec ce cabinet.
21:45 Est-ce que tu peux nous parler justement de comment
21:47 ce combat est reçu par les partenaires sociaux ?
21:49 Parce que ce qui est aussi la question,
21:51 c'est la question aussi évidemment des emplois.
21:53 - Bien sûr, qui est fondamentale.
21:55 Donc les emplois, en fait, il faut savoir deux choses, c'est que
21:57 la proposition de loi, l'idée c'est de dire
21:59 qu'on interdit l'EPIFAS sur
22:01 toutes les usages qui sont non essentielles,
22:03 c'est-à-dire les choses dont on n'en a pas besoin et dont
22:05 il y a déjà des substitutions. C'est-à-dire en gros
22:07 concrètement, là où on peut faire autrement et où c'est
22:09 pas vital. Parce qu'il y a aussi de l'EPIFAS dans
22:11 par exemple la médecine. Bon ben là on se dit ok, on peut laisser plus de temps
22:13 à la recherche pour trouver vraiment des substitutions.
22:15 Les industriels eux-mêmes, par exemple
22:17 dans le textile, dans les cosmétiques, disent qu'ils sont prêts,
22:19 qu'ils peuvent changer. Donc
22:21 vraiment l'industrie peut être prête.
22:23 On a juste un petit village résistant
22:25 de Gaulois qui s'appelle Tefal, donc,
22:27 qui a décidé, eux, de dire que
22:29 "Branle-Bas de combat contre cette chose-là". Alors qu'ils produisent
22:31 je répète déjà des poêles en céramique,
22:33 des poêles en inox qui sont sans EPIFAS,
22:35 sans polluant éternel dedans. Donc
22:37 ils ont essayé de maguiller ça en disant que c'est un combat écologie
22:39 vs social. Nous on a vu,
22:41 on a essayé de montrer la pression
22:43 qui a été faite sur les emplois en disant "vous allez
22:45 perdre leur emploi" et moi alors là j'aurais fait la même chose.
22:47 Si on me dit "tu vas perdre ton emploi demain à cause de PELO
22:49 qui sont en train de voter des lois", ben moi
22:51 je serais allée quoi, évidemment.
22:53 Donc rappelez quand même que l'industrie n'a pas le droit de faire ça,
22:55 moi je trouve que c'est extrêmement grave d'envoyer
22:57 des ouvriers comme de la chair à canon
22:59 comme ça, en leur donnant des fausses informations
23:01 qu'on a essayé de démonquer avec des scientifiques
23:03 mais évidemment ça prend toujours plus de temps que de dire
23:05 une bêtise plutôt que de prouver que c'est une bêtise.
23:07 Et la dernière chose c'est que
23:09 on a donc fait un grand entretien aussi dans
23:11 l'humanité avec Sophie Biner,
23:13 j'en ai parlé pas mal avec des partenaires de la CGT,
23:15 j'ai eu longuement au téléphone des gens qui travaillent
23:17 chez Tefal qui ne sont pas d'accord
23:19 et juste pour eux c'est difficile d'être vocal parce
23:21 qu'il y a une pression tellement grande,
23:23 une culture de peur qui s'est installée
23:25 donc nous on essaie de les accompagner et c'est que le début
23:27 en fait cette loi, en réalité je pense qu'on va
23:29 essayer de sortir des affaires qui sont assez impressionnantes.
23:31 C'est ce que nous dit Neljac2 dans le
23:33 chat, ce qui peut se nommer du chantage
23:35 à l'emploi. C'est totalement du chantage à l'emploi,
23:37 je trouve ça aberrant et c'est en fait pas nouveau,
23:39 c'est ce qui s'est passé dans le scandale de l'amiante
23:41 par exemple, c'est de dire "si vous ne venez
23:43 pas à Paris manifester contre cette loi, vous allez
23:45 perdre vos emplois" alors qu'en fait c'est à eux
23:47 de se dire "comment est-ce que nous on se transforme pour ne pas
23:49 continuer à faire des poils qui donnent le
23:51 cancer aux gens" c'est quand même complètement linéaire quand on y pense.
23:53 Je trouve ça fascinant.
23:55 Avant de poursuivre sur ce sujet,
23:57 il y a Farozn qui veut interroger aussi
23:59 ta manière de mener ces combats et qui nous demande
24:01 c'est quoi le secret pour mener des combats
24:03 aussi brillamment ?
24:05 Ah bah ça c'est sympa parce que vu le tournant que je me suis pris
24:07 violent, ça fait du bien de...
24:09 On oublie parfois que des gens...
24:11 Oui du coup ça doit aussi être compliqué, comment est-ce que tu fais
24:13 pour du coup persévérer,
24:15 mener toujours ces combats malgré les pressions
24:17 parfois que tu peux recevoir ?
24:19 Très honnêtement c'est les victoires, c'est tout.
24:21 C'est les moments où je me dis "putain ça sert à rien". Quand je vois
24:23 comment on est...
24:25 En réalité les moments où on dézoome, on se dit "mais on est en train"
24:27 quand il se passe des choses...
24:29 Parce que là on peut dire un dixième évidemment parce que c'est le principe du
24:31 lobbying et c'est intéressant de
24:33 pouvoir travailler aussi dans
24:35 une forme de discrétion. Mais quand on voit comment on arrive
24:37 à mettre en branle-bas de combat
24:39 des multinationales, qui reprennent
24:41 en interne nos arguments,
24:43 qui font des réunions de crise le week-end de Pâques pour essayer
24:45 de parler de nos documentaires et de se dire
24:47 "attention à ça, attention à ça, attention à tout ça"
24:49 ils n'arrivent pas à contrôler en fait. Parce qu'on a de notre côté
24:51 quelque chose qui est inarrêtable je trouve.
24:53 Pour moi c'est ce qui est le sens de l'histoire.
24:55 En fait de notre côté, nous tout ce qu'on fait
24:57 c'est pas pour nous qu'on fait les combats. On est payé
24:59 par personne de secret, on n'a pas d'intérêt privé
25:01 autre que l'intérêt commun.
25:03 Et donc ça c'est quand même l'argument massif.
25:05 Alors bien sûr on a moins de pouvoir, moins d'argent, donc c'est plus difficile
25:07 ça prend plus de temps, mais on a quand même
25:09 de notre côté ça. Donc moi ce qui me donne beaucoup
25:11 de force
25:13 c'est de voir tous les gens, c'est qu'il y a une équipe
25:15 en réalité c'est tous les gens qui, jamais on n'arrive
25:17 pas, c'est pas du tout moi, c'est le fait que
25:19 les gens répondent. C'est le fait qu'on en parle, c'est que le fait
25:21 qu'il y ait des employés dans les usines
25:23 même qui disent "mais oulala c'est inquiétant"
25:25 c'est le fait que la population se saisit
25:27 du sujet et s'en inquiète et demande des comptes
25:29 à leurs députés. Et on a envoyé plus de
25:31 55 000 mails avec une ONG qui s'appelle "Génération
25:33 Futur" et en fait on voit la réponse
25:35 des députés qui nous réécrivent, qui sont là
25:37 "est-ce qu'on peut se voir ?" tout ça, mon téléphone n'arrête pas de sonner
25:39 et je trouve ça fou de voir le pouvoir citoyen qui reste
25:41 donc ça, ça me donne un peu de
25:43 force quand même. - Les victoires politiques
25:45 elles se traduisent aussi sur le terrain politique, on va
25:47 en parler. Juste avant il y a une question de Franck Sinatra hyper intéressante
25:49 dans le chat qui nous dit du coup après
25:51 PFOA, PFBS
25:53 c'est quoi le prochain et comment anticiper
25:55 le nouveau produit qu'ils vont nous
25:57 refourguer en changeant une molécule ?
25:59 - Et ben en fait on le connait déjà
26:01 il y en a plus de 14 000, potentiellement
26:03 voire beaucoup plus en fait des polluants internet
26:05 c'est la définition de l'OCDE
26:07 c'est pas moi qui fait comme ça au doigt moyen
26:09 donc c'est entre 10, 12 et 14 000
26:11 il y a des débats selon ce qu'on dit dans la définition
26:13 mais en fait on utilise
26:15 donc le... chaque
26:17 industrie, il faut juste comprendre très rapidement
26:19 il y en a 5 grosses en France en gros
26:21 chacune a leur petite nouvelle PFAS
26:23 à eux, donc ils ont chacun leur petit nom
26:25 donc voilà il y en a, il y a le 6-2 FTS
26:27 pour Arkema, il y a
26:29 l'Adona pour 3M, il y a
26:31 le GenX aussi pour
26:33 pour Kémour et Dupont, donc en fait à chaque fois ils ont un petit nom
26:35 savoir que c'est très difficile d'avoir cette information
26:37 c'est très rare qu'ils donnent
26:39 accès à cette information, on a travaillé
26:41 pendant pas mal de temps avec des data analyst
26:43 alors moi je connaissais pas bien ce métier là
26:45 mais c'est des gens qui sont allés chercher dans plein de rapports
26:47 dans tous des endroits
26:49 où il y avait eu des informations qui avaient pu avoir fuité ou des informations
26:51 qui avaient été publiées, et de faire un tableau pour nous dire
26:53 ok voilà ce qu'on a, voilà ce qu'on
26:55 connait en données, et en fait il y a très très
26:57 peu qui sont connus et donnés
26:59 et en fait ce qu'il faut réaliser c'est que les industriels ne nous donnent pas accès
27:01 à ces connaissances là, on les a
27:03 quand il y a des procès, c'est pour ça que les procès sont importants
27:05 quand il y a des procès et que la décision de justice c'est de dire
27:07 il faut rendre public les archives, il faut rendre public les données
27:09 pour que les scientifiques, les journalistes des investigations
27:11 les pouvoirs publics puissent faire leur travail
27:13 et ben là ça nous aide beaucoup, donc là on a dû aller vraiment les chercher
27:15 à la main et il y a eu un travail de fourmis énorme
27:17 d'une équipe assez géniale
27:19 - Et donc on le disait, on va parler un petit peu de ces
27:21 victoires potentielles en tout cas politiques
27:23 demain arrive à l'Assemblée Nationale
27:25 la proposition de loi de Nicolas Thierry
27:27 - Absolument, il y a eu un groupe écologiste
27:29 qui est porté par Nicolas Thierry
27:31 - Et donc il vise à interdire l'usage non essentiel
27:33 de ces PIFAS
27:35 alors il nous disait
27:37 dans son interview qui paraîtra d'ailleurs demain
27:39 dans Libération, que si elle est votée
27:41 en l'état, la production, l'importation
27:43 et l'exportation d'ustensiles de cuisine
27:45 de cosmétiques, de fartes, on disait le produit
27:47 pour améliorer la guise des skis, ou encore de vêtements
27:49 de tous les jours, seront bannis
27:51 début 2026. On s'imagine
27:53 qu'on est demain, après le vote
27:55 on va s'imaginer deux scénarios, ton scénario
27:57 idéal et le scénario redouté j'imagine
27:59 imaginons que demain cette proposition de loi
28:01 elle n'est pas adoptée, parce que
28:03 notamment on a entendu certains députés macronistes qui commençaient
28:05 à dire qu'ils voulaient peut-être pas voter
28:07 cette proposition de loi. Quelle serait
28:09 ta réaction, la réponse que tu leur
28:11 formulerais si demain cette proposition de loi
28:13 elle n'est pas adoptée ?
28:15 - Je pense que c'est une énorme colère
28:19 une énorme colère qui ne sera pas que la mienne
28:21 c'est vraiment le début, c'est à dire
28:23 que là ils ont ouvert une boîte de Pandore
28:25 soit ils montrent que les pouvoirs publics, face à
28:27 une information qu'ils étaient quand même censés
28:29 savoir depuis un moment, pour moi c'est pas des journalistes
28:31 d'investigation de révéler ça, je trouve ça un peu
28:33 grave en démocratie, mais peu importe
28:35 c'est quand même très important, génial, on avance
28:37 j'aurais pas le luxe du temps de la rancœur
28:39 ce que je veux dire c'est qu'à partir du moment où
28:41 chaque député est capable
28:43 de dire "bon, mea culpa
28:45 on est un peu en retard, on aurait pu saisir du truc plus tôt
28:47 mais maintenant on avance de manière sérieuse
28:49 on écoute le consensus scientifique, on avance
28:51 on protège les français et les françaises
28:53 et ben bingo, on commencera à avancer ensemble
28:55 on ira à l'Europe, on ira essayer
28:57 d'interdire ça dans le monde entier et d'avancer
28:59 vite pour protéger les gens, on aura pas le luxe du temps de la rancœur
29:01 donc si on décide d'être sérieux, on avance
29:03 et c'est très bien, si en revanche, face à
29:05 tout ce qu'on a pu sortir
29:07 face à vraiment la population qui commence
29:09 à prendre conscience du sujet, on a des députés
29:11 qui décident de leur plainguer, d'écouter
29:13 des lobbies de la poêle à frire
29:15 je pense qu'ils ne sont pas prêts à la colère
29:17 qui grandit en fait, et que c'est que le début
29:19 et que du coup on ne les lâchera pas
29:21 et qu'ils devront répondre devant l'histoire
29:23 devant peut-être des tribunaux un jour, parce qu'il s'est passé aux Etats-Unis
29:25 de leur inaction, parce que leur inaction
29:27 elle tue des gens, c'est aussi simple que ça
29:29 - Et imaginons, à l'inverse, demain
29:31 scénario idéal, scénario rêvé
29:33 la proposition de loi est votée
29:35 quelle sera
29:37 ta réaction et quelle est du coup la suite
29:39 du combat, est-ce que le combat continue, est-ce que ça veut dire que c'est bon ?
29:41 - C'est que le début de toujours - Et on est débarrassé
29:43 - Non, non, non, c'est que le début de toujours - Qu'est-ce qui se passe si demain la proposition de loi est votée ?
29:45 - Eh ben, ça me montrera
29:47 qu'en fait on peut avoir confiance
29:49 et que donc ça veut dire
29:51 qu'on peut commencer à travailler sérieusement et qu'on peut aller à l'Europe
29:53 et qu'en effet il faut interdire ça au niveau européen
29:55 mais la France a un pouvoir diplomatique super fort
29:57 et il faut qu'on protège là maintenant, on peut couper le robinet
29:59 on peut décider de couper le robinet, déjà juste pour nous
30:01 les citoyens français tout de suite, donc faisons-le, on ne va pas s'en priver
30:03 et donc si ça marche en France
30:05 déjà ça va faire, j'ai déjà des Belges
30:07 qui sont en train de m'écrire, il y en a des députés d'autres pays
30:09 qui me disent "attends, comment est-ce qu'on peut faire, on peut faire ça aussi chez nous ?
30:11 Est-ce qu'on peut se tenir au courant ?
30:13 Donc en fait, ça va être un effet boule de neige
30:15 donc ils vont devoir suivre, donc là
30:17 c'est juste une boîte de pandore, je pense que
30:19 chaque personne, j'espère en tout cas, qui a entendu parler de ça
30:21 va avoir envie de creuser et va faire comme moi
30:23 va se tomber dans ce vortex, et comme plein d'autres avant moi
30:25 tomber dans ce vortex des polluants éternels
30:27 et se dire "mais c'est quoi ce délire ?"
30:29 et donc une fois qu'on est dedans
30:31 en fait on devient inarrêtable parce que c'est
30:33 vraiment un enjeu de santé publique immense
30:35 - Mais c'est vrai que la réponse de certains députés
30:37 Macronisme pas que, les autres qui
30:39 pourraient s'opposer du coup à cette proposition de loi
30:41 pourraient dire "il vaut mieux attendre l'Europe
30:43 il faut déjà que ce soit décidé au niveau européen
30:45 parce que nous, tout seul, la France, ça sert à rien de lutter"
30:47 Pourquoi est-ce que c'est important de passer
30:49 déjà à l'échelle nationale ?
30:51 - Comme ça on attend que des gens meurent, c'est ça le plan
30:53 c'est quoi ? Je ne comprends pas du tout pourquoi
30:55 Si votre maison est en train de brûler, vous n'allez pas dire
30:57 alors que vous avez un extincteur dans la chambre
30:59 "non mais en fait c'est un, je ne vais pas arrêter le feu dans la chambre
31:01 parce que j'aimerais bien qu'on ait un extincteur
31:03 global qui éteigne d'un coup le feu sur toute la maison"
31:05 Ça n'a aucun sens, c'est vraiment un sophisme
31:07 ça n'existe pas cet argument
31:09 c'est un argument qui est utilisé simplement pour
31:11 donner raison au lobby de
31:13 Tefal, vraiment, c'est uniquement pour ça
31:15 donc bien sûr qu'il faut arrêter au niveau européen
31:17 mais l'un n'empêche pas l'autre, je ne sais pas si c'est écrit
31:19 quelque part dans la loi qu'on n'a pas le droit de faire des lois en France
31:21 si l'Europe ne fait pas les mêmes lois
31:23 au contraire, ça peut envoyer un signal très fort
31:25 et montrer qu'il faut accélérer, donc
31:27 non argument, on peut protéger les Français, on le fait
31:29 c'est tout, c'est ça la responsabilité politique et le courage
31:31 - La question du vote qui arrive demain
31:33 fait beaucoup réagir dans le chat
31:35 il y a pas mal de questions là-dessus, il y en a un
31:37 par exemple qui rebondit sur ce que tu disais tout à l'heure
31:39 "pas le temps de la rancœur" mais c'est pas la première fois
31:41 que nos députés ne choisissent pas le bien commun
31:43 comment est-ce qu'on les fait plier ?
31:45 - Eh bien, mon Dieu, ça c'est une question que je me pose
31:47 50 fois par jour en ce moment particulièrement
31:49 donc on essaye, nous on fait tout pour
31:53 en fait ne nous doutez pas d'une chose quand même
31:55 c'est que quand on va les voir
31:57 en circonscription, c'est très puissant, c'est-à-dire que
31:59 ils sont censés à un moment donné
32:01 être représentés par nous, enfin
32:03 l'inverse, ils sont censés nous représenter
32:05 leur légitimité vient uniquement de nous
32:07 de leurs élus, alors ils l'oublient trop souvent, je suis assez d'accord
32:09 mais de leur rappeler de temps en temps
32:11 ça montre quand même une puissance
32:13 assez grande, c'est assez
32:15 impressionnant de voir en fait ce que ça peut créer
32:17 - Si c'est voté en France, est-ce qu'il y a un risque
32:19 que ce soit invalidé au niveau européen ?
32:21 Une autre question qu'on a dans le chat par rapport à ça
32:23 - Pas du tout parce que l'Europe est en train de se pencher sur le sujet, à simplement
32:25 mettre d'accord tout un tas d'États membres
32:27 ça met plus de temps et la France
32:29 est souveraine, enfin la France
32:31 est souveraine, wow, la fatigue
32:33 est souveraine, souverain
32:35 - C'est la journée qui est de plus en plus longue - Voilà, la journée est très très longue
32:37 on le voit, la France est souveraine, on a le droit
32:39 de décider qu'on protège nos citoyens
32:41 et qu'on interdit à nos usines sur nos territoires de le faire
32:43 et qu'on interdit d'emporter des produits qui donnent
32:45 le cancer à nos populations, vraiment c'est pas
32:47 vrai que l'Europe va empêcher
32:49 quoi que ce soit, au contraire l'Europe est en train de se pencher sur le sujet
32:51 mais c'est un processus beaucoup plus long
32:53 on pourra pas avoir de résultats avant de nombreuses
32:55 années et pendant toutes ces années c'est des
32:57 kilos de pifas qui sont émis
32:59 dans l'atmosphère, dans les eaux et donc dans notre corps
33:01 donc en fait c'est ça qui se joue, c'est tout, on peut se dire on peut faire
33:03 une dernière chose, il y a deux, en fait il y a trois
33:05 petits points dans cette loi, il y a les interdictions
33:07 sectorielles, mais il y a aussi l'idée de faire des tests
33:09 d'eau, donc c'est-à-dire que c'est
33:11 donner la possibilité aux agences
33:13 locales en gros de tester l'eau et donc de savoir
33:15 à quel point la population française est contaminée
33:17 parce que là ce n'est pas tester, vous savez
33:19 que c'est pas du tout obligatoire, donc c'est testé
33:21 très rarement quand il y a des préfectures
33:23 près des usines ou alors, et qui décident de le faire
33:25 eux-mêmes ou alors quand il y a des journalistes
33:27 d'investigation qui le font, mais ce n'est pas tester, donc il faut
33:29 qu'on sache à quel point on est contaminé, si notre
33:31 eau est potable ou pas, c'est quand même ça qu'il s'agit
33:33 et la dernière chose c'est aussi faire payer
33:35 ceux qui ont pollué pendant des années
33:37 des années, c'est-à-dire les
33:39 fameuses usines et leur dire c'est vous, on va faire une taxe
33:41 pour que à chaque fois que vous émettiez
33:43 des pifas, vous devez payer une taxe pour que nous
33:45 on utilise ce fonds pour ensuite
33:47 pouvoir payer la dépollution
33:49 parce que c'est pas à nous les pouvoirs publics et donc
33:51 c'est-à-dire concrètement nous les gens avec nos impôts
33:53 on peut payer la pollution que vous avez mis pendant des années
33:55 - Il me serve dans le chat qui demande également
33:57 quel est ton pronostic demain quant à la possibilité
33:59 que le vote passe
34:01 là on s'en rapproche, tu en tiens
34:03 tu as des retours aussi de certains députés
34:05 on imagine comment est-ce que... - Pour être très honnête
34:07 je change d'avis toutes les 2 minutes et là
34:09 en regardant le téléphone pendant le bug, j'ai vu c'est
34:11 hallucinant ce qui se passe, donc je ne sais
34:13 pas dans quel sens, je pense dans le mauvais
34:15 donc non, ça change vraiment toutes les 2 minutes 30
34:17 et donc c'est pour ça que là jusqu'à demain matin
34:19 en fait tout se joue, donc il faut vraiment
34:21 maintenir la pression très très grande
34:23 je pense que oui, c'est ça que je veux dire
34:25 c'est juste que vous n'imaginez pas le pouvoir que ça a, le poids que ça a
34:27 la mobilisation citoyenne dessus
34:29 donc continuez vraiment si vous voulez
34:31 si vous soutenez cette idée
34:33 continuez à nous soutenir parce qu'en fait ça change vraiment
34:35 - D'ailleurs pour te donner peut-être aussi un peu
34:37 de force, Frank Sinatra dans le chat qui posait
34:39 beaucoup de questions, depuis tout à l'heure
34:41 nous dit "Camille vous incarnez si bien la lutte, on vous remercie"
34:43 - Merci Frank, j'adorerais
34:45 peut-être sûrement aussi bien que le vrai Frank Sinatra
34:47 c'est marrant de voir ça de Frank Sinatra
34:49 - Pour parler aussi également des Etats-Unis
34:51 parce que comme on le disait, le combat face aux pifasses
34:53 a été démocratisé
34:55 aussi là-bas aux Etats-Unis, notamment
34:57 par la voix de Robert Billotte, donc cet avocat
34:59 qui s'est saisi un petit peu de cette problématique
35:01 en premier en tout cas
35:03 nous, qui en a fait
35:05 parler en Occident
35:07 on le voit dans le documentaire, vous l'avez
35:09 interrogé, Robert Billotte, vous vous êtes entretenu
35:11 avec lui, avec Solal Moisan, qu'est-ce qu'il vous a
35:13 appris de son combat à lui
35:15 que vous avez pu récupérer aussi
35:17 et utiliser pour votre combat à vous aussi en France
35:19 - Tout, parce qu'en fait c'est au tout début
35:21 qu'on l'a rencontré, donc moi j'étais
35:23 là en disant "du coup c'est quoi les poils
35:25 pifasses ?" vraiment j'étais au tout début du sujet
35:27 donc lui nous a fait gagner beaucoup de temps
35:29 déjà, mis en relation aussi avec
35:31 j'ai pu être mis en relation avec certains chercheurs
35:33 aux Etats-Unis qui sont plus avancés sur les sujets
35:35 parce qu'ils ont des moyens, parce que
35:37 le scandale a éclaté plus tôt
35:39 donc j'en ai pu en parler avec des gens qui travaillent
35:41 à Harvard notamment
35:43 donc ça, et
35:45 oui, et aussi l'élan
35:47 parce que cet homme a une capacité complètement dingue
35:49 en fait son histoire est folle parce que lui c'est pas un activiste écolo
35:51 du tout, lui il travaillait à la base
35:53 pour l'industrie chimique pendant des années
35:55 son but c'était justement au contraire
35:57 de travailler pour l'industrie chimique pour défendre
35:59 des molécules
36:01 chimiques, et c'est parce que sa grand-mère lui a
36:03 dit "oui, dans notre village d'enfance il y a
36:05 un petit gars, un paysan, qui a un truc bizarre
36:07 qui se passe avec ses vaches, faudrait que tu ailles voir, il vaut un avocat"
36:09 et lui a dit "oui mais tu sais bien grand-mère
36:11 que c'est pas mon sujet, enfin moi je suis pour l'industrie
36:13 chimique, je travaille pour eux, je suis pas avocate, paysan
36:15 comme ça, c'est pas mon domaine quoi"
36:17 et il a fini par plier parce que les grands-mères sont fortes
36:19 donc il l'a rencontré et en fait il a mis
36:21 la main sur un scandale de santé publique énorme
36:23 donc c'était assez fou de voir que voilà
36:25 c'est vraiment Robert Bilotte, avocat, très sérieux
36:27 c'est pas le premier
36:29 militant qu'on peut l'avoir, c'est pas nous quoi
36:31 donc c'était drôle de se dire "ok, on est un truc qui est un peu
36:33 sérieux quand même, il y a beaucoup de gens qui
36:35 ont une légitimité plus
36:37 grande malheureusement qu'une jeune femme dans l'espace public
36:39 qui le disent, et donc voilà
36:41 avant de poursuivre sur l'exemple des Etats-Unis
36:43 qui est important et intéressant aussi pour comprendre
36:45 tous les enjeux qui sont les
36:47 nôtres ici en France et en Europe
36:49 on a une autre question de ce fameux Frank Sinatra
36:51 très actif dans le tchat qui nous demande, et c'est vrai que c'est intéressant
36:53 on parlait tout à l'heure du coup
36:55 du vote à l'échelle nationale en France
36:57 on parlait aussi de l'importance que ça pouvait avoir pour
36:59 insuffler aussi un espèce de
37:01 vent en cette faveur à l'échelle européenne
37:03 et donc il nous demande, là dans quelques mois il y a les
37:05 européennes qui arrivent, pour qui il faut voter pour aller
37:07 dans le sens de ce que tu défends
37:09 il nous demandait, alors on imagine que tu ne vas peut-être pas nous le dire
37:11 pour qui est-ce que toi tu voterais ?
37:13 Non, je ne vais pas prendre nos exhumérations pour faire ça
37:15 en tout cas
37:17 ce que je peux dire et ce que
37:19 nous on va faire c'est aussi de regarder, il y a pas mal d'ONG
37:21 qui publient, je trouve que la meilleure chose
37:23 en fait c'est de regarder les actes
37:25 et ce qui tombe bien dans
37:27 le sujet européen c'est qu'en fait
37:29 il y a pas mal de gens qui se représentent et en fait on peut regarder
37:31 les votes, moi je le vois quand je passe
37:33 du temps au Parlement européen en faisant du lobbying
37:35 en allant, enfin, faire le lobbying
37:37 c'est juste aller voir députés pour les alerter
37:39 d'un sujet en fait, et d'y aller avec des scientifiques
37:41 et d'essayer de se battre pour que ça avance
37:43 et donc je vois aussi en fait
37:45 ce qui se passe derrière les paroles
37:47 et ce qui est assez intéressant c'est de regarder
37:49 les votes, il y a pas mal d'ONG qui le publient
37:51 en disant par exemple l'ONG Bloom sur les océans
37:53 elle attribue une note globale en disant
37:55 sur tel tel tel sujet voilà ce qu'ils ont voté
37:57 pendant le mandat précédent
37:59 donc je trouve que c'est la meilleure manière sur laquelle s'appuyer
38:01 c'est de regarder si oui ou non il y a eu une
38:03 concordance entre leurs paroles
38:05 et le fait qu'ils ont été présents, qu'ils ont travaillé
38:07 qu'ils ont pu voter, faire des votes
38:09 qui vont dans le sens des idées qu'on défend
38:11 Pour en revenir à l'exemple
38:13 des Etats-Unis, l'avocat Robert Billotte
38:15 ce qu'il explique c'est que déjà 1) ça a mis beaucoup de temps
38:17 à imprégner l'espace public
38:19 cette question, cette problématique
38:21 d'épiphase et 2) que voilà en effet
38:23 on en parlait, les industries qui
38:25 utilisent ces substances chimiques ont vraiment
38:27 contre-attaqué pour essayer de ne pas faire interdire
38:29 ces produits chimiques. Et ce qu'il se passe
38:31 sur ces deux choses, ces deux axes, la même chose
38:33 en France. Et comment tu l'expliques déjà
38:35 aussi et surtout que ça met autant de temps
38:37 à imprégner l'opinion publique et la société ?
38:39 Ça c'est assez fou et inexplicable
38:43 peut-être je dirais
38:45 si on dézoome c'est aussi cette
38:47 on parle d'infobésité parfois
38:49 c'est qu'en fait il y a tellement
38:51 de choses qui se passent et tellement on est dans
38:53 un forme de brouhaha continu avec
38:55 parfois tellement peu d'informations intéressantes
38:57 et importantes en réalité qui sortent
38:59 Moi c'est ça qui me fascine, c'est ce que je trouve le plus beau
39:01 dans ce que j'essaie de faire dans mon quotidien
39:03 ce qui me fascine le plus c'est de me dire "Waouh"
39:05 en fait il y a des choses où j'ai des scientifiques, des journalistes
39:07 d'investigation, des gens qui m'alertent d'un scandale
39:09 et je me dis "Mais comment ça se fait ?"
39:11 Alors que des fois c'est sûr, il y a un travail
39:13 sur les polluants internels ça a été
39:15 il y a des journalistes d'investigation, Emilie Rousseau
39:17 par exemple, Stéphane Aurel au Monde
39:19 il y a Verdeurage avec Martin Bordeaux
39:21 qui ont travaillé dessus donc il y a des gens qui ont déjà
39:23 relevé ces scandales mais ça date de il y a 5 ans
39:25 au maximum et
39:27 donc déjà c'est en retard par rapport aux Etats-Unis
39:29 et même aux Etats-Unis ça a pris beaucoup trop de temps
39:31 en fait juste on rappelle que c'est utilisé depuis
39:33 les années 30, ça fait plus de 70 ans
39:35 ça va
39:37 bientôt fêter les 100 ans
39:39 d'épiface et pourquoi
39:41 est-ce que ça sort que maintenant ?
39:43 Donc là bon, ça c'est une question mais l'enjeu pour moi
39:45 c'est plutôt de se dire "Comment est-ce qu'on fait pour que ça prenne ?"
39:47 Maintenant on peut se dire "C'est quand même complètement fou comment ils ont réussi à
39:49 étouffer le scandale"
39:51 mais une fois que le scandale sort il faut vraiment
39:53 qu'on compte sur les gens aussi pour maintenir
39:55 la pression et pas que les rédactions se disent
39:57 "Bon bah voilà c'est un petit sujet d'un moment
39:59 et puis on passe à autre chose" Non c'est vraiment l'amiant
40:01 de notre génération donc tant que
40:03 c'est pas interdit, tant qu'on est pas protégé de ça il va
40:05 falloir continuer à en faire un sujet
40:07 et là ce qui est génial pour le coup c'est qu'on a plein de journalistes
40:09 qui commencent à dire "Mais attendez on va mettre notre
40:11 service d'investigation dessus, notre service
40:13 d'enquête dessus, des gens qui nous écrivent"
40:15 Donc moi j'ai pas mal de témoignages
40:17 de gens qui ont travaillé pour l'industrie qui me disent
40:19 "Donc moi je sais pas quoi en faire tout le temps, je suis un peu submergée
40:21 par ça donc je l'envoie aussi à des journalistes d'investigation"
40:23 Donc là on commence à s'organiser, c'est ce qui fait peur à l'industrie je pense
40:25 - Alors il y a certains pays en Europe
40:27 qui sont sortis de ces pifasses
40:29 où est-ce qu'on en est ? Quels sont les bons exemples aussi
40:31 qu'on pourrait suivre nous, la France ?
40:33 - Il y a le Danemark par exemple qui a décidé d'interdire
40:35 en 2020 sur les emballages plastiques
40:37 L'Union Européenne s'est penchée vraiment sur le sujet, là ça va arriver
40:39 - Ça d'ailleurs c'est pas dans la proposition
40:41 de loi de Nicolas Thierry, les emballages alimentaires
40:43 ça a été retiré - C'est un sapel
40:45 du compromis je pense
40:47 Et après l'Europe en réalité travaille déjà
40:49 dessus, ça doit être interdit l'Union Européenne
40:51 l'année prochaine, tu vois bien
40:53 Tant que c'est jamais fait, moi je suis jamais... tant qu'on n'est pas sûr sûr
40:55 je vois là leur capacité
40:57 à très vite retourner des votes donc j'attends quand même de voir
40:59 Mais oui
41:01 le Danemark par exemple,
41:03 on l'interdit dans les emballages plastiques
41:05 et ils vivent très bien, ils arrivent encore à manger
41:07 les Danois je crois, ils en sont pas morts
41:09 ça montre que ça peut marcher, la Nouvelle-Zélande aussi pendant qu'on travaille
41:11 l'ont interdit, je crois que c'est dans les cosmétiques
41:13 aux Etats-Unis, ça avance aussi
41:15 donc il y a certains Etats qui l'ont interdit
41:17 donc ça peut se faire - Bon et bien les exemples
41:19 existent, réponse demain
41:21 quant à ce que fera la France avec cette proposition
41:23 de loi qui arrive à l'Assemblée Nationale
41:25 qui a été initiée par Nicolas Thierry
41:27 tu es venue nous en parler Camille ce soir
41:29 ici dans le Twitch de Libération, merci beaucoup
41:31 d'avoir pris du temps - Merci pour l'amitié
41:33 - Ton marathon continue, il a déjà
41:35 commencé ce matin et continue encore
41:37 aujourd'hui puisque tu défends et tu essayes
41:39 d'en parler un petit peu dans les différents médias
41:41 merci beaucoup d'avoir pris le temps d'être venu avec nous
41:43 merci Lothiar d'avoir aussi joué le jeu avec nous
41:45 pour toutes ces questions, on espère avoir répondu à toutes les questions
41:47 que vous vous posiez, pas de panique
41:49 si vous en avez encore d'autres, on va tout de suite
41:51 libérer Camille qui doit partir et nous on continue
41:53 ensemble le stream un petit peu pour terminer
41:55 ce sujet, on se retrouve dans quelques
41:57 petits instants, merci encore Camille
41:59 - Merci beaucoup à vous et puis à bientôt
42:01 à demain en tout cas et puis regardez
42:03 la fameuse enquête, j'ai hâte de lire l'article qui va sortir
42:05 dans l'Ebay - Ça serait la une, demain de Libération
42:07 on en parle tout de suite, on fait une petite pause et on se
42:09 rejoint à tout de suite
42:11 [silence]
42:13 [silence]
42:15 [SILENCE]