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"Mettra-t-on de l'eau dans notre vin ?"
C'est le titre d'une conférence organisée ce jeudi à l'Institut Agro de Montpellier.
Conférence organisée par Vinseo, une association qui rassemble plus d'une centaine d'experts de la filière viticole en Occitanie.
Dans l'intitulé du titre de la conférence, on aura compris qu'il sera question une nouvelle fois de changement climatique.
Plusieurs intervenants vont se succéder tout au long de la journée pour évoquer les différents aspects de la question.
Et parmi eux, Luigi Moio, président de l'Organisation Internationale de la Vigne et du Vin.
L'OIV est une organisation qui rassemble plus de 500 experts du vin, de diverses nationalités, et qui compte une cinquantaine d'états membres.
Il était notre invité ce jeudi matin.

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Transcription
00:00 titre d'une conférence organisée ce jeudi à l'Institut Agro de Montpellier.
00:04 Je pense qu'une nouvelle fois on va parler de changement climatique.
00:08 - Oui, et cette question n'est pas qu'au sens figuré, elle est au sens propre aussi.
00:11 Et on va expliquer pourquoi en accueillant notre invité.
00:14 - Louis de Gimoglio, président de l'Organisation Internationale de la Vigne et du Vin.
00:17 - Bonjour Louis de Gimoglio. - Bonjour.
00:18 - Merci d'être venu nous rejoindre.
00:20 Fait partie d'une série d'intervenants effectivement
00:23 qui aujourd'hui dans le cadre des grandes conférences de Vince et Eau
00:28 vont se poser effectivement la question de l'avenir du vin par rapport au changement climatique.
00:33 Je rappelle juste que Vince et Eau est un acteur clé sur ces problématiques.
00:39 Conférence aujourd'hui à l'Institut Agro de Montpellier.
00:42 Vince et Eau c'est une association qui rassemble plus d'une centaine d'experts de la filière viticole en Occitanie.
00:47 Mais vous, vous représentez le vin sans frontières.
00:50 Louis de Gimoglio, puisque l'organisation que vous présidez rassemble plus de 500 experts
00:56 et je crois une cinquantaine d'Etats membres.
00:58 Et j'imagine que la question du vin et du changement climatique, on ne se la pose pas qu'en France.
01:04 Louis de Gimoglio.
01:05 - Non, c'est un problème effectivement dans tous les pays producteurs.
01:10 Aujourd'hui c'est dans les dernières années, les problèmes principaux que l'on discute même dans l'EEV.
01:16 C'est une organisation intergouvernative à caractère scientifique
01:22 et qui a une longue histoire diplomatique et scientifique.
01:29 - Diplomatique parce que vous dépendez des Nations Unies directement je comprends.
01:33 - Non, c'est une organisation intergouvernative indépendante.
01:36 C'est à dire, elle est née ces juste 100 années.
01:42 On va fêter le centenaire de la prochaine année en France avec même le nouveau siège à Dijon.
01:49 Et donc elle est née pour résoudre des problématiques scientifiques avec la phylloxère.
01:55 Vous savez, au début du siècle on avait des problèmes et donc sans frontières,
02:00 on doit discuter entre pays pour aborder ces problèmes.
02:04 Et aujourd'hui je pense qu'après 100 années, on est à une autre fois en face d'un problème qui est d'intérêt mondial.
02:13 - Parce que les problèmes rencontrés par les viticulteurs français ne sont pas les seuls à les rencontrer aujourd'hui ?
02:20 - Oui, on va discuter avec les français, mais les problèmes des français, c'est les problèmes des italiennes,
02:25 c'est les problèmes des allemands, c'est les problèmes des espagnols,
02:28 c'est les problèmes de tous les principaux pays producteurs et même de tous les nouveaux.
02:32 - Le titre de la conférence de Vinceo "Devra-t-on mettre de l'eau dans notre vin ? Pourrait prêter à sourire ?"
02:37 c'est une vraie question, c'est une question centrale.
02:39 On risque de manquer d'eau demain, les viticulteurs risquent de manquer d'eau ?
02:42 - Le problème ce n'est pas mettre de l'eau dans le vin.
02:45 Effectivement, je pense qu'on a la sensation que dans cette dernière année, et ça, ça passe très vite,
02:51 ça change la perception de le vin dans la société.
02:55 C'est ça le problème, parce qu'il y a une évolution de la société,
02:58 et donc le vin, il doit même peut-être s'adapter bien sûr.
03:02 Et après, il y a tous les problèmes liés à le changement climatique,
03:06 à l'augmentation de la température, etc.
03:11 Donc c'est tous des problèmes que je pense qu'il faut aborder de façon logique,
03:15 et de façon technique et scientifique.
03:18 - Et quand Vinceo, la conférence à laquelle vous participez aujourd'hui, pose la question en ces termes
03:22 "Devra-t-on mettre de l'eau dans notre vin ?" c'est aussi de manière figurée,
03:25 c'est-à-dire qu'il va falloir qu'on change de modèle de réflexion par rapport à la production du vin ?
03:29 C'est ça aussi que ça veut dire quelque chose ?
03:31 - Je pense que ça c'est un titre provocateur, parce que maintenant on parle même,
03:35 on a ce problème de l'alcool, on discute toujours des idées,
03:39 des "décondits", de cette vague hygiéniste, pour le problème de l'alcool, etc.
03:45 Et donc on a une petite demande qu'elle va augmenter des vins désalcoolisés,
03:51 donc sans alcool, et donc c'est provocateur, on met de l'eau dans le vin.
03:57 Ça c'est une chose effectivement importante pour le futur et pour le marché,
04:01 parce que comme je vous le disais, ça va changer cette perception,
04:04 mais je pense qu'il faut garder par exemple le vif et le nez pour protéger l'intégrité du vin
04:12 et la liaison avec les terroirs.
04:14 Ça c'est un aspect important, il faut communiquer, c'est un problème cultural,
04:18 il faut communiquer à la nouvelle génération qu'est-ce que c'est le vin.
04:23 Parce que le vin, le fascine de le vin au niveau mondial, c'est lié à sa diversité.
04:28 Pour moi c'est un paradigme de diversité, parce qu'il est lié à les différents terroirs.
04:33 Et les différents terroirs, les différents aréas de production,
04:37 ils donnent même un valeur à cette extraordinaire boisson.
04:41 - Luigi Mozzio, on en parlait encore il y a deux jours avec le président du syndicat des vignerons de l'eau,
04:45 d'une grande manifestation des viticulteurs du Midi de la France,
04:48 va avoir lieu la semaine prochaine.
04:50 On évoquait la baisse de la consommation du vin en France.
04:53 Est-ce qu'on l'observe aussi en Italie par exemple,
04:56 mais dans d'autres pays de l'Union Européenne producteurs de vin aussi ?
04:59 Ça a tendance à baisser la consommation ?
05:01 - Ça a tendance à baisser la consommation, parce que comme je le disais,
05:03 elle va changer très vite la société, c'est ça le problème.
05:06 On n'a plus cette transmission à l'intérieur de la famille,
05:09 on n'a plus un consomme, par exemple dans la famille traditionnelle,
05:14 entre guillemets, quand on mange tout ensemble à tout rentable,
05:18 aujourd'hui il y a un consomme plus occasionnel.
05:21 Dans le passé, on consommait et on mangeait tout ensemble avec une bouteille de vin.
05:25 Et là ça va tout changer.
05:27 Donc les jeunes, ils consomment à l'extérieur,
05:31 et l'idée peut-être qu'on a dans la tête,
05:36 c'est justement cette idée que va passer d'hygiénisme, des produits naturaux, etc.
05:42 - Et vous, vous luttez contre ça ?
05:44 - Non pas lutter, c'est un problème d'information.
05:46 Par exemple, l'énotourisme, c'est un instrument très important, je pense,
05:52 mais il faut le faire de façon pédagogique.
05:54 Nous avons besoin de former...
05:58 - Ici c'est le cas, en Occitanie, dans le département du Rhone, l'énotourisme se développe.
06:02 - Exactement, il faut le faire très sérieusement, parce qu'il faut faire découvrir,
06:07 parce que nous, ma génération, on a découvert ça, peut-être à l'intérieur de la famille,
06:11 c'est mon père, ma grand-père, etc.
06:13 Parce que, surtout en France, en Italie, en Espagne,
06:17 on est né dans des pays où on a les vignes.
06:21 Mais il y a aujourd'hui un consomme d'un pays où on n'a pas les vignes,
06:25 on ne connaît pas les vignes, et nous-mêmes, on a perdu ce contact avec la nature.
06:29 - Il y a un peu un paradoxe dans cette histoire,
06:31 parce que l'énotourisme promeut évidemment un vin de qualité,
06:34 qui dit vin de qualité, dit forcément un prix.
06:37 Comment allier le côté financier du prix du vin ?
06:40 Parce que quand on veut se payer une bonne bouteille,
06:42 ben voilà, on veut se payer une bonne bouteille,
06:44 mais la consommation n'augmente pas forcément.
06:48 Vous parliez du vin qu'on partageait en famille, le vin qu'on partageait dans le repas,
06:52 c'était du vin qui n'était pas toujours de très bonne qualité.
06:54 Comment concilier les deux, l'aspect économique et l'importance de la production, de la consommation ?
07:00 - L'aspect économique, il faut expliquer que si on veut mener cette stratégie,
07:10 par exemple, si on pense à l'agroécologie, le problème de respect de l'agroécologie, la nature, etc.,
07:19 cette façon de faire le vin, il y a un coût là.
07:22 Et donc, effectivement, il faut faire voir tout ça.
07:26 Et donc, je disais, ramener les personnes dans la nature et dans les vignes,
07:31 c'est montrer ce nouveau monde.
07:33 Parce qu'effectivement, je disais, il y a ce problème de transmission générationale.
07:37 Même pour gérer les domaines et même pour travailler dans la terre.
07:42 Parce qu'aujourd'hui, il y a un autre problème.
07:44 Parce qu'il faut former et il faut pousser, il faut faire tomber amoureuse,
07:50 à notre foi, les gens de la nature, de la terre.
07:54 On ne peut pas qu'ils le disent et idéaliser tout ça.
07:58 Et après, tout le monde, justement, on vit dans les métropoles et on est dans les grandes villes.
08:04 Il faut faire découvrir à notre foi tout ça et cette valeur.
08:08 Merci Luigi Moyo, président de l'OIV, l'organisation internationale du vin, de la vigne et du vin.
08:14 Vous participez donc à cette grande conférence "Vin et climat" aujourd'hui à l'Institut Agro de Montpellier.
08:20 Merci d'être venu au micro du 6/9 de France Bleu Hérault ce matin.
08:24 Bonne journée à vous, bonne conférence.
08:26 Merci à tous.
08:27 Vous retrouvez cette interview sur le site internet francebleu.fr
08:30 Vous écoutez le 6/9.

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