TOUCHE PAS À MON POSTE : 100% médias, 100% darka !
Du lundi au vendredi à 18h45 sur C8.
Tous les extraits et émissions de "Touche pas à mon poste" sont à retrouver sur MyCANAL : https://www.canalplus.com/c8/tpmp/touche-pas-a-mon-poste
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00:00 Merci Pierre Botton d'être avec nous. On rappelle qui est Pierre Botton.
00:02 Pierre a été condamné deux fois pour abus de biens sociaux.
00:04 Une fois dans les années 90, puis une seconde fois en 2020.
00:07 T'es un génie, Pierre.
00:10 Tu nous disais la dernière fois "C'est ça que j'aime, moi j'adore ta franchise".
00:12 Tu nous as dit "Ouais, je l'ai refait en 2020".
00:15 Pierre c'est le mec le plus franc que je connaisse.
00:18 C'est ça que j'aime chez toi.
00:21 Ça va mon Pierre ?
00:21 - Ouais, très bien.
00:22 - T'es en forme là, maintenant t'es bien ?
00:23 - Très bien.
00:24 - T'es tranquille. Alors il y a le doc qui passe ce soir.
00:26 Je sais que t'as passé beaucoup de temps pour faire ce doc.
00:28 C'est vraiment un projet, je sais que tu m'en parles depuis des semaines et des semaines.
00:32 Ce projet, et là ça y est c'est ce soir.
00:34 Donc vous allez pouvoir découvrir ce doc qui va être, je vous dis, un énorme carton.
00:37 Il a passé énormément de temps, Pierre, à travailler là-dessus.
00:42 Chaque épisode de votre documentaire commence par un message
00:45 expliquant que l'administration a refusé de participer à ce film
00:47 et vous a refusé de tourner en prison.
00:51 Pourquoi ils ont refusé ?
00:52 - Bah, il suffit de regarder le doc.
00:54 Il y a beaucoup de documentaires qui sont faits par des tas de gens,
00:59 qui sont des documentaires très convenus, avec l'aval de la pénitentiaire.
01:04 Mais c'est pas un reproche, mais moi je sais de quoi je parle,
01:08 je sais de ce que j'ai vécu.
01:09 Donc j'ai voulu vraiment montrer la prison telle qu'elle est,
01:13 telle qu'elle est vécue, et puis surtout essayer de sensibiliser les Français
01:19 parce que je pense qu'une partie de leur sécurité se joue en prison.
01:22 Voilà, donc ça m'apparaît très très important.
01:24 Donc il y a des images que l'on n'a jamais vues.
01:27 Il y a l'image d'une livraison de drogue par drone, on ne l'a jamais vue.
01:32 - On va avoir des images, vous allez voir, on va vous le montrer dans un instant.
01:36 Juste quelques questions, c'est quoi le plus dur en prison ?
01:39 - L'oisiveté, le fait que le temps ne passe pas.
01:43 Le temps ne passe pas, c'est d'ailleurs très très dommage
01:45 parce que tout c'est...
01:47 Aujourd'hui, et je le comprends, les Français veulent mettre tout le monde en prison.
01:51 C'est la réponse à tout, à tous les problèmes, on met en prison.
01:55 Mais est-ce qu'on se pose la question de à quoi est utilisé ce temps ?
01:59 Est-ce que ce temps est utilisé pour que les gens sortent meilleurs
02:04 ou ayant appris quelque chose ?
02:06 Et malheureusement pas, et c'est là où il y a une conséquence pour les Français.
02:10 C'est-à-dire que là, on en a vu qu'il y avait encore eu des règlements de compte à Marseille
02:16 avec de plus en plus de dommages collatéraux, donc ça passe comme ça.
02:21 Ces gens qui font ça, ils sont passés en prison, puisqu'ils ont tous un casier judiciaire.
02:26 Donc ils sont passés en prison et ils sont ressortis et ils ont recommencé.
02:31 Ce qui montre bien que la prison telle qu'elle est effectuée actuellement est inefficace.
02:35 Et grâce au doc, grâce au bouquin aussi que j'ai écrit,
02:39 j'essaye d'envoyer un message aux Français,
02:43 intéressez-vous aux prisons parce que c'est votre sécurité qui est en jeu.
02:47 Et si vous ne vous y intéressez pas, les politiques ne s'y intéresseront pas
02:51 parce que ça ne rapporte pas de voix.
02:52 Alors dans ce documentaire, plusieurs détenus et ex-détenus se sont confiés.
02:55 Ils ont notamment parlé des téléphones.
02:57 Selon eux, quasiment tous les détenus ont un téléphone en prison. Regardez.
03:02 Il y a même des gens qui doivent avoir au moins 3 ou 4 téléphones dans leur cellule.
03:07 C'est interdit effectivement, mais comme vous voyez bien sur les réseaux,
03:11 la plupart, sur TikTok surtout, comme vous m'avez trouvé,
03:14 la plupart, ils ont tous des téléphones.
03:16 On est à peu près à 1100 détenus, là où je suis,
03:19 on doit être allé à 800, 850 détenus avoir un téléphone.
03:23 Je sais que les surveillants, ils le savent très bien, les chefs, ils le savent très bien.
03:26 Mais du moment où tu ne fais pas le bordel avec, ça ne te portera pas à préjudice.
03:31 - Alors c'est essentiel d'avoir un téléphone en prison.
03:35 - Alors il y a juste trois choses.
03:38 La première, les chiffres officiels de l'administration pénitentiaire,
03:40 c'est 40 000 téléphones saisis par an.
03:44 Et il y en a toujours autant, premier.
03:46 Deuxièmement, pourquoi ?
03:47 Parce que le téléphone officiel, le téléphone légal,
03:51 qui est fait par une entreprise allemande,
03:53 coûte pour un détenu aux alentours de 300 euros par mois.
03:56 Donc c'est juste impossible.
03:58 Et la troisième chose, que je reviens à mon premier propos,
04:04 vous savez qu'il y a eu malheureusement un assassinat de professeur Haras.
04:09 Et on a découvert que cet assassin était en relation avec deux détenus au téléphone,
04:16 dont un à la prison de la santé radicalisée,
04:18 prison dans laquelle j'ai été il y a un an.
04:20 Donc quand je dis que les prisons, c'est la sécurité des Français, c'est la réalité.
04:27 Il faut vraiment que les Français en prennent conscience.
04:29 L'administration pénitentiaire a complètement lâché.
04:32 - Alors dans ce documentaire, vous évoquez aussi le sujet des drones.
04:35 Comme vous avez dit il y a un instant, de plus en plus démocratisé.
04:38 Regardez cet extrait en plus, qui m'a fait rire.
04:42 - Je suis en train de regarder la télé, je regarde des séries d'Allemagne comme tous les soirs.
04:46 Et là j'entends un drone qui passe.
04:49 Je me dis ah ouais, ok, ça va loin.
04:53 Ils sont forts, franchement ils sont très très forts.
04:55 Mais moi, tant que détenu, je me dis, c'est qui qui s'est dit, tiens, je vais tester un drone.
05:01 - Je l'embrasse, il nous regarde tous les soirs.
05:03 Donc voilà, c'est vrai que c'est mon extrait préféré du doc.
05:06 - Non franchement, c'est fou les drones, c'est incroyable.
05:09 - C'est incroyable, c'est un fléau.
05:10 Alors on ne peut pas les arrêter, parce qu'il y a beau avoir des filets, il n'y en a pas partout.
05:14 Ça passe, mais pour vous vraiment, c'est la nouvelle méthode de livraison des drogues en prison ?
05:18 C'est très répandu les drones ?
05:20 - Alors Gilles, tant que c'est de la drogue qu'elle passe par les parloirs,
05:24 qu'elle passe d'une façon ou d'une autre, oui.
05:26 Mais aujourd'hui, la grande angoisse de la pénitentiaire, c'est des armes.
05:30 La prochaine étape, c'est que des armes vont passer par des drones.
05:33 Et la question que je pose, c'est va-t-il falloir qu'un surveillant soit assassiné
05:39 pour qu'on se rende compte de ce qui risque d'arriver ?
05:42 Donc la prochaine étape, c'est celle-ci.
05:44 Et je suis désolé, ce n'est pas une étape qui va arriver dans 10 ans.
05:49 C'est une étape qui va arriver très rapidement.
05:51 Les prisons sont peuplées de gens qui sont de mauvais garçons.
05:55 Et donc, il y en a, on le voit, il y en a qui sont radicalisés, qui veulent sortir à tout prix.
06:02 Il y a un gars qui a pris 30 ans, il veut sortir à tout prix.
06:04 Donc voilà.
06:06 - Oui, Clara.
06:07 - Vous parlez du temps.
06:08 Et je suis d'accord, ce temps pourrait être vraiment utilisé de façon bénéfique.
06:13 Mais quelles sont vos idées ?
06:14 Parce que vous ne pensez pas qu'un développement personnel, c'est personnel ?
06:17 Et avoir envie de grandir, avoir envie d'apprendre, d'évoluer,
06:21 c'est justement un choix tellement personnel.
06:23 Qu'est-ce qu'on pourrait faire justement de tout ce temps, selon vous ?
06:26 - Clara, j'ai vu une émission dans laquelle vous parliez de votre propre cheminement.
06:30 Et ça m'a beaucoup touché, puisque moi, j'ai vécu pratiquement le même.
06:34 Mais je...
06:37 - Tu vas devoir avoir la carrière.
06:38 - Je dis...
06:40 - Tu dois nous péter des trucs, Pierre.
06:42 - Je n'ai pas le physique, Cyril. Je n'ai pas le physique.
06:45 Mais ni la souplesse.
06:46 - J'ai surtout choisi de ne pas aller en prison, mais allez-y.
06:49 - Mais non, essentiellement, là encore, je dis qu'il faut que tous les Français s'en occupent.
06:53 C'est-à-dire que je pense que...
06:54 Je suis pour qu'il y ait une sanction.
06:56 Et je suis pour même que les gens restent en prison le soir.
06:59 Mais la journée, vraiment, je pense que si on avait des gens,
07:03 des boulangers qui s'occupent, qui acceptent de donner un métier,
07:06 des agriculteurs, vous voyez ?
07:08 Mais des agriculteurs où...
07:10 - Les former dans la vraie vie.
07:11 - Oui, mais surtout que les détenus seraient apportés pas de salaire, rien.
07:15 Ils seraient apportés pour apporter des aides aux artisans.
07:18 Un détenu dans une cellule, ça coûte 100 euros par jour.
07:22 - Le problème, c'est l'évasion.
07:24 - Non, l'évasion.
07:25 Et je vous assure une chose, Clara.
07:27 Vous laissez la porte ouverte, il y a 90 % des détenus qui ne la prennent pas.
07:31 - Parce qu'ils savent qu'ils vont y retourner.
07:33 - Non, non, non, parce qu'ils n'ont pas envie.
07:34 - Mais je comprends ce que vous dites, et en plus, c'est passionnant.
07:36 Et effectivement, vous expliquez bien que finalement,
07:39 la prison fabrique de la délinquance,
07:40 ce qui est encore pire quand elle ressort la 2e fois.
07:43 Mais malgré tout, nous, ici, on commande souvent des décisions de justice.
07:46 Et on dit tout le temps...
07:46 - On va en commenter une.
07:47 - Oui, laxisme, laxisme, laxisme.
07:49 Oh là là, il est sorti.
07:50 La prison, vous vous rendez compte, un récidivisme, tout ça.
07:52 Donc en fait, ce que vous dites, j'entends.
07:54 Mais est-ce que vous pensez que les Français sont capables de l'entendre et de l'accepter ?
07:58 - Oui, je pense qu'il faut leur expliquer.
08:00 - Parce que quand il y a du karting en prison,
08:01 je pense que les Français, ça les vénère, en fait.
08:03 - Non, non, ils ont raison.
08:04 Ils ont raison, je suis tout à fait opposé à ça.
08:06 Je suis tout à fait opposé à ça, je vous le dis franchement.
08:08 Je suis tout à fait opposé à ça.
08:10 En revanche, je suis pour que les détenus...
08:13 Moi, je suis pour que les détenus aillent dans les hôpitaux, par exemple.
08:15 Aillent dans les personnes âgées, mais retournent en prison le soir.
08:17 - Les détenus, les trafiquants de drogue ?
08:19 - Non, enfin...
08:20 - Les agents violents, quoi.
08:21 - Vous parlez bien, petite peine.
08:21 - Non, non, excusez-moi, mais là, je suis très représentatif des détenus.
08:24 J'en suis pas fier, d'ailleurs.
08:26 Mais moi, tout ce qui est délinquance sexuelle, crime de sang, je parlais pas en prison.
08:31 - On est d'accord.
08:32 - Donc franchement, ça, pour moi, voilà, j'ai un discours qui est très...
08:39 Vraiment un discours de détenu.
08:41 Je pense qu'il y a des classifications à faire.
08:43 Là encore, l'administration ne veut pas les faire.
08:45 Donc on mélange tout, puisque, je l'ai dit lors de la dernière émission,
08:48 j'étais avec le complice de l'assassin de Samuel Paty.
08:50 Je ne sais pas ce que j'avais à faire avec lui.
08:52 Mais... Ou avec un cannibale, ou bon, peu importe, c'est pas grave.
08:55 Mais je suis pour que ces classifications existent.
08:59 Et c'est très important, parce que...
09:01 - Nous, on pense que c'est le cas, en fait.
09:03 - Non, non, c'est pas du tout le cas.
09:04 - C'est incroyable.
09:04 - Alors, c'est pas du tout le cas.
09:05 - Un voleur est avec un violeur.
09:07 - Oui, bien sûr, bien sûr.
09:08 Et avec un dealer, et ainsi de suite.
09:10 Et d'ailleurs, dans le doc, il y a un détenu qui explique bien
09:15 comment il est arrivé à la grande délinquance, en prison.
09:19 Mais pour revenir, je pense vraiment que les petites peines
09:23 doivent non pas être aménagées, je pense,
09:25 et je disais ça par rapport à Jacques la dernière fois,
09:28 il faut qu'il y ait une sanction qui soit à la prison.
09:29 Mais le problème, c'est qu'est-ce qu'on fait en prison ?
09:32 Et là, les gens qui vont avoir la gentillesse de regarder ce doc,
09:36 ou qui vont avoir la gentillesse de lire mon livre,
09:38 vont s'apercevoir que le temps en prison ne sert à rien.
09:41 Et je pense que les Français, ils sont tous off-bet.
09:43 Tous off-bet.
09:44 Ils ont des yeux, ils regardent.
09:46 Et ils disent, les gars, ils ressortent, ils recommencent.
09:48 Ça sert à quoi ?
09:49 Donc, mis à part le fait de nous faire plaisir
09:52 et de dire, il va en taule, OK, il ressort.
09:56 Il ressort.
09:57 Et le but de la société, c'est qu'il ressorte autrement.
10:01 Et nous devons tous...
10:02 Alors moi, je suis un très mauvais exemple,
10:04 puisque je suis un délinquant, mais financier.
10:06 Mais donc, nous devons tous avoir cette tâche
10:10 et de dire, comment je peux faire ?
10:11 Est-ce que je ne peux pas prendre un mec ?
10:14 Et puis, autre chose, par exemple.
10:15 Vous avez des gens comme Big Flo et Olly,
10:18 Orelson, Ninho, Jules, Orelson, Ninho.
10:22 Vous avez toute cette jeune génération d'acteurs.
10:27 Ils devraient aller une demi-journée en prison pour leur parler.
10:32 – Chim ?
10:33 – Alors, dans ce documentaire,
10:36 vous évoquez aussi le sujet de la drogue en prison.
10:37 Et certains détenus ou ex-détenus déclarent
10:40 qu'elle est complètement tolérée.
10:41 Regardez.
10:42 – C'est qu'ils fument à l'extérieur, en fait.
10:45 Ils continuent, enfin, ça continue à l'intérieur.
10:47 Je ne veux pas dire que c'est illégal,
10:48 mais c'est toléré pour que les détenus violents
10:51 ne soient pas très violents.
10:53 Et pour que ceux qui sont trop excités,
10:55 ils les laissent tranquilles, en fait.
10:56 Ils vivent leur vie sans leur prendre la tête à eux.
11:00 – Voilà, donc ça, c'est un extrait assez fort.
11:03 Pourquoi la drogue, elle est autant tolérée en prison ?
11:05 – Ben non, mais là, enfin, là encore, je vous prends un témoin, vous.
11:08 Enfin, si vous avez un endroit clos, la drogue rentre de tous les côtés.
11:13 Si vous voulez la sortir, vous la sortez.
11:15 Donc c'est toléré.
11:16 Je compare souvent l'administration pénitentiaire
11:18 à l'Education nationale avant l'intervention de Gabriel Attal.
11:21 C'est la règle de "pas de vagues".
11:23 Il ne faut pas de vagues.
11:24 Donc un détenu shooté ou un détenu drogué, ben c'est mieux qu'un…
11:29 – Les détenus prennent beaucoup de médicaments en prison, ou pas ?
11:31 – Énorme.
11:31 – Non, quoi. Antidépresseurs, immunifères, peut-être pour dormir.
11:34 Je ne sais pas si je peux donner les marques, mais je peux y aller.
11:37 Imovane, Ibovadro, Hypnol, Lexomil, ça y va, quoi.
11:41 – C'est quelque chose qui t'aille chaud, t'as vu ?
11:43 – Vous compreniez, vous ?
11:44 – Pardon ? Non.
11:45 La première fois, oui. La deuxième fois, non.
11:47 La première fois que je suis allé en prison, il y a 25 ans, oui.
11:49 La deuxième fois, non.
11:50 – Vous dormiez la nuit ?
11:51 – Ouais, on dorme avec le bruit.
11:53 Si, le doc le montre très très bien.
11:55 Une prison, c'est tout le temps du bruit, du bruit, du bruit.
11:59 Tout le temps, tout le temps, tout le temps.
12:01 C'est comme un match de foot, un public de foot avant un match.
12:06 – Non, vraiment, ah ouais, quoi, il y a toujours un…
12:08 – C'est impossible de dormir, voilà, c'est comme ça.
12:11 – Il y a des rats ?
12:12 – Ouais, il y a tout.
12:14 Non, mais il y a tout.
12:15 Là, vous voyez, Cyril, je ne veux pas rentrer dans ce débat-là,
12:18 je vais t'expliquer pourquoi.
12:19 Parce qu'il y a des rats, il y a des gens qui n'ont pas d'argent aujourd'hui,
12:22 la vie est très dure pour les Français,
12:23 et il y a des gens qui ont des problèmes d'hygiène
12:27 dans leur immeuble, dans leur immeuble et tout ça.
12:29 Et ils n'ont rien fait.
12:31 Vraiment, je ne veux pas rentrer dans ce débat-là.
12:34 À la limite, on a fait des erreurs, on les paye, il y a des rats,
12:38 il y a des punaises, il y a tout ça.
12:39 Bon, ok, je répète, aujourd'hui, malheureusement,
12:42 c'est le quotidien de beaucoup de Français.
12:44 Non, ce que je souhaiterais, c'est qu'ils voient la réalité de la prison,
12:50 qu'ils prennent conscience que ça ne sert à rien,
12:52 qu'ils prennent conscience également que c'est un endroit de non-droit.
12:58 C'est-à-dire que c'est un endroit où, normalement,
13:00 on met des gens qui n'ont pas respecté la loi,
13:02 donc elle devrait être respectée à l'intérieur.
13:04 Absolument, personne ne la respecte.
13:06 Et ensuite, qui disent "qu'est-ce qu'on peut faire,
13:10 comment on va faire autrement".
13:11 – Je souligne, avant de vous évoquer aussi le sujet des règlements de comptes
13:14 et de la violence en prison, pour certains, cette violence est inévitable.
13:17 Regardez.
13:18 – Bagarre, bagarre de groupe, bagarre en cellule, ça m'est arrivé.
13:22 Des fois, le co-détenu a une mauvaise humeur, il parle mal avec sa bouche.
13:26 La prison, c'est un endroit où il n'y a pas d'issue.
13:29 Avec des murs, quatre murs, t'es enfermé, 22h/24.
13:33 Au bout d'un moment, quand vous côtoyez quelqu'un pendant 3, 4, 5, voire 6 mois,
13:37 il y a des tensions qui peuvent se créer pour n'importe quoi,
13:39 pour une cigarette, pour une feuille.
13:41 Du coup, il parle mal, je parle mal.
13:43 Au bout d'un moment, ça reste la prison.
13:44 C'est un cercle où il y a beaucoup de violence,
13:46 du coup, la violence reprend le dessus.
13:47 J'ai évité au maximum, mais des fois, il n'y a pas le choix.
13:52 – Il faut écouter le 22h/24, ça veut dire quelque chose.
13:55 Imaginez-vous, 22h/24, enfermé dans un endroit où vous n'avez rien.
14:01 – Est-ce qu'il y a des pays où ils réussissent à appliquer ces règles,
14:06 essayer de former les prisonniers, de leur apporter quelque chose ?
14:10 Est-ce qu'il y a un meilleur modèle ailleurs ?
14:12 – Suède, Norvège, Danemark, tous les pays du Nord.
14:15 D'ailleurs, je ne pense pas révéler quelque chose,
14:19 mais je pense que la chaîne va avoir la gentillesse de me confier,
14:23 justement, après avoir fait le constat, de me confier quelles sont les solutions.
14:28 – Exactement.
14:28 – C'est ce qu'on vous souhaite, parce que ça ferait du bien à tout le monde.
14:31 – Il y a beaucoup d'agressions en prison ?
14:32 – Énormes.
14:34 Agression de surveillants, agression entre détenus, énormes, absolument énormes.
14:38 C'est le monde de la violence.
14:41 – Mais il y a des protections de certaines personnes vis-à-vis des surveillants, etc. ?
14:46 – Non.
14:47 Alors très honnêtement, il y a l'isolement, oui,
14:50 mais il y a une règle qui fait qu'on ne peut pas rester à l'isolement trop longtemps.
14:54 Et la prison, si on veut vous trouver, on vous trouve.
14:57 Donc franchement, si on veut vous trouver, on vous trouve.
14:59 Si on veut faire rentrer quelque chose, on le fait rentrer.
15:02 – Oui.
15:03 Vous aviez une protection particulière ?
15:05 – J'ai eu, pendant les 15 premiers jours,
15:07 j'ai trouvé ça assez ridicule parce que les détenus se rappelaient
15:09 de ce que j'avais fait pour eux.
15:11 Et j'ai dit, je raconte ça dans le livre, je croise le directeur de la prison,
15:17 et je lui dis, écoutez, je trouve que c'est ridicule,
15:19 je me balade avec trois zélaks, c'est trois armoires à glace,
15:22 je trouve ça ridicule, je ne risque rien.
15:24 Et il me dit, ici, ce n'est pas vous qui décidez, M. Botton.
15:27 – Très bien.
15:29 – Oui.
15:29 – Quel est le type de délinquant pour lequel vous seriez plus conciliant
15:34 pour aller dans le sens de votre raisonnement ?
15:36 On a bien compris que tout ce qui relevait du…
15:39 – Alors tout ce qui est délit routier ?
15:42 – Bien sûr.
15:43 – Parce que là aussi, je veux dire quelque chose.
15:45 Non, non, attendez, je veux dire quelque chose.
15:47 – C'est là où c'est compliqué à entendre.
15:48 – Non, non, attendez, tout dépend du délit routier.
15:51 S'il y a meurtre, non.
15:52 – Oui, voilà.
15:53 – Mais je veux dire aux Français une autre chose,
15:56 c'est qu'on pense que la prison n'arrive pas qu'aux autres.
15:59 Et ça, c'est faux.
16:00 Car aujourd'hui, avec les délits routiers, ça arrive aux autres.
16:02 On a tous des enfants qui…
16:06 Vous savez que je crois que c'est un chiffre,
16:07 30% des adolescents ont touché à la drogue.
16:10 Un problème avec un dealer, vous ne savez pas ce qui peut arriver.
16:13 Un problème en sortant de boîte de nuit, un problème sur la route.
16:18 Vous faites une queue de poisson, le gars sort,
16:21 vous ne savez pas ce qui peut arriver.
16:22 L'alcool, la conduite sous stupéfiants,
16:25 je ne veux pas parler d'un cas qui vient là.
16:28 – Ça représente combien de personnes, tous ces délits mineurs ?
16:31 – C'est la majeure partie.
16:32 – Ah oui ?
16:33 – Oui, bien sûr, c'est la majeure partie.
16:35 Tout ce qui est lié à la drogue, c'est la majeure partie.
16:36 – Sachant qu'on dit qu'il manque à peu près 20% de places
16:39 en prison actuellement en France.
16:41 – Il manque beaucoup plus.
16:42 – Dans les films et dans les séries,
16:43 on voit toujours que les détenus même modèle
16:44 se font inévitablement tabasser.
16:46 Est-ce que c'est une réalité ça aussi, un cliché ?
16:48 – Non.
16:49 – C'est-à-dire qu'on ne se fait pas toujours tabasser ?
16:50 – Non, si on ne veut pas se faire tabasser, on ne se fait pas tabasser.
16:53 C'est une règle de société très dure, très violente,
16:56 mais vous pouvez être menacé.
16:58 Voilà, moi j'ai eu cette fois-ci peur pour ma sécurité.
17:02 – Vous n'y retournerez plus du coup ?
17:04 – On va essayer.
17:05 – On va essayer.
17:06 – On va essayer, Claire, on va essayer.
17:09 – Je vous le souhaite.
17:10 – On va l'occuper, il va faire des docs et il va…
17:12 [Rires]
17:14 – On va essayer.
17:15 – C'est pour ça qu'on lui donne du travail.
17:17 Remarquez, j'y retourne tous les 25 ans, Clara, donc la prochaine fois…
17:20 – Non mais quoi, il y a eu quoi toi Pierre ?
17:22 Quoi, tu t'es fait emmerder ?
17:24 – Ah oui, oui, oui, mais pas par des gens qui étaient radicalisés.
17:28 – Oui.
17:29 – Par des gens qui étaient radicalisés, j'ai entendu quelque chose,
17:32 je ne l'ai pas admis, je n'ai pas compris, je ne l'ai pas admis,
17:37 et oui, bien sûr, j'ai été clairement menacé par des détenus radicalisés.
17:44 – Les deux frères, non ?
17:46 – Pardon ?
17:47 – Les deux frères, non ?
17:48 – Oui, bon, ce n'est pas important.
17:50 Mon cas personnel, vraiment, mon cas personnel est peu important,
17:53 je suis là, tout va bien, ce qui est très important,
17:55 c'est que les Français prennent conscience de ce qui se passe
17:58 et de surtout qu'ils agissent par rapport à leur sécurité.
18:02 – Tu parlais de radicalisation en prison, les chiffres sont impressionnants,
18:05 mais la question que tout le monde se pose c'est,
18:07 est-ce que le système carcéral en fait, en fait assez pour éviter tout cela ?
18:11 Regardez, un détenu nous raconte.
18:13 – Il y a un gars, on le sait qu'il est rentré là, il est fiché S, il est radicalisé.
18:17 Le chef du bâtiment, il est venu nous demander carrément,
18:19 nous les détenus, de surveiller un peu ces gars-là.
18:21 On est partis voir le chef, on lui a dit "écoutez, lui, il fuit".
18:25 Il commence à indoctriner les autres.
18:28 Et ils l'ont pris, ils l'ont sorti de notre étage,
18:30 ils l'ont mis dans l'étage des plus faibles encore.
18:32 Oh putain, malheur ! Au bout de trois mois,
18:35 ils ont transformé la salle d'activité en mosquée par la caméra.
18:39 Les surveillants, ils le voyaient tous.
18:41 Ils se sont tous habillés en leur tenue traditionnelle.
18:44 Ils se sont dit "il se passe un truc".
18:46 Ils sont allés voir, ils ont tous chopé en train de faire leur prière.
18:49 Voilà.
18:50 – Ça, c'est un des moments les plus impressionnants auxquels j'ai assisté.
18:55 C'était en été.
18:57 Comme je l'ai dit, une prison, c'est énormément, énormément,
19:01 énormément, énormément de bruit.
19:04 Notamment le soir, vers 20h.
19:06 Et à 20h, il y a eu les premières notes d'un appel à la prière.
19:11 Donc avec d'énormes bafles.
19:13 Donc il faut savoir, on doit savoir d'où ça vient quand même.
19:17 Et c'est très très impressionnant parce que vous avez le brouhaha,
19:20 comme dans un stade, imaginez-vous un stade avant un match de foot.
19:25 La première note, c'est le silence.
19:28 – C'est plutôt bien.
19:29 – Toute la prison se tait.
19:36 – Quelque chose qui est respecté.
19:38 – Cette prière-là, respectée.
19:40 – Vous avez aussi demandé à un détenu comment il faisait
19:41 pour avoir des relations sexuelles en prison.
19:43 Regardez.
19:44 – En prison, c'est tout un art.
19:46 On a 45 minutes, 15 minutes avant la fin,
19:48 je sais qu'il va refaire sa deuxième ronde.
19:50 J'ai ce petit créneau-là, il faut y aller.
19:53 On avait demandé un collant exprès.
19:55 Il y a une ouverture au niveau du sexe,
19:58 et elle met sa robe ou une jupe ou même un short, peu importe.
20:01 Elle rentrait, soit elle allait avec son short et elle restait en collant,
20:05 ou soit elle restait en jupe.
20:07 Après des fois, comme moi, je me suis fait attraper en train de faire l'amour.
20:11 Mais le survivant, il me connaît.
20:14 Franchement, il me dit, ça se fait pas, mais ne recommence pas.
20:17 Et bon, bien sûr que je suis dans un monde interdit.
20:20 Comment tu peux me dire de ne pas recommencer ?
20:22 – C'est incroyable.
20:23 Alors comment ça se passe ?
20:24 On n'a pas bien compris.
20:26 – En parloir, c'est pas quelque chose de nouveau
20:29 de savoir qu'il y a des bébés parloirs.
20:31 – C'est mieux ça plutôt que se droguer ?
20:33 – Oui, ça dure moins longtemps.
20:35 – Ça dépend.
20:36 – Au parloir, c'est courant.
20:40 – Alors, ça, c'est ce que je n'ai pas pu filmer,
20:43 mais je le raconte dans le livre.
20:46 En fait, il y a plusieurs techniques.
20:48 Vous dites, c'est mon ami qui vient.
20:50 Donc vous dites au surveillant, en le regardant droit dans les yeux,
20:53 vous lui dites, aujourd'hui, c'est mon ami qui vient.
20:57 Donc vous le regardez bien droit dans les yeux.
20:59 Soit il vous dit, ok, donc ça veut dire qu'il accepte.
21:03 Et je dois dire, forcément, la plupart des surveillants acceptent.
21:07 Soit il vous dit, ben oui, c'est pas important.
21:13 Et puis ensuite, il y a une vraie solidarité entre détenus.
21:16 Donc quand vous dites aux détenus qui sont avec vous en parloir,
21:20 c'est des petites cabines, vous dites, aujourd'hui, c'est ma copine.
21:24 Il y en a un qui va sans doute demander quelque chose au surveillant à un moment.
21:28 Et essayer d'attirer les surveillants le temps que…
21:33 Je dis très honnêtement, très peu de détenus le font
21:37 parce qu'ils trouvent que ce n'est pas respecter leur femme.
21:42 Très peu, franchement très peu.
21:44 Très peu le font. Il y en a qui le font.
21:46 D'autant plus que maintenant, dans toutes les prisons,
21:48 dans la plupart des prisons, il y a ce qu'on appelle un parloir familial.
21:52 Et on peut avoir accès à ça.
21:54 Mais généralement, on réserve tout ça plutôt à nos enfants,
21:58 à être avec nos enfants.
22:00 – Et il y a des histoires d'amour ou pas en prison ?
22:02 – Oui, bien sûr, il y a des histoires d'amour dans tous les côtés.
22:04 Donc tout ce que tu peux imaginer, Cyril, il y a.
22:07 – Ah oui, c'est vrai ?
22:08 – Oui, c'est médical, médical détenu, détenu surveillant,
22:11 surveillant, surveillant, détenu, détenu, tout ce que tu peux imaginer, il y a.
22:15 C'est un endroit clos et c'est un endroit…
22:18 – C'est vrai, c'est fou.
22:20 – Non, non, vraiment, tout ce que tu peux imaginer, il y a.
22:22 – Ah, c'est fou, ah oui.
22:24 – Il y a d'ailleurs de très très belles histoires.
22:26 Visiteur de prison, visiteur de prison détenu, voilà.
22:31 – Avocat.
22:32 – Avocat, tout à fait, Jean-Michel.
22:34 Il y a avocat, ça c'est souvent, avocat détenu, oui, ça arrive très très souvent, monsieur.
22:42 Non mais vraiment, tout ce que tu peux imaginer,
22:44 laisse libre cours à ton imagination, tu peux y aller.
22:46 – Non, non, t'inquiète, t'en mérites.
22:48 Et toi, non, toi jamais ?
22:50 – Non, non.
22:51 – Tu n'étais pas tombé amoureux, même pas d'un…
22:53 – Moi j'avais, j'ai perdu, mais j'avais.
22:55 J'avais en prison et j'ai perdu en prison.
22:57 Je le raconte dans le livre d'ailleurs, parce que c'est une chose qui est importante.
23:00 – C'est ça.
23:01 – C'est important, c'est très très important de savoir que parfois,
23:05 les familles, les relations se disloquent en prison, c'est difficile.
23:08 – C'est quoi, ça s'est terminé parce que tu étais en prison ?
23:11 – Ça s'est terminé parce que je préfère que les gens lisent le livre.
23:16 C'est plus facile, si tu veux, de l'écrire que de le raconter.
23:18 – C'est la chute du livre.
23:19 – Non, non, c'est pas la chute, mais c'est vrai.
23:21 – Ouais, c'était compliqué.
23:23 – C'est quelqu'un que tu connais.
23:24 – Je sais, je sais, je sais, mon pire.
23:26 Bon, on se retrouve ce soir.
23:28 – Pardon ?
23:29 – Ce soir, juste après TPMP.
23:30 – Ouais.
23:31 – Vraiment, c'est très très lourd.
23:32 Franchement, je vais regarder dès ce soir.
23:33 – Ah ouais ?
23:34 – Merci mon Pierrot d'être venu nous voir.
23:36 – Merci, merci Cyril.
23:37 – Merci.
23:38 [Musique]