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Sarah est résidente d'un foyer LGBTQIA+ : une situation dont elle est reconnaissante, mais qui n'est pas tous les jours facile à vivre. Elle nous confie son histoire.

Sarah jour le rôle de Princesse dans l'Arche de Noé, un film réalisé par Bryan Marciano et en salle ce mercredi 22 novembre !
Transcription
00:00 Quand t'es en foyer, généralement t'as pas le contrôle sur ta vie en fait.
00:02 Tu vas où ? On t'envoie.
00:04 Tu cherches du travail là où il y a.
00:06 Oui, il m'a servi vraiment ce foyer.
00:08 Si je l'avais pas, je crois que je serais morte.
00:11 Bonjour, je m'appelle Sarah, j'ai 24 ans.
00:14 J'ai été placée dans des foyers depuis l'âge de 19 ans.
00:17 Je suis là pour en parler.
00:18 Alors, je me suis retrouvée en situation de précarité très tôt
00:21 due à mon homosexualité à l'époque.
00:25 Ma famille n'a pas accepté et d'une certaine manière,
00:27 c'était une charge pour eux que je ne voulais pas leur imposer.
00:30 Alors, j'ai pris la décision de partir de chez moi très tôt.
00:33 J'avais 17 ans à l'époque.
00:35 J'ai été hébergée, accompagnée par des amis,
00:40 à un moment un copain de l'époque.
00:43 Je savais déjà que j'étais une personne transgenre.
00:45 J'ai dû entamer ma transition assez rapidement
00:48 car je devais aller travailler,
00:49 je devais me sortir les doigts du cul comme on dit.
00:52 Je ne pouvais pas le faire avec un physique masculin.
00:54 J'ai débuté les foyers à l'âge de 19 ans.
00:58 À ce moment-là, je me retrouve à la rue avec toutes mes affaires
01:01 et je n'ai pas d'autre choix de me pointer en bas du refuge à République.
01:08 Le refuge m'accueille et ils se sont occupés de moi durant 9 mois.
01:14 Moi, dans mon cas, c'est le refuge de Paris
01:17 qui accompagne des jeunes LGBTQIA+
01:21 qui se retrouvent en situation de précarité de 18 à 25 ans,
01:25 généralement pour des raisons de rejet familial.
01:29 Le foyer ne m'a pas aidée pour ma transition.
01:32 Par contre, ils m'ont aidée pour ma survie.
01:35 C'est-à-dire qu'à ce moment-là, vraiment,
01:37 je n'avais pas de quoi me nourrir,
01:40 je n'avais pas de quoi me loger.
01:43 Oui, il m'a servi vraiment ce foyer.
01:45 Si je ne l'avais pas, je crois que je serais morte.
01:48 Alors voilà les accompagnements dans les foyers.
01:50 Généralement, on essaye de t'aider au niveau des démarches professionnelles,
01:55 des démarches médicales aussi.
01:57 L'accompagnement est là, mais il faut qu'il soit renforcé.
02:01 En fait, le problème, c'est une question d'argent.
02:04 Les foyers n'ont pas de ressources.
02:06 Et donc voilà, les accompagnements tentent d'être le mieux fait,
02:11 mais je pense qu'il y a encore beaucoup de choses à faire.
02:13 Mon premier foyer OGT m'a redirigée vers un foyer pour femmes battues
02:18 parce qu'à l'époque, c'était ce que je vivais.
02:21 Donc j'étais dans des situations assez compliquées.
02:24 Je ne travaillais pas.
02:25 J'ai eu peut-être trois, quatre mois d'enfer
02:28 où j'ai tourné dans ma chambre et je me suis tout remis en question.
02:32 On est hyper jugé, on est hyper stigmatisé au niveau du travail.
02:35 C'est assez compliqué quand tu te dis que tu viens d'un foyer aussi.
02:38 Les gens te regardent super mal.
02:41 Tu es considéré comme une SDF.
02:43 Et voilà, c'est assez dur parce que quand tu es en foyer,
02:45 généralement, tu n'as pas le contrôle sur ta vie.
02:47 Tu vas où on t'envoie.
02:49 Tu cherches du travail là où il y a.
02:51 Voilà pourquoi je me casse la tête autant,
02:53 c'est que je veux trouver un moyen pour me sortir de ma situation au plus vite
02:57 et ne plus être dépendante des foyers parce que c'est super cool
03:01 quand on a besoin et je les remercie d'avoir été là pour moi.
03:04 Mais actuellement, ça m'emprisonne en fait.
03:07 J'ai envie de partir, mais quitter le foyer,
03:10 actuellement, ce n'est pas possible.
03:11 Pour moi, l'âge de Noé vraiment représente bien la vie
03:15 que les jeunes LGBT vivent en foyer,
03:17 qui moi, pour ma part, qui ai vécu pendant quasiment 9 mois dans un foyer.
03:21 Moi, je crois en Dieu.
03:23 Je crois qu'il y a autre chose après ce monde.
03:25 Enfin, j'espère.
03:26 Sinon, c'est triste.
03:27 Moi, je suis d'accord avec toi Elsa.
03:29 Je pars du principe que mieux vaut croire et
03:32 on verra là-haut directement ce qui se passera.
03:34 Ça sert à quoi de ne pas croire ?
03:37 Pourquoi il t'a mis dans une galère alors ?
03:39 S'il existe.
03:41 Comment ça ?
03:42 Il ne t'a pas fait ce que tu voulais être.
03:43 Mais moi, je veux être comme ça.
03:45 Moi, je suis d'accord avec toi.
03:45 Regarde, il t'a fait dans un corps que tu ne voulais pas.
03:47 Tu es tous les jours en train de souffrir,
03:49 de devoir te piquer, prendre des hormones,
03:50 être insultée et au final,
03:52 être même pas vraiment ce que tu voulais être à la naissance.
03:55 Donc pourquoi tu y crois en fait ?
03:56 Je pense qu'il m'a fait femme comme ça.
03:58 Avec une bite,
04:00 des hormones,
04:02 des opérations.
04:02 Des galères.
04:04 Oui, des galères, mais au final, du bonheur.
04:06 Ce qui est assez comique dans l'histoire,
04:08 c'est que moi, j'étais en foyer au moment où on m'a castée
04:11 pour jouer une actrice dans un foyer.
04:14 Genre, c'est drôle quand même.
04:15 Je ne sais pas.
04:16 Tu ne trouves pas ?
04:17 Mais c'est vrai qu'à des moments,
04:19 dans ma tête, ça chauffait.
04:21 Parce que tu rentres,
04:22 toi, tu es dans ta chambre, tu es enfermée
04:24 et tu sais que tu vas aller travailler.
04:27 Et au final, ce que tu vis au travail,
04:30 c'est ce que toi, tu vis chez toi.
04:31 Ça veut dire que les autres avaient leur vie.
04:34 Et voilà, je devais rentrer et moi,
04:37 encaisser le coup de ma chambre,
04:40 ma petite prison.
04:42 Ça a été un peu une catharsis pour moi,
04:43 dans le sens où j'ai mis toute ma folie d'enfance
04:46 dans ce personnage.
04:47 Je jouais un rôle, mais pour moi,
04:50 c'était vraiment l'état d'âme dans lequel j'étais
04:53 quand moi-même, je me suis retrouvée en foyer.
04:56 C'est-à-dire que, d'une certaine manière,
04:58 l'actrice que je jouais,
04:59 je m'étais un peu de moi, même beaucoup.
05:01 [SILENCE]

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