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À l’occasion du festival "Chéries Chéris", Iris Brey, réalisatrice, journaliste, autrice, et critique de cinéma française, est venue nous parler de sa nouvelle série SPLIT ainsi que de la sous représentation du cinéma lesbien ️‍

La 29e édition de "Chéries Chéris" a lieu du 18 au 28 novembre !
11 jours pour découvrir une riche programmation de fictions, documentaires et courts-métrages LGBTQIA+ dans les cinémas.

La série SPLIT réalisée par Iris Brey sera disponible dès le 24 novembre sur France TV.

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Transcription
00:00 ça peut être un soulagement et une joie d'être lesbienne.
00:02 Je m'appelle Iris Bray, je suis la réalisatrice de la série Split
00:06 qui sort le 24 novembre sur France TV Slash
00:08 et je viens parler de la visibilité des lesbiennes dans les médias,
00:12 et au cinéma, et dans les séries.
00:13 Je pense que le cinéma lesbien, il est méconnu du grand public
00:17 parce qu'on a manqué d'œuvres qui ont pu vraiment
00:20 fédérer un grand nombre de personnes.
00:22 Je pense par contre que pour les séries,
00:24 on a connu un grand succès qui est The L Word
00:27 et je pense que c'est plus à travers le médium sériel
00:29 qu'on s'est fait connaître.
00:30 Pourquoi est-ce qu'on a très peu de récits lesbiens au cinéma ?
00:33 Je pense que c'est parce que nos récits sont considérés
00:37 comme minoritaires, comme des sujets niches
00:40 et comme des sujets qui ne pourraient pas intéresser
00:44 les spectateurs et les spectatrices hétérosexuelles,
00:47 sauf quand c'est réalisé par un homme,
00:50 comme Kéchiche qui va avoir une palme d'or.
00:52 Je pense que c'est triste qu'on ait assez peu de récits
00:56 portés par des réalisatrices lesbiennes
00:59 et je pense que c'est assez triste que les personnes
01:01 qui soient les personnes décisionnaires
01:03 dans la chaîne de cinéma ne fassent pas confiance
01:06 aux femmes lesbiennes pour leur donner la place,
01:09 pour qu'elles racontent leurs séries.
01:11 Aux États-Unis, il y a certains films lesbiens
01:14 qui sont vraiment cultes et ces films lesbiens cultes,
01:16 ils n'ont pas forcément circulé jusqu'en France.
01:19 Je pense par exemple aux films Watermelon Woman
01:22 de Cheryl Darnier ou Go Fish de Rose Trochet
01:25 ou But I'm a Cheerleader de Jamie Babbitt.
01:29 Ce sont des films qui ont vraiment connu
01:32 une très grande exposition aux États-Unis
01:34 et qui sont devenus cultes.
01:35 Je n'ai pas l'impression qu'en France,
01:37 on ait des films cultes à part peut-être le film Olivia,
01:41 qui est le premier film lesbien français,
01:43 mais ça date déjà un peu.
01:44 Je ne sais pas si c'est une de mes luttes
01:46 que les films lesbiens aient leur place
01:48 dans le monde du cinéma.
01:50 En fait, je pense qu'ils ont eu leur place dès le début,
01:52 mais c'est juste qu'on n'avait pas compris
01:54 que c'étaient des films lesbiens.
01:56 Parce que si on regarde par exemple une cinéaste
01:58 qui s'appelle Germaine Dulac,
01:59 qui est la première personne à avoir fait un film surréaliste,
02:03 dans tous ses films, on comprend qu'elle critique
02:07 l'hétérosexualité et l'hétéronormativité.
02:10 Et pourtant, elle ne pouvait pas dire qu'elle était lesbienne,
02:13 ce n'était pas su.
02:14 On l'a compris après, grâce à des correspondances,
02:17 grâce à un travail théorique qui a été redécouvert.
02:19 Mais si on regarde l'histoire du cinéma,
02:21 tous ces films-là existaient,
02:23 de la même manière que Chantal Ackerman
02:25 a fait des très grands films.
02:26 Et elle a un peu disparu du canon
02:28 jusqu'à ce que Jeanne Dillman, cette année,
02:31 retrouve sa place.
02:32 Alors Jeanne Dillman n'est pas un film lesbien,
02:33 mais Je tue il/elle/lais.
02:35 Et Chantal Ackerman est une cinéaste lesbienne
02:38 qu'ils revendiquaient,
02:39 et qui pour moi est aussi importante que Jean-Luc Godard,
02:42 pourtant est beaucoup moins connue que Jean-Luc Godard.
02:44 C'est vraiment une cinéaste qui a réinventé la forme filmique,
02:48 et pourtant, aujourd'hui, elle n'est pas enseignée
02:51 partout dans le monde, et surtout pas en France.
02:53 Et on a très peu de rétrospectives de films de Chantal Ackerman.
02:57 Alors cette année, c'est la 29e édition du Festival Chéri Chéri,
03:01 qui essaye de mettre en avant les productions de court-métrages,
03:04 de longs-métrages, de documentaires,
03:06 consacrées aux personnes LGBTIQI+.
03:09 Le festival commence le 18 novembre et se termine le 28 novembre.
03:13 Je présente Split le samedi 18.
03:15 On pourra retrouver une parité dans la programmation
03:18 entre les films lesbiens et les films gays.
03:20 Ma série s'appelle Split.
03:22 Elle raconte l'histoire de Anna, qui est une cascadeuse de 30 ans
03:25 qui va tomber amoureuse de la star de cinéma qu'elle double,
03:29 qui s'appelle Eve, pendant le temps d'un tournage.
03:32 C'est une série où j'avais envie qu'il y ait très peu de conflits externes,
03:35 où elles n'avaient pas besoin de se battre contre tout le monde pour s'aimer.
03:39 J'avais envie qu'elles aient l'espace, en fait, vraiment, de se rencontrer.
03:43 Et donc, c'est une série un peu utopique,
03:46 parce que j'avais envie que ce soit une série qui fasse du bien
03:49 et qui donne envie de tomber amoureuse d'une fille.
03:52 Je pense que le message que je souhaite faire passer dans Split,
03:56 c'est que la joie des lesbiennes est politique.
03:59 Et comme le dit le personnage d'Eve, et c'est une citation tirée d'Alice Coffin,
04:03 que ça peut être un soulagement et une joie d'être lesbienne.
04:05 Je ne sais pas quel est le futur du cinéma lesbien,
04:08 mais j'ai déjà l'impression qu'on voit une vague de réalisatrices lesbiennes en Angleterre,
04:13 qu'on est déjà en train de nommer la nouvelle vague du cinéma anglais.
04:16 Donc, je crois que j'ai assez d'espoir.
04:19 Pour ce qui se passe outre-Atlantique.
04:21 Et je pense que j'ai aussi beaucoup d'espoir pour ce qui se passe en France.
04:24 Parce que j'ai vu qu'il y avait plusieurs premiers longs-métrages
04:27 de réalisatrices lesbiennes qui étaient en train d'être financées.
04:30 Et donc, je pense que les années à venir vont être plus riches
04:34 en termes de récits lesbiens.
04:35 En tout cas, je l'espère.

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