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Théo, 16 ans, est né avec une grave malformation du larynx, de l'œsophage et du système respiratoire. En mars 2022, les experts du Fonds d'indemnisation des victimes de pesticides reconnaissaient pour la première fois l'utilisation du glyphosate pendant la grossesse de sa maman, Sabine Grataloup, et la maladie de Théo.
Regardez L'invité de RTL Midi du 17 novembre 2023 avec Agnès Bonfillon et Vincent Parizot.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL midi. Agnès Bonfillon, Vincent Paréseau.
00:07 Glyphosate, il n'y a aucun rapport qui dit que c'est innocent.
00:10 Moi, les ouvriers agricoles, les consommateurs qui demain diront "vous aviez le glyphosate, vous le saviez, vous n'avez rien fait"
00:16 ils me regarderont les yeux dans les yeux.
00:18 C'était il y a plus de six ans. En 2017, Emmanuel Macron promettait l'interdiction du glyphosate sous trois ans.
00:26 On pensait que ce serait stop.
00:28 Exactement.
00:29 On pensait encore.
00:30 Parfaitement. Ce désherbant qui fait polémique vient de voir son utilisation prolongée de dix ans par la Commission européenne.
00:36 Et pour en parler avec nous, nous voulions être avec Sabine Grataloup. Bonjour madame.
00:41 Bonjour.
00:42 Vous êtes la maman de Théo, 16 ans. Théo, il est né avec une grave malformation du larynx, de l'osophage et du système respiratoire.
00:49 Et en mars 2022, enfin, les experts du Fonds d'indemnisation des victimes de pesticides ont reconnu pour la première fois l'utilisation du glyphosate
01:00 pendant votre grossesse et la maladie de Théo. Ils ont reconnu le lien.
01:04 C'était une première, donc vous avez été indemnisée.
01:07 Madame, les avis sont toujours très partagés, y compris au sein de la communauté scientifique.
01:11 Qu'est-ce qui a fait que dans votre cas, la justice s'est prononcée en faveur d'une indemnisation ?
01:18 En fait, dans notre cas, d'abord, ce n'est pas la justice qui s'est prononcée.
01:22 C'est le comité d'experts du Fonds d'indemnisation des victimes de pesticides.
01:28 C'est un fonds qui a été mis en place par l'État tout à fait officiellement.
01:35 Et le comité d'experts est composé de médecins et de professeurs universitaires sélectionnés par un conseil.
01:47 Donc leur expertise n'est absolument pas contestable.
01:52 Et ce sont ces personnes qui se sont prononcées sur la base du dossier qu'on leur avait envoyé,
01:59 qui fait plus de 1000 pages, en se basant sur des études et des témoignages, des données épidémiologiques.
02:09 Ça veut dire, Céline Gratalouc, que pour ces experts, il n'y a aucun doute,
02:14 c'est le glyphosate qui est à l'origine de la malformation de Théo.
02:21 Aucun doute, on ne peut jamais dire ça, puisqu'il faudrait faire des analyses au moment où les malformations se font.
02:28 Mais en tout cas, ils se sont prononcés avec le plus haut niveau de certitude qui leur était permis par la loi.
02:35 C'est-à-dire que pour donner leur avis, c'est très cadré, puisque c'est une loi et un décret qui ont créé ce fonds.
02:43 Le mandat qui leur est donné, c'est d'évaluer la possibilité de lien de causalité entre la pathologie de l'enfant
02:50 et l'exposition aux pesticides durant la période prénatale du fait de l'activité professionnelle de l'un ou des deux parents.
02:56 Ça, c'est la question qui leur est posée. Et pour répondre à ça, ils peuvent cocher deux cases, retient ou ne retient pas.
03:03 Donc eux, ils ont coché la case "retient la possibilité de lien de causalité".
03:08 Voilà, c'est le plus haut niveau de certitude qui leur était permis par la loi.
03:13 Et en tout cas, un niveau de certitude suffisamment élevé pour derrière déclencher une indemnisation.
03:18 – Vous vous attendiez à la reconduction du glyphosate hier ? Vous avez été surprise ?
03:24 – On y croit toujours jusqu'au bout, parce qu'on s'est vraiment énormément mobilisés.
03:29 Moi-même, je n'avais pas pris la parole jusqu'à quelques jours avant le vote.
03:37 Mais de nombreux scientifiques se sont mobilisés pour dire,
03:43 on ne peut plus laisser dire que ce produit est sans danger, il y a un consensus scientifique.
03:48 – Vous dites qu'aujourd'hui, il y a un consensus scientifique pour dire que le glyphosate est un produit dangereux ?
03:56 – Oui, bien sûr. De nombreux scientifiques ont pris la parole justement pour rectifier
04:03 ce qui était parfois dit sur les réseaux sociaux et dans certains articles.
04:09 Et des scientifiques dont on ne peut absolument pas remettre en cause l'expertise.
04:15 Vous voyez, il y a par exemple Bernard Koumoul, qui a été un co-auteur de l'expertise de l'Infirm,
04:21 qui dit "sur le glyphosate, on ne peut pas continuer à mettre de côté nos expertises".
04:25 Baz Blum, spécialiste mondial de la maladie de Parkinson, qui a appelé à interdire le glyphosate,
04:32 parce que le nombre d'études qui pointent un effet neurotoxique du glyphosate est vraiment prevant.
04:40 – Alors l'explication c'est quoi ? C'est que le lobby de la chimie l'a encore emporté au niveau politique ?
04:48 – Il y a des contraintes, il y a des enjeux économiques.
04:53 Donc oui, le gouvernement a fait un choix qu'il n'a pas le courage d'assumer.
04:59 Ça c'est ce que je regrette quand même, parce qu'il savait très bien que s'abstenir lors de ce vote,
05:05 ça allait ouvrir la voie à, derrière, une décision renvoyée au niveau de la commission,
05:11 qui n'allait pas pouvoir faire autre chose que d'enteriner le texte qu'elle avait elle-même proposé.
05:16 Donc ça c'est vraiment, je vais dire, lâche et honteux de ne pas avoir eu le courage de ces choix.
05:24 Le gouvernement aurait vraiment dû voter contre la reconduction du glyphosate
05:30 si leur priorité était le respect de la science et surtout la santé des concitoyens.
05:37 – Lâche et honteux, c'est ce qu'on retient de votre intervention.
05:41 Merci beaucoup Sabine Grattaloup, donc la maman de jeune Théo.
05:46 – Dans un instant, RTL midi, votre vie, attention, préavis de rêve, j'ai bien dit de rêve.
05:52 Non mais je rêve là !
05:54 [SILENCE]

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