Avec Noam Leandri, président du collectif “Alerte” ; Edouard Durand, co-président de la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (CIIVISE).
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##POULIN_SANS_RESERVE-2023-11-17##
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NewsTranscription
00:00 Sud Radio, midi 13h, Alexis Poulin, sans réserve.
00:06 Bonjour à tous, vous êtes sur Sud Radio, on est ensemble jusqu'à 13h pour Poulin sans réserve.
00:11 Au sommaire de cette émission, nous recevons Noam Landry, président du collectif ALERT
00:16 pour parler du taux de pauvreté en France qui progresse encore et toujours.
00:21 On aura également avec nous Édouard Durand, le juge qui copréside la commission indépendante
00:26 sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, qui rend aujourd'hui son rapport final.
00:31 Il sera notre invité en deuxième partie d'émission. On va bien sûr fêter les 5 ans des Gilets jaunes
00:37 pour l'édito, évidemment, pour nous appeler le standard 0826 300 300, Poulin sans réserve.
00:44 On est ensemble jusqu'à 13h. A tout de suite.
00:46 Alexis Poulin, sans réserve, l'invité.
00:50 Et notre invité, c'est Noam Landry du collectif ALERT. Bonjour.
00:55 Bonjour.
00:56 Vous avez lancé l'alerte sur la hausse de la pauvreté avec un appel de 34 fédérations,
01:02 associations nationales de lutte contre la pauvreté et l'exclusion parce qu'on voit que la pauvreté
01:08 ne fait qu'augmenter dans notre pays. L'INSEE a publié les chiffres en début de semaine.
01:12 9,1 millions de personnes en situation de pauvreté. Un taux de pauvreté qui progresse de 0,9 points.
01:17 Ça veut dire 14,5% de la population qui est dans cette situation de pauvreté avec l'inflation
01:23 qui continue d'augmenter. Le 115 qui est saturé pour l'hébergement d'urgence.
01:27 Aucun plan pour cet hiver.
01:29 Les banques alimentaires, dont les Restos du Coeur qui avaient sonné l'alerte elles aussi
01:33 en début de rentrée, dès le mois de septembre.
01:37 Quelle est la situation aujourd'hui en France ? Est-ce qu'il y a de quoi s'alarmer ?
01:41 Est-ce qu'aujourd'hui les pouvoirs publics ont conscience de cette pauvreté galopante ?
01:46 Écoutez, déjà vous dire, les chiffres que vous venez de donner sont terriblement inquiétants.
01:50 Je vous parlais en nombre de personnes, c'est 500 000 pauvres de plus sur une année.
01:54 500 000 personnes, vous vous rendez compte, il y a 3 millions d'enfants qui sont dans des familles pauvres
01:58 et qui vivent dans des familles pauvres compte tenu de la hausse des prix, de l'inflation,
02:02 du fait qu'il n'y ait pas de solution aussi pour se loger, pour se nourrir correctement.
02:07 C'est les associations qui sont obligées de répondre finalement à cette alerte, à ces besoins pressants.
02:12 Et c'est vrai qu'on a le sentiment que le gouvernement ne prend pas la mesure
02:16 de cette ambiance morose, de cette situation qui se dégrade.
02:20 Ça fait plusieurs mois qu'on tire la sonnette d'alarme, qu'on rencontre la première ministre,
02:24 que j'ai rencontré également le président de la République, je lui ai dit "il faut faire quelque chose".
02:27 Et pour l'instant on a le sentiment qu'ils n'en prennent pas du tout la mesure
02:30 et qu'il n'y a pas de réponses qui sont à la hauteur des besoins.
02:33 C'est ça aujourd'hui quand même qui nous inquiète.
02:35 Il n'y a pas eu une seule réaction du gouvernement suite à la publication de l'INSEE,
02:39 sauf Bruno Le Maire qui dit "on en a déjà fait beaucoup", Olivier Véran qui nous dit
02:43 "on est en train de réduire le taux de chômage", sauf que ce qu'on constate
02:47 c'est que le taux de chômage a cessé de diminuer.
02:50 Et que dans le même temps qu'on diminuait le taux de chômage, malheureusement la pauvreté a augmenté.
02:54 Donc ça veut dire que ce n'est pas la seule solution, c'est pas la solution miracle pour réduire la pauvreté.
02:58 Il y a un million de travailleurs pauvres, un million de personnes qui travaillent.
03:01 C'est aussi ce qu'on montre dans l'INSEE, dans les chiffres de la pauvreté,
03:03 c'est qu'il y a de plus en plus de personnes qui sont en situation d'activité,
03:06 qui malgré leur travail n'arrivent pas à sortir de la pauvreté.
03:09 Donc ça est terriblement inquiétant. - Oui, c'est extrêmement inquiétant.
03:12 Et on voit que les priorités du gouvernement, ça a été d'abord la réforme des retraites,
03:16 ensuite un débat en ce moment sur l'aide médicale d'urgence,
03:19 l'assurance chômage, la réforme de l'assurance chômage pour limiter et diminuer l'assurance chômage,
03:25 et maintenant le RSA sous condition avec des heures de travail,
03:29 ou du moins d'accompagnement vers le retour à l'emploi.
03:32 C'est un peu un disque rayé, c'est-à-dire que, est-ce que du côté du ministère des Solidarités,
03:37 on a quand même un plan, il y a eu un plan pauvreté qui a été présenté.
03:41 Qu'est-ce qu'il y avait dans ce plan, et est-ce qu'il y a des pistes quand même intéressantes ?
03:44 Il y a des pistes intéressantes, c'est en fait la poursuite du plan pauvreté
03:48 qui avait été présenté en 2018 par Emmanuel Macron lui-même.
03:51 Là, c'est la première ministre qui nous a présenté un plan de poursuite finalement,
03:55 il y a deux mois maintenant de ça, et il n'y a rien de très neuf dans ce plan.
03:59 À part peut-être qu'il y a un nouvel axe de travail qui consiste à dire
04:02 "attention la transition écologique, les enjeux écologiques vont conduire à des impacts
04:05 sur les plus modestes et il faut qu'on en tienne compte",
04:07 mais les solutions encore, elles ne sont pas sur la table.
04:09 Pour l'instant, c'est plutôt "on est d'accord sur le diagnostic, sur les problèmes,
04:12 sur le fait qu'il faudrait faire des choses", mais en revanche, on a un sentiment
04:15 que les actions, ils n'en ont pas changé de logiciel effectivement,
04:19 on est toujours sur le disque de 2018, et on continue comme si tout allait bien,
04:23 alors que la preuve, c'est que l'INSEE lui-même, un institut public,
04:27 rattaché à l'État, nous dit "la pauvreté a augmenté", alors que, soit disant,
04:31 le plan pauvreté devait permettre d'éradiquer la pauvreté.
04:34 Donc, il n'a non seulement pas réussi à diminuer, mais en plus,
04:37 dans le même temps, la pauvreté a augmenté. C'est ça qui, quand même,
04:39 montre que ce plan pauvreté n'est pas suffisamment efficace,
04:42 pas suffisamment performant, il y a de très bonnes choses dedans,
04:44 mais ça n'est pas suffisant, et donc c'est ça qu'on demande aujourd'hui au gouvernement.
04:48 Justement, vous parlez de 2018, aujourd'hui c'est la date anniversaire
04:52 des Gilets jaunes, le 17 novembre 2018, où cette révolte populaire
04:57 avait commencé justement avec une mesure sur la transition énergétique,
05:01 la taxe carbone, qui impactait fortement les ménages
05:06 qui étaient déjà en situation de précarisation, ou qui étaient des travailleurs pauvres,
05:10 ou qui avaient du mal, et c'était l'alerte à cette époque-là, pour dire
05:13 "attention, on va dans le mur, on ne peut pas continuer comme ça".
05:16 On voit que c'est pire qu'en 2018, aujourd'hui, en termes d'inflation,
05:21 en termes de nombre de personnes qui sont tombées dans la précarité et la pauvreté
05:24 depuis cette période. Ce qui est inquiétant, c'est de voir qu'il n'y a pas de réponse,
05:29 pas de recul par rapport à ça, et pourtant on va continuer de parler
05:32 de transition écologique, on parle maintenant d'une prime pour une voiture électrique,
05:36 mais ça concerne seulement des ménages qui peuvent encore se payer une voiture,
05:41 ce qui devient un luxe quasiment.
05:42 Tout à fait, je pense que la hausse des prix s'est amplifiée ces derniers temps
05:47 avec la crise ukrainienne, notamment, et ce qu'on a constaté déjà à l'époque
05:52 des Gilets jaunes, c'est-à-dire qu'il y avait une forte inflation,
05:54 notamment sur l'essence, sur les carburants, et bien aujourd'hui
05:57 on est dans la même situation où les prix de l'énergie ont explosé,
06:00 où d'autres coûts aussi, les coûts de l'alimentation, etc. ont explosé.
06:03 J'ai très peur, effectivement, qu'on se retrouve avec un nouveau phénomène
06:06 de Gilets jaunes, à moins qu'aujourd'hui, si les gens sont complètement dépités
06:09 et n'ont même plus envie de se battre, ils se disent
06:11 "il faut qu'on attende la fin du quinquennat", moi j'ai pas envie de me dire
06:14 que pendant trois ans il va rien se passer, au contraire,
06:16 moi j'ai espoir qu'on arrive à convaincre le gouvernement,
06:19 les pouvoirs publics, les acteurs locaux aussi,
06:21 les pouvoirs publics locaux ont une capacité à agir,
06:24 qu'on arrive à les convaincre qu'il puisse y avoir des activités.
06:26 Moi je prends l'exemple d'un député en Indre-et-Loire, Charles Fournier,
06:30 qui accueille dans sa permanence des familles à la rue,
06:32 c'est pas acceptable d'avoir encore 3 000 enfants qui dorment à la rue ce soir.
06:37 Et ça, ça veut dire qu'on a les moyens, on est dans un pays très riche,
06:40 pendant la crise Covid on a accumulé 150 milliards d'euros d'épargne,
06:43 les plus aisés de la population française ont accumulé
06:46 des centaines de milliards d'euros d'épargne,
06:48 on a des dividendes importants, un résultat des entreprises,
06:52 des plus-values qui existent, et donc on peut puiser dedans aussi.
06:57 C'est pas la charité qu'on demande, si vous regardez le film de la BPR
07:00 en ce moment qui tourne et qui cartonne sur les écrans dans les cinémas,
07:03 allez-y, vous verrez, il interdisait à ses compagnons
07:07 d'aller faire la charité, d'aller faire la manche.
07:09 Ce qu'il faut c'est trouver des solutions pérennes
07:11 pour réduire de façon structurelle la pauvreté,
07:13 et non pas des mesurettes.
07:15 Par exemple, moi je salue l'idée du gouvernement
07:17 d'attribuer un chèque de Noël aux familles monoparentales,
07:20 mais c'est pas que pour les familles monoparentales,
07:22 c'est pour toutes les familles pauvres, elles devraient toutes avoir
07:24 200 euros à Noël pour pouvoir payer des cadeaux,
07:27 pour pouvoir se nourrir, se loger correctement.
07:30 Et c'est pas juste à Noël, ça devrait être toute l'année
07:32 qu'on empêche d'être dans la pauvreté lorsqu'on est dans une famille nombreuse.
07:36 Aujourd'hui, ce que nous montre l'INSEE dans sa dernière publication de mardi,
07:39 c'est que c'est essentiellement les familles nombreuses
07:41 qui ont le taux de pauvreté augmenté le plus rapidement,
07:43 5% de plus de pauvreté pour ces familles nombreuses
07:46 de 3 enfants ou plus, donc il faut les aider aujourd'hui
07:49 à s'assurer que les familles monoparentales...
07:51 - Oui, toutes les familles qui ont des difficultés.
07:53 Mais la crise Covid aussi a précipité dans la pauvreté de nombreux ménages.
07:57 Cet arrêt de l'économie, ce confinement,
08:00 et puis le quoi qu'il en coûte qui s'arrête au bout d'un moment,
08:03 ça a été une catastrophe, socialement.
08:06 - Ça a été une catastrophe, socialement, mais néanmoins,
08:08 à ce moment-là, avec le quoi qu'il en coûte,
08:10 avec cette prise de conscience, cette mobilisation générale,
08:13 finalement, la pauvreté avait diminué en 2020.
08:15 C'est un paradoxe de ce que nous montre l'INSEE,
08:18 je l'avais déjà dit l'année dernière à l'INSEE,
08:20 en 2020, il y a eu une légère baisse de la pauvreté
08:22 parce qu'on a mis les moyens.
08:23 On avait, dans cette période du quoi qu'il en coûte,
08:25 on a arrêté de regarder le taux de déficit public
08:27 et on s'est intéressé plutôt à la situation des gens
08:29 pour essayer de résoudre leurs problèmes.
08:31 Et donc, on a trouvé des solutions, on les a aidées,
08:33 on les a soutenues et ça a permis d'éviter, effectivement,
08:35 un accroissement de la pauvreté, comme on pouvait le craindre
08:37 à ce moment-là.
08:38 Alors, tout n'est pas parfait dans la situation de tout le monde,
08:41 évidemment, mais en tout cas, ça a permis de le compenser.
08:43 - Moi, je voulais revenir sur le fait qu'on est à 5 ans
08:46 après les Gilets jaunes et qu'on parle aujourd'hui
08:48 beaucoup de transition écologique.
08:50 On voit qu'aujourd'hui, c'est un sujet important.
08:52 On veut créer des eaux d'affaiblissement dans les grandes
08:55 agglomérations qui interdiront les véhicules polluants.
08:57 On va réduire l'artificiation des sols, c'est-à-dire qu'on ne va pas
09:00 pouvoir construire des maisons pas chères sur des terrains agricoles
09:03 comme on l'a longtemps fait.
09:05 On ne va plus pouvoir installer, peut-être, de chaudiers
09:07 au gaz chez soi. On va bientôt peut-être plus pouvoir
09:09 non plus louer des passoires énergétiques.
09:11 Tout ça, ça a un impact important, notamment pour les plus modestes
09:14 qui sont les premiers à impacter et subissent d'une certaine manière
09:16 une double peine. C'est-à-dire que ce sont ceux qui polluent le moins,
09:19 qui émettent le moins de gaz à effet de serre, qui consomment le moins
09:21 parce qu'ils sont sobres par nature, parce qu'ils n'ont pas
09:23 beaucoup d'argent, mais en même temps, ce sont ceux qui vont subir
09:26 les premières des conséquences de cette dérive climatique,
09:29 de la pollution de l'air qui atteint leur santé,
09:32 qui également vont être les premiers à perdre les emplois
09:35 qui seront délocalisés ou qui seront fermés.
09:38 Je pense à la construction de véhicules thermiques.
09:40 En France, on a des fleurons de la construction de voitures,
09:43 des constructeurs auto, mais ce sont toutes ces usines
09:46 qui risquent de fermer prochainement et on n'a pas d'alternative
09:48 pour les bassins d'emploi rentiers qui risquent d'être impactés
09:52 un peu comme les bassins miniers dans le passé,
09:54 lorsqu'on a fermé les mines de charbon.
09:56 Là, aujourd'hui, on a le sentiment qu'il n'y a pas de solution
09:59 qui leur sont proposées. On voit qu'on va foncer dans un mur.
10:02 Ce n'est pas tout de suite, ce n'est pas demain, ça va être dans 5, 10 ans,
10:05 15 ans, 20 ans peut-être, mais on a le sentiment que
10:08 les mesures qui sont aujourd'hui proposées ne sont pas à la hauteur.
10:11 On a besoin de savoir vers quel métier il faut accompagner les gens,
10:14 mais un par un et pas se dire "on va créer un jour peut-être une usine quelque part,
10:18 mais on verra demain et on laisse les entreprises se débrouiller".
10:21 Il y a besoin de planification, il y a besoin que des pouvoirs publics
10:24 et des préfets aient la planification des transactions écologiques.
10:28 On a besoin également que pour les véhicules dont il va falloir se passer bientôt,
10:33 qu'il y ait des vraies alternatives.
10:35 Dans le cas du véhicule électrique à 100 euros par mois qui est proposé aujourd'hui,
10:40 qui était une promesse de campagne d'Emmanuel Macron,
10:42 on sait très bien que ce ne sont pas les classes les plus modestes
10:44 qui vont pouvoir avoir un véhicule électrique à 100 euros par mois, c'est énorme.
10:47 Vous savez, le seuil de pauvreté a mis à 1100 euros par mois,
10:50 donc ça fait déjà presque 10% de votre revenu que vous consacreriez à votre voiture.
10:54 C'est énorme. Ce sont les classes moyennes.
10:56 Pour elles, ça permet d'avoir une alternative, lorsqu'on est classe moyenne,
10:59 d'avoir cette alternative avec le véhicule électrique à 100 euros.
11:02 Mais en réalité, les plus pauvres, ils sont très peu à avoir un véhicule,
11:05 il y a presque la moitié des pauvres qui n'ont pas de véhicule.
11:07 Donc ça, ça veut dire qu'il faut investir plutôt dans les transports en commun
11:10 ou dans des alternatives aussi.
11:12 Pourquoi pas de l'autopartage qui pourrait être un peu plus solidaire.
11:14 Aujourd'hui, il n'y a pas de tarification sociale de l'autopartage.
11:16 Si vous prenez un véhicule en autopartage, c'est le même tarif que vous soyez millionnaire,
11:21 comme le patron de Carrefour, dont il y a eu un très bon reportage hier
11:25 qui lui montrait ses revenus très élevés, 9 millions d'euros.
11:28 Ça fait quand même six siècles, six siècles de smic.
11:31 Ça veut dire qu'on pourrait payer pendant des centaines d'années des smicards.
11:34 Ce n'est pas le patron le plus payé du CAC 40.
11:36 Ce n'est pas le plus payé en plus.
11:38 Non mais c'est ça qui est terrible, c'est-à-dire que pas de volonté politique,
11:42 de lutter sérieusement contre la pauvreté, pas de plan à long terme,
11:46 avec des objectifs quand même climatiques qui vont être terribles
11:50 pour les gens qui sont déjà dans la pauvreté.
11:52 Que propose le collectif ALERT très concrètement au pouvoir public ?
11:56 Quel est l'état du dialogue actuellement ? Et qu'est-ce qui est sur la table ?
11:59 Écoutez, nous notre prochaine étape de travail, ça va être le mois prochain.
12:04 On va remettre un rapport sur ce que pourrait être une planification écologique
12:07 qui serait solidaire et juste, équitable.
12:09 Donc on a l'intention de le remettre à la présidente de l'Assemblée nationale.
12:13 Yael Brunepivet qui a accepté de nous recevoir dans quelques jours.
12:16 Donc on va lui remettre ses propositions.
12:18 Elles sont de tous ordres. D'abord sur la question du logement.
12:21 Comment est-ce qu'on arrive à faire cette rénovation énergétique massive
12:23 pour réduire la facture d'énergie des plus modestes, mais pas seulement,
12:27 mais notamment des plus modestes, leur permettre de pouvoir faire des économies
12:30 sur l'énergie et de vivre confortablement.
12:32 Donc ça, ça veut dire jouer sur le reste à charge aujourd'hui
12:35 qui reste encore malheureusement trop important.
12:37 Une fois que vous avez déduit les aides, il y a encore un reste à charge
12:40 trop important par rapport aux revenus des plus modestes.
12:42 Et puis il faut aller les chercher, les accompagner.
12:44 Ce n'est pas tout de leur dire "il y a des aides, débrouillez-vous".
12:46 Il faut aussi savoir quels bons travaux faire à quel moment.
12:48 Deuxièmement, sur les mobilités.
12:50 On ne veut pas que les aides et feux, ces fameuses zones à faible émission,
12:53 deviennent des zones à forte exclusion pour les plus modestes.
12:56 Et donc on propose qu'il y ait un soutien très fort aux transports au commun,
13:01 notamment parce que les plus pauvres utilisent les transports en commun,
13:03 mais par contre, ils ne recourent pas aux tarifs sociaux.
13:05 Vous savez qu'en réalité, quelqu'un de modeste préfère acheter son ticket à l'unité
13:09 plutôt que de bénéficier d'une tarification sociale,
13:12 parce qu'il n'a pas de quoi avancer les 20 euros.
13:14 Oui, il n'y a pas beaucoup d'informations aussi sur les aides.
13:17 Et puis c'est compliqué, il faut fournir des pièces justificatives,
13:19 il faut aller faire la queue, et puis il faut se débourser tout de suite 20 euros,
13:22 alors que quand vous achetez un ticket à l'unité,
13:24 c'est peut-être 1 ou 2 euros à chaque fois.
13:26 Donc voilà, aujourd'hui il y a un fort taux de non-recours,
13:28 donc finalement la gratuité des transports en commun
13:30 est peut-être aussi une solution qui permettrait de faciliter l'accès aux transports au commun
13:35 pour les ménages, en tout cas il y a de plus en plus de villes qui l'expérimentent,
13:38 le pratiquent, et je pense qu'effectivement ça va dans le bon sens,
13:40 donc on soutient ce genre de démarche.
13:42 Il y a une tarification sociale de l'eau aussi,
13:44 qui avait été annoncée par Emmanuel Macron,
13:46 on attend d'en voir un peu la couleur, j'ai envie de vous dire,
13:48 même si l'eau est translucide.
13:50 Et c'est vrai que ce serait une très bonne idée,
13:52 et on l'appelle de nouveau, mais pas dans 2 ans, pas dans 3 ans,
13:55 mais maintenant en fait, ça permettrait effectivement
13:58 que tout le monde ait accès à cette ressource en eau qui devient de plus en plus rare.
14:01 Aujourd'hui j'ai l'impression que ce qui est sur la table,
14:03 c'est uniquement de faire taxer, de pénaliser davantage les gros consommateurs d'eau,
14:06 mais nous on pense aussi qu'on devrait avoir peut-être les premiers mètres cubes d'eau gratuits
14:09 pour tout le monde, de façon à avoir une forme de progressivité du prix,
14:12 c'est-à-dire que les premiers sont gratuits, puis après petit à petit,
14:14 plus vous en consommez, plus ça serait cher,
14:16 ça permettrait aussi de donner un signal prix positif,
14:19 et de donner l'accès à tous à une quantité d'eau suffisante.
14:22 - Et est-ce qu'il y a des rendez-vous qui sont déjà pris,
14:25 avec le président de la République, la première ministre,
14:28 ou les différents ministères, notamment celui des solidarités ?
14:31 - Écoutez, la première ministre, lorsqu'elle nous a présenté son pacte des solidarités,
14:34 le nouveau plan emploi aux pauvretés au mois de septembre,
14:37 elle nous a dit qu'elle nous reverrait trop mas plus tard,
14:39 donc on attend à nouveau d'être invité,
14:41 bon, c'est vrai que généralement on est invité 3 jours avant,
14:43 donc on a pris l'habitude de ne pas trop se prendre d'anticipation
14:48 sur ces dates.
14:50 Le président de la République a aussi l'intention de réunir
14:52 un nouveau conseil national de l'Europe en Fondation,
14:54 auquel je siège, au nom des associations de solidarité,
14:56 et donc que ça devait se tenir avant la fin de l'année,
14:58 je ne sais pas, vu le succès d'autres rencontres,
15:00 comme à Saint-Denis, s'il renouvelera aussi les rencontres du CNR,
15:04 mais en tout cas, moi je souhaite que ça puisse être un espace de dialogue,
15:06 où on peut à nouveau lui signaler, lui faire appel,
15:10 sur ces enjeux aujourd'hui de la pauvreté,
15:12 comme j'ai pu le faire par le passé,
15:14 mais je dois reconnaître que, pour l'instant,
15:16 le ministère de l'Intérieur a été déçu,
15:18 parce que je lui avais passé un appel salonnel en septembre,
15:20 à révaloriser les minimas sociaux,
15:22 qui sont sous-indexés par rapport à l'inflation,
15:24 c'est-à-dire que l'inflation est de 5%,
15:26 les minimas sociaux ont monté seulement d'un point et demi de pourcentage,
15:28 donc ça veut dire qu'il y a une perte de pouvoir d'achat
15:30 très importante pour ceux qui touchent des allocations de logement,
15:32 des allocations familiales,
15:34 le RSA, ou même le minimum vieillesse,
15:36 tout ça est largement inférieur à l'inflation,
15:38 et donc il y a besoin de l'anticiper,
15:40 dès le 1er janvier, c'est ce qu'on demande,
15:42 alors que c'est prévu que pour avril,
15:44 on voudrait que dès le 1er janvier,
15:46 le niveau de l'inflation soit appliqué
15:48 à ces minimas sociaux, à ces prestations familiales,
15:50 ces prestations sociales,
15:52 parce que sinon, on sait qu'il y a 200 000 personnes
15:54 qui risquent de rester dans la pauvreté
15:56 à cause justement de cette
15:58 sous-évaluation des minimas sociaux
16:00 et des prestations familiales.
16:02 - Et du poids de l'inflation, merci beaucoup
16:04 Noam Léandri du Collectif.
16:06 - Alexis Poulin, sans réserve,
16:08 l'édito.
16:10 - On est là, on est là,
16:12 même si Macron ne veut pas,
16:14 nous on est là.
16:16 - Eh oui, on est là, on est là,
16:18 5 ans après, vous vous rappelez tous
16:20 bien sûr de l'hymne des Gilets jaunes
16:22 qui avait envahi les ronds-points le 17 novembre 2018,
16:24 et après,
16:26 un mouvement populaire,
16:28 un mouvement social qui déjà
16:30 sonnait l'alerte contre
16:32 la paupérisation,
16:34 la difficulté de vivre avec des taxes
16:36 carbone, avec des salaires
16:38 qui ne sont pas assez élevés,
16:40 2000 personnes qui ont été mis
16:42 sur écoute géolocalisées,
16:44 une surveillance massive s'en est suivie,
16:46 des garde-à-vue abusives,
16:48 une entrave aux droits de manifester,
16:50 et des violences policières, même si certains
16:52 n'aiment pas le terme. 23 éborgnés
16:54 entre 2018 et 2019,
16:56 dont Jérôme Rodrigues qui sera
16:58 l'invité d'André Bercoff
17:00 tout à l'heure pour faire le point
17:02 sur ces 5 ans.
17:04 Aucun gendarme ou policier d'ailleurs
17:06 n'a été condamné en 5 ans.
17:08 On se rappelle bien sûr de Christophe Castaner,
17:10 alors ministre de l'Intérieur, de M.Lallemand,
17:12 préfet de Paris, d'Edouard Philippe, Premier ministre,
17:14 et d'Emmanuel Macron, qui avec
17:16 Brigitte Macron préparait même
17:18 un plan de contingence pour quitter Paris
17:20 en hélicoptère ou se louer un appartement
17:22 pour ne pas finir son mandat, parce qu'on en était
17:24 là quasiment. La peur
17:26 finalement de la jacquerie
17:28 qui déborde, et peut-être une révolution.
17:30 En tout cas, les Gilets jaunes
17:32 demandaient peu de choses, si ce n'est d'être
17:34 tendu, le RIC, et puis
17:36 le pouvoir de vivre tout simplement.
17:38 L'ONU à l'époque avait demandé à la France
17:40 une enquête sur l'usage excessif
17:42 de la force. Eh bien l'enquête
17:44 elle s'est
17:46 arrêtée, puisque la France a préféré
17:48 passer la distance de tir
17:50 du LBD, cette arme qui
17:52 a éborgné de nombreux Gilets jaunes, de 10 mètres
17:54 à 5 mètres. Elle a commandé
17:56 78 millions d'euros
17:58 de nouvelles grenades,
18:00 grenades de désencerclement et lacrymo
18:02 pour le ministère de l'Intérieur,
18:04 et 90 nouveaux blindés
18:06 les centaures, qui permettent de
18:08 réprimer encore davantage. Donc la leçon
18:10 apprise finalement pour le pouvoir, ça a été
18:12 comment préparer la future
18:14 répression et se protéger
18:16 des Gilets jaunes. Et puis, pour la situation
18:18 économique du pays, la pauvreté
18:20 explose. On en parlait à l'instant avec Noam Landry
18:22 du collectif Alerte.
18:24 Les 40 centimes de plus
18:26 qu'en 2018, il y a toujours
18:28 aussi des taxes écologiques
18:30 qui sont en préparation.
18:32 Et tout ça, dans un silence
18:34 comme si l'assidération
18:36 après la violence avait empêché
18:38 les Gilets jaunes de revenir. Mais si,
18:40 ils revenaient, parce que, elle est où, votre colère ?
18:42 - Ouais !
18:44 - Alexis Poulin, sans réserve,
18:46 l'invité.
18:48 - Et on continue cette émission
18:50 avec notre invitée
18:52 pour parler, bien sûr, du
18:54 rapport final de la
18:56 Commission indépendante sur l'inceste et les violences
18:58 sexuelles faites aux enfants, avec
19:00 le juge Édouard Durand. Bonjour !
19:02 - Bonjour ! - Merci
19:04 d'être avec nous. Alors, on
19:06 rappelle les chiffres qui font froid dans le dos.
19:08 Toutes les trois minutes, c'est un enfant
19:10 qui est victime de violences sexuelles
19:12 en France. 160 000
19:14 nouvelles victimes par an.
19:16 92% de ces victimes
19:18 qui ne sont pas entendues.
19:20 La civise avait pour rôle de libérer
19:22 la parole, de donner aussi des
19:24 pistes pour que
19:26 les pouvoirs publics avancent.
19:28 Que dit ce
19:30 dernier rapport et quelles sont les recommandations ?
19:32 Je sais qu'il y en a de nombreuses,
19:34 de recommandations, plus de 80.
19:36 Mais est-ce qu'il y a des choses qui vont
19:38 pouvoir changer rapidement
19:40 pour ces victimes d'inceste ?
19:42 - Merci, monsieur.
19:44 Tout d'abord, de l'attention que vous
19:46 accordez au travail de la civise
19:48 et à sa mission. La mission de la civise,
19:50 elle est double et indissociable.
19:52 Par les témoignages
19:54 des adultes, augmenter
19:56 notre capacité de
19:58 protéger les enfants et de
20:00 lutter contre l'impunité des
20:02 violeurs d'enfants, des pédocriminels.
20:04 Notre rapport est donc
20:06 ces deux choses à la fois.
20:08 Nous avions le devoir de restituer
20:10 tous ces témoignages
20:12 que nous avons reçus,
20:14 30 000 témoignages,
20:16 un mouvement social
20:18 exigeant.
20:20 Des personnes
20:22 qui, dans leur enfance,
20:24 ont été anéantis
20:26 par le passage
20:28 à l'acte sexuel de l'agresseur
20:30 et à nouveau confrontés
20:32 à un second anéantissement
20:34 qui est l'absence de réponse sociale.
20:36 Et indissociablement,
20:38 nos préconisations sur quatre axes,
20:40 le repérage,
20:42 parce que vous l'avez dit, un enfant tous les trois minutes,
20:44 mais lequel ?
20:46 C'est en posant
20:48 la question des violences à tous les
20:50 enfants, que les enfants victimes
20:52 pourront se dire "cet adulte-là,
20:54 je peux le lui dire".
20:56 L'axe du traitement judiciaire
20:58 et nous avons un défi
21:00 à relever qui est réduire le nombre de
21:02 classements sans suite.
21:04 Parce qu'on dit aux enfants "il faut libérer la parole",
21:06 vous l'avez dit tout à l'heure.
21:08 Sauf que dans sept cas sur dix,
21:10 l'enfant qui dit "je décide
21:12 de faire confiance à la société",
21:14 on lui dira "écoute, ta plainte,
21:16 on la met à la poubelle".
21:18 Et puis, la réparation et le soin,
21:20 il faut
21:22 donner des soins spécialisés du psychotrauma.
21:24 On a trois axes essentiels
21:26 du travail de la civise avec 82
21:28 mesures qui sont des mesures qui concernent des changements
21:30 dans la loi, mais aussi
21:32 soutenir des pratiques professionnelles protectrices
21:34 parce qu'au bout du compte, il y aura
21:36 toujours un enfant réel en chair
21:38 et en os qui attendra qu'on le
21:40 protège.
21:42 Sur le repérage en particulier,
21:44 vous proposez d'instaurer un rendez-vous
21:46 individuel chaque année
21:48 de dépistage et de prévention
21:50 de ces violences. Comment ça pourrait se mettre
21:52 en place et se passer ?
21:54 Ça, c'est dans le cadre
21:56 de nos préconisations sur le questionnement
21:58 systématique. Disons d'abord
22:00 qu'à chaque fois qu'un enfant va chez le médecin,
22:02 son médecin doit lui poser
22:04 la question des violences.
22:06 À chaque fois qu'il y a une séance d'éducation
22:08 à la vie affective,
22:10 puis à la sexualité,
22:12 à l'école, il faut que ce soit aussi un espace
22:14 de repérage. Mais pour les
22:16 enfants qui ne vont pas à l'école,
22:18 pour les enfants qui n'ont pas un suivi médical
22:20 régulier, pour les enfants qui sont
22:22 confiés à une institution spécialisée ou à l'aide
22:24 sociale à l'enfance, ce que nous
22:26 disons, c'est que nous devons garantir
22:28 au moins une fois par an
22:30 qu'il y ait cet espace
22:32 auprès d'un personnel
22:34 de santé, d'un personnel de l'éducation.
22:36 Les institutions
22:38 s'organiseront, mais qu'il y ait au moins
22:40 une fois par an un rendez-vous
22:42 où on pourra poser
22:44 la question des violences. Vous savez,
22:46 moi quand j'étais juge des enfants, je posais la question
22:48 des violences à tous les enfants.
22:50 Est-ce qu'il y a des choses
22:52 qu'on te fait et que tu n'aimes pas ?
22:54 Et ça, c'est quelque chose qui n'a pas
22:58 lieu aujourd'hui, ou très peu, malheureusement.
23:00 Une fois ces
23:02 rendez-vous de prévention,
23:04 il y a évidemment le volet
23:06 répression qui est important.
23:08 Une des propositions
23:10 fortes, c'est de rendre imprescriptibles
23:12 les viols et agressions sexuelles
23:14 qui sont commis contre les enfants.
23:16 Parce que c'est vrai qu'il faut du temps
23:18 pour parler d'inceste.
23:20 Il y a beaucoup de difficultés
23:22 à libérer la parole, même une fois adulte.
23:24 Et ce délai de prescription
23:26 empêche beaucoup de criminels
23:28 de passer devant la justice.
23:30 Est-ce que ça, c'est quelque chose qui va être entendable
23:32 pour le ministère de la Justice ?
23:34 Nous le pensons.
23:36 En tout cas, nous l'avons préconisé
23:38 parce que nous pensons que c'est
23:40 une mesure
23:42 conforme à nos principes,
23:44 une mesure importante
23:46 et une mesure concevable
23:48 et acceptable par notre société.
23:50 D'abord, nous faisons toutes des
23:52 préconisations sur la mise en sécurité
23:54 immédiate de l'enfant qui révèle des violences.
23:56 Bien sûr.
23:58 Mais nous savions, à la CIVIS,
24:00 que nous ne pourrions pas
24:02 esquiver la question de l'imprescriptibilité.
24:04 Et nous nous sommes donnés trois ans
24:06 pour y réfléchir, avec des philosophes,
24:08 avec des juristes, avec des pédopsychiatres.
24:10 Et nous nous sommes dit,
24:12 un, que
24:14 les délais de prescription
24:16 n'étaient pas le critère
24:18 social de mesure de la gravité
24:20 d'un crime.
24:22 Deux,
24:24 qu'il n'y avait pas d'obstacle
24:26 qui empêcherait
24:28 de rendre
24:30 imprescriptibles les violences sexuelles
24:32 sur mineurs, comme l'ont fait beaucoup d'autres
24:34 pays, beaucoup d'autres états de droit.
24:36 Trois, que les fondements
24:38 de la prescription ne
24:40 pouvaient pas être appliqués aux violences sexuelles
24:42 faites aux enfants. L'un des fondements de la prescription,
24:44 c'est la carence du
24:46 plaignant. Nous parlons
24:48 de personnes qui sont réduites au
24:50 silence, parfois
24:52 dans l'amnésie traumatique.
24:54 Et enfin, un dernier mot sur ce sujet
24:56 extrêmement important, on dit
24:58 que la prescription garantit la paix sociale.
25:00 Mais la paix de qui ?
25:02 Il y a des agresseurs
25:04 qui peuvent violer un enfant
25:06 jusqu'à 2000 fois pendant son
25:08 enfance. La paix
25:10 de qui ?
25:12 C'est d'ailleurs aussi sur l'appellation
25:14 ne pas parler
25:16 de pédophilie, mais de pédocriminalité
25:18 puisque la violence, elle est là.
25:20 Il n'y a pas d'amour dans ces gestes de viol
25:22 et d'inceste sur les enfants.
25:24 Un grand volet aussi,
25:26 c'est sur la mise en protection
25:28 de ces victimes
25:30 qui aujourd'hui fait défaut.
25:32 Oui, il faut
25:34 renforcer notre capacité
25:36 de protéger les enfants.
25:38 On en voit des injonctions paradoxales.
25:40 Vous imaginez
25:42 un enfant
25:44 de quelques mois,
25:46 de quelques années,
25:48 une adolescente, un adolescent
25:50 qui est soumis au secret
25:52 de l'agresseur, qui vit dans la terreur,
25:54 qui doit révéler les violences
25:56 sans savoir s'il va être
25:58 protégé. Et qui peut-être
26:00 va être obligé, pendant
26:02 tout le temps de l'enquête,
26:04 d'aller passer un week-end
26:06 ou des vacances, ou aller en classe
26:08 avec un agresseur, une personne
26:10 au sujet de laquelle
26:12 l'enfant a dit "je ne veux plus le voir,
26:14 il me fait peur, il me fait des choses que je n'aime pas".
26:16 Quel choix
26:18 on fait ? Qui voulons-nous
26:20 protéger ? Et c'est pour ça
26:22 que nous avons dit qu'il faut une ordonnance de sûreté de l'enfant.
26:24 C'est-à-dire
26:26 permettre aux juges aux affaires familiales
26:28 de garantir un cadre juridique qui donne
26:30 de la sécurité à l'enfant.
26:32 - Aujourd'hui, quelles sont les mesures ?
26:34 Il y a des choses qui existent quand même pour
26:36 enlever la responsabilité
26:38 parentale, protéger l'enfant du
26:40 parent maltraitant ?
26:42 - D'un certain point de vue, oui, monsieur,
26:44 vous avez tout à fait raison. Le Code civil,
26:46 le Code Pédale,
26:48 comportent des dispositions
26:50 législatives qui
26:52 permettent de protéger un enfant.
26:54 Mais,
26:56 il y a trop d'aléas dans la
26:58 mise en œuvre de ces dispositions
27:00 selon les pratiques
27:02 des professionnels, ici
27:04 ou là. C'est pourquoi
27:06 il faut ce que j'appelle une législation plus
27:08 impérative, une législation
27:10 qui structure davantage
27:12 les pratiques des professionnels,
27:14 qui fixe beaucoup plus clairement
27:16 un interdit majeur.
27:18 Et c'est pourquoi il faut écrire dans la loi
27:20 que quand un parent est condamné
27:22 pour inceste, l'autorité parentale
27:24 est retirée automatiquement par l'effet
27:26 de la loi.
27:28 - Ce qui n'est pas le cas du tout
27:30 aujourd'hui, évidemment.
27:32 Vous avez, pendant
27:34 ces trois ans, recueilli beaucoup
27:36 de témoignages,
27:38 et pourtant la civise risque
27:40 de fermer la porte
27:42 sur ces travaux à la fin de l'année.
27:44 Qu'en est-il, aujourd'hui,
27:46 de la prolongation
27:48 de la civise ?
27:50 - Écoutez, au moment où je vous parle,
27:52 je n'ai aucune certitude,
27:54 aucune information. Nous avons remis
27:56 officiellement le rapport
27:58 à la secrétaire d'État chargée de l'Enfance
28:00 et à d'autres ministres
28:02 du gouvernement, et nous ne savons pas.
28:04 Ça m'a toujours paru une évidence.
28:08 Ce qui fonctionne,
28:10 conservons-le.
28:12 Les institutions qui
28:14 remplissent leurs missions,
28:16 maintenons-les.
28:18 Les personnes engagées dans des missions si difficiles,
28:20 encourageons-les.
28:22 On ne cesse de me dire
28:24 "mais comment faites-vous, ça doit être extrêmement difficile".
28:26 Et en même temps,
28:28 on dit
28:30 "vous allez partir".
28:32 Je dis "moi non, je veux rester".
28:34 Les personnes qui s'engagent, encourageons-les.
28:36 Ce qu'il faut, c'est une doctrine claire.
28:38 Qui voulons-nous protéger ?
28:40 - Les enfants,
28:42 et c'est ce dont on va
28:44 continuer de parler avec vous,
28:46 monsieur le juge. Dans un instant,
28:48 on se retrouve pour continuer de parler de ce rapport
28:50 de la CIVIS
28:52 sur Sud Radio. On est ensemble jusqu'à 13h.
28:54 A tout de suite.
28:56 On se retrouve avec le juge Édouard Durand,
28:58 co-président de la commission indépendante sur l'inceste
29:00 et les violences sexuelles faites aux enfants,
29:02 qui remet aujourd'hui son
29:04 rapport final après trois ans
29:06 d'écoute et de libération de la parole
29:08 sur ces violences.
29:10 Il y aura un comité interministériel
29:12 à l'Enfance le 20 novembre prochain.
29:14 Est-ce que
29:16 vous attendez peut-être à ce moment-là
29:18 que des annonces soient faites suite
29:20 à ce rapport ou qu'il y ait un retour
29:22 rapide par rapport
29:24 aux 82 mesures que vous avez proposées ?
29:26 - Écoutez,
29:28 évidemment,
29:30 toute politique publique doit aussi
29:32 s'inscrire dans la durée
29:34 et donc dans une planification.
29:36 Et les 82
29:38 préconisations que formule la CIVIS
29:40 à l'évidence
29:42 seront mises en œuvre
29:44 dans la durée. Elles aussi,
29:46 sur les 82 préconisations,
29:48 20 étaient des préconisations que nous avons
29:50 déjà formulées dans nos travaux antérieurs
29:52 et qu'évidemment nous avons reprises.
29:54 Et le gouvernement
29:56 se saisira
29:58 d'un certain nombre,
30:00 le plus possible,
30:02 je l'espère, des préconisations
30:04 que nous avions déjà formulées.
30:06 Le rapport vient d'être publié
30:08 et par la suite,
30:10 les préconisations, je l'espère, seront mises en œuvre aussi.
30:12 Ce qu'il faut bien prendre en compte,
30:14 c'est que ces préconisations sont dans un ensemble.
30:16 C'est un ensemble cohérent.
30:18 Pas des mesures
30:20 qu'on prend ici ou là. Je le redis
30:22 et je l'ai évoqué tout à l'heure.
30:24 Si on encourage le repérage
30:26 systématique, il faut aller au bout
30:28 de la promesse. Mettre en sécurité
30:30 immédiatement l'enfant. On ne peut
30:32 pas dire à un enfant "fais-nous confiance, révèle
30:34 les violences, mais nous ne te dirons pas
30:36 si nous te protégerons".
30:38 Ce coût des violences sexuelles
30:40 faites aux enfants, vous l'avez chiffré à plus de 9
30:42 milliards d'euros pour la sécurité
30:44 sociale, pour la société en général.
30:46 Il y a une question aussi,
30:48 une fois le volet juridique,
30:50 le volet de protection, c'est
30:52 les soins spécialisés, la reconstruction
30:54 de ces victimes. Vous préconisez
30:56 là aussi un parcours
30:58 particulier et des formations
31:00 aussi pour les professionnels
31:02 de santé, pour traiter
31:04 et pour accompagner ces victimes.
31:06 Merci monsieur de poser
31:08 cette question de cette façon. C'est fondamental,
31:10 oui, c'est un devoir.
31:12 La réparation par le soin,
31:14 ce que nous voyons à la
31:16 civise avec ces 30 000 témoignages, c'est que
31:18 ces souffrances, ce sont des souffrances
31:20 extrêmes, pendant l'enfance
31:22 et pendant toute la vie d'adulte.
31:24 Et parfois, des
31:26 souffrances qui conduisent les victimes
31:28 à arrêter la vie
31:30 pour ne plus souffrir.
31:32 Et ça, je pense que
31:34 nous le prenons insuffisamment en compte.
31:36 Nous oublions trop souvent que
31:38 la violence, c'est vraiment
31:40 violent. La cruauté,
31:42 l'acharnement du mal, c'est
31:44 destructeur. Et
31:46 évidemment, il faut
31:48 dispenser les soins qui
31:50 sont adaptés au psychotraumatisme.
31:52 Ces soins existent,
31:54 ils ne sont pas dispensés.
31:56 Et nous
31:58 savons que quand un enfant
32:00 est victime de violences sexuelles,
32:02 s'il est mis en sécurité
32:04 immédiatement, et si
32:06 des soins spécialisés sont
32:08 dispensés très
32:10 rapidement, eh bien, on peut
32:12 soigner le trouble de stress post-traumatique.
32:14 Sinon,
32:16 on ne pourra plus soigner que
32:18 l'intensité des symptômes
32:20 qui seront chroniques.
32:22 C'est vraiment un choix de société.
32:24 - C'est encore une fois l'indice
32:26 et ce sera la
32:28 journée internationale des droits de l'enfant.
32:30 Ce que vous mettez
32:32 au cœur du rapport aussi, c'est
32:34 la place de l'enfant dans la société.
32:36 On se rappelle bien sûr
32:38 de ces plateaux télé dans les années 80-70
32:40 où un pédocriminel
32:42 connu et écrivain se vantait
32:44 d'être ce qu'il est.
32:46 Les choses ont lentement
32:48 évolué quand même depuis
32:50 quelques années, mais cette
32:52 question de l'enfant, elle est fondamentale. Est-ce qu'aujourd'hui
32:54 on en a pris la mesure ou pas ?
32:56 - Je pense que
32:58 c'est un combat contre
33:00 soi-même qu'il faut continuer à mener.
33:02 Vous savez,
33:04 la question que s'est posée
33:08 la CIVI, la première des questions, c'est
33:10 ce par quoi commence le rapport.
33:12 C'est répondre à cette question
33:14 "Pourquoi avons-nous un devoir de protection
33:16 des enfants ?"
33:18 Avec Ancionas,
33:20 nous avons compris que nous devons
33:22 protéger les enfants parce qu'ils sont vulnérables
33:24 et qu'ils ont besoin de sécurité.
33:26 Avec Hannah Arendt,
33:28 nous avons compris que nous devons protéger
33:30 les enfants et les éduquer
33:32 pour, comme elle le dit, assurer la
33:34 continuité du monde.
33:36 Et ça c'est un défi pour les sociétés
33:38 qui n'ont compris que
33:40 très progressivement qu'elles avaient ce
33:42 devoir et que l'enfant
33:44 n'était pas un objet dont on prenait possession.
33:46 C'est pour ça que nous demandons le maintien
33:48 de la CIVI parce que
33:50 cette lutte contre le déni
33:52 est loin d'être gagnée.
33:54 Il ne faut pas revenir en arrière.
33:56 Vous parliez tout à l'heure
33:58 du fait que toutes ces mesures
34:00 et l'ensemble des préconisations de la CIVI
34:02 sont à prendre comme un bloc parce que
34:04 elles font sens si elles sont mises
34:06 en application ensemble.
34:08 Dans le volet répression
34:10 et protection aussi,
34:12 il y a bien sûr tout le volet police-justice.
34:14 Aujourd'hui, on voit que
34:16 les effectifs ne sont pas assez
34:18 nombreux pour lutter contre la cyber-criminalité
34:20 par exemple, qui concerne la pédocriminalité.
34:22 Il y a aussi
34:24 le fichier des auteurs
34:26 d'infractions sexuelles qui existe
34:28 qui s'appelle le fichier judiciaire automatisé
34:30 des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes.
34:32 Aujourd'hui, il est
34:34 peu ou mal utilisé, vous dites. C'est assez inquiétant ?
34:36 Écoutez,
34:40 c'est un outil qui a des potentialités
34:42 importantes.
34:44 Et après
34:46 expertise, après audition
34:48 de praticiens, d'enquêteurs,
34:50 nous avons vu que cet outil
34:52 tel qu'il existe,
34:54 a des capacités de prévention,
34:56 de protection et de contrôle social des agresseurs,
34:58 de contrôle des antécédents,
35:00 mais que ces potentialités
35:02 pourraient être développées
35:04 encore, qu'ils permettent
35:06 par exemple de faire
35:08 des recherches quand
35:10 on n'arrive pas à identifier
35:12 dans un secteur géographique un pédocriminel
35:14 qui, après la plainte
35:16 d'un enfant victime,
35:18 d'arriver par des recoupements
35:20 à voir les suspects.
35:22 Il y a des choses pratiques, voyez-vous.
35:24 On oppose toujours les principes
35:26 pour dire "non, on ne peut pas protéger".
35:28 Mais ces outils existent.
35:30 Et donc,
35:32 la civise est à la fois dans des questions
35:34 de principes extrêmement importantes,
35:36 comme vous venez de le dire sur l'enfance,
35:38 elle est aussi dans des enjeux
35:40 de pratiques professionnelles
35:42 pour protéger les enfants réels.
35:44 Mais quand, en parallèle de ce travail
35:46 potentiel de la civise et de vos recommandations,
35:48 on apprend que
35:50 le pédocriminel Francis Évrard,
35:52 qui était un multirécidiviste,
35:54 pourrait sortir de manière anticipée en 2027
35:56 et a eu le droit de changer de nom.
35:58 Est-ce que ce n'est pas inquiétant ?
36:00 Est-ce que là, il n'y a pas une schizophrénie
36:02 dangereuse du ministère de la Justice
36:04 et de la Société ?
36:06 Écoutez,
36:08 ce que ces trois années d'engagement
36:10 à la civise
36:12 ont aussi permis de mettre en évidence,
36:14 c'est que ces violences sexuelles
36:16 faites aux enfants font l'objet
36:18 d'un déni puissant, massif et ancien.
36:20 Et que ce déni a des ramifications,
36:22 des prolongations,
36:24 dans le traitement social des viols,
36:26 des agressions sexuelles, de l'inceste,
36:28 y compris dans le traitement judiciaire.
36:30 Et puis, il ne faut pas oublier que nous, les humains que nous sommes,
36:32 nous restons fascinés par le pouvoir
36:34 et la violence.
36:36 Et que nous avons,
36:38 finalement,
36:40 difficilement la capacité
36:42 de prendre en compte
36:44 la très grande
36:46 dangerosité des pédocriminels.
36:48 C'est vraiment
36:52 un sujet majeur
36:54 et je trouve qu'il est éludé,
36:56 sauf quand vous en prenez
36:58 bien sûr l'ampleur et avec les différents rendez-vous
37:00 et les rapports de la civise.
37:02 La question importante, c'est le maintien
37:04 de la civise au-delà du 31 décembre.
37:06 On a entendu le porte-parole
37:08 du gouvernement Olivier Véran
37:10 annoncer qu'il y aurait sans doute une continuation
37:12 mais dans un flou total.
37:14 Qu'est-ce que vous voudriez dire
37:16 aujourd'hui aux responsables
37:18 politiques qui sont actuellement
37:20 en train de faire des lois, qui pourraient
37:22 maintenir la civise pour que ça arrive
37:24 et que ça continue ? Parce que je pense
37:26 que l'ensemble des citoyens français ne
37:28 comprendraient pas si la civise
37:30 venait à disparaître au 31 décembre.
37:32 Merci de me donner
37:34 l'opportunité d'en dire un mot.
37:36 En effet, depuis
37:38 plusieurs mois déjà,
37:40 nous préconisons
37:42 le maintien de la civise.
37:44 Parce que la civise ne peut
37:46 à elle seule
37:48 traiter tous
37:50 les problèmes contenus dans
37:52 le problème des violences sexuelles faites aux enfants
37:54 mais elle est une instance inédite.
37:56 Une instance inédite qui en trois
37:58 ans a maintenu
38:00 un niveau de
38:02 conscience collective et d'exigence
38:04 sur ce problème
38:06 qui est indéniable.
38:08 Parce qu'elle est fidèle
38:10 à la promesse faite aux
38:12 adultes qui ont été victimes dans leur enfance.
38:14 C'est la première chose. La deuxième chose,
38:16 c'est que tout le monde aujourd'hui reconnaît que les
38:18 préconisations de la civise et les
38:20 analyses de la civise sont
38:22 utiles pour les politiques publiques.
38:24 Alors, pourquoi
38:26 arrêter ? Ce qui
38:28 répond.
38:30 La civise n'est pas un problème,
38:32 elle est une réponse
38:34 à un problème.
38:36 C'est pourquoi,
38:38 nous sollicitons
38:40 à la fois le maintien de la civise
38:42 et je souhaiterais pouvoir maintenir
38:44 mon engagement à la civise, continuer
38:46 à tenir cette promesse.
38:48 Merci beaucoup
38:50 M. Edouard Durand pour votre
38:52 travail, pour votre engagement et on espère
38:54 qu'il sera pérennisé
38:56 après le 31 décembre. Merci d'avoir été
38:58 notre invité.