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Suite de l'entretien avec le docteur Lise Barthélemy, pédopsychiatre à Montpellier

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Transcription
00:00 Les écrans sont nocifs quand on les présente trop tôt aux enfants, avant 3 ans.
00:06 Ça n'a absolument aucun intérêt au niveau divertissement et au niveau développement.
00:12 Et après quand ils sont un petit peu plus grands, à partir de 3 ans, quelques minutes,
00:16 enfin une vingtaine de minutes, le samedi, le dimanche uniquement, jamais la semaine,
00:21 si on leur donne trop d'écrans, ça leur fait trop de mal à les présenter.
00:28 Quand on leur donne trop d'écrans, ça les empêche d'utiliser leur autre sens,
00:34 qui est le toucher, qui est le goût, qui est l'odorat, qui est la manipulation, la motricité globale.
00:44 En fait, ils ne développent que la vue et l'ouïe.
00:50 Et non seulement ils risquent de voir en trop grande quantité des images et parfois des contenus pas adaptés,
01:01 mais ça les empêche aussi de faire leur développement globalement, qui est nécessaire depuis la nuit des temps.
01:09 Marcher, courir, construire quelque chose qui est bancal, et puis tout d'un coup je me rends compte que finalement,
01:14 si je positionne autrement les morceaux de bois, ça va tenir.
01:18 Dessiner, au début je dessine, ça ne ressemble à rien, et puis finalement j'ajuste mon geste,
01:24 j'apprends à mieux tenir le feutre, et là je sens que ça représente quelque chose.
01:29 Et quand je le montre à papa ou à maman, ils me disent "ah bah dis donc, c'est un bonhomme",
01:33 alors que jusqu'à présent ils ne me disaient pas ça.
01:35 Tout ce développement, il est absolument nécessaire, et les écrans sont un problème
01:40 parce qu'en trop grande quantité, ils empêchent.
01:43 Et puis ensuite, il y a toute la problématique du contenu,
01:47 qui est actuellement les dessins animés sont beaucoup trop rapides, violents, aigus,
01:52 et puis ensuite quand ils sont un peu plus grands, les jeux vidéo sont extrêmement addictifs,
01:58 et puis encore un peu plus grands, le smartphone qui vient polluer leur quotidien,
02:04 s'il n'est pas contrôlé par les parents, s'il n'est pas mesuré, et s'il est donné trop tôt.
02:08 Le smartphone, on est capable de l'utiliser, de le gérer à partir de 15 ans.
02:13 Or de nos jours, on le donne aux enfants à partir de 9, 10, au mieux 11 ans, mais c'est beaucoup trop tôt.
02:19 Et de là, il y a tout ce qu'il y a comme contenu porno, contenu raciste,
02:26 enfin toutes ces choses qui polluent véritablement l'enfant,
02:30 et qui l'empêchent de faire son développement beaucoup plus tranquillement,
02:33 d'être en contact avec les gens, donc leur père, mais aussi leurs frères et sœurs, leur famille,
02:39 et les gens autour d'eux. C'est en ça que l'écran est nocif, en trop grande quantité,
02:45 trop tôt, et avec des contenus pas adaptés.
02:48 Alors, très bonne question. Bien sûr, c'est réversible.
02:55 C'est-à-dire que si les parents, là aujourd'hui, se rendent compte que leur enfant est submergé d'écran,
03:01 et qu'il est addict aux écrans, et qu'il en perd son bon sens,
03:05 ils peuvent revenir en arrière. Il y a une semaine, qui est très difficile,
03:09 il faut que les deux parents soient bien d'accord entre eux, qu'ils posent bien la limite,
03:15 qu'ils mettent par exemple pour le smartphone le contrôle parental,
03:18 pour le jeu vidéo, qu'ils le cachent ou qu'ils l'amènent au bureau,
03:22 pour la télé, qu'ils emmènent les manettes et qu'ils cachent.
03:28 Et c'est réversible. L'enfant au début est complètement paniqué, fait des crises et c'est compliqué,
03:33 mais on l'accompagne, et on est avec lui, et on joue, et on le refait découvrir l'univers de sa chambre,
03:40 et au bout d'une semaine, il se rend compte qu'il est plus détendu, qu'il est plus tranquille.
03:45 Les parents redécouvrent leur enfant, et là il y a quelque chose d'autre qui s'enclenche,
03:49 mais avec les parents. Il faut penser que les enfants ne restent pas petits longtemps,
03:53 on n'en profite pas longtemps.
03:57 Ils peuvent avoir l'impression de se soulager du cadre, mais au final, ils le payent cher,
04:01 parce que l'enfant décroche, il décroche quand les enfants sont avec eux,
04:08 il pique des crises au moment d'éteindre les écrans,
04:11 ils ne veulent plus se doucher, ils ne veulent plus manger, ils n'arrivent pas à s'endormir,
04:14 ils passent des nuits tous, du coup, parents-enfants de mauvaise qualité,
04:18 et puis ensuite il y a le décrochage scolaire, et il y a toutes les difficultés,
04:23 et tout l'engorgement des orthophonistes qui ne savent plus comment répondre à la demande.
04:28 Donc oui, bien sûr, le cadre est très important à mettre,
04:31 et les parents en consultation, c'est vraiment très chouette,
04:35 quand ils arrivent à prendre conscience et à poser la limite,
04:38 ils disent "mais en fait, on crie beaucoup moins à la maison, et c'est beaucoup plus agréable,
04:42 et la télé, la semaine, même pas, on pense à l'allumer,
04:45 et les jeux vidéo, ils n'en demandent plus du tout la semaine".
04:49 C'est cadré, le samedi après-midi, le dimanche après-midi,
04:53 des choses préparées ensemble, et ça se passe beaucoup mieux.
04:56 [SILENCE]

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