Joël Guerriau, sénateur "Les Indépendants" de Loire-Atlantique, a été placé en garde à vue, soupçonné d'avoir drogué à son insu Sandrine Josso, députée MoDem du même département. Des analyses ont permis de confirmer la présence d'ecstasy dans son organisme et de la drogue a été trouvée au domicile du sénateur au cours d'une perquisition.
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00:00 Vous êtes cofondratrice de l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique.
00:03 Là, on a affaire à un sénateur qui reste présumé innocent à ce stade.
00:06 La victime, une députée.
00:09 On va commencer par penser à elle et lui afficher beaucoup de soutien.
00:15 Merci pour vos explications sur la soumission chimique.
00:18 C'est hélas quelque chose qu'on est amené à connaître
00:20 quand on lutte contre les violences sexistes et sexuelles en politique,
00:23 parce que ce n'est pas la première fois que ça intervient.
00:25 On peut penser à Damien Abad aussi,
00:27 contre lesquels ont été portées plusieurs accusations.
00:29 Trois femmes l'accusent de viol et de tentative de viol.
00:32 Notamment avec ces mécanismes-là.
00:35 Ce que ça révèle, c'est qu'on peut traiter ça,
00:36 il y aurait tous les ingrédients pour dire que c'est un fait divers.
00:39 Non, moi, ce qui me semble très important,
00:41 c'est que c'est un fait systématique dans le monde politique.
00:44 Moi, je vous le dis en tant que cofondatrice de l'Observatoire,
00:48 donc c'est notre travail quotidien,
00:50 et ça ne cesse pas, c'est dans tous les partis.
00:54 C'est-à-dire, c'est vraiment complètement confondu.
00:55 Et j'allais ajouter dans tous les pays.
00:57 On va célébrer entre guillemets le 25 novembre prochain,
01:00 la semaine prochaine, la journée internationale
01:02 des violences contre les femmes.
01:03 Ce n'est pas du tout anodin qu'à cette occasion,
01:06 il va y avoir un énorme événement au Parlement européen,
01:08 à Strasbourg et à Bruxelles,
01:10 qui s'appelle "Vers un Me Too politique européen",
01:12 dans lequel vont participer des femmes qui vont de Rachida Dati
01:16 à des partis d'extrême gauche.
01:18 Toutes nous disent la même chose.
01:20 Le milieu politique est gangrené
01:23 par les violences sexuelles en politique.
01:26 Est-ce qu'il y a une spécificité, si j'ose dire, qui expliquerait ?
01:30 Il y a une spécificité, c'est qu'on en est à se dire,
01:32 je vous le dis à l'observatoire, qu'en fait,
01:34 le milieu politique est un espace protégé pour les agresseurs.
01:37 C'est-à-dire que c'est un espace presque privilégié.
01:39 Et moi, j'en veux pour preuve, les réactions aussi des interprètes.
01:42 Un sentiment d'impunité concernant la consommation de drogue
01:46 et le passage à l'acte en matière de violences sexuelles ?
01:49 Je parle vraiment des passages à l'acte en matière...
01:51 Parce que les deux sont liés dans ces affaires-là.
01:53 Et dans d'autres affaires.
01:54 Mais là, il faut bien le voir aussi comme un moyen coercitif.
01:57 Et quand vous dites "sentiment d'impunité", notamment...
02:00 Mais totale, et qui est organisé au plus haut niveau de l'État.
02:03 Encore une fois, c'est tous les partis.
02:04 Mais je rappelle qu'on a un ministre de la Justice
02:07 qui a touché son sexe en croissant une magistrate.
02:11 C'est un témoignage, je parle d'Éric Dupond-Moretti.
02:13 On a un ministre de l'Intérieur qui a été accusé aussi de viol.
02:16 On a un président de la République qui couvre tout ça
02:20 et qui ne prend pas la mesure.
02:21 Qui couvre tout ça ?
02:22 Bien sûr, qui couvre tout ça.
02:23 C'est-à-dire ?
02:24 C'est-à-dire qu'aucune mesure concrète n'est prise.
02:28 On demande, ça fait longtemps que les féministes et l'Observatoire
02:31 demandent en particulier la création d'une autre instance, des moyens.
02:34 Parce que là, c'est les femmes politiques,
02:35 c'est les militantes qui prennent en charge tout ça.
02:38 Et il y a une impunité totale
02:40 et qui est absolument organisée dans le milieu politique.
02:42 C'en est un exemple, hélas, parmi de nombreuses autres.