“ C’est un film qui est devenu une série. “
Xavier Giannoli, le réalisateur de la Création Originale D’Argent et de Sang, revient sur la genèse de ce projet d’envergure et nous livre son regard, entre fascination et indignation, sur l’incroyable histoire qui lui a inspiré la série.
Découvrez D’Argent et de Sang Partie 1, disponible en intégralité : https://can.al/yyon
PARTIE 2 : DÈS JANVIER !
Synopsis de la série : L'arnaque du siècle, survenue en France et en Europe entre 2008 et 2009. Des milliards partis en fumée sur le nouveau marché financier des "quotas carbone" inventé pour lutter contre le réchauffement climatique. L'association d'escrocs de Belleville avec un trader des beaux quartiers, traqués par un enquêteur obsessionnel. Quand les passions humaines se déchaînent au-delà du simple intérêt.
Une série de Xavier Giannoli, avec Vincent Lindon, Niels Schneider, Ramzy Bedia, Judith Chemla, David Ayala, Olga Kurylenko, Yvan Attal, André Marcon, Lyes Kaouah, Matthias Jacquin, Victoire Du Bois, Joëlle Haddad Champeyroux, Rayan Bouazza.
Retrouvez plus de séries sur CANAL+ : https://www.canalplus.com/series/
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Xavier Giannoli, le réalisateur de la Création Originale D’Argent et de Sang, revient sur la genèse de ce projet d’envergure et nous livre son regard, entre fascination et indignation, sur l’incroyable histoire qui lui a inspiré la série.
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PARTIE 2 : DÈS JANVIER !
Synopsis de la série : L'arnaque du siècle, survenue en France et en Europe entre 2008 et 2009. Des milliards partis en fumée sur le nouveau marché financier des "quotas carbone" inventé pour lutter contre le réchauffement climatique. L'association d'escrocs de Belleville avec un trader des beaux quartiers, traqués par un enquêteur obsessionnel. Quand les passions humaines se déchaînent au-delà du simple intérêt.
Une série de Xavier Giannoli, avec Vincent Lindon, Niels Schneider, Ramzy Bedia, Judith Chemla, David Ayala, Olga Kurylenko, Yvan Attal, André Marcon, Lyes Kaouah, Matthias Jacquin, Victoire Du Bois, Joëlle Haddad Champeyroux, Rayan Bouazza.
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00:00 j'y ai tout de suite vu une matière romanesque extraordinaire.
00:03 En fait, tout est parti de la lecture du livre "Enquête" de Fabrice Arfi,
00:12 qui a fait un travail comme une enquête journalistique américaine,
00:15 en fait, d'une certaine façon.
00:17 Il a exploré tous les recoins, en tout cas de son point de vue, de cette affaire.
00:21 Moi, j'ai lu ce livre comme un roman et j'y ai tout de suite vu
00:25 une matière romanesque extraordinaire.
00:26 Le nombre de personnages, le nombre de milieux sociaux visités,
00:31 la technicité de cette escroquerie,
00:33 comment est-ce que trois gangsters réussissent à pirater 5 milliards d'euros ?
00:36 Et puis, en même temps, d'où ils venaient, qui ils sont,
00:38 et dans quel monde et à quelle époque tout ça se passe ?
00:41 Et le livre a servi de base.
00:43 C'est une fiction inspirée de faits réels.
00:53 La série va s'attacher à un personnage qui s'appelle Simon Venachter,
00:58 qui est Vincent Lindon, qui crée un nouveau service d'enquête
01:02 pour combattre la délinquance financière.
01:04 Et puis, par hasard, il va tomber sur l'affaire
01:07 dite de l'escroquerie des quotas carbone.
01:09 Et il va devenir obsédé par cette affaire et surtout par les personnages
01:14 et par les enjeux environnementaux, politiques, humains, sociaux de cette enquête.
01:19 Et ça va devenir un enquêteur obsessionnel
01:22 qui va vouloir aller au bout de tous les enjeux
01:25 de cette escroquerie dite des quotas carbone.
01:27 Et en même temps, il va y avoir des gens qui viennent de milieux populaires de Belleville,
01:31 qui vont s'associer avec un garçon qui vient des beaux quartiers du 16e arrondissement.
01:36 Il va y avoir un magistrat,
01:37 quelqu'un qui se présente comme étant un technicien de l'enquête,
01:40 mais lui-même a une fille qui est devenue camée
01:42 et il essaye de la récupérer et de l'aider.
01:44 Et on va tourner pour la série à la fois dans le réel bureau,
01:48 d'ailleurs, de Bruno Le Maire à Bercy, du ministère de l'Économie et des Finances.
01:51 Et en même temps, on va tourner dans des boui-bouis à Manille.
01:55 Donc, cet espèce de mouvement de fresque, d'une certaine façon,
01:58 était tout de suite lié à la lecture du livre et très excitante.
02:02 Ce qu'il faut savoir, c'est que désormais, les délinquants ont compris
02:05 qu'il était plus facile d'agir directement sur les marchés financiers
02:08 que de braquer une banque.
02:09 Quand je referme le livre d'Harphy,
02:11 j'ai tout de suite l'idée d'un enquêteur qui sera joué par Vincent Lindon.
02:15 J'avais déjà fait un film avec lui qui s'appelait "L'apparition"
02:17 et ce qui m'avait plu dans ce que j'avais filmé, capté de lui,
02:20 c'était Vincent comme un principe de vérité.
02:22 Quelqu'un qui ne veut pas qu'on lui raconte d'histoire,
02:25 qui ne veut pas qu'on l'enfume,
02:26 qui a une capacité de colère et d'intignation qu'on lui connaît.
02:29 Je me suis dit que tout ça va être intéressant pour l'enquêteur.
02:32 J'ai plein d'amis flics, vous savez.
02:33 J'ai rien à voir avec vos amis flics.
02:35 Il n'y a pas de service ou d'arrangement possible avec moi.
02:38 Vous comprenez ? Je suis clair.
02:39 La série va s'organiser vers une confrontation entre lui et le personnage de Nils Schneider.
02:44 Découverte extraordinaire pour moi, je l'avais déjà repéré, Nils,
02:48 mais qui est allé dans la démesure, la folie.
02:50 C'est-à-dire qu'à la fois, c'est un personnage diabolique, assez effrayant,
02:53 et puis en même temps, on sent qu'il a une fêlure, une humanité, des contradictions.
02:58 Ramzi Bedia, moi je l'avais évidemment connu comme tout le monde.
03:01 C'est ma génération comme comique, absolument extraordinaire, drôle.
03:06 Et ce qu'il a apporté, et qui je crois n'a jamais joué jusqu'à présent,
03:10 c'est une forme de noirceur, c'est le danger.
03:13 Et il fait d'autant plus peur qu'il est drôle et charmant.
03:15 Quelle compagnie ?
03:17 Import-Export.
03:18 Oui, Import-Export.
03:20 We do Import-Export, we import, we export.
03:22 You sell goods and services from your...
03:24 Oui, vous me cassez pas les couilles, elle remplit ça.
03:27 Vas-y, note plutôt ça.
03:28 Voilà, Import-Export.
03:30 Après, il y a David Ayala, moi je le connaissais pas,
03:32 il est apparu en casting, je sais pas, il est éblouissant, cet acteur.
03:36 C'est incroyable quand vous êtes mettant en scène,
03:38 et puis vous avez écrit les dialogues,
03:40 et qu'il se les approprie et il les met en musique,
03:43 et il apporte un naturel, des ruptures de rythme,
03:46 il apporte toute une histoire, j'y crois à cet homme
03:49 qui a grandi à Belleville, qui trichait aux cartes,
03:51 et qui d'un coup a l'idée de l'escroquerie à la TVA sur les cotas carbone.
03:54 Les personnages féminins après sont très très importants.
03:57 Le personnage de Judith, par exemple, est la femme de Jérôme Mathias,
04:00 donc un des trois escrocs.
04:02 Il y a une vibration chez Judith qui est à la fois une femme amoureuse,
04:07 elle est intelligente, elle est structurée,
04:09 elle voit qui est son mari, elle le comprend petit à petit.
04:12 Et son contre, c'est le personnage d'Olka Kurilenko.
04:16 Je ne voulais évidemment pas faire une caricature féminine
04:19 de femme sexy, etc.
04:22 L'idée c'était qu'elle soit complexe, qu'elle s'incarne aussi
04:24 dans des contradictions, dans une histoire,
04:26 on comprend d'où elle vient, ce qu'elle a vécu, ce qu'elle fait.
04:28 Faut rentrer dans le game, c'est tout.
04:29 Moi, mon père a été bouché à Belleville.
04:31 Il m'a dit "le capitalisme, c'est la liberté
04:34 du renard libre dans un poulailler libre".
04:36 C'est l'époque qui parle à travers eux.
04:39 Tout simplement.
04:40 Toute la difficulté quand on va filmer des personnages décadents,
04:43 c'est que la décadence au cinéma, c'est très sexy.
04:47 C'est très beau à voir, des gens qui se permettent tout.
04:50 Que ce soit dans un geste, dans une façon de s'habiller,
04:53 dans la voiture qu'ils choisissent,
04:54 ou dans la violence qu'ils expriment dans les rapports.
04:57 Après, moi, comme metteur en scène,
05:00 je n'aime pas du tout la complaisance facile
05:04 de filmer ça et d'en jouir uniquement visuellement,
05:08 parce que je trouve que c'est socialement
05:09 des comportements très graves et très difficiles.
05:11 Et en même temps, je n'aime pas du tout non plus
05:13 le confort de la condamnation de les réutiliser
05:16 en les caricaturant.
05:17 Donc j'essaie, dans la série, c'est ça qui m'intéressait,
05:20 d'avoir un point de vue qui à la fois est fasciné
05:24 par ce que ces types se permettent,
05:26 et puis en même temps, il y a aussi quelque chose en moi
05:30 qui est indigné.
05:32 Et ça, c'est le point de vue que porte Vincent Lindon,
05:35 qui lui se dit "mais ces types sont le signe
05:37 de quelque chose qui dégénère et qui n'est pas tolérable".
05:40 Et il va se battre contre ça.
05:41 Cette idée du combat et de l'obsession,
05:44 pour moi, était essentielle.
05:46 Parce qu'à l'arrivée de cette histoire,
05:47 elle s'est terminée en 520 de sang,
05:49 elle est 10 milliards reparties en fumée.
05:51 Et quand on est un serviteur de l'État comme moi,
05:54 ce n'est pas acceptable.
05:55 Et en même temps, ces petites histoires
05:57 s'inscrivent dans un grand mouvement du monde,
06:00 dans un grand mouvement civilisationnel,
06:01 même, où la question du bien, du mal se pose,
06:04 la question écologique, la question du judaïsme,
06:07 son rapport au bien et au mal,
06:09 au prisme de la religion ou pas,
06:11 ou au contraire, du code pénal.
06:12 Voilà, c'est ça le grand mouvement de la série, je crois.
06:16 Il y a une esthétique qui m'intéressait beaucoup,
06:17 qui est l'esthétique de l'enquête.
06:19 On va suivre un personnage déterminé à idée fixe, obsessionnel.
06:23 J'aimais cette idée d'une petite équation mathématique,
06:25 toute simple, et que de cette petite équation mathématique,
06:28 le personnage de Vincent Lindon comprend,
06:30 même si lui n'est pas un mateux dans l'histoire,
06:33 qu'avec un euro, on peut faire 100 millions.
06:35 Et justement, ce qui est intéressant,
06:37 c'est que moi, je ne connaissais rien à ce monde-là au début,
06:39 et que quand on me l'a expliqué, je me suis dit,
06:42 le spectateur va vivre la même chose avec Lindon,
06:44 puisque Lindon essaie de comprendre
06:45 comment est-ce que ce personnage, pour déconstruire cette affaire,
06:49 il va falloir qu'il mobilise des sites internet,
06:53 qu'il aille sur le terrain comme un flic,
06:55 interroger des gens,
06:57 qu'il y ait à la fois des poursuites de voitures
06:59 et des tracts digitales,
07:00 qu'il y ait à la fois des écoutes et des discussions avec des rabbins.
07:04 Il essaye de comprendre qu'est-ce qui s'est passé,
07:08 quel est le mystère de cette affaire absolument fascinante
07:11 et qui a fasciné beaucoup de gens et beaucoup de journalistes.
07:13 Moi, je fais du cinéma, je fais des films de cinéma,
07:16 et au moment d'écrire, de rédiger,
07:18 je voyais bien que tout ça allait devenir très très long,
07:20 et ça m'excitait d'ailleurs.
07:22 Après, j'ai travaillé avec Jean-Baptiste Delafond,
07:25 où on a construit des épisodes.
07:28 À l'époque, il y en avait environ six ou sept.
07:30 Après, moi, je scénarisais et je travaillais,
07:34 en fait, j'écrivais à partir de là,
07:35 je faisais l'adaptation, les dialogues.
07:38 J'essayais de me laisser gagner par la fiction, par l'histoire,
07:41 pour que tout ça se mette à jouer, à vivre.
07:43 Et en fait, c'est devenu huit épisodes, puis dix, puis douze.
07:48 Mais jamais je me suis posé la question,
07:50 est-ce qu'il y a une technique particulière, des trucs,
07:52 il faut faire à la fin d'un épisode ça, au milieu ça ?
07:55 Et puis, ça a été le bonheur d'être avec Canal+,
07:57 c'est qu'ils m'ont donné une liberté totale
07:59 et ils m'ont encouragé, poussé, en me disant,
08:01 mais faites ça comme si vous faisiez un film.
08:03 Et en fait, j'ai travaillé avec mon équipe de cinéma habituelle,
08:07 chef opérateur, producteur, les décorateurs, les costumiers.
08:11 Et en fait, c'est un film qui est devenu une série,
08:16 ou une série qui est un film, je ne me pose pas la question.
08:19 Ce qui était excitant, c'était à la fois,
08:21 il y a l'univers de l'ultraluxe, le plus déculpabilisé, le plus dégueulasse,
08:25 qui est lié au consumérisme, à cet hédonisme-là,
08:28 à cette dérive-là d'un monde qui se cherche dans des marques de luxe.
08:33 Il y avait à la fois le monde populaire de Belleville,
08:35 même si je n'ai pas voulu qu'il y ait le moindre pittoresque,
08:39 complaisant et idiot, il fallait quand même faire vivre ce monde-là.
08:42 Et j'espère que c'est ça qui fait la richesse romanesque
08:45 de la série et de l'histoire,
08:46 c'est de sentir que tous ces éléments esthétiques, hétéroclites,
08:50 sont en fait pris dans un grand mouvement
08:52 qui est celui des escroqueries à la taxe carbone,
08:55 et de tous ces enjeux, de toutes les questions que ça pose
08:58 aux citoyens que nous sommes et à nos gouvernants.
09:01 [SILENCE]