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"Les Yeux dans les Jeux". Voilà le titre de la nouvelle émission du service des sports de Nice-Matin. Jusqu’aux Jeux de Paris-2024 (26 juillet-11 août), nous vous présenterons, tous les quinze jours, un athlète azuréen qui espère s'y qualifier. Cette semaine, c’est au tour du cavalier Alexandre Ayache, Niçois installé à Lantosque, dans la Vésubie, de venir nous parler de sa passion et de ses objectifs cet été à Paris, où il vise une troisième olympiade (remplaçant à Rio, titulaire à Tokyo).

"Actuellement, en Equipe de France il y a cinq ou six chevaux qui sont dans la liste et le but, c’est de rester dans les trois derniers qui vont entrer sur le terrain (à Versailles aux JO, avec un quatrième remplaçant)", explique le cavalier. " On va se battre pour ça. J’ai le cheval le plus jeune en compétition, il faut continuer sa progression, mais Jolène (sa jument) n’a pas de point faible. Elle est capable de prendre un 8 ou 8,5 dans toutes les figures (22 figures sont notées sur 10), mais aussi de faire une faute partout. Il faut enlever ces petites erreurs et ça ira très, très bien."

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Sport
Transcription
00:00 Salut à tous, bienvenue sur le plateau des yeux dans les jeux, l'émission consacrée à la
00:23 préparation des sportifs azuréens pour les Jeux de Paris 2024. Ce cinquième numéro aujourd'hui
00:28 il est avec une fois de plus Romain Laronche en plateau, journaliste au service des sports.
00:32 Salut Romain. Salut Christopher.
00:34 Notre cinquième invité, il est en face de toi, c'est un cavalier spécialiste du dressage qui est
00:40 donc présélectionné pour les Jeux de Paris 2024. Il est niçois, il vit à Lentosque, c'est
00:44 Alexandre Hayache. Salut Alex et bienvenue. Bonjour Christopher, bonjour à tous.
00:49 Merci d'avoir accepté cette invitation. Pour commencer, je laisse Romain faire une
00:54 courte présentation de toi. Comme l'a dit Christopher, tu es niçois, tu as grandi à
00:59 Nice avant de t'installer à Nord-Axe, tu as 41 ans. L'équitation pour toi ça remonte à il y a
01:04 bien longtemps, tu as débuté à 3 ans en voyant le poney d'un de tes voisins il me semble. C'est
01:10 exactement ça. A 6 ans tu commences en club au club hippie de Nice. Pourtant tu n'es pas issu du
01:17 milieu de l'équitation, ton père est policier, ta mère est assistante maternelle. Alors pourquoi
01:22 tu t'es tourné vers ce sport ? Il n'y a pas vraiment de raison en fait, c'est une maladie,
01:26 c'est vraiment une piqûre et il n'y a pas de raison. Comme tu le disais très bien, dans mon
01:32 entourage il n'y a pas de cavalier et j'ai toujours rêvé de chevaux depuis tout petit. Donc il n'y a
01:37 pas d'explication logique. C'est un virus quoi. Oui c'est un virus, un mauvais virus. Alors tu
01:45 n'as pas toujours fait du dressage, tu as fait du saut d'obstacle, le dressage ça vient un peu
01:49 plus tard, je crois vers 17-18 ans. C'est ça. En fait avant le dressage j'ai touché à tout ce
01:53 qu'on peut faire avec les chevaux. Mes parents n'avaient pas spécialement les moyens de m'acheter
01:58 un cheval donc je montais tous les chevaux que je pouvais monter et je me régalais à monter
02:02 n'importe quel cheval. Et le dressage est arrivé au Tour Eur, entre 16 et 18, avec une dame qui
02:08 avait des difficultés avec un cheval et qui m'a demandé de l'aider, parce qu'à l'époque je
02:12 montais les chevaux un peu compliqués, je n'avais pas les moyens, je montais ce que je pouvais. Et
02:15 c'est comme ça que j'ai commencé à faire du dressage un peu plus. Puis un autre, puis un autre,
02:20 et puis voilà où on en est. À 20 ans, donc tu es relativement jeune, tu décides de t'installer à
02:26 Lantosque, d'ouvrir ton centre équestre, 7 hectares, aujourd'hui tu as 30 chevaux. C'était
02:31 une initiative un peu risquée quand on est jeune comme ça de s'installer là ? Alors c'est toujours
02:36 risqué, après c'était un risque modéré, on a acheté une propriété où il y avait une maison,
02:41 je l'ai achetée en copropriété avec mes parents, donc si ça ne marchait pas on avait toujours de
02:45 quoi y vivre. Après il y a deux manières de vivre, soit tu as les moyens et puis tu achètes ta vie,
02:52 soit tu n'as pas les moyens et tu la construis. Donc nous c'est ce qu'on a fait, on n'avait pas de
02:57 choix, on a choisi la deuxième solution. Il n'y avait que la deuxième solution pour nous, on
03:02 ne pouvait pas faire autrement. Et voilà 20 ans plus tard, ça commence à ressembler à quelque
03:08 chose. Alors au niveau sportif les résultats vont monter en flèche, à Rio tu es remplaçant,
03:13 à Tokyo tu as débuté tes premiers Jeux Olympiques avec Zawad, et puis là tu es
03:19 présélectionné pour les Jeux de Paris, tu seras avec Jolene, une jument que tu montes depuis deux
03:26 ans maintenant, c'était un coup de foudre entre vous apparemment ? Oui, c'est la jument, je l'ai
03:31 adoré, c'est une jument qui est arrivée chez moi avec une cliente qui n'avait pas trop de feeling
03:35 avec cette jument et qui souhaitait la vendre, et j'ai adoré la jument du premier moment où je suis
03:41 monté dessus, j'ai vraiment adoré la jument, elle est très très spéciale, c'est un cheval qui a
03:46 pas de défaut, ça tombe bien, ça comble les miens, mais elle n'a vraiment pas de défaut,
03:50 elle veut toujours faire plaisir. On va juste expliquer Alexandre cette partie là aussi de
03:54 ta vie, il y a de la compétition mais pas que, tu fais aussi du dressage pour ensuite revendre des
03:58 chevaux etc. C'est là, c'est ce que je vous disais tout à l'heure, moi je n'ai pas de choix,
04:02 on a un système assez spécial, c'est pour pouvoir rester sur le haut niveau avec ce que ça coûte,
04:10 et le peu de sponsors qu'on arrive à dégager c'est qu'on est obligé de dresser des chevaux,
04:14 les emmener en compétition et puis les vendre une fois qu'ils sont très performants, ce qui nous
04:17 permet de dégager les fonds pour pouvoir continuer le haut niveau et faire tourner la structure. On
04:21 n'a pas trouvé d'autres schémas économiques viables avec le très haut niveau malheureusement.
04:27 Alors pour revenir aux sportifs, cette saison 2023 elle est brillante, vous avez réussi à gagner
04:33 en équipe avec l'équipe de France à Rotterdam, vous avez fait sixième des championnats d'Europe
04:38 en Allemagne, tu es actuellement dans ce groupe France qualifié, mais vous êtes quatre cavaliers,
04:43 il y aura quatre cavaliers à Paris, le but c'est de rester parmi ces quatre cavaliers pour disputer
04:48 les Jeux de Paris ? C'est exactement ça, pour l'instant il y a cinq, six chevaux qui sont
04:53 entre guillemets dans une longue liste et l'idée c'est de rester dans les trois derniers qui vont
04:57 rentrer sur le terrain clairement et on va se battre pour ça, que les choses soient bien claires,
05:02 on va faire tout ce qu'il faut pour pouvoir rester là dedans et on va surtout essayer de
05:10 continuer la progression. Moi j'ai le cheval le plus vert en compétition et le plus jeune en
05:15 compétition pour les années de compétition qu'il y a dans tous ces chevaux là, donc on a eu un
05:20 debriefing là le week-end dernier avec le staff justement, ils ont fait des statistiques assez
05:25 intéressantes avec un gars qui a pris tous les grands prix et avec toutes les notes que la
05:30 jument a déjà eues en épreuve, si on prend toutes les meilleures notes qu'elle a déjà eues sur chaque
05:35 figure, on n'est pas loin de 77% sur des notes qu'elle a déjà eues et c'est le seul cheval qui
05:41 n'a pas de points faibles, c'est à dire qu'elle est capable de prendre un 8 ou un 8 et demi dans
05:44 toutes les figures et de faire une faute dans toutes les figures, donc il faut qu'on enlève ce
05:49 côté jeune où des fautes peuvent arriver et qu'on stabilise le reste et ça va aller très très bien.
05:54 On va expliquer un peu la notation justement pour ceux qui ne connaîtraient pas cette discipline
05:58 là, en gros ça ressemble à une notation sur 10, ça peut être 7 sur 10, 8 sur 10 en fonction de
06:04 comment se passe la représentation du cheval et des fautes, vous avez plus ou moins de points,
06:08 c'est un peu comme ça qu'on peut le dire, ça ressemble du coup à un pourcentage.
06:12 C'est exactement ça, il y a 22 figures qui sont notées sur 10 et voilà quand on prend un 8,
06:19 8 et demi c'est déjà très très bien et voilà donc et ensuite c'est l'accumulation de ces figures
06:25 là avec les coefficients qui donne la note finale et du coup ça donne un pourcentage final.
06:29 Par rapport justement maintenant à la suite, ce sont ces jeux qui vont arriver très très vite,
06:34 parle nous un peu des échéances, l'équipe de France est qualifiée d'office, il vous serait 4,
06:38 comment faire partie de ces trois qui vont être titulaires, voire du remplaçant,
06:43 quelles sont les échéances un petit peu qui vont arriver sur l'année à venir ?
06:47 Alors là on a un choix stratégique du sélectionneur et du staff et en ayant discuté avec tout le monde,
06:52 cet hiver moi là je m'en vais faire quelques Coupes du Monde en indoor, c'est un tout autre sport,
06:57 le indoor c'est très spécial, c'est très serré, les chevaux sont un peu, c'est assez différent du
07:02 concours extérieur mais par contre ça fait mûrir vraiment les chevaux donc pour pouvoir faire du
07:06 concours il n'y a que le indoor donc on va faire des Coupes du Monde comme Lyon, comme Madrid dans
07:10 15 jours et puis après la saison extérieure va redémarrer à Fontainebleau et là la guerre sera
07:16 ouverte. Mars, avril il faudra faire les meilleures performances. Exactement ça va redémarrer en mars
07:20 je crois que c'est Fontainebleau, après il y aura la Coupe des Nations de Compiègne, Coupe des Nations
07:25 de Rotterdam, la Coupe des Nations d'Aix-la-Chapelle et les Jeux. Donc c'est à la fois très loin,
07:31 huit mois c'est à la fois très loin parce qu'il peut se passer énormément de choses, une blessure
07:33 ou quoi que ce soit mais c'est aussi demain donc il va falloir rester calme et structuré.
07:38 Tu as évoqué le système de notation pour ramener une médaille des Jeux de Paris,
07:43 il faudra performer au-delà de 80%, la médaille elle est jouable tu penses ?
07:48 Alors la médaille concrètement dans le sport qu'on pratique il y a ce que tu fais, ce que ça vaut
07:56 et ce que les juges veulent bien donner. Ça reste un jugement humain et les stars,
08:02 ceux qui font déjà 80 depuis un moment sont difficiles à détrôner. C'est déjà arrivé,
08:11 qui est une grosse surprise mais la médaille va être compliquée, la médaille va être très
08:16 compliquée. Parce qu'aujourd'hui Jolene fait autour de 75-76% ? C'est ça, Jolene sur les
08:22 grands prix en musique elle a déjà fait près de 78 sinon elle tourne entre 71-72. C'est un cheval
08:28 que j'espère amener autour de 75 pour les Jeux Olympiques. En tout cas c'est l'objectif qu'on
08:37 s'est fixé, après est-ce qu'on va l'attendre ou pas ça personne le sait mais nous c'est
08:41 l'objectif qu'on s'est fixé et c'est un objectif comme je vous disais réalisable,
08:44 ce n'est pas de l'hypothétique. Les Jeux en France c'est quoi ? C'est le rêve d'une
08:50 vie pour toi ? En général, les Jeux c'est le rêve de tout athlète. Moi j'ai la chance
08:54 d'en avoir déjà fait deux et là j'ai l'opportunité dans ma vie que ça se passe dans mon pays. Alors
08:59 pour avoir eu la chance d'avoir fait les championnats du monde en France, c'est quand tu rentres dans
09:04 le couloir, le stade qui hurle, tu as l'impression que tu es un gladiateur. Honnêtement, c'était
09:10 vraiment hallucinant cette ambiance qu'on n'a pas du tout retrouvé à Rio et encore
09:14 moins à Tokyo puisque le Covid c'était guichet fermé donc l'ambiance c'était moins sexy.
09:20 Mais là tu vois par exemple une coupe du monde comme à Lyon quand tu es chez toi, c'est
09:26 assez hallucinant l'ambiance. Le public français est un très très bon public. Et puis le cadre
09:31 à Versailles ça va être quelque chose. Oui, il y a tout un côté historique en plus parce
09:35 qu'ils ont mis le dressage à Versailles donc c'est sûr et certain que ça va être quelque
09:40 chose d'assez grandiose malgré que le public est assez restreint. Les places sont assez
09:44 restreintes mais il est évident que faire les Jeux dans ton pays, ça va au-delà du
09:50 rêve. Honnêtement, ça va au-delà du rêve. Il y a des athlètes qui ne l'ont jamais connu
09:53 parce que c'est jamais arrivé dans leur pays. Donc c'est sûr que l'opportunité se présente.
09:58 On va faire ce qu'il faut pour être là. Ça c'est sûr.
10:02 Et toi qui vis à Lentosque dans la Vésubie, dans le milieu rural, quel rapport tu entretiens
10:07 avec Paris, la capitale ? J'ai envie de te dire, nous on est un peu
10:12 déconnecté de tout ça. Comme tu viens de dire, on est des paysans, des sportifs paysans.
10:17 Mais j'ai envie de dire, il y a très peu d'athlètes qui… si les gens pensent que…
10:25 le problème c'est que les gens ne voient de nous que ce qui brille. Ils ne voient pas
10:28 tout ce qu'il y a derrière. Mais la compétition c'est 4% de notre temps. Tout le reste du
10:32 temps c'est du boulot, du boulot, du boulot. Donc le rapport avec la capitale c'est…
10:35 Et tu apprécies peut-être la ville ? Tu as déjà été en vacances ?
10:38 Oui, oui, oui. Après c'est une des plus belles villes au monde. La planète entière
10:44 y vient. Donc laisse imaginer d'aller faire les Jeux là-bas. Il y a pire punition. On
10:48 a connu pire punition. Ça c'est sûr et certain.
10:50 Par rapport justement aussi aux épreuves, explique-nous un peu comment ça va se passer
10:55 à Paris. Il y a trois types d'épreuves je crois. Je te laisse expliquer un petit
10:59 peu comment ça se passe un concours. Les championnats se courent en trois épreuves.
11:04 Il y a le Grand Prix qui est clairement qualificatif pour l'équipe.
11:06 Pour l'épreuve par équipe ? Oui, oui. Le Grand Prix va nous permettre
11:14 de qualifier l'équipe sur le Grand Prix spécial. Et les meilleurs du Grand Prix,
11:18 les six meilleurs du Grand Prix passent directement dans la reprise en musique, donc l'individuelle.
11:23 Et ensuite les deux meilleurs de chaque groupe, il y a six ou sept groupes en fonction des
11:27 pays, les deux meilleurs de chaque groupe passent aussi dans la libre. Mais nous à
11:31 l'heure actuelle, en tout cas à mes yeux quand tu cours un concours comme ça, d'abord
11:35 tu vas pour ton équipe et pour ton pays et ensuite l'individuelle c'est la cerise
11:38 sur le gâteau. En tout cas moi ça a toujours été ma manière de faire, ma manière de
11:42 voir quand je vais en piste pour l'équipe, je cours pour l'équipe et puis ensuite
11:45 si on a la chance d'aller faire de l'individuel derrière parce qu'on a été bon, tant
11:48 mieux. Mais ce n'est pas de prise de risque et sécuriser tout pour qu'on aille le plus
11:52 loin possible en équipe et qu'on montre qu'on existe.
11:54 Un peu ce qu'on a fait à Rotterdam, un peu ce qu'on a fait avec Slash Appel et ce
11:58 qu'on a refait au championnat d'Europe. Après il y a des moments où c'est un peu
12:00 frustrant parce que tu rentres et tu sais que tu dois sécuriser sans tout donner quelque
12:04 part. Ça a très bien fonctionné toute la saison parce que là je ne m'en fais que
12:08 augmenter. Je fais mon premier concours où je ne suis pas en équipe et je fais des cagades
12:12 parce que je veux aller trop fort. Donc, il va falloir se calmer.
12:15 Mais l'idée c'est vraiment le Grand Prix qui qualifie pour le Grand Prix spécial,
12:19 ça c'est pour l'équipe. 30 qui basculent dans le Grand Prix spécial.
12:22 Et les 15 meilleurs basculent dans la reprise en musique qui est la reprise individuelle.
12:27 Ok. Alors, excuse-moi cette question de novice,
12:31 je pense qu'on te la pose souvent, mais quelle est la part du cavalier, quelle est
12:34 la part du cheval dans le résultat ? Alors, la part du cheval, il faut appeler un
12:39 chat un chat. Je veux dire, vous pouvez mettre le meilleur cavalier au monde, s'il n'a
12:41 pas un bon cheval, il est en queue de peloton. Donc là, j'ai envie de dire, pour être
12:46 tout à fait honnête, c'est 80% le cheval et 20% le cavalier. Nous, on n'est que là
12:51 pour essayer de ne pas faire de fautes et d'emmener le cheval à ne pas faire de fautes.
12:54 Ce week-end, c'est moi qui fais faire les fautes à ma jument. Ce n'est pas elle
12:56 qui s'est levé le matin et qui m'a dit « je vais te pourrir ta ligne de changement ».
12:59 J'ai voulu jouer, j'ai voulu pousser encore plus que d'habitude parce que je me suis
13:03 dit « c'est le moment » et en fait non, c'était un mauvais calcul. Donc, clairement,
13:06 c'est 80% le cheval et 20% le cavalier à mes yeux. Après, il y a des cavaliers qui
13:11 vont hurler quand ils vont entendre ça parce qu'ils aiment bien faire croire que c'est
13:14 les stars, mais les vrais athlètes, c'est nos chevaux.
13:16 Ça ressemble un peu à la F1, presque, on peut dire, d'une certaine manière.
13:18 Oui, ça ressemble un peu à la F1. Ça ressemble un peu à… En fait, ça ressemble
13:22 un peu à tous les sports où tu as un élément extérieur. Là, nous, c'est un être vivant.
13:28 C'est encore plus gros, mais clairement, le vrai athlète, tu peux ressembler à un
13:38 athlète type top taillé. Si tu as un cheval qui n'est pas performant, il n'est pas
13:41 performant et la performance, c'est impossible. Et l'inverse, par contre, c'est… On a
13:45 vu des cavaliers qui ne ressemblaient pas vraiment à des athlètes à pied et qui font
13:48 des top performances. Bon, je n'ai pas fait des top performances encore. On peut aller
13:51 manger des pizzas et faire une top performance. C'est ça que je veux dire. Nous, dans notre…
13:54 Alors, pas tous les jours, mais par contre, les chevaux, on n'a pas de choix que d'avoir
14:00 un vrai athlète en dessous. Donc là, clairement, les athlètes et les stars, c'est eux. Il
14:03 faut quand même remettre l'église au centre du village sur ce point de vue-là.
14:06 Ce qu'il faut réussir à créer, c'est la complicité entre les deux. J'ai repris
14:11 une déclaration, tu dis « quand on a un cheval qui arrive à ce niveau-là, la relation
14:13 ne peut être que fusionnelle ». C'est ce qui se passe avec Jolen.
14:16 Oui, il n'y a pas de débat. Il n'y a vraiment pas de débat. Tu ne passes pas des
14:20 heures et des heures tous les jours avec un animal quand tu es amoureux de ce que tu
14:23 fais. Après, je te parle pour moi, mais tu ne passes pas… Encore une fois, les gens
14:28 ne voient que ce qui brille. La compétition, comme je te disais, c'est très peu de temps.
14:32 Nous, on passe énormément de temps avec nos chevaux à les dresser, à les soigner,
14:36 à faire attention à eux. Les gens n'imaginent même pas le soin d'un cheval de haut niveau.
14:41 Il y a de la récup, il y a plein de choses. Oui, la jument, elle fait de la thalasso.
14:44 Elle a sa thalasso à elle pour les chevaux de cuirée, mais elle y va 4 fois par semaine.
14:49 En pleine saison, elle y va quasiment tous les jours quand on est à la maison. Elle
14:51 a sa cryo, elle a les ondes de choc, elle a le laser. C'est un vrai, vrai, vrai athlète.
14:56 Elle est soignée. Donc, tout ce temps que tu passes avec les chevaux, plus ce qu'ils
15:02 te donnent, plus les résultats en compétition, plus les hauts et les bas, c'est une vraie
15:05 vie de couple. C'est une vraie vie de couple avec tout ce que ça comporte. C'est une
15:08 vraie vie de couple. Et il y a un autre aspect, c'est l'aspect
15:11 psychologique. Tu disais, le cheval, s'il est stressé à une compétition, il peut
15:14 perdre 5% de notations minimales. C'est un peu ce qu'on a eu ce week-end.
15:19 Tu changes complètement le format. Tu mets dans un format intérieur avec moi qui n'était
15:25 pas trop là, un peu distrait, un peu trop de pression, pas trop écouté le cheval.
15:30 Et voilà, tu perds 2-3%. Très vite, très vite, très vite.
15:33 Concrètement, la jument fait quasiment 70 ce week-end avec deux fautes sur des coefficients
15:38 2. Ça veut dire que j'enlève juste les fautes, sans parler avec des 6. J'enlève
15:43 juste les fautes, la jument est à 73. Donc, ce n'est pas une mauvaise performance,
15:47 mais il faut enlever les fautes. L'humain, il peut se calmer, il a le préparateur
15:50 mental, mais le cheval, comment on fait pour… C'est justement là où il faut être très
15:54 intelligent et faire mûrir les chevaux en amont. C'est-à-dire que c'est important
15:56 et c'est là où le staff est très fort. On a la chance d'avoir un sélectionneur
16:00 qui a été compétiteur. Jean Morel, on va le citer.
16:02 Qui a été compétiteur et qui sait ce que c'est la piste et qui sait ce que c'est
16:07 de faire mûrir un cheval et du coup, qui est très intelligent dans ses choix. Là,
16:11 clairement, après le Grand Prix Coupe du Monde, il dit « j'en ai rien à foutre
16:14 les gars de la Coupe du Monde. On est là pour les faire vieillir, on ne s'énerve
16:18 pas et on s'énervera dès qu'on retrouve l'extérieur. Mais là, on est là pour
16:20 les faire vieillir, on reste calme, pas de pression, pas d'énervement. »
16:22 Et ça, quand tu as la chance d'avoir un staff comme ça, ça n'a pas de prix. Moi,
16:27 je n'ai jamais connu ça avant. Malgré que le staff qu'on avait avant Jean était
16:31 aussi très bien, mais ce n'était pas des gens qui étaient rentrés en piste. Donc,
16:34 là, c'est encore un avantage en plus. Franchement, c'est encore un avantage en
16:39 plus. Donc, l'idée, c'est vraiment de faire vieillir les chevaux et de les amener
16:43 à maturité au bon moment. C'est là où, sans exagérer, pour ne pas blesser, c'est
16:47 là où la cuisine est fine. C'est la différence entre la cuisine de ma femme et celle d'un
16:51 grand chef. Un peu plus de sel, un peu moins de sel, ils font tout pareil, mais au bout
16:55 du compte, ça n'a pas le même goût. C'est exactement ça. On va essayer de faire
17:00 en sorte que les saisons précédentes et les deux Jeux nous servent de point de repère.
17:05 Combien de temps il faut pour réussir à créer cette relation ? Est-ce qu'on se
17:10 dit peut-être qu'au bout de trois ans, on peut considérer qu'on a créé le lien,
17:15 que c'est bon ? Oui. Après, j'ai envie de te dire que c'est
17:17 comme un vrai couple. Tu as des chevaux avec qui ça clique tout de suite. Il faut compter
17:22 trois à quatre ans pour dresser un cheval au Grand Prix. C'est la moyenne technique
17:27 pour amener un cheval technique. Jolene est une surdouée là-dessus. C'est une jument
17:31 qui s'est dressée en un an et demi. Elle n'a jamais de concours. Elle vient sur un
17:33 Grand Prix au bout de quasiment un an de dressage. Ce n'est pas du jamais vu, mais quasiment
17:37 pour être honnête avec toi. Après, il y a le feeling. Est-ce qu'il
17:41 passe avec le cheval ou est-ce qu'il ne passe pas en fonction des caractères ? Est-ce qu'il
17:43 est sympa, moins sympa, chaud, moins chaud ? C'est comme avec les gens. Jolene, ça
17:49 rapproche du coup de foudre pour être tout à fait honnête avec toi. C'est un cheval
17:51 que réellement j'adore. Je n'adore pas que le monter. J'adore ce cheval-là. Elle
17:58 ne peut pas parler, donc ça va pour moi, mais je crois qu'elle m'aime bien aussi.
18:01 En tout cas, je l'adore. C'est vraiment quelque chose qui passe très bien.
18:04 Après, tu as des chevaux avec qui ça ne passe pas. Ça m'est déjà arrivé une ou
18:08 deux fois où il n'y a rien qui passe vraiment. J'ai la chance d'avoir ma femme qui monte
18:14 à cheval, donc on essaie de monter chacun les chevaux qu'on préfère monter et avec
18:20 qui ça se passe le mieux. C'est une vraie relation de couple. Et le très haut niveau,
18:24 il n'y a plus de détail. Il faut que vraiment ça colle sur toute la ligne.
18:30 On a une petite surprise pour toi. On va te demander de regarder l'écran qui est juste
18:33 en face de toi. On a quelqu'un qui a voulu te poser une petite question.
18:36 Mon amour, est-ce qu'il y a des choses que tu aimerais changer dans ta vie actuelle ? Et
18:43 aussi, selon toi, comment on pourrait faire pour changer le dressage, que ça devienne
18:50 plus objectif et plus juste ?
18:52 Ça, c'est Gréthe. C'est ton épouse.
18:57 Elle est trop belle.
18:58 Je te laisse répondre à ces deux questions.
19:01 Qu'est-ce que j'aimerais changer dans ma vie à l'heure actuelle ? Pour être honnête
19:08 avec vous, je n'ai pas grand-chose. Je fais partie des gens vraiment chanceux. Toute ma
19:11 famille a la santé. On a mis quelques années à construire un endroit où on est bien. Une
19:19 chose qui me vient en tête, mais ça va finir par se régler. Je n'ai pas grand-chose à
19:23 changer. Peut-être changer d'assureur rapidement.
19:25 On va en parler après. Je vois à quoi tu fais.
19:28 À part ça, franchement, je fais partie des gens chanceux. Dieu merci, j'ai la santé.
19:32 Je fais ce que j'aime. Ça fait 20 ans que je fais ce que j'aime. Je ne fais pas partie
19:37 des gens qui travaillent. Je me lève le matin pour faire ce que j'aime faire le plus au
19:41 monde avec tous les miens qui ont la santé. Je n'ai pas grand-chose à changer dans ma
19:46 vie. Pour être honnête avec vous, je fais vraiment partie des gens chanceux.
19:49 C'est ta première réponse pour la première question.
19:52 La deuxième question, justement, on explique un peu. Forcément, il y a un jugement qui
19:57 est fait par des juges. Et parfois, c'est peut-être compliqué de comprendre toujours
20:01 pourquoi il y a telle note qui tombe pour tel cheval et son cavalier. Pourquoi telle
20:05 note tombe ? C'est ça qu'elle voulait savoir à travers cette question. Explique-nous
20:09 comment on peut rendre ça plus simple à comprendre.
20:11 C'est une question très pertinente. C'est une question qui fait vraiment débat à l'heure
20:15 actuelle. Il y a une étude d'une chercheure qui a pris 500 et quelques grands prix sur
20:20 les deux dernières années, des plus gros grands prix, et qui a mis le doigt sur ce
20:24 que tout le monde voit depuis des années. C'est-à-dire que les stars prennent des
20:26 points même quand ça ne va pas. Et des chevaux plus normaux qui arrivent ne prennent pas
20:30 les points qu'ils devraient prendre. Ça, c'est un fait. Ce n'est pas moi qui le
20:33 dis, c'est un fait. C'est prouvé. Et cette chercheure-là va faire une nouvelle étude
20:39 sur les juges, sur toutes ces choses-là. Je pense que de toute façon, à l'heure,
20:44 les humains, du moment où tu mets un être humain juge sur des critères subjectifs,
20:50 il y a un moment où ça peut dérailler. C'est inévitable. Il n'aime pas ton cheval,
20:56 il n'aime pas ta gueule. Donc ça, c'est inévitable. Je pense qu'on va aller de plus
21:00 en plus vers des intelligences artificielles, des vidéos, des choses comme ça qui vont
21:08 rentrer. C'est inévitable. Si on veut rester au jeu par notre crédibilité, il va falloir
21:16 qu'à un moment, il n'y ait aucun débat. Et là, il y a régulièrement des débats.
21:19 Une hiérarchie est difficile à bouger en fait.
21:22 Il y a une hiérarchie très difficile à bouger puisque c'est que du jugement subjectif.
21:25 À l'obstacle, la barre tombe, elle tombe, elle ne tombe pas, elle ne tombe pas. Là,
21:29 la hiérarchie est assez difficile et elle n'est pas toujours super objective. Après,
21:35 il ne faut pas lancer le discrédit sur les juges, ce n'est pas non plus le but. Il y
21:39 a 90% des juges qui font leur job correctement et ils le font à fond. Mais il faut savoir
21:47 que nous, on a des juges qui sont aussi entraîneurs de nations, c'est-à-dire qui sont sélectionneurs
21:52 et entraîneurs d'une autre nation. Il peut y avoir des petits conflits d'intérêts.
21:54 C'est un juge qui nous juge à nous, qui est entraîneur d'une autre nation, qui
21:58 vend des chevaux et ça commence à faire beaucoup de casquettes pour la même personne.
22:02 Donc, il y a quelques petites choses à régler.
22:06 Pour être tout à fait honnête, c'est vraiment en train de se régler. Il y a aussi des juges
22:13 qui ont du poids, qui sont en train de faire changer les choses. Et surtout, le grand public
22:18 s'aperçoit de beaucoup de choses et fait changer les choses.
22:22 Moi, depuis que j'ai commencé, les choses ont déjà changé, elles sont en train d'évoluer.
22:27 Et je pense que le jour où on a une intelligence artificielle, pas qui vient remplacer, mais
22:31 qui vient dire au juge « hop, hop, hop, là tu vois… »
22:34 Qui vient compléter tout ça, ça ira nettement mieux.
22:36 Ça va remettre les choses encore plus dans le cadre.
22:37 Je reviens sur ton parcours. Quand tu as 25 ans, il y a un premier tournant dans ta carrière.
22:42 Tu es tout prêt d'arrêter après un concours à vide-auban, tout prêt, tu n'as pas percé.
22:46 C'est ça.
22:47 Et puis, un juge te dit « n'abandonnez pas ».
22:48 Exactement.
22:49 Et c'est ce que tu vas faire et c'est ce qui fait que tu en es aussi là où tu en
22:51 es aujourd'hui. Est-ce qu'on peut revenir sur cet épisode où tu te dis « je n'arrive
22:55 pas à percer ».
22:56 L'épisode est simple. Tu viens d'une famille modeste, tu travailles 12, 13, 14
23:03 heures par jour pour pouvoir aller au concours, payer le concours. Tu arrives au concours,
23:08 tu fais des trucs qui ressemblent à peu près à ce que font les autres, même si ce n'est
23:11 pas super bien, mais tu es toujours à 5% en dessous des autres qui font moins bien
23:14 que toi. C'est un peu le problème, parce que personne ne te connaît, tu n'es pas
23:18 issu d'une famille de cavaliers, tu n'as pas vraiment le profil du cavalier type,
23:24 de dressage en tout cas. Et c'est là où c'est un peu dur, encore plus dur.
23:31 Mais je dois te dire, quand tu commences international, c'est dur pour qu'on accepte
23:36 que tu fasses l'international. Et ensuite, quand tu fais du très haut niveau, c'est
23:39 dur pour qu'on accepte que ce que tu fais ce n'est pas si mal et ça mérite de prendre
23:42 des points.
23:43 Après, il y a plein de gens qui ne vont pas se plaindre. Les stars, ils ne vont jamais
23:48 se plaindre puisque ça va toujours dans leur sens. Mais moi, ça me dérangerait de gagner
23:53 une épreuve en ayant fait moins bien que le deuxième. Mais juste parce que je suis
23:57 là depuis des années, c'est moi qui passe.
23:58 Donc, c'est là où il va vraiment falloir que les choses changent. Et c'est sûr que
24:03 c'est très difficile quand tu démarres et que ça n'avance pas. Heureusement que
24:07 ce juge-là m'a interpellé à ce moment-là. Il me dit « non, non, surtout, n'arrêtez
24:10 pas. C'est la première fois que je vois un cavalier que je ne connais pas avec deux
24:13 chevaux et c'est très correct. Ça va aller vite et bien. » Alors vite, ça dépend
24:16 ce qu'il appelle vite. Vite, c'est vite. Là, ce n'était pas très vite, mais ça
24:21 avance. Et voilà, s'il y a un truc à dire aux jeunes, c'est que la vie, voilà,
24:27 ce que je disais tout à l'heure, il y a deux manières de te faire la vie. C'est
24:29 soit tu as les moyens de l'acheter, tu es né dans une famille et tu peux acheter
24:32 ce que tu as besoin, soit il faut te la faire. Et si tu n'as pas les moyens, ça ne veut
24:36 pas dire que tu n'y arriveras pas. C'est juste que tu affutes un peu plus les couteaux,
24:39 tu gardes les dents un peu plus longues et surtout, tu ne lâches rien. C'est du travail,
24:42 du travail, du travail. Je ne supporte pas les gens qui viennent te dire « mais toi,
24:46 tu es doué ». Ça, c'est un truc, ça me fait péter les plombs parce que c'est
24:48 que du travail. C'est que du travail remis en question, travail remis en question. Le
24:52 reste, c'est de la littérature. Et il n'y a pas dans mon sport, on peut prendre des
24:55 gamins en foot à 17 ans, tout le monde a dit « ça va être une star », c'est un
24:58 feignant, on ne l'a plus jamais revu. Il était un peu plus précoce, un peu plus ceci,
25:03 un peu plus cela. Mais voilà, il faut savoir que c'est que du travail. Toutes les stars
25:07 et tous les meilleurs au monde dans tous les sports, c'est que du boulot.
25:09 Est-ce que tu dirais que toi, ça a été plus difficile ton parcours parce que tu ne
25:13 viens pas de ce milieu-là que les autres ?
25:14 Clairement. En 2014, tu disais « mes parents se sont saignés ». Et c'est plus difficile
25:19 quand on n'est pas fortuné et quand on ne vient pas de ce milieu-là. C'est toujours
25:24 le cas aujourd'hui.
25:25 Oui, mais clairement. De toute façon, tu vois bien, c'est un sport qui coûte énormément
25:29 d'argent. Il faut appeler un chat un chat. Les déplacements, c'est des déplacements
25:32 en camion. Tu fais juste gasoil autoroute pour aller faire 2000 kilomètres avec un
25:37 camion qui consomme 20 litres au 100, fais le calcul. Même si tu manges des pâtes là-bas,
25:42 ça coûte beaucoup d'argent. Et puis quand tu es là-bas, tu n'es pas à la maison.
25:44 Donc, tu ne peux pas rentrer de l'argent, tu ne fais qu'en sortir. Donc, oui, c'est
25:48 des sports qui coûtent beaucoup d'argent. Quand tu n'es pas issu d'une famille soit
25:51 fortuné soit déjà du milieu qui a déjà toutes les ficelles, tu dois ramer plus que
25:57 les autres clairement.
25:58 Il y a des gens qui t'ont aidé ?
25:59 Oui, bien sûr. Par contre, franchement, j'ai une vraie bonne étoile. J'ai toujours eu
26:03 des gens qui m'ont toujours aidé. Même dans les galères, j'ai toujours eu des
26:06 gens qui ont été là pour m'aider, là pour me soutenir. J'ai vraiment beaucoup
26:15 de chance là-dessus. J'ai beaucoup de gens bienveillants autour de moi et même
26:18 des fois des gens qu'on ne connaît pas, qu'on croise, qu'on rencontre et qui
26:20 finissent par te dire que c'est sympa et qui te filent un coup de main au moment où
26:24 tu en as besoin. Et ça, vraiment, j'ai toujours été très chanceux.
26:26 Tu partages ta vie avec Gréthe, on l'a dit tout à l'heure. Elle, elle monte pour
26:30 l'Estonie. C'est ta coach. Comment fonctionne votre binôme ? Tu dis parfois « je suis
26:36 brouillon » et elle, elle écrit tout au propre.
26:38 C'est ça. Gréthe a eu une vie avant moi. Elle était avec quelqu'un qui avait beaucoup
26:45 d'argent. Gréthe a eu tout ce que je n'ai pas eu techniquement. C'est-à-dire qu'elle
26:49 a eu les meilleurs entraîneurs en Allemagne, elle a eu les meilleurs écuries, tout ce
26:53 qui allait bien. Et ça ne l'a pas fait percer pour autant. En tout cas, percer. Ce
26:59 que je veux dire par là, c'est que ça ne l'a pas propulsé au niveau…
27:02 Exactement. Parce que tu t'aperçois que plus tu en as, plus on veut t'en prendre.
27:05 Et moi, je n'ai pas eu ce problème-là. Personne ne me dépouillait, il n'y avait
27:08 rien à prendre. Et comment ça se passe entre vous ? Ce n'est
27:10 pas toujours évident, j'imagine. Maintenant, on a trouvé un super équilibre
27:12 pour être honnête avec toi. C'était très chaud les premières années parce qu'un
27:16 gars du sud un peu gaz et une fille du nord avec un caractère très froid, mais un caractère
27:20 « attention, il ne faut pas rentrer en guerre avec », d'ailleurs, on voit bien ce que
27:23 ça donne. Il y a eu des moments compliqués. Mais après, le gros avantage avec ma femme
27:31 là aussi, c'est que c'est quelqu'un d'intelligent et avec qui je discute beaucoup.
27:33 Et quand c'est chiant, quand tu es sur une épreuve technique, qu'il y a un truc qui
27:38 ne passe pas techniquement, tu as deux solutions. Soit tu calmes et tu cherches le problème,
27:44 soit tu t'agaces. Et quand tu t'agaces sur un truc technique, c'est mort. Et quand
27:46 elle, elle te rajoute par-dessus, « mais non, mais là, ça ne va pas ».
27:49 Et puis, vous avez deux enfants aussi aujourd'hui. Ça aide tout ça aussi à poser un peu les
27:54 petites tensions. Tout s'est posé pour être honnête. On
27:57 a beaucoup discuté. Maintenant, quand il y a un problème, on échange beaucoup et
28:00 les choses sont beaucoup plus calmes. J'ai vieilli et ça va beaucoup mieux.
28:03 Elle sera à Paris avec toi. Elle est en train d'essayer de se qualifier
28:09 pour être elle en individuel. Elle n'a rien de réussir à le faire.
28:12 Vous pourriez être concurrent du coup. Oui, ça serait bien.
28:16 C'est notre roost. Oui, ça serait vraiment chouette. Mais de
28:21 toute façon, si elle n'est pas à cheval, elle sera à côté de moi si j'y suis. Ça,
28:23 c'est une évidence. C'est sûr et certain. Donc, concurrent parce que c'est une discipline
28:27 mixte. Oui. On n'est jamais vraiment concurrent
28:31 parce qu'au bout du compte, sur la piste, on est tout seul. C'est là aussi en vieillissant,
28:35 tu t'aperçois que tu te bagarres contre toi-même. Et c'est là où il faut surtout
28:40 rester très calme et ne pas se dire « celui-là, je vais lui mettre une roost ». Ce n'est
28:43 pas comme ça que ça marche. Reste calme, reste sur ce que tu sais faire et fais le
28:46 bien et laisse faire l'autre. Et pour moi, c'est un peu compliqué. J'ai
28:51 fait d'autres sports avant. Quand je fais de la boxe Thaï, c'est différent. C'est
28:55 plus simple. C'est un autre schéma. Mais il faut toujours rester super calme et rester
29:01 sur ce que tu sais faire parce qu'il ne faut pas oublier qu'on a le cheval en dessous
29:04 qui ressent tout. Si tu as un peu trop gaz, c'est super intéressant.
29:08 Et sur le côté mixité, il n'y a pas de différence homme-femme et non plus…
29:12 On prend des roosts régulièrement. Et cheval-jument, pareil, c'est la même
29:15 chose. On montre les deux pareil. On montre les deux pareil. Il y a beaucoup
29:17 plus de hongres et des talons que de jument en piste. Ce week-end, j'avais la seule
29:21 jument en piste. Mais quand elles sont bonnes, elles sont vraiment bonnes.
29:24 Le hongre, c'est un cheval castré. C'est un étalon qu'on a castré. Ça, il y en
29:27 a vraiment beaucoup. Par rapport maintenant à un autre épisode
29:29 de ta vie marquant, c'est la tempête Alex. Tu as fait partie des gens sénistrés. Une
29:33 partie des installations de ton écurie à Lentos ont été détruites. Tout a été
29:38 remonté aujourd'hui, mais il reste un sujet complexe. Une partie de ta propriété et
29:42 notamment l'habitation où tu loges par exemple, tes parents, une partie de tes vies,
29:45 tout ça est fragilisé. Pour faire simple, aujourd'hui, ce n'est toujours pas un
29:49 mnésée, d'où le fait que tu parlais tout à l'heure du fait de changer peut-être
29:51 d'assureur. Comment ça va aujourd'hui concrètement ? Comment tu traverses tout
29:57 ça ? Tu as failli vendre surtout des chevaux même pour t'en sortir. Aujourd'hui, tu
30:01 as stabilisé un peu les choses, mais ce n'est pas toujours évident.
30:03 Ce n'est clairement pas évident. Ça fait plus de 3 ans maintenant que ça dure, que
30:08 l'histoire dure. Tes procès sont engagés, etc.
30:11 Oui, c'est en train de se régler, mais c'est dur.
30:13 Ça fait 3 ans que ça dure. On a eu trouvé des arrangements à l'amiable où ils n'ont
30:17 pas été au bout des arrangements, des arrangements qu'on a proposés parce qu'on proposerait
30:20 un assureur. L'assureur, la seule chose qu'il fait, c'est qu'il prend votre argent et
30:24 au moment que ça barde, c'est lui qui décide comment il vous indemnise.
30:26 Donc, ils n'ont rien voulu indemniser dans un premier temps. Puis ensuite, c'est passé
30:30 catastrophe naturelle, mouvement de terrain. Ils ont voulu indemniser.
30:33 Quand ça a été le moment de payer, ils ont dégagé toutes les personnes du dossier.
30:39 Ils ont remis des nouvelles personnes sur le dossier. C'est reparti à zéro. Ça a
30:41 trois fois d'affilé jusqu'au moment où on a été obligé d'aller au tribunal.
30:44 Ils ont été condamnés à payer. Et là, il y a une expertise judiciaire qui devrait
30:48 se terminer normalement ce mois-ci. On a le 14 mardi prochain, le dernier expertise judiciaire
30:57 sur les lieux. Et normalement, avant la fin du mois, on devrait avoir le rapport de l'expert
31:00 judiciaire qui va dire comment on répare et ce que ça coûte.
31:03 Tu espères qu'on est au bout du chemin ? Pour être honnête avec toi, j'espère
31:08 vraiment qu'on est au bout du chemin et que je puisse dégager ça de ma tête. Ça
31:11 fait trois ans que ça dure. C'est lourd à gérer. Il faut savoir que la performance
31:14 sportive, elle est aussi mentale. Et quand tu gères ce genre de problème au quotidien,
31:18 c'est franchement pas cool. Et c'est très difficile de rester très concentré sur des
31:22 trucs comme ça. Donc, vraiment, j'espère que ça se termine et qu'on avance vraiment
31:29 là-dessus. Pour qu'on puisse reparler du sportif, des
31:33 Jeux olympiques, j'imagine que là-bas, à Lentosque, dans la Vésubie, tu es un peu
31:37 la fierté locale. Je ne sais pas si je suis la fierté locale.
31:40 Je suis tellement un ermite que je ne sors peu de chez moi et on a tellement de longues
31:44 journées. Mais c'est vrai que quand il y a des résultats, sur les réseaux, il y a
31:48 un truc de la vallée. Et c'est vrai qu'on a souvent des gens qui nous félicitent. Après,
31:53 on n'est rien de plus que d'autres êtres humains. Je ne suis pas plus… Je n'aime
31:57 pas trop ce côté, je rentre de coupe du monde, où tu as des petites qui viennent
32:00 demander des photos. Ça me met toujours mal à l'aise. Je n'ai rien de plus qu'un
32:03 autre. Les médecins à l'enval sont bien plus méritants que moi. Et c'est à eux
32:06 qu'il faudrait demander des photos. Moi, je suis un imposteur.
32:08 Ça, c'est un truc, moi, j'ai toujours du mal avec ça. Le côté starification parce
32:13 qu'on est athlète ou parce que j'ai un peu de mal avec ça. Il y a des gens qui
32:15 sont bien plus méritants que nous. Et quand tu vois des médecins qui sauvent des gens,
32:21 des pompiers, des infirmières, ces gens-là. Après, c'est à mes yeux, la société,
32:27 elle va mal quand même. Elle va mal quand on voit que ces gens-là, ce qu'ils font
32:32 pour l'être humain et ce qu'ils font pour nous tous, ne sont pas spécialement
32:34 reconnus. Et puis après, tu as des influenceurs. J'ai un peu du mal avec tout ça.
32:38 Il y a du travail derrière, tu l'as dit. Oui, mais ces gens-là ont bossé à l'école.
32:44 Je n'ai pas bossé. Et ils bossent encore, ils font des journées débiles et ils ne
32:47 sont pas reconnus à leur juste valeur. Et nous, parce qu'on est entre guillemets
32:49 public ou pseudo public, on n'a pas plus de valeur que les autres. Et les gens qui
32:55 travaillent avec moi n'ont pas le freinier à autant de mérite que moi.
32:58 Vous avez la même valeur travail. C'est ce qu'il faut se dire.
33:01 Clairement. Il n'y a pas de gens valorisés plus que
33:04 toi. Tout le monde travaille, tout le monde fait du boulot.
33:05 Exactement. Et toi, comme les autres.
33:08 Alex, l'émission touche déjà à sa fin. Merci à toi d'être venu, d'être parti
33:13 de l'Antosque ce matin-là pour nous rejoindre et puis pour partager un petit peu de ton
33:17 temps et ton amour pour les chevaux. C'était top en tout cas.
33:20 Un grand merci à vous. Ça fait toujours plaisir d'être invité. Et un grand merci
33:23 à vous. C'est super ce que vous faites pour le sport et pour faire avancer les choses.
33:28 Merci beaucoup. Merci à toi aussi Romain.
33:30 Merci Christophe. Merci à vous de nous avoir suivis. On se
33:32 retrouve dans 15 jours avec un nouvel invité. Merci également en régie à Chloé Wargard,
33:39 Sophie Doncé, Philippe Bertigny et Karine Bautier des Z. Vous le savez, précieuses
33:43 dans la réalisation de cette émission. A dans 15 jours. D'ici là, portez-vous bien.
33:47 Salut. Bye bye.
33:48 [Musique]
34:08 Merci à tous !

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