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L'Etat doit faire plus et mieux pour protéger les enfants

C'est l'appel de Marie-Pierre Mouton, la présidente du conseil départemental de la Drôme.
Le département a vu le nombre d'enfants suivis ou placés exploser : 3 mille 600 enfants pris en charge cette année, mille de plus qu'il y a 8 ans.

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Transcription
00:00 Il faut que l'Etat fasse plus et mieux pour les enfants. Voilà ce que dit ce matin
00:04 notre invité Alexandre Berthoud, c'est la présidente du conseil départemental de la Drôme.
00:08 Bonjour Marie-Pierre Mouton.
00:10 Bonjour.
00:10 Vous demandez un grand plan Marshall pour la protection de l'enfance.
00:15 Est-ce que vous pouvez expliquer ça veut dire quoi ?
00:17 D'abord peut-être pour nos auditeurs,
00:19 rappeler ce qu'est la protection de l'enfance, l'aide sociale à l'enfance.
00:23 Ce sont ces enfants qui nous sont confiés par décision de justice
00:26 qui sont de fait sous responsabilité pénale du président du département
00:30 pour pallier à des carences des parents, des parents absents, des parents pires,
00:35 des parents violents ou des parents dépassés.
00:37 Il y en a combien des enfants dans ce cas-là dans la Drôme ?
00:40 Alors ça explique le secteur est en crise aujourd'hui depuis 2015
00:45 c'est plus 40% d'enfants qui nous ont qui nous sont confiés
00:48 il y a 3621 enfants au moment où je vous parle.
00:52 Et vous manquez de moyens, vous demandez à l'État de vous aider pour prendre en charge ces enfants.
00:58 Pourquoi vous demandez un plan Marshall ?
01:00 Alors aujourd'hui si on demande un plan Marshall c'est que pour faire face à cette évolution d'enfants
01:05 accueillis par le département, on a rajouté bien sûr des moyens.
01:10 On est à un budget de presque 85 millions d'euros,
01:14 on a rajouté 19 millions d'euros au mandat précédent,
01:16 déjà sur celui-ci on est à 13 millions d'euros.
01:19 Mais c'est surtout qu'on fait face aussi à des problématiques qui prennent une ampleur assez importante.
01:25 Et nous savons la pénurie des professionnels parce que c'est un métier particulièrement en tension
01:31 avec un épuisement des structures associatives qui sont aux côtés de nos agents,
01:36 une surcapacité dans les accueils d'urgence.
01:39 Et puis on fait face aussi surtout à 50% d'enfants qui sont accueillis
01:45 et qui ont des troubles de comportement, des troubles psychiatriques,
01:48 qui sont schizophrènes et qui nécessiteraient, et ça c'est la compétence de l'État,
01:52 des structures spécialisées, des IME, des ITEP, du monde, dans les hôpitaux, dans le domaine de la psychiatrie.
01:58 Et pourquoi ils n'y vont pas ? Pourquoi ils ne sont pas redirigés vers ces structures ? Il n'y a plus de place ?
02:01 Parce qu'il n'y a plus de place.
02:02 Et justement si on vote contre le plan régional de santé,
02:05 c'est que pour alerter l'État, nous disons, oui on parle d'inclusion,
02:10 mais on a besoin de structures pour faire face à des situations particulièrement complexes.
02:14 Parce que le plan régional de santé ne prévoit pas d'augmentation de ces places.
02:18 Pas d'augmentation de ces places.
02:20 Marie-Pierre Mouton, c'est bien pourtant la compétence des départements que de gérer l'aide à l'enfance.
02:27 Donc qu'est-ce que vous voulez en plus ? Il y a aussi peut-être la question des mineurs isolés ?
02:33 Alors les mineurs non accompagnés, évidemment, ça rajoute aussi une problématique par rapport à ça.
02:41 Nonobstant le fait que ce sont des personnes, ce flux migratoire, des personnes traumatisées,
02:46 qui viennent d'Afrique noire le plus souvent, qui ont traversé les mers dans des situations compliquées.
02:52 Il relève du département de faire l'évaluation, encore une fois,
02:55 le flux migratoire qui a augmenté de 92% de la même période janvier-septembre entre 2022 et 2023,
03:02 sont évalués par le département.
03:05 Moi ce que je souhaiterais c'est que l'État vienne faire avec nous cette évaluation.
03:09 Et ce que je souhaiterais aussi c'est que les associations et les tribunaux soient respectueux des évaluations que l'on fait.
03:17 Parce qu'aujourd'hui, systématiquement, lorsqu'on dit qu'on a affaire à un majeur,
03:21 on est mis au tribunal et très souvent le tribunal nous met en tort sur ces situations.
03:27 Ce qui est regrettable, moi je suis prête à assumer la compétence qui relève des départements,
03:32 celle des mineurs non accompagnés et de l'enfance en danger.
03:36 Mais les majeurs relèvent de l'État.
03:38 Marie-Pierre Mouton, présidente du département de la Drôme,
03:41 vous êtes ici pour parler de l'enfance.
03:44 Quand on vous écoute, vous dites plus de 3600 enfants qui sont sous votre responsabilité.
03:51 C'est un chiffre qui augmente chaque année.
03:54 Est-ce à dire qu'ils sont mal pris en charge ?
03:57 Ça veut dire qu'à un moment donné, aujourd'hui, on a créé depuis 2015 700 places, 700 places, 700 mesures.
04:04 On a créé aussi des structures pour permettre justement un parcours plus fluidifié
04:10 entre un jeune qui va devoir aller à l'IME, qui va devoir aller en hôpital psychiatrique,
04:14 qui va devoir être gardé dans un lieu d'accueil.
04:17 Mais au final, aujourd'hui, la réalité, c'est qu'on a une centaine de places aujourd'hui
04:22 où les enfants sont en attente de mesures, de mesures à domicile ou de mesures en structure.
04:27 Donc on fait en sorte de créer ces places,
04:31 mais aujourd'hui, le problème doit être vu dans son ensemble, avec l'ensemble des partenaires.
04:36 Et c'est d'ailleurs pour cela que nous avons candidaté pour créer le Conseil national de la protection de l'enfance,
04:45 parce que tous les acteurs seront autour de la table.
04:47 Il y a 10 départements qui ont été retenus dans la DROME
04:50 et je coprésiderai avec le préfet au mois de décembre cette nouvelle instance.
04:54 Mais vous dites que vous manquez de personnel, donc c'est bien que ce soit du côté du personnel ou du côté des enfants.
05:01 Les conditions se dégradent en tout cas, c'est ce que vous dites ce matin.
05:04 Oui, on est quand même, il faut dire les choses aujourd'hui,
05:06 face à l'afflux et à l'augmentation du nombre d'enfants qui nous sont confiés,
05:11 oui, on est dans une situation de débordement pour un accueil responsable.
05:17 Mais je le dis encore une fois, si chacun prend ses responsabilités,
05:21 bien entendu, on va trouver des solutions.
05:23 Mais que les structures de l'État soient créées et que le département aussi,
05:27 et il le fait puisque cette cent place, ce n'est pas rien,
05:29 et c'est, je vous dis, 4 millions d'euros qu'on rajoute chaque année pour le même sujet de l'aide sociale à l'enfance.
05:36 Mais force est de constater qu'il y a plusieurs acteurs autour de la table,
05:39 et il faut que chacun se respecte et chacun comprenne et chacun assume ses responsabilités.
05:43 Vous avez besoin, un dernier mot, vous avez des difficultés à recruter du fait de la situation des élèves ?
05:51 C'est un fait, aujourd'hui on a lancé une campagne de sensibilisation pour essayer d'avoir un métier plus attractif.
06:00 Aujourd'hui on n'y est pas arrivé.
06:02 Il faut aussi que l'État participe à tout cela parce qu'on a besoin d'une force supplémentaire pour faire face.
06:10 Il faut que l'État prenne sa part, c'est ce que vous dites ce matin.
06:12 Merci beaucoup Marie-Pierre Mouton, présidente du conseil départemental de la DROME,
06:16 d'avoir été avec nous sur France Bleu Dromardèche.
06:19 Il faut que l'État prenne sa part côté psychiatrie et également dans les évaluations des mineurs non accompagnés.
06:25 Merci beaucoup.
06:26 Interview à réécouter dans quelques instants sur l'application ICI par France Bleu.

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