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Chaque jour, Roselyne Dubois répond à vos questions sur BFMTV.

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Transcription
00:00 Une prouesse médicale, une greffe de larynx.
00:02 Karine ne pouvait plus parler depuis près de 20 ans.
00:04 Ses filles n'avaient jamais entendu le son de sa voix.
00:07 On lui a greffé le larynx d'une donneuse.
00:09 Le larynx, ça sert à parler, mais ça sert aussi à respirer et à manger.
00:12 Caroline Vieux-Donner, vous allez nous raconter tout ça.
00:14 C'est une opération marathon.
00:16 Ça a duré 27 heures.
00:19 Exactement. C'est une course qui s'est déroulée sur deux jours.
00:23 D'abord, 10 heures de prélèvement grâce notamment à la donneuse
00:26 sans qui cette opération n'aurait pas pu avoir lieu.
00:28 Et puis 17 heures de transplantation de nuit blanche,
00:31 donc disent les médecins, pour ce marathon relais avec une équipe de coordonnateurs,
00:36 mais aussi 10 chirurgiens venus de toute la France pour une chorégraphie,
00:40 on peut le dire, millimétrée où chacun a son rôle.
00:43 Chacun a répété, s'est entraîné et chacun a sa spécialité.
00:47 Alors le larynx, vous le savez, c'est un organe complexe
00:50 qui sert à parler, à manger et à respirer.
00:53 Donc c'est une prouesse cette opération pour plusieurs raisons.
00:55 D'abord pour la complexité de l'opération,
00:57 parce qu'il y a tous ces nerfs, ces artères millimétriques,
01:00 donc si on reprend les mots des médecins, qu'il faut raccorder,
01:03 donc avec un temps de microchirurgie qui est très long.
01:05 Et puis aussi, c'est la première grève de larynx en France, tout simplement.
01:09 Donc rien que pour ça, c'est un défi.
01:11 Avant ça, il y avait eu trois transplantations de larynx
01:14 officiellement référencées dans le monde, que les médecins ont étudiées.
01:17 Et puis ils expliquent aussi qu'ils ont beaucoup appris d'un spécialiste de Colombie,
01:20 mais qui n'avait pas publié lui ses travaux.
01:22 Résultat, aujourd'hui, Karine parle.
01:25 Alors à voix basse, c'est rauque, mais elle parle.
01:27 Exactement, on va l'entendre dans un instant.
01:29 Elle s'appelle Karine, elle a 49 ans.
01:31 On explique qu'elle ne pouvait pas parler suite à des complications liées à une intubation.
01:35 Et quelques jours après son opération, elle a pu dire quelques mots.
01:38 Depuis, elle s'entraîne. Écoutez.
01:39 On va faire les jours de la semaine.
01:42 C'est très impressionnant de l'entendre, cette voix grave.
01:55 Elle dit même qu'elle ne reconnaît pas sa voix.
01:56 Exactement, elle dit qu'elle ne l'aime pas pour l'instant,
01:58 mais ça va évoluer, vous avez raison.
02:00 C'est ce que dit d'ailleurs l'un des professeurs qui a participé à cette opération.
02:04 Ce n'est pas la voix qu'on espère qu'elle aura dans un an.
02:08 C'est la voix d'un larynx qui ne bouge pas.
02:11 C'est la voix d'un larynx qui est eudémaciée.
02:13 Le timbre est très grave parce que les cordes vocales ne sont pas tendues.
02:17 C'est comme une voile qui fasseille au vent quand elle n'est pas abordée.
02:22 On espère bien que par la suite, on va avoir une amélioration de la voix
02:27 avec des cordes vocales qui bougent, un timbre de voix qui sera amélioré,
02:29 une puissance de voix qui sera largement supérieure à ce qu'on a aujourd'hui.
02:34 Il faudra attendre plus d'un an pour évaluer le succès de cette transplantation.
02:38 C'est impressionnant, vous l'avez vu.
02:40 Et puis c'est émouvant, évidemment, aussi, parce que Karine explique
02:43 qu'elle a souhaité se faire greffer pour retrouver une vie normale,
02:46 dit-elle, faire des activités avec ses enfants.
02:47 Ses filles qui ne l'avaient jamais entendue.
02:51 Donc elle dit, voilà, je sais qu'il faudra faire preuve de courage et de patience.
02:53 C'est ce que je fais.
02:55 Voilà, une longue rééducation, mais ça lui donne évidemment beaucoup d'espoir
02:57 et à tous les patients aussi, dans son cas.
02:59 Exactement. Alors d'abord, pour Karine, il y a la rééducation de la voix,
03:03 mais aussi de la déglutition, donc pour réapprendre à manger.
03:06 Et puis de la respiration.
03:08 Écoutez son orthophoniste qui décrit d'ailleurs les nouvelles sensations
03:12 qu'elle ressent parce qu'il faut tout réapprendre.
03:14 Elle a oublié comment fonctionnait son larynx,
03:19 comment fonctionnait sa voix, comment trouver de l'air,
03:22 passer de l'air des poumons jusque dans le nez.
03:24 Un jour, elle m'a dit, c'est bizarre, j'ai senti un truc.
03:28 Et en fait, c'était de l'air, tout simplement,
03:29 qui passait dans son nez, dans ses voies respiratoires supérieures.
03:32 La voix est bien meilleure qu'au début.
03:34 Bon, c'est encore pas parfait, c'est sûr.
03:36 Et il y a encore beaucoup de travail.
03:38 Voilà, elle ne peut pas encore manger normalement.
03:39 Donc ce que disent les médecins, c'est que la revascularisation est un succès,
03:43 mais que maintenant, il faut attendre la repousse nerveuse.
03:45 Tout ça va prendre entre 12 et 18 mois, donc une longue convalescence.
03:48 Et puis, peut-être dans un second temps,
03:50 eh bien, ça pourrait être appliqué à d'autres patients.
03:53 D'abord ceux dans le même cas que Karine,
03:56 qui ont des larynx traumatiques, pour reprendre les mots des médecins.
03:59 Et puis peut-être certaines tumeurs bénignes.
04:01 Et puis, peut-être encore après, pour des patients atteints de cancer.
04:04 Mais là, on se projette vraiment.
04:06 Déjà, il va falloir évaluer le succès de cette opération.
04:09 C'est une prouesse, la première greffe de larynx en France.

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