Yvonne Poncet-Bonissol : "Un dépendant affectif développe un assujettissement à l'autre par peur du rejet'

  • l’année dernière
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Transcript
00:00 Et à présent, le temps est venu d'accueillir Yvonne Poncey Bonnissol.
00:03 Bonjour Yvonne !
00:04 Mais bonjour, comment allez-vous ?
00:06 Mais je vais bien.
00:08 Est-ce que vous avez passé, je crois que vous étiez un peu en vacances ?
00:12 Ah pas du tout, j'étais travaillée mais dans une autre contrée en Bretagne,
00:16 où je me suis ressourcée et j'ai vécu la tempête d'une manière extraordinaire.
00:20 Ah oui c'est vrai, vous étiez à cette période-là.
00:23 Bon, en tous les cas, vous êtes là et il n'y a pas eu trop de dégâts pour vous, ça a été ?
00:27 Un petit peu, mais bon, je gère, ce n'est que du matériel.
00:30 D'accord, très bien, bonne philosophie Yvonne.
00:32 Alors, je rappelle que vous êtes psychologue, clinicienne et psychanalyste,
00:36 connue du grand public et des médias.
00:38 Vous avez longtemps été la psychologue de l'émission
00:41 "Toute une histoire sur France 2" avec Sophie Davant
00:43 et dernièrement dans l'émission "Belle et bien".
00:46 Yvonne, aujourd'hui, parlez-nous un petit peu de ce problème-là
00:50 que certaines personnes pourraient avoir face à la dépendance affective.
00:55 Alors, la dépendance affective, c'est vraiment le symptôme un peu du siècle
01:00 parce que l'estime de soi est menée à rude épreuve en ce moment,
01:05 je ne sais pas pourquoi, mais peut-être que finalement,
01:07 les rapports affectifs dans l'enfance sont un peu tourmentés, torturés,
01:12 parce qu'au fond, un dépendant affectif, quelque part,
01:15 ne s'aime pas, ne s'estime pas et ne connaît pas sa valeur.
01:19 Alors, il développe une sorte d'assujettissement à l'autre
01:23 par peur de l'abandon, par peur du rejet.
01:25 Sa vraie cicatrice, sa vraie blessure, c'est l'abandon.
01:29 Et donc, il revit d'une manière inconsciente et d'une manière répétitive
01:34 un lien, je dirais presque fracturé, un lien insécure qu'il a eu dans son enfance.
01:39 Alors, on ne va pas responsabiliser les parents,
01:41 mais bien souvent, quand on a un enfant dans une période difficile,
01:45 quand on est un peu déprimé, on ne crée pas finalement un lien sécure.
01:50 Et ça, c'est très subtil.
01:52 Donc, les enfants qui sont parfois aussi solitaires qu'un enfant solitaire,
01:56 ils sont toujours en attente d'affection.
01:59 Et cette attente d'affection qu'ils ne trouvent pas obligatoirement,
02:02 et bien, ils la recherchent dans la vie amoureuse.
02:04 Ce qui fait que leur vie amoureuse est aussi totalement entre
02:09 des moments paradisiaques et des moments d'horreur, la perte.
02:13 Et quand est-ce qu'il va revenir ? Est-ce qu'il m'aime ? Est-ce qu'il ne m'aime pas ?
02:16 Et donc, elles donnent tout ou ils donnent tous les dépendants affectifs
02:20 et ils font en sorte, surtout, pour ne pas être quittés,
02:24 ils deviennent accros. C'est une forme d'addiction à l'autre.
02:27 C'est-à-dire qu'on ne peut trouver à l'extérieur que ce qu'on n'a pas à l'intérieur.
02:31 Et on n'est plus acteur de sa vie, on n'est plus acteur de son bonheur.
02:35 On dépend de l'autre parce que c'est l'autre qui va vous donner,
02:38 finalement, votre valeur et va vous nourrir de l'estime de vous
02:43 que vous avez plus ou moins perdue.
02:46 - Alors, est-ce que le sujet est conscience de cette dépendance affective
02:50 ou est-ce qu'il s'en aperçoit souvent trop tard
02:53 ou après plusieurs blessures émotionnelles et affectives ?
02:56 - Alors, il ne s'en rend pas compte tout de suite parce qu'il est persuadé,
02:59 le dépendant affectif, qu'il vit une véritable passion
03:02 entre l'enfer et le paradis.
03:04 Donc, il ne met pas le mot tout de suite sur la dépendance affective.
03:07 C'est quand les relations se répètent, où on voit qu'il devient accro à l'autre
03:11 et qu'il ne peut pas s'en passer et que l'autre devient vital pour lui.
03:14 C'est l'autre qui lui donne son énergie, c'est l'autre qui le nourrit,
03:18 c'est l'autre qui devient essentiel pour lui.
03:20 Sans l'autre, il n'est plus rien.
03:22 Donc, c'est finalement progressivement, à force de répétition,
03:25 qu'il se rend compte que là, il y a un problème de dépendance affective.
03:30 - Et comment guérir de cette dépendance affective ?
03:33 - Alors, ça, c'est une bonne question.
03:35 D'abord, il faut finalement s'affranchir, bien sûr, du regard des autres,
03:40 cesser d'être dans une quête d'approbation, parce que la quête d'approbation,
03:44 est-ce que c'est bien ce que j'ai fait avec Spavien ?
03:46 Ça renforce la dépendance.
03:48 Il faut apprendre à ne plus douter de ses choix.
03:50 Il faut apprivoiser la solitude.
03:53 Il faut savoir être seul afin d'être confronté à soi et de ne plus se fuir.
03:59 Et puis, il faut mettre en place des actions qui sont gratifiantes.
04:02 Il faut être dans l'agir et il ne faut pas être dans une forme d'attente soumise,
04:07 qui est donc issue de votre fonctionnement psychique.
04:10 Il faut cesser de demander constamment des conseils sur vos choix.
04:13 Il faut savoir choisir.
04:16 Parce que la dépendance, ce n'est pas de l'amour, c'est de l'addiction.
04:20 - Exactement. Merci Yvonne, vraiment, de votre intervention.
04:24 - Et j'ai envie de vous dire une chose.
04:25 - Pardonnez-moi.
04:26 - La dépendance, c'est de la peur.
04:28 C'est aussi de la peur et non de l'amour.
04:30 Et il faut devenir acteur de son bonheur.
04:32 Et ça, c'est tout un travail.
04:34 - Oui, effectivement.
04:35 Et puis, ça nous ramène à toute cette histoire d'abandon
04:38 et de cette influence de l'éducation.
04:40 - Alors, c'est la blessure abandonnique dans toute sa splendeur.
04:42 - Donc voilà.
04:43 Et on éprouve beaucoup de souffrance et beaucoup de frustration
04:47 dès lors que l'autre ne vous englobe pas de son regard amoureux.
04:51 Et bien, finalement, l'autre n'est pas tout.
04:53 Il faut... L'amour est un égoïsme partagé.
04:56 Il faut savoir être autonome pour être aimé.
04:59 - Mais écoutez, nous, on vous aime.
05:01 - Ah merci, bah moi aussi, voilà.
05:04 - On vous embrasse très fort, Yvonne.
05:06 Merci de votre intervention.
05:07 - Merci Alexandre.
05:08 - Et puis à très bientôt.
05:09 Merci.
05:10 - A bientôt. Au revoir.

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