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Anne, victime de soumission chimique, témoigne sur BFMTV ce mardi 21 novembre.

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Transcription
00:00 Alors je ne situe pas très très bien les débuts parce que j'étais très petite,
00:03 mais en moyenne je pourrais dire vers 3-4 ans sans doute.
00:06 Ce n'est pas extrêmement précis pour moi, je ne serais pas honnête si je pouvais donner un âge précis.
00:10 Et je verrais la fin vers les 12-13 ans, plutôt 13 d'ailleurs.
00:14 Sans doute, parce que les souvenirs, ils se remontaient à l'âge adulte.
00:17 Ils se remontaient à l'âge adulte, mais ce que j'avais, c'est que je vivais avec des images
00:21 et des bouts de films, on va dire, uniques, qui correspondaient à des morceaux de réalité
00:27 dont je n'avais jamais le début et la fin et que j'avais mis vraiment dans une capsule à part.
00:32 Parce que je pense qu'il y a la soumission chimique qui vient s'entrechoquer avec l'amnésie traumatique.
00:36 Ce sont deux phénomènes qui, à mon avis, se polarisent, exagèrent la situation.
00:41 Et donc j'avais ça en moi depuis toujours, ça me provoquait des crises de panique.
00:46 J'avais beaucoup de... Les gens qui me connaissent de près savent que je ne partais pas en voyage,
00:51 que je ne peux pas aller dans certains types de chambres d'hôtel par exemple,
00:55 parce que j'ai des crises d'angoisse énormes, bon ça va mieux là, mais quand même.
00:58 Et je n'avais pas d'explication à tout ça, et puis j'avais quelques...
01:02 En dehors de Flash, que je ne comprenais pas, j'avais de vrais souvenirs précis,
01:05 mais qui n'étaient pas logiques, il manquait toujours un morceau de scénario.
01:08 C'était quoi les souvenirs ? C'était des bouts de...
01:12 Des bouts d'anomalies où j'étais justement, par exemple, je ne sais pas, je pensais à quelque chose,
01:17 j'étais avec un... Je croyais être avec, toute seule, dans un train, avec un flacon d'Ovalium
01:23 ou d'un produit de ce style-là, et que toutes les demi-heures j'avalais des médicaments.
01:26 Et un jour, quand j'ai pu me souvenir de ça, j'ai réalisé que j'étais loin d'être toute seule,
01:31 parce que j'étais beaucoup trop petite pour être toute seule dans un train,
01:33 puisque j'allais avoir dans les 8-9 ans, et que j'étais accompagnée par mon père,
01:38 et qu'il y avait d'ailleurs d'autres gens présents, qui ont pu témoigner d'ailleurs de ce fait.
01:42 Et donc, ce souvenir qui était un vrai souvenir, qui avait une anomalie,
01:46 que je ne pouvais pas être seule dans cette cabine de train,
01:49 d'un seul coup, tout le reste s'est déroulé.
01:51 - Comment vous avez réussi à reconstituer le puzzle,
01:54 à vous rendre compte que votre père vous avait droguée, avait abusé de vous quand vous étiez jeune ?
01:59 À quel moment de votre vie vous avez réalisé ?
02:02 - C'est assez tardif, parce qu'en fait, tout ce que j'ai pu...
02:05 Alors, c'est autour de mes 55 ans que ça a commencé, à la suite d'une énième dépression vraiment violente,
02:11 avec des phénomènes physiques que je n'avais pas avant.
02:13 Trop souvent, c'était des crises de panique énormes, des tremblements, des mâchoires qui se claquent tout le temps.
02:20 Mais surtout, c'était que je n'avais jamais vraiment évoqué ce qui était dans ma tête depuis toujours.
02:26 Parce que pour plein de raisons, l'emprise, le discours qu'on me tenait quand j'étais petite,
02:30 faisait que j'avais l'impression d'une forme de folie dans ma tête.
02:34 Et puis un jour, j'ai vraiment osé aller jusqu'au bout de ces souvenirs,
02:37 grâce à d'ailleurs un sentiment de sécurité très fort que j'ai ressenti avec la thérapeute avec qui j'ai pu enfin en parler.
02:42 Mais de toute façon, c'était inexorable que j'en parle à ce moment-là, parce que mon état physique
02:46 et mon état psychique étaient terrifiants et je ne voulais pas retomber dans les choses que j'avais vues.
02:50 - Vous aviez 55 ans après ça ? - Voilà.
02:52 - 55 ans pour comprendre ce qui vous est passé. - Et tout était là depuis longtemps.
02:55 Est-ce qu'avec ces souvenirs que vous avez réussi à reconstituer avec la thérapeute,
02:59 vous êtes en mesure aujourd'hui de raconter le process par lequel votre père vous droguait ?
03:07 Je pense que je ne peux pas tout me souvenir, parce que peut-être que je ne cherche pas tous les détails.
03:13 Ce que je sais, c'est que je me suis souvenue très précisément de l'armement à la pharmacie centrale.
03:18 Je crois que c'est un des problèmes d'assoumission chimique, c'est le problème intrafamilial,
03:23 parce qu'on pense beaucoup à la drogue du violeur dans les boîtes de nuit.
03:26 Mais là, je pense que le phénomène intrafamilial est beaucoup plus sérieux, plus grave.
03:30 Enfin sérieux, l'autre est très grave aussi, mais il est plus répétitif, plus fréquent qu'on ne le croit,
03:34 parce que c'est la meilleure façon de penser que l'autre ne va pas se souvenir, ne va peut-être pas souffrir.
03:39 Ça déculpabilise aussi l'agresseur au passage.
03:42 Ça, ce n'est pas gagné, parce qu'on se souvient d'un petit peu.
03:44 On peut avoir quand même des séquelles physiques.
03:49 En parlant de ces morceaux de souvenirs qui m'attaquaient comme ça,
03:52 on va dire que j'avais des flashs qui revenaient tout le temps une dizaine de fois par an.
03:57 À chaque fois, c'était accompagné d'une sensation physique de terreur.
04:00 J'avais ça depuis toujours, et c'était un handicap énorme.
04:03 Enfin, j'ai pu oser, parce que j'étais tellement mal à en parler.
04:07 Aujourd'hui, d'ailleurs, l'importance d'en parler, c'est qu'aujourd'hui,
04:11 c'est quelque chose qui fait partie de ma vie qui est horrible, mais qui commence à se ranger dans le passé
04:15 et me rend disponible à la vie davantage.

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