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00:00 Et c'est donc une journée spéciale sur France Bleu Gironde et sur toutes les antennes de Radio France.
00:04 Une journée porte ouverte sur l'info pour vous expliquer finalement comment est-ce qu'on fabrique l'info à Radio France.
00:09 On a choisi aussi de parler de la formation des journalistes, les journalistes de demain, avec le directeur de l'IJBAS, l'école de journalisme de Bordeaux.
00:16 Et il est notre invité, Marie Roarch.
00:18 Bonjour Arnaud Schwartz.
00:19 Bonjour.
00:20 57% des Français ne font pas confiance aux médias dans le traitement des sujets d'actualité.
00:25 Selon le nouveau baromètre Lacroix, quant à Republic, c'est un chiffre en hausse.
00:28 Est-ce que ça a un impact sur la façon dont on forme les jeunes journalistes aujourd'hui ?
00:33 Bien sûr.
00:34 Bien sûr, il est important de tenir compte de ce ressenti de nos concitoyens par rapport à l'exercice du métier.
00:43 Nos jeunes étudiants, pour autant, ne se détournent pas de ce métier.
00:50 Il y a toujours autant de candidats à nos concours d'école de journalisme.
00:55 L'IJBAS, c'est en moyenne 900 candidats chaque année, pour 36 à 38 places.
01:02 C'est un sujet, en revanche, qui les préoccupe beaucoup.
01:07 Mais qui les préoccupe, j'ai envie de dire, d'une manière positive.
01:09 C'est-à-dire qu'en tant que jeunes journalistes, ils ont envie d'apporter des réponses.
01:13 Ils ont envie de participer à la réduction de ce fossé que l'on peut parfois constater, effectivement,
01:19 entre ceux qui exercent le métier et ceux qui consomment l'information.
01:23 On va écouter des gens qui consomment plus ou moins l'information.
01:26 On va écouter Lucas et Paul de l'Isséen Bordelais.
01:29 À quoi sert un journaliste ? Pour moi, c'est rétablir la vérité.
01:31 Des fois, ils ne disent pas toute la vérité.
01:33 C'est-à-dire qu'il y a des moments où, à la télé, il y a un journaliste qui va passer,
01:36 il va dire "oui, il s'est passé ça, ça, ça".
01:38 Et nous, par contre, les jeunes, vu qu'on est sur les réseaux, on sait la vérité.
01:41 Parce que derrière tout ça, il y a des vidéos, il y a des preuves.
01:44 Et on se rend compte que des fois, ce n'est pas toute la vérité.
01:47 Ils peuvent déformer à leur façon ce qu'ils veulent dire.
01:49 Et justement, il y a Yann qui nous dit sur notre page Facebook ce matin,
01:51 "en règle générale, un journaliste est fait pour informer des choses réelles".
01:54 Ce n'est pas toujours le cas, donc il faut bien choisir les infos.
01:58 Ces réseaux sociaux, notamment, c'est ça qui est arrivé en grande concurrence des journalistes
02:02 il y a déjà quelques années, effectivement.
02:04 Mais ça va très, très vite.
02:05 Ça a changé aussi, ça, l'enseignement aux jeunes journalistes.
02:07 C'est qu'il faut aller vite et dans la vérification de l'information et dans sa transmission.
02:11 Oui, bien sûr.
02:13 Aujourd'hui, l'accélération, le rythme a toujours été une question pour les journalistes.
02:20 Et encore plus pour les journalistes de radio, sans doute.
02:23 Aujourd'hui, oui, la frénésie de l'époque fait que ce rythme s'impose à l'ensemble des journalistes.
02:28 Il reste quand même aussi des espaces médiatiques, des espaces journalistiques
02:31 où l'on prend le temps de réfléchir et il faut le rappeler.
02:34 Tous les médias n'ont pas la même fonction.
02:36 Toutes les tranches horaires n'ont pas la même fonction.
02:38 Après, évidemment, dans l'enseignement, la question de la vérification de l'information
02:44 a pris une importance, évidemment, encore plus forte.
02:48 La vérification de l'information a toujours fait partie du métier des journalistes.
02:52 Désolé si je m'inscris en faux par rapport à ce que certains ou certaines,
02:56 parmi celles qui nous écoutent, peuvent penser.
02:59 Mais nous exerçons un métier, et comme chacun de nos concitoyens,
03:06 nous essayons de l'exercer avec rigueur, en conscience et le plus honnêtement possible.
03:10 Alors, on peut faire des erreurs, oui, en tant que journaliste,
03:13 mais ce n'est pas ce qui nous gouverne.
03:15 Ce qui nous gouverne, c'est d'essayer d'être au plus près de la vérité.
03:19 Parfois, des journalistes font beaucoup d'efforts pour s'approcher de cette vérité.
03:23 Et si un certain nombre de scandales sont levés, c'est grâce aux journalistes.
03:26 Donc il faut aussi essayer d'avoir conscience du rôle que peuvent tenir les journalistes
03:30 dans une société démocratique pour lever le voile sur un certain nombre d'intérêts,
03:35 qui préfèreraient bien sûr continuer à œuvrer dans l'ombre.
03:39 La vérification de l'information aujourd'hui, c'est très important,
03:42 parce que beaucoup de fausses informations circulent.
03:45 Et c'est ajouté aux tâches que les journalistes ont à accomplir chaque jour,
03:49 et bien celles de vérifier les fausses informations et de démonter les fausses informations.
03:54 Et ça demande aujourd'hui d'avoir des savoir-faires spécifiques,
03:57 de recourir à des outils qui peuvent être assez pointus,
04:00 par exemple pour démontrer qu'une photo est fausse,
04:03 ou alors qu'on prête à une vidéo que l'on voit sur les réseaux sociaux,
04:07 et où on se dit "Ah c'est ça la vérité, et pas ce que le journaliste a dit,
04:09 bah oui mais la vidéo elle peut être manipulée".
04:11 Notre invité ce matin, vous l'entendez sur France Bleu Gironde,
04:14 Arnaud Schwartz est le directeur de l'IJBA, l'école de journalisme de Bordeaux,
04:17 à l'occasion de cette journée "Portes ouvertes sur l'info" lancée par Radio France aujourd'hui.
04:20 Ça veut dire que les jeunes journalistes que vous formez aujourd'hui,
04:23 vous les formez aussi à utiliser tous ces outils qui permettent de tirer le vrai du faux,
04:28 de tout ce qui circule notamment sur les réseaux sociaux ?
04:30 Absolument, c'est très important, les outils multimédia aujourd'hui,
04:33 tous les outils liés aux technologies numériques,
04:36 ont pris une importance considérable dans nos enseignements.
04:39 Dès le Master 1, le multimédia est présent à tous les étages,
04:43 et bien sûr ensuite en Master 2, en fonction de la spécialité que l'on choisit,
04:48 on continue à apporter des compléments de formation.
04:52 Cette école que j'ai le bonheur de diriger a été pionnière sur le data-journalisme,
04:57 il y a une dizaine d'années.
04:59 Aujourd'hui, la grande question est celle des algorithmes,
05:02 et aujourd'hui aussi j'ai envie de dire, parce que dire demain,
05:05 ça serait ne pas prendre en considération l'urgence de la question,
05:09 c'est l'intelligence artificielle dans nos métiers.
05:11 Donc ça a évidemment des conséquences en termes de savoir-faire journalistique,
05:17 mais aussi bien sûr d'interrogations éthiques, déontologiques,
05:21 qu'il est très important d'avoir aussi avec nos étudiants.
05:25 Donc la réflexion sur le métier, le retour critique sur le métier,
05:28 ce sont des choses qui nous tiennent très à cœur aussi.
05:30 Oui, cette défiance elle nous oblige aussi à réfléchir sur nos façons de faire.
05:33 Vous le disiez, les jeunes qui arrivent aujourd'hui à Lisba,
05:35 à l'école de journalisme de Bordeaux, ils sont conscients de cette défiance,
05:38 pour laquelle le mouvement des Gilets jaunes notamment est à un moment de bascule.
05:43 Donc aujourd'hui, cinq ans après, ils en sont très conscients.
05:46 Comment est-ce qu'ils vivent avec ça ?
05:48 Comment est-ce qu'ils appréhendent leur entrée dans le métier
05:50 en sachant qu'une toute partie de la population ne leur fait pas confiance ?
05:53 Ce qui est beau, c'est qu'ils ont envie de faire du bon journalisme et du grand journalisme.
05:57 Ils ont envie de tendre le micro.
06:00 Ils arrivent souvent avec la volonté de donner, c'est ce qu'ils disent,
06:05 de donner le micro à ceux qui ne l'ont pas.
06:07 Ils sont animés de très nobles intentions par rapport à ce métier.
06:11 On essaie de leur en apprendre l'orthodoxie, ou en tout cas toutes les grandes et nobles valeurs.
06:18 Et ensuite, c'est à eux aussi dans leur vie professionnelle de cultiver ça
06:23 et d'essayer de faire le meilleur journalisme possible.
06:26 Parce qu'ils faisaient un bon journaliste il y a 20, 30 ans, même 10 ans.
06:29 Est-ce que c'est différent de ce qu'il fait un bon journaliste aujourd'hui ?
06:31 Non, vous avez raison d'évoquer ce point.
06:35 Les grands fondamentaux de la démarche journalistique doivent rester les mêmes.
06:38 Ce n'est pas parce que le métier s'est beaucoup technicisé
06:41 qu'il faut perdre de vue ces grands fondamentaux.
06:44 Nous y veillons beaucoup à l'école, évidemment.
06:47 C'est pour ça que les cours de déontologie, d'éthique, d'écoute,
06:55 il est très important de savoir écouter les gens à qui nous parlons,
06:59 sont très importants.
07:00 Et bien sûr aussi des modules comme la Fabrique de l'Info,
07:04 qui sont des modules d'analyse critique des médias.
07:06 Merci beaucoup Arnaud Schwartz, directeur de l'IJBA,
07:08 cette école de journalisme de Bordeaux, d'avoir été avec nous aujourd'hui.
07:11 En sept journées, portes ouvertes sur l'info à Radio France. Merci à vous.