Inondations dans le Pas-de-Calais : "Je ne peux plus rester là pour la sécurité de ma famille"
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00:00 Je suis situé sur le pont aux Canards et il y a deux bras de lacs qui se divisent ici même.
00:04 L'un qui passe en dessous de nous, l'autre qui passe un peu plus à l'est.
00:07 Et à mes côtés, il y a Vincent. Bonjour Vincent, merci d'être avec nous.
00:11 Vous habitez sur Lilo. Lilo, je le situe juste derrière nous, qui a été envahi par les eaux il y a encore quatre jours.
00:18 Votre maison était sous les eaux, Vincent, c'est bien ça ?
00:21 - Oui, c'est bien ça. Nous avons eu entre 1,20 m et 1,30 m d'eau dans la maison.
00:26 - Deux épisodes distincts, le premier le 6 novembre, le second, aux alentours du 10 novembre, c'est ça ?
00:31 - C'est bien ça, oui. La première vague, on a pris en moyenne 60 cm.
00:36 Tout s'est évacué le mardi dans la journée et de nouveau dans la nuit du vendredi à samedi.
00:41 Et l'eau restait dans la maison jusqu'au dimanche.
00:43 - Vincent, je sens de la lassitude chez vous. Vous dites "là j'en ai marre, j'en peux plus".
00:47 - Oui, bon, on avait été inondé en 2002. On a pris une inondation là à 60 cm.
00:54 On était déjà abattu. Reprendre 1,20 m, 1,30 m le samedi, on ne peut plus se projeter.
01:01 Moi, je ne peux plus me projeter dans ce quartier.
01:03 Je dis au effort, j'envisage de quitter ce quartier, mais on va perdre des sous.
01:08 C'est un investissement de toute une vie qui part en faillite.
01:13 Mais je ne peux plus rester là pour la sécurité de ma famille et de moi-même.
01:18 - Vous pensez à partir, mais vous m'avez dit "en tout cas, la solidarité était bien là, on m'a aidé".
01:23 Merci à tout le monde.
01:24 - Oui, aussi bien la commune, tous les élus, les forces de l'ordre, quelles qu'elles soient,
01:31 les gens de l'extérieur qui sont venus nous aider, de Amiens, de Erkingalis et autres,
01:36 des gens qui ont posé congé pour venir nous aider.
01:39 Franchement, ça fait chaud au cœur d'être soutenu.
01:41 - Vincent, de quoi vous avez besoin aujourd'hui ?
01:44 - Que les assurances jouent jeu.
01:47 Parce qu'aujourd'hui, dans mon quartier, nous sommes 6 maisons à être relouées.
01:52 On cherche des relogements.
01:53 Moi, au 20 décembre, je suis à la rue.
01:55 Je n'ai pas de logement.
01:56 - 20 décembre, vous êtes à la rue ?
01:58 - Oui.
01:58 Là, on a une location qui s'arrête le 20 décembre, qui est relouée à quelqu'un d'autre derrière.
02:02 C'était prévu.
02:04 - Il faut l'aider, Vincent.
02:06 On va tenter de vous aider avec l'élan de solidarité qui se met en place.
02:09 D'accord ?
02:10 Moi, je me tourne, reste à mes côtés, je me tourne vers Patrick Marlier, un prévisionniste.
02:13 Patrick, est-ce qu'on peut garantir aujourd'hui à Vincent qu'on ne pourra plus voir ça chez lui ?
02:19 - Non, malheureusement, c'est impossible.
02:21 C'est vrai que quand on fait des calculs de durée de retour d'un tel événement,
02:25 ça donne une projection à plus de 100 ans.
02:28 C'est une cruse centenale.
02:30 Mais à vrai dire, avec le réchauffement climatique, on peut se poser des vraies questions.
02:34 Est-ce que ça va se reproduire encore l'année prochaine ?
02:37 Dans 5 ans, dans 10 ans ?
02:38 - Aucune certitude, rien ?
02:40 - Rien du tout.
02:40 Et compte tenu de ce qui se passe avec ce dérèglement climatique,
02:43 on ne peut assurer quoi que ce soit sur la reproduction d'un tel événement
02:47 dans les semaines, mois ou années à venir.
02:49 - Patrick, tout est déréglé ?
02:52 - En tout cas, côté météo, c'est clair.
02:54 On l'a vu avec la série de tempêtes, la série d'inondations
02:57 et tous les événements qui, depuis 2019, s'installent sur la France
03:01 et provoquent de telles catastrophes.
03:03 - Voilà, alors malheureusement, aucune certitude.
03:05 Vincent, tout ce qu'on a envie de vous dire ce matin,
03:08 c'est qu'on est à vos côtés, avec vous.
03:11 20 décembre, vous êtes sans logement.
03:12 Donc déjà, rien que le fait de vous trouver un logement,
03:14 ça serait déjà pas mal, c'est ça ?
03:16 - Oui, tout à fait. Retrouver un logement, on a des contacts.
03:19 Mais quand on voit les prix annoncés par les AirBnB et autres,
03:23 c'est vraiment inadmissible.