Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous
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00:00 - Quelle émotion, à 60 ans de distance, sur la même antenne, Philippe Labrault qui va
00:05 juger peut-être le jeune journaliste que vous étiez. Il y a tout dans ces deux minutes et il y a notamment l'intensité
00:12 dramatique et tous les éléments d'information que vous donnez.
00:16 - Oui j'ai oublié d'en donner une que j'ai donné dans mon livre puisque j'ai écrit un livre entier là-dessus qui s'appelle
00:22 "On a tiré sur le président" que vous trouverez d'ailleurs dans le quarto monsieur Pascal.
00:26 J'ai oublié de dire, c'est une image très forte, vous savez ces gros camions américains, les "trucks" comme on dit, énormes, qui traversent les Etats-Unis
00:33 et il y en avait un qui était
00:36 arrêté le long de l'autoroute et le driver, le conducteur, était sorti, s'était appuyé sur
00:43 le capot et il pleurait.
00:46 Gros, costaud, comme ils sont tous là-bas,
00:50 et cet homme, ce camionneur qui pleure, pour moi c'était le symbole de ce qui se passait.
00:54 Bon, bien évidemment, ensuite je suis arrivé à New York, j'ai pris le premier avion du matin, samedi, je suis arrivé à Dallas le samedi matin,
01:01 donc le lendemain matin de l'assassinat, et là je suis monté dans un taxi pour aller tout de suite au commissariat de police,
01:08 le police headquarters de Dallas, et le taxi driver avec des roues flaquettes et des
01:14 bottes à talons biseautés comme ils avaient tous là-bas,
01:18 j'étais en plein Texas, Kennedy avait dit la veille à sa femme "on est chez les fous" et je dis à ce taxi driver
01:25 "dis donc quand même quelle tragédie" et il me répond avec son accent "it was about time"
01:30 ce qui veut dire "il était grand temps".
01:33 Voilà, un peu l'atmosphère, et je suis arrivé dans un petit commissariat de police
01:37 en proie et en prise avec l'histoire, avec un H majuscule et avec un
01:44 bordel, il n'y a pas d'autre terme, extraordinaire, une confusion inimaginable,
01:47 300 journalistes, il y avait deux français seulement, moi,
01:52 François Peloux de l'AFP qui était lui le correspondant français à Washington, donc lui il était même déjà la veille
01:58 à Dallas, et moi-même. Et puis tout le reste c'était les télévisions américaines qui
02:03 allongeaient leurs câbles, à l'époque c'était des gros câbles, tout ça c'est beaucoup plus difficile qu'aujourd'hui,
02:08 tous en rang le long du rue de chaussée pour voir débarquer du premier étage où il était enfermé dans sa cellule,
02:15 Lee Harvey Oswald, 24 ans, mon âge, et qui arrivait
02:20 encadré par deux flics avec leur chapeau et avec le shérif Wilfritz au nez
02:27 rougi par le bourbon et qui s'installait dans un petit bureau, on voyait à travers les vitres, pour interroger Oswald
02:34 sans dactylo, sans magnétophone, sans prise de note.