• l’année dernière
Occupé par la situation internationale et un sommet du G20 en visio, Emmanuel Macron ne pourra pas se rendre au congrès de l'Association des maires de France cette année. Il a convié pour une réception à l'Élysée un millier d'élus.

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Transcription
00:00 Bien !
00:01 Madame la Première ministre,
00:04 mesdames et messieurs les ministres,
00:06 monsieur le président de l'Association des maires de France,
00:09 bravo pour votre réélection,
00:12 mesdames et messieurs les membres
00:14 du bureau du comité directeur, félicitations aussi,
00:18 mesdames et messieurs les maires,
00:20 mesdames et messieurs les parlementaires,
00:22 conseillers municipaux,
00:25 mesdames et messieurs les représentants
00:26 de l'Association internationale des maires francophones,
00:29 et je veux en particulier saluer Madame la présidente du Sénat de Côte d'Ivoire
00:34 et Monsieur le président de l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire
00:38 invité par l'ANS.
00:39 Mesdames et messieurs, en regard des qualités,
00:41 je suis très heureux d'abord de vous retrouver,
00:46 je vais dire quelques mots,
00:48 nous allons ensuite décorer l'une d'entre vous,
00:52 j'oserais dire la première d'entre vous,
00:55 nous y reviendrons dans un instant,
00:57 et puis surtout, ça sera du temps avec chacune et chacun
01:01 pour pouvoir échanger sur le quotidien qui est le vôtre,
01:05 comme je le fais à chaque fois que je me déplace sur le territoire.
01:08 Mais je voulais dire quelques mots en effet
01:11 du moment que traverse la nation,
01:15 et la Première ministre aura l'occasion demain
01:18 de revenir sur les sujets du moment,
01:20 encore mes ministres ont l'occasion de travailler avec vous
01:23 tout au long de votre congrès, de vos travaux et du salon,
01:27 mais nous vivons un moment très particulier.
01:32 L'année est faite de tempêtes,
01:35 après les violences urbaines que nous avons traversées en juillet,
01:39 les épisodes climatiques extrêmes qui ont touché tant d'entre vous,
01:43 j'étais aux côtés des maires de Finistère,
01:46 puis des maires de Pas-de-Calais,
01:48 mais je n'oublie aucune des régions
01:50 qui ont été touchées ces dernières semaines
01:52 et ces derniers mois par ces épisodes,
01:55 et nous avons affronté de plus en plus
02:00 des épisodes de violence contre vous,
02:02 élus de la République,
02:04 mais aussi des épisodes de violence
02:06 qui nous ont tous marqués,
02:07 j'ai une pensée pour votre collègue de Drôme
02:09 qui a organisé aujourd'hui une marche blanche
02:11 après terrible assassinat et cette agression
02:14 qui nous a tous marqués.
02:16 Dans ce contexte-là, je vais être clair
02:18 avant d'ouvrir quelques lignes,
02:20 notre rôle à tous, à vous comme à moi,
02:24 c'est de ne pas subir
02:26 et de rester fermement attachés
02:29 aux valeurs de la République,
02:31 pas simplement aux valeurs,
02:32 à l'action que nous devons conduire en République
02:34 sur quelques lignes fermes.
02:37 La première, la sécurité.
02:40 Ces dernières années, nous avons réarmé la République.
02:45 Je le dis parce que ça prend du temps,
02:46 c'est toujours trop lent pour vous comme pour moi,
02:48 je vous rassure,
02:50 mais on a rembauché plus de 10 000 policiers et gendarmes
02:52 et on continue avec la loi de programmation.
02:54 On a rembauché plusieurs milliers de magistrats et de défis
02:57 pour, là aussi, réarmer la justice et caractériser.
03:01 Maintenant, c'est une affaire d'exécution,
03:03 on a des lois de programmation,
03:04 elles descendent sur le terrain,
03:05 en même temps qu'on a amélioré le continuum de sécurité
03:09 grâce aux innovations que beaucoup d'entre vous ont portées
03:11 et qui nous permettent de faire mieux travailler
03:13 la police municipale, la police nationale.
03:15 Le sujet sur lequel nous allons encore poursuivre
03:17 le travail et l'améliorer,
03:19 c'est l'une des leçons de l'EPDR.
03:23 La sécurité, la sécurité, la sécurité.
03:26 Ne jamais s'habituer et face aux violences qui se réinstallent
03:30 à ce que j'ai pu qualifier de décivilisation,
03:34 réaffirmer ce sans quoi la liberté n'a pas de sens,
03:37 qui est l'ordre républicain.
03:40 Le deuxième pilier, j'ai l'impression,
03:42 qu'ensemble nous conduisons,
03:43 c'est celui des services publics.
03:46 Ce serait très court, je ne vous détaillerai pas,
03:48 deux priorités en ce qui nous concerne,
03:49 l'école et la santé, sur lesquelles la feuille de route
03:52 a été donnée en début d'année aux ministres compétents.
03:56 Elle est au coeur de la réforme.
03:57 Nous menons, en lien avec les territoires,
04:00 des conseils de la refondation territoriaux
04:02 se déclinent sur chacune de ces politiques.
04:05 Nous avons des défis énormes, vous les connaissez comme moi.
04:08 Nous sommes dans une phase, là, parfois,
04:10 de reconquête de certains de nos territoires complets.
04:12 Là, on a vu la démographie médicale se déliter.
04:17 C'est des choix qui ont été créés il y a longtemps.
04:19 Nous sommes en train d'organiser les choses, de réinvestir.
04:23 Et nous y arriverons.
04:25 Mais plus largement, ce sont les services publics,
04:27 et c'était une des leçons du grand débat.
04:30 Nous sommes au rendez-vous des maisons sans service.
04:33 Nous allons continuer de les déployer.
04:35 Et grâce au travail que vous faites,
04:37 que font vos équipes,
04:39 que font à côté de vous les services de l'Etat,
04:41 nous continuerons, là aussi,
04:43 de remettre du service sur le terrain,
04:45 parce que c'est absolument indispensable.
04:47 Et c'est une conquête de chaque instant.
04:50 Mais là aussi, les choses commencent à se mesurer, et à avancer.
04:53 Et le 3e défi, c'est celui...
04:58 J'allais dire du triangle, là. C'est difficile.
05:02 Mais le XXIe siècle nous ouvre ce défi.
05:04 Les ministres étaient à vos côtés pour en parler.
05:06 La souveraineté agricole, industrielle,
05:12 la création d'emplois sur nos territoires
05:14 et la bataille du plein emploi qui est indispensable.
05:16 Sinon, aucune des promesses que nous avons faites ne sera tenue.
05:18 Le seul moyen de pouvoir réinvestir sur nos services publics,
05:21 de vous accompagner, c'est de gagner la bataille du plein emploi.
05:24 Donc souveraineté, au pluriel,
05:26 création d'emplois et décarbonation de notre économie.
05:31 Et nous avons à inventer un modèle,
05:33 et nous sommes en train de le faire avec beaucoup d'entre vous.
05:35 Partout, nous sommes en train de décarboner notre industrie.
05:38 Partout, on fait ce changement.
05:39 Ca doit se faire au plus près du terrain,
05:41 en laissant monter les solutions du terrain.
05:43 Et c'est un des décis que nous aurons dans les prochains mois,
05:45 c'est de tenir nos objectifs nationaux.
05:47 Et la France les tient depuis 2010.
05:49 Nous sommes sur la trajectoire des accords de Paris.
05:53 Mais on doit faire plus de deux fois plus
05:55 dans les années qui viennent.
05:56 C'est faisable si on investit, ce qu'on est en train de faire,
06:00 si on met les bonnes incitations,
06:02 mais si on sait également faire émerger
06:05 toutes les initiatives sur le terrain
06:06 et les accompagnements comme il se doit.
06:08 Voilà les quelques priorités au niveau national
06:10 face aux tempêtes que nous vivons, à la crise.
06:12 Elles sont simples, mais je vous les ai ici rappelées.
06:16 Alors face à ça, la crise que nous vivons tous,
06:20 le malaise que l'on ressent souvent,
06:24 que plusieurs d'entre vous m'exprimez,
06:26 qui est au coeur du débat que, honnêtement,
06:28 j'essaie de mener à la tête de la nation
06:31 depuis un peu plus de 6 ans,
06:33 c'est au fond une crise tout à la fois
06:38 de l'efficacité et de l'autorité.
06:41 Et c'est toujours dans des sociétés de plus en plus complexes
06:44 où les règles se sont accumulées,
06:46 où les objectifs deviennent multiples,
06:48 où, il ne faut rien dire,
06:50 l'avis de tous les décideurs publics
06:52 est régi par le droit pénal,
06:55 de plus en plus,
06:57 où les esprits s'échauffent immédiatement
07:00 et les discours de l'œil sont plus simples à entendre
07:02 que les discours de raison.
07:04 Il nous faut remettre une bonne hiérarchie des choses
07:09 et remettre les valeurs de la République au centre
07:11 et réussir, au fond, à pouvoir décider
07:15 de manière plus simple et plus rapide,
07:17 clarifier les responsabilités
07:19 et faire avancer le pays, du national au local.
07:22 Et réussir simplement,
07:28 ce chemin qui peut paraître de bon sens,
07:31 c'est, à mes yeux, la manière la plus sûre
07:33 de répondre au malaise que ressent nos compatriotes
07:36 qui est face à un système qu'ils jugent trop complexe,
07:39 qu'ils nous comprennent de moins en moins
07:41 et aux autres sentiments,
07:43 qu'on n'est pas assez durs et assez vides face aux gens
07:45 qui les empêchent de vivre dans la tranquillité et l'aïkétude
07:49 et qu'on complexifie la vie de ceux qui voudraient faire
07:51 quelque chose d'utile.
07:53 Alors, face à ça, on va ouvrir quelques lignes très simples.
07:57 La première, c'est celle de la décentralisation.
08:01 Je vais évoquer à vos côtés,
08:02 j'en parlais avec le président de l'Association des maires.
08:05 Plusieurs travaux ont été faits par le gouvernement,
08:07 ça a été commencé sur le question du logement,
08:09 par le Sénat qui a mené des travaux importants.
08:13 J'ai confié à Eric Wörth,
08:17 ancien ministre parlementaire,
08:19 élu local depuis de nombreuses années,
08:22 homme à la fois innovant et responsable,
08:26 une mission qui n'est pas une mission impossible,
08:28 qui est difficile, mais à laquelle je tiens beaucoup.
08:31 Vous avez deux missions publiques,
08:32 et peut-être que vous l'avez étayé,
08:33 mais qu'est-ce qu'elle est, cette mission ?
08:35 C'est le fait qu'on est au bout d'un système.
08:38 C'est que notre système de décentralisation
08:40 a dilué les responsabilités.
08:42 On peut tous dire qu'on est pour la décentralisation,
08:45 parce que personne ne sait clairement qui fait quoi.
08:48 Alors vous, qui êtes maire, vous faites le terrain,
08:51 vous avez des combattants qui pensent
08:52 que vous êtes responsable de tout.
08:54 C'est notre communauté de députés.
08:55 Moi, c'est pareil.
08:58 Et après, quand on commence à leur dire
09:00 "Oui, je voudrais bien, mais je ne peux pas,
09:01 "parce que ça, c'est fait là, ça, c'est ici..."
09:05 Ça veut dire "D'accord, je vais essayer de m'embrouiller."
09:08 "Je voudrais bien, mais je ne peux pas,
09:09 "c'est ce qu'on doit faire."
09:11 Et au fond, le partage des compétences,
09:14 ça ne marche pas.
09:16 Et donc, il faut recréer ici des responsabilités
09:20 derrière lesquelles on met des compétences
09:22 et des financements avec une vraie autonomie financière,
09:25 c'est-à-dire des financements qui ont une bonne dynamique.
09:28 Je vois ici parmi vous,
09:29 et là, pour les raisons que j'évoquais,
09:32 dans un département,
09:34 on a...
09:37 Laissez dire,
09:38 on a des financements aujourd'hui pour nos départements.
09:40 C'est les droits de mutation.
09:42 Ça n'a rien à voir, ça dépend de ce que font les départements,
09:44 c'est pas des dépenses sociales.
09:47 Donc, on a un système qui tue par le sudet, pardon,
09:50 de se... de l'évoquer comme ça.
09:52 Et donc, chaque matin, dès que ça ne va pas,
09:54 on se retourne vers qui ? Vers vous, au local,
09:56 vers l'État, en disant "Ça ne marche pas."
09:58 Les systèmes, ils sont d'inefficacité,
10:00 parce qu'ils partagent des responsabilités.
10:03 Et donc, tout le monde s'y retrouve
10:04 quand on veut au fond plus de dépenses publiques.
10:07 Donc, le mandat qui est donné à Eric Wörth,
10:10 c'est de clarifier les responsabilités,
10:12 où est-ce qu'elles doivent s'appliquer et à quel niveau,
10:14 derrière les compétences.
10:16 Et quand une responsabilité est donnée à un niveau,
10:18 toutes ces compétences vont d'un coup.
10:21 La clarification du mandat bureaucratique
10:24 et les financements.
10:27 Est-ce que c'est ce qu'on a fait jusqu'alors ? Non.
10:30 Est-ce que, par exemple,
10:31 quand on parle des dépenses sociales et du RSA,
10:34 quelqu'un pense qu'un président de département
10:36 en décide ? La réponse est non.
10:39 Parce que personne de l'Europe française
10:40 ne voudrait qu'il y ait 100 politiques du RSA.
10:43 Et donc, on a donné au département une compétence
10:46 sur laquelle ils n'ont pas de responsabilité
10:48 et sur laquelle, d'ailleurs, personne dont ils votent
10:50 pour son conseiller départemental
10:52 ne pense une seule seconde qu'ils votent
10:54 pour avoir une politique du RSA différente
10:55 que dans le département d'un autre.
10:58 On a confondu une gestion d'opérateurs
11:00 avec une décentralisation.
11:02 A l'inverse, est-ce qu'il est raisonnable
11:07 qu'on continue à faire au niveau central
11:09 l'essentiel de la politique du logement,
11:11 des aménagements urbains, encore de transports au haut ?
11:14 Vous avez la question.
11:16 Donc on va remettre du bon sens, de la clarification,
11:18 sortir des cofinancements, avoir une chaîne d'action
11:22 et avec des bonnes vérifications locales,
11:24 mais c'est vital pour la clarté de notre vie démocratique
11:27 et pour les élus que vous êtes, parce que vous aurez,
11:29 vous qui avez une compétence générale,
11:31 en tant que maire, une clarté des interlocuteurs
11:35 avec lesquels travailler de manière privilégiée
11:37 sur les politiques que vous avez à conduire.
11:40 La décentralisation, premier point.
11:41 Le deuxième point, la clarté sur les moyens financiers.
11:46 Je vous rassure, je ne vais pas vous souffler,
11:48 le département est arrivé,
11:49 on était beaucoup plus jeunes ici
11:50 de nous battre sur la taxe d'habitation,
11:53 l'autonomie financière et fiscale.
11:55 Les indignés connaissent mes arguments,
11:57 je vous laisse ébranler, la première ministre,
11:59 demain, reviendra sur ces sujets, sur la question.
12:02 Il n'en demeure pas moins,
12:03 parce que les chiffres nationaux le montrent.
12:05 Depuis que je suis président, on n'a pas baissé...
12:07 Je vais vous le dire aussi.
12:09 Au niveau national, vérité.
12:12 Là où mes deux prédécesseurs,
12:14 traversant des crises moins graves,
12:16 les avaient baissés.
12:17 Je dis ça pour être occumélique, dans mon approche.
12:21 (Rires)
12:23 En même temps.
12:25 On ne les a pas baissés,
12:26 on a même rajouté, sur des dotations ciblées,
12:29 plus d'argent.
12:32 La réalité, c'est que beaucoup d'entre vous vont me dire,
12:34 et à raison, "Moi, mes dotations ont baissé."
12:38 Parce que vous avez été rattachés à des intercommunalités
12:40 qui ont changé le potentiel fiscal
12:42 et qui étaient mis en référence,
12:43 parce que les règles, ceci, cela, c'est ça, la réalité.
12:47 Et donc, je suis prêt à se contrôler sur ce sujet.
12:52 Et je souhaite qu'on puisse confier
12:55 au Comité des finances locales
12:57 un travail de rencontre de la légère.
12:59 Je pense que le moment est arrivé.
13:01 (Applaudissements)
13:04 (...)
13:14 Le brouhaha, accompagnant les applaudissements,
13:20 vous laissez entendre que je ferai là
13:22 une ouverture qui va être votre sujet
13:24 dans les prochains mois.
13:26 Mais c'est très bien ainsi.
13:28 C'est-à-dire que moi, je suis responsable
13:30 sur les finances locales,
13:31 et ce sera avec la trajectoire qui est dévodée.
13:35 Mais simplement, je ne peux pas entendre, chaque matin,
13:38 "On m'a lésé."
13:41 Vous êtes représentés au Comité des finances locales,
13:43 c'est à l'esprit, et qu'il y a un débat qu'on fait.
13:45 On dit comment on fait plus juste, mieux,
13:47 en fonction des besoins,
13:49 ce qui va supposer du débat, et on va découvrir
13:50 que l'État, qui remporte souvent beaucoup de choses,
13:52 est souvent celui qu'on appelle
13:53 quand il y a des conflits entre les élus locaux.
13:56 Néanmoins, c'est le 2e essentiel que vous voulez ouvrir,
13:58 et il est essentiel, ça se reflète de la DGF,
14:01 pour faire un système plus juste, plus clair,
14:03 et plus prévisible.
14:05 Ca, je pense, est très important pour les élus que vous êtes,
14:08 parce que votre génération a vécu
14:11 la fin des rentrées dans certaines intercommunalités,
14:14 qui a beaucoup consaint votre exercice
14:15 et grouillé beaucoup de votre visibilité.
14:18 Fiscal et budgétaire, ça, c'est une réalité.
14:21 C'est une réalité que je reconnais totalement.
14:23 C'est l'effet de vos intérieurs,
14:24 mais c'est vous, en tant qu'élu, qui en avez vécu.
14:27 Vous en avez vécu les 15 élus.
14:29 Le 3e point, c'est que, je vous connais,
14:33 beaucoup, au fond, veulent agir.
14:38 Et on rentre tous dans un système,
14:39 on l'évoquait là aussi avec le président de l'AMF,
14:44 qui est en fait de se dire
14:46 "Qu'est-ce que je peux encore faire ?"
14:48 et qui a un appel collectif à la simplification.
14:51 Alors, moi, je sers beaucoup de choses
14:53 ces dernières années dans la matière,
14:55 mais je suis très lucide, on n'a pas fait assez.
14:59 On n'a pas fait assez, parce qu'au fond,
15:00 c'est une révolution de méthode,
15:02 une chose qui est la chose la plus difficile.
15:04 Et à chaque fois qu'on a pris des lois pour simplifier,
15:07 il y a eu encore plus de lois qui arrivaient
15:08 pour simplifier par le goûter.
15:10 Non, mais c'est un schéma,
15:12 c'est la faute à tout le monde et à personne.
15:14 Alors, quelle est la cause de cela ?
15:18 D'abord, nous chérissons tous la loi.
15:20 Je le dis tout autant qu'on le sait.
15:22 Dès que quelqu'un a un problème sur le terrain,
15:25 je me dis "Faites passer une loi, changez le texte."
15:29 Dès que quelqu'un nous dit "Je vais simplifier les lois",
15:31 même que ce soit au niveau économique,
15:33 il est le premier à enlever d'autres
15:34 pour bloquer les concurrents.
15:37 Dès qu'on a un problème,
15:39 nous, État, Républicain, Culture Jacobine,
15:42 on pense que le problème est vraiment reconnu.
15:45 Avec mon expérience et la liberté de ton,
15:47 vous avez, vous, je peux le dire.
15:48 Il y a deux manières de reconnaître quelqu'un
15:49 vraiment sans problème.
15:51 C'est soit créer un ministère sur ce sujet,
15:55 ce que j'ai parfois fait,
15:56 mais on ne sait pas sûr qu'on a finalement
15:57 beaucoup de ministères.
15:59 Et la deuxième, c'est de faire une loi sur le sujet,
16:02 de le mettre dans un texte de loi.
16:03 Alors, vous allez à l'UFC, les gens disent
16:05 "J'ai été compris et bien entendu."
16:06 Les mêmes, ils vous disent après qu'il y a trop de lois
16:08 et trop de textes.
16:09 Malaise française.
16:11 Néanmoins, on doit pouvoir simplifier les choses.
16:13 Je vois quelques leviers pour le faire.
16:17 C'est de redonner beaucoup plus de place
16:21 à la déconcentration et au droit de déroger.
16:26 Qu'est-ce que ça veut dire ?
16:28 Ça veut dire, et ça, c'est le travail
16:29 que nous sommes en train de finaliser
16:30 avec madame la Première ministre,
16:32 présidente du ministère du Gouvernement,
16:34 c'est qu'à travers le temps, on a créé beaucoup d'agences.
16:40 Mais je dis ça, c'est le fruit, c'était les lourdeurs
16:42 de la solution publique et de ses règles.
16:44 On est en train de les simplifier,
16:45 on va encore les simplifier, vous allez voir,
16:47 en début d'année prochaine.
16:50 Avec ces souplesses qu'on trouve, ces libertés d'action,
16:53 on doit réussir, en fait, à sortir de cette logique
16:56 qui a enlevé beaucoup de responsabilités
16:58 aux ministres et aux administrations.
17:00 Et au fond, il y a un phénomène
17:02 qui s'est installé ces dernières années,
17:03 on l'a tous vu, des agences qui ont une logique nationale,
17:08 des grandes régions qui ont reconcentré
17:10 au niveau des capitales de régions beaucoup plus adhésives
17:12 et qui l'ont éloigné.
17:15 Et donc, bilan des courses,
17:16 vous avez des préfets de départements
17:17 qui se retrouvent face à des services régionaux
17:20 qui l'ont gonflé,
17:21 et que ce soit dans la capitale régionale,
17:22 dans les grandes régions, ou à Paris,
17:24 c'est à peu près la même chose,
17:25 et des agences qui passent au-dessus des préfets
17:29 et qui donnent leurs instructions à leurs satellites.
17:33 Et donc, on a une politique qui vous donne,
17:36 pas simplement le sentiment, mais qui est du coup,
17:38 de plus en plus centralisée,
17:40 empêchée avec des lois qui sont un peu impossibles.
17:43 La réponse à ça n'est pas que dans la décentralisation,
17:45 je vais vous dire sur laquelle on va avancer,
17:47 elle est dans la déconcentration.
17:49 Et là, il faut un peu mousculer tout le monde.
17:51 On a revu la COVID, depuis un temps,
17:52 parce qu'il y a plein de résistances.
17:55 Mais moi, j'ai une expérience très simple avec vous.
17:59 Quand le pire arrive, on flic très bien.
18:03 Quand on a eu la COVID, tout le monde a été au charbon,
18:06 et on a glorifié le couple Mercréfet.
18:08 Quand on a des inondations, des tempêtes,
18:11 des attaques terroristes, etc.,
18:14 les choses se mettent en ordre de bataille
18:16 de manière incroyable, on a le coup Mercréfet.
18:20 Ca, c'est une situation.
18:22 Et tout le monde est derrière, avec un ou deux petits singes,
18:24 et on avance.
18:25 C'est exactement ce système qu'on doit remettre en place,
18:28 et c'est très fort de la déconcentration
18:30 qu'on doit faire.
18:31 Un chef de tous les services de l'Etat,
18:33 quel qu'il soit, l'obligation des agences
18:35 de mettre sous l'autorité du préfet,
18:38 et la possibilité de lui, au préfet, avec vous,
18:41 de déroger.
18:42 Ce qui suppose aussi de clarifier l'ombre de nos textes
18:48 et de sortir de logique de moyens
18:49 pour aller vers des logiques d'objectifs,
18:51 de donner plus de souplesse à niveau local sur les moyens,
18:55 et, ça, c'est un chantier qu'on va devoir ouvrir
18:57 tous ensemble,
18:59 d'être courageux sur la responsabilité pénale
19:02 des décideurs locaux,
19:04 qu'ils soient élus ou fonctionnaires.
19:08 Il n'y aura pas de simplification de la décision publique
19:10 et de déconcentration si vous ne rouvrez pas ce sujet.
19:13 Je le disais tout à l'heure à la fin.
19:15 (Applaudissements)
19:20 Mais là, on va devoir tous se battre,
19:21 parce que c'est pas forcément évident
19:24 pour beaucoup de nos compatriotes.
19:26 C'est pas une culture de déresponsabilité
19:28 que je défends, loin de là.
19:30 Mais je rends l'exemple des fameux protocoles sanitaires
19:33 quand on a rouvert les écoles.
19:35 Je ne sais pas si vous en souvenez.
19:36 (Rires)
19:38 J'ai l'impression que oui.
19:41 Et moi, j'ai l'impression que, au début,
19:44 si Carlisse s'en souvient, j'étais chez lui.
19:47 Je me battais parfois tout seul avec quelques-uns d'entre vous,
19:49 parce que, quand on disait qu'on allait rouvrir les écoles,
19:51 le 11 mai, je croyais qu'on se souvient.
19:54 C'est quand même personne qui savait où on allait.
19:57 Je me félicite qu'on ait été
19:58 l'une des premières nations à rouvrir.
20:00 Le protocole, il faisait 2 pages.
20:02 (Rires)
20:05 Il a fini à 80 pages.
20:07 Mais pourquoi ?
20:10 Je dis pourquoi.
20:11 Mais pour des tas de bonnes raisons.
20:13 Parce que les directeurs d'écoles,
20:14 les directeurs, beaucoup de maires sont revenus
20:18 vers les lits en disant, "Tant mieux, clarifiez ce que tu as,
20:20 sinon, ça va être ma responsabilité."
20:23 Et le processus qui s'est joué
20:24 dans la préparation des interactions,
20:26 c'est que tout le monde,
20:27 avec les meilleures intentions du monde,
20:29 pour les meilleures raisons du monde,
20:31 a produit un texte très long,
20:33 parce qu'on lui a fait couvrir tous les cas de figure,
20:36 pour que le maire, pour que l'instructeur,
20:39 pour que le directeur d'école ne puisse pas être attaqué
20:41 ensus par des parents bérefs ou par telle association,
20:44 au pénal, parce que tel enfant est infecté.
20:47 Et donc, c'est la faute à personne et la faute à tout le monde.
20:50 Mais c'est que la responsabilité pénale
20:53 a inhibé l'initiative et a compressifié le droit,
20:56 parce qu'on veut tout, tout mettre dans le texte
20:59 pour couvrir tous les sujets.
21:01 Et donc, on doit rouvrir à tout le monde sans cesse.
21:04 (Applaudissements)
21:07 Dernier point,
21:09 et dernier rastre que je veux vous donner,
21:11 c'est les conditions d'exercice du mandat.
21:13 C'est un peu lié à ce que vous avez dit.
21:15 Là-dessus, vous avez fait un travail.
21:18 La ministre de l'Histoire va faire avec vous aussi
21:20 une grande concertation.
21:22 Et moi, je regarde le système.
21:24 J'ai cette défense que j'ai faite avec vos côtés.
21:27 Certains sont d'accord, d'accord,
21:28 de précision, c'est la vie démocratique.
21:30 Moi, j'aime la controverse, c'est comme ça qu'il y a de la santé
21:34 et que, dans un cadre, on met nos accords
21:37 et les accords ensemble.
21:38 Mais je regarde le système. Là, on en parle aussi.
21:41 De manière très claire, on en parlait,
21:44 quand on regarde les chiffres de démission de mères,
21:47 on ne peut pas dire que ces 15 dernières années
21:50 ont amélioré la situation.
21:52 Donc, la responsabilité n'est pas unique,
21:54 mais je n'ai pas réussi à en traverser.
21:56 Alors, l'exercice de tous les mandats est plus compliqué,
22:00 parce que la vie dans la société est plus compliquée,
22:02 plus violente, comme je vous ai dit tout à l'heure,
22:04 elle est plus difficile, plus ingrate
22:06 autour des réseaux sociaux.
22:07 Il y a une impatience de citoyens
22:09 qui ont une forme de consulérisme
22:10 par rapport à l'exemple public.
22:12 On voit tout tout de suite, au clic.
22:15 Bon, je connais ça.
22:18 Néanmoins, beaucoup trop de nos compatriotes
22:22 ignorent le fait qu'une écrasante majorité d'entre vous,
22:27 c'est quasiment de manière bénévole,
22:28 chez son travail,
22:30 en fait, c'est beaucoup d'heures bénévole,
22:32 sacrifie beaucoup de son temps professionnel
22:34 à des sujets de responsabilité,
22:36 en particulier pénales qui sont mal couverts,
22:38 et surtout des reconversions qui vont être terrificées.
22:42 Et donc, il y a un ensemble d'éléments
22:45 qui, aujourd'hui, font qu'on aura une désaffection,
22:49 on a une désaffection qui est en train de se mettre en place,
22:52 un découragement.
22:54 Parce qu'on a dans le même temps une capacité à agir
22:56 qui est de plus en plus entravée,
22:59 une responsabilité, en particulier pénale,
23:01 du fait de plus en plus être vivé,
23:03 et une difficulté à être reconnue dans ses conseils,
23:06 on va pouvoir les valoriser ensuite dans la vie.
23:09 Donc, nous devons, et là-dessus, c'est un chantier,
23:14 j'assume, et même s'il y a eu des améliorations
23:17 qui ont été faites avec la loi
23:18 Engagement et proximité de 2019,
23:21 le sujet des rémunérations, de la formation,
23:24 de la conciliation vie professionnelle,
23:26 personnelle et élective,
23:28 et du sujet reconversion
23:30 doivent être couverts par un texte
23:32 qui doit être finalisé par la ministre.
23:35 Et ça, c'est indispensable si on veut régler
23:37 une partie de ce problème de notre vie démocratique.
23:40 Voilà.
23:41 (Applaudissements)
23:49 Donc, vous l'avez compris,
23:51 au-delà des grands actes de politique publique,
23:52 que j'ai rappelés très rapidement, et de notre politique,
23:55 des concentrations, mais réelles et audacieuses,
24:00 des décentralisations réelles et audacieuses,
24:02 des concentrations pour recréer de la simplicité,
24:07 clarté sur les moyens financiers
24:09 par un travail de refonte de la DGF
24:11 et des relations financières,
24:13 et vrai statut de l'élu,
24:15 c'est les 4 objectifs que je nous fixe pour l'année qui vient
24:17 sur les sujets qui nous préoccupent
24:19 et les ouvertures que j'ai.
24:21 Maintenant, et pour conclure mon propos,
24:23 avant d'avoir un moment plus convivial,
24:26 je voudrais maintenant appeler,
24:28 pardonnez-moi, madame la maire,
24:31 notre doyenne, madame Yvette Vichy.
24:35 (Applaudissements)
25:04 En vous remettant aujourd'hui
25:07 aux décorations de la République,
25:11 c'est à travers vous, les maires de France,
25:13 que je vais ici célébrer.
25:15 Je veux simplement dire quelques mots
25:16 sur votre parcours avant de conclure.
25:20 Votre ville n'a qu'un royau des périphoires noirs,
25:24 fameuse pour sa tarte à la fraise
25:26 de 30 mètres carrés,
25:28 insectionnée chaque année,
25:31 pas terminale, avec des records.
25:35 Vous en êtes, en quelque sorte, un, vous toutes seules,
25:39 vous êtes, madame la doyenne de nos femmes maires.
25:44 (Applaudissements)
25:58 Depuis 1989,
26:00 vous voyez au destiné de cette commune
26:02 de 383 habitants, vous êtes née,
26:06 oeuvrant très jeune dans la ferme familiale
26:10 auprès de vos parents,
26:12 vous obtenez le certificat d'admission à 14 ans.
26:15 Et très tôt, allumée par le sentiment d'injustice
26:18 devant toute assignation,
26:20 vous renvoie à cette condition qui est la vôtre,
26:23 vous rêvez de quitter la ferme pour aller à Paris.
26:27 En 1958, déterminée et intrépide,
26:31 vous laissez vos vaches, poissons et canards
26:39 pour monter à la capitale comme infirmières.
26:43 La mère d'Hubert, votre mari,
26:46 l'aurait, paraît-il, rasséréné en lui confiant votre propos,
26:50 ne t'inquiète pas, la semaine prochaine,
26:54 Yvette sera revue à Nadira.
26:56 (Rires)
26:57 Votre bête-mère est tord,
27:00 puisque vous avez passé deux décennies à Paris,
27:03 réussissant le concours de cadre infirmière
27:05 que vous préparez au cours du soir
27:07 et devenant l'âme battante du service de pédiatrie
27:09 de l'hôpital Toursault.
27:12 (Applaudissements)
27:15 (...)
27:23 Et cette liberté de destin,
27:26 c'est la peau d'un caractère exceptionnel,
27:27 une envie, évidemment, de servir, de secourir.
27:30 Vous les déploiez également au centre hospitalier de Bordeaux,
27:34 à 9 km de Nadira, où vous revenez en 1983.
27:39 Là encore, vous vous tenez pour vos collègues soignants
27:41 comme pour vos patients davantage d'attention, de confort,
27:45 davantage de modérité.
27:47 A la fin des années 80, parce que l'une de vos amies
27:50 vous a recommandé de vous occuper alors
27:52 de votre retraite à venir,
27:55 vous consentez à ce que votre nom figure
27:56 dans le scrutin municipal de Nadira.
28:01 La même amie vous rappelle le dimanche stratégique
28:03 de ne pas oublier de voter pour vous-même.
28:05 (Rires)
28:07 Décidé, puisque vous voilà élu, presque sans le rechercher.
28:13 Et depuis 34 ans, dans votre commune,
28:16 chaque jour, chaque nuit, avec une indignation totale,
28:20 vous avez oeuvré de petites victoires en grand succès.
28:24 L'école a été conservée, rénovée,
28:27 elle est devenue une école maternelle,
28:30 la station-service a été maintenue,
28:33 l'église et la bibliothèque restaurées,
28:35 l'assainissement collectif a chaudé.
28:38 Sur la place du village, PC les Moutons,
28:41 là, à l'accueil, la soirée de la fraise,
28:44 ce mois d'avril, votre commune a gagné
28:47 une centaine d'habitants.
28:50 Et avec votre équipe municipale,
28:51 avec aussi votre secrétaire de mairie,
28:53 parce que je n'oublie pas vos secrétaires de mairie,
28:55 partout où vous êtes.
28:57 (Applaudissements)
29:07 Avec votre secrétaire de mairie, Bernadette Odry,
29:11 vous êtes depuis plus de 30 ans sur le pont.
29:14 Et je sais que ce ne sont pas les projets qui mentent,
29:16 vous préparez l'implantation d'une maison d'assistante maternelle,
29:19 un cabinet médical,
29:21 pour que Nabila continue d'attirer les jeunes et les familles,
29:25 filles de paysans, vous aider à la conservation au bio,
29:27 à la conversion au bio,
29:29 à la métallisation des agriculteurs.
29:32 Vous êtes une enracinée, devisante en patois,
29:35 soucieuse de la santé de vos canards et de vos lapins,
29:39 mais portez toujours, au-delà des clivages,
29:41 une ambition de progrès.
29:44 Vous, qui avez la main verte dans ce périple noir,
29:49 vous avez inassemblablement bredé, rapaissé,
29:53 recouvu et embelli le tissu bleu, blanc, rouge
29:57 qui nous tient lieu ensemble de drapeaux
30:01 qui tient notre nation.
30:02 (Applaudissements)
30:12 Et aux côtés de vos amis, de vos amis maires,
30:17 de vos présidents de conseils départementaux,
30:19 de pays départementaux, régionaux,
30:21 et de vos proches, et devant tous les maires ici rassemblés,
30:26 nous savons que la valeur n'est donc pas le nombre des années,
30:29 mais la grandeur, parfois,
30:31 se mesure au défi du dévouement.
30:35 Pardonnez-moi, à 90 ans,
30:38 j'ai clivé, à votre manière,
30:41 un traité sur l'art d'être une grande maire.
30:45 (Applaudissements)
30:56 Et si Marianne a tous les visages, chaque jour à Navira
30:59 et ce soir aux Jeux de la République,
31:02 il a le vôtre.
31:04 Pour toutes ces raisons,
31:06 devant ces maires qui vous ressemblent
31:08 et autour de ces valeurs qui nous rassemblent,
31:11 je suis heureux et fier de vous remettre les insignes
31:15 de chevaliers de la Légion d'honneur.
31:18 (Applaudissements)
31:48 (...)
31:52 Madame Yvette Vigier,
31:57 au nom de la République française,
32:00 nous vous faisons chevalier de la Légion d'honneur.
32:04 (Applaudissements)

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