Nous recevons maintenant Hélène Dorion, poétesse et romancière québécoise qui célèbre depuis 40 ans la nature, les astres et les éléments pour en saisir la beauté et la fragilité. En témoigne son nouveau recueil, "Cœurs, comme livres d’amour". Ce recueil explore notre sensibilité et notre place dans le monde vivant. En tant qu’organe ou espace d’émotions, le cœur bat au rythme de ce qu’il vit. L’amour est porté par le bonheur et les déceptions et désillusions. Il est possible de réanimer un cœur blessé, en creusant au fond de soi-même et en laissant la vie nous transformer, avant de s’adonner à un nouvel amour.
Hélène Dorion interroge sans cesse le lien entre l’Homme et la nature, une nature dont elle célèbre la beauté mais aussi les ombres, les obscures profondeurs. Elle nous parle aussi de son ouvrage "Mes forêts", au programme du baccalauréat de Français des classes de premières cette année. En écrivant au milieu d'arbres baignés de lumière, de lacs et de rivages, la poétesse interroge le monde moderne.
Hélène Dorion interroge sans cesse le lien entre l’Homme et la nature, une nature dont elle célèbre la beauté mais aussi les ombres, les obscures profondeurs. Elle nous parle aussi de son ouvrage "Mes forêts", au programme du baccalauréat de Français des classes de premières cette année. En écrivant au milieu d'arbres baignés de lumière, de lacs et de rivages, la poétesse interroge le monde moderne.
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00:00 dans l'ombre, aller chercher
00:01 quelque chose de lumineux.
00:02 C'est-à-dire qu'on sait que le
00:04 monde contemporain dans lequel
00:05 on vit est traversé d'ombres.
00:07 Il y a toutes les catastrophes
00:08 que l'on sait. Il y a aussi
00:10 beaucoup de difficultés
00:11 individuelles, beaucoup de
00:13 failles. Et je pense qu'on ne
00:14 peut pas nier tout ça. Il faut
00:16 les amener avec soi. En tout
00:18 cas, moi, je les emporte avec
00:19 moi dans l'écriture, mais en
00:21 même temps, je pense qu'il est
00:23 important de chercher à pointer
00:25 vers cette lumière qui existe,
00:26 d'utiliser justement les mots
00:28 pour aller voir ce qui peut nous
00:30 porter plus loin, cet espoir
00:31 dont vous parliez aussi tout à
00:33 l'heure, qu'il faut créer. Je
00:34 pense aussi qu'il ne faut pas
00:36 juste le chercher ou l'attendre.
00:38 Il faut vraiment le créer.
00:39 Donc, faire en sorte que les
00:41 mots puissent, eux, défricher
00:43 un chemin à mesure. Donc, aller
00:45 vers ce qu'on ignore aussi, ce
00:46 qui est très proche de ce que
00:48 vous faites aussi.
00:50 - Les forêts. Alors, ça s'appelle
00:52 les forêts, notamment parce que
00:53 vous écrivez au milieu de la
00:55 forêt, Hélène Dorion. Qu'est-ce
00:57 que vous écrivez dans votre
00:58 bureau, depuis votre atelier?
01:00 - Des arbres, des arbres, des
01:02 arbres! Oui, en fait...
01:03 - Un peu de ciel aussi?
01:05 - Oui, bien, ça dépend des
01:06 saisons. Disons que l'hiver,
01:08 oui, justement, c'est ce qui est
01:10 intéressant. C'est que les
01:11 saisons sont très marquées.
01:13 Quand on habite en forêt et
01:14 j'ai un petit pavillon d'écriture
01:16 qui surplombe la falaise, alors
01:18 je regarde vraiment le travail de
01:19 la lumière dans la forêt. Les
01:21 arbres aussi, le plus petit et
01:23 le plus grand, c'est-à-dire cet
01:24 ensemble d'arbres qui est une
01:26 forme de lumière, mais aussi
01:27 l'écorce, l'humus, la feuille,
01:29 le bourgeon. Donc, je m'y
01:30 promène avec les mots.
01:32 - "En suivant le bruissement de
01:33 mes arbres, je me suis mise à
01:35 l'écoute des pulsations du
01:36 monde."
01:38 - Oui, ça, c'est au moment de
01:39 l'écriture de mes forêts. Je
01:41 l'avais commencé en 2018 et au
01:42 moment où je terminais
01:44 l'écriture d'un roman et j'allais
01:45 le présenter, est arrivé 2020,
01:47 le confinement. Et là, le monde
01:48 s'est mis à raisonner autrement,
01:50 évidemment, de manière
01:51 différente. Et là, je me suis
01:53 mise à écouter des chansons
01:55 différentes, évidemment, de
01:56 manière individuelle, mais de
01:58 manière collective aussi. Donc,
01:59 toutes les questions que le
02:01 monde nous posait se sont
02:02 intégrées à l'écriture, sont
02:04 venues et il s'est mis à
02:05 raisonner très fort, ce monde.
02:07 - "Leçon de beauté, leçon de
02:08 fragilité", voilà ce que vous
02:10 écrivez, Hélène Dorion. Et ce
02:11 qui est très beau, c'est que
02:13 cette fragilité, vous la
02:14 saisissez par les mots. Comment
02:16 on fait, concrètement? Comment
02:17 ça se passe?
02:19 - Pour moi, c'est d'abord une
02:20 démarche intérieure. C'est
02:22 d'abord une manière... En fait,
02:23 j'ai demandé à l'écriture de
02:25 m'apprendre à vivre, de
02:26 m'apprendre à être. Et je pense
02:28 qu'un des chemins, en tout cas,
02:29 c'est celui de la fragilité, de
02:31 la vulnérabilité, de la
02:32 rencontre avec soi à travers nos
02:34 failles, à travers nos
02:35 grandeurs, nos beautés, notre
02:37 petitesse et tout ce qu'il y a
02:38 d'infini à l'intérieur de nous,
02:40 ces ombres qui nous traversent
02:41 et ces lumières.
02:43 - J'ai eu le sentiment
02:44 extrêmement agréable en lisant
02:46 ce que vous racontez,
02:47 Hélène, de ce que vous avez
02:49 dit, de ce que vous avez
02:50 dit, de ce que vous avez
02:52 dit en lisant ce que vous
02:53 racontez des arbres, que vous
02:55 vous fondez à l'intérieur de
02:56 cette nature, que vous
02:58 disparaissez et que ne reste
02:59 qu'une émotion qui va discuter
03:01 elle-même avec les arbres
03:02 eux-mêmes.
03:04 - C'est vrai, c'est très...
03:05 C'est très juste, en fait,
03:07 parce que souvent, on impose une
03:08 parole à la nature. Et pour moi,
03:10 ce dialogue était extrêmement
03:11 important. Et c'est vrai qu'en
03:13 écrivant mes forêts, c'est comme
03:14 si je m'étais sentie moi-même
03:16 être arbre parmi les arbres. Et
03:17 je pense que c'est ça aussi,
03:19 c'est ce que j'ai trouvé
03:20 intéressant dans ce livre. Et je
03:22 pense que c'est ça aussi qui fait
03:23 la poésie. Cette présence, c'est
03:25 comme un précipité de réel au
03:26 fond d'une éprouvette, en fait.
03:28 Et les mots y participent, à ce
03:29 précipité de langage aussi qui
03:31 est là. Et donc, plutôt que de
03:32 raconter, je pense qu'on devient
03:34 à l'intérieur du poème.
03:35 - Super!
03:37 - Merci beaucoup.
03:38 du poème.