Chères lectrices, chers lecteurs,
Voici la captation de la lecture théâtrale de vers de Guillaume Apollinaire par les comédiens Amaury Delgrange et Agnès Jarrin, à l'occasion de la parution des œuvres complètes du poète aux éditions Bouquins.
Performance enregistrée le mercredi 12 mars 2025.
Vous souhaitant de belles lectures,
L'écume
La Quatrième (La Beauté de toutes nos douleurs) :
Ce volume, riche d'un appareil critique inédit et accessible, donne à lire la part majeure de l'œuvre de Guillaume Apollinaire : poésie, récits, critique et théâtre.
Ce volume contient :
I. POÉSIE : Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée , avec les bois de Raoul Dufy ; Alcools. Poèmes 1898-1913 ; Vitam impendere amori ; Calligrammes. Poèmes de la paix et de la guerre (1913-1916) ; Poèmes publiés par Apollinaire ; Poèmes ayant fait l'objet d'une publication posthume.
II. RÉCITS : Les Onze Mille Verges ; L'Enchanteur pourrissant avec les bois d'André Derain ; L'Hérésiarque et Cie ; La Fin de Babylone ; Le Poète assassiné ; Contes écartés du Poète assassiné ; La Femme assise .
III. CRITIQUE : Critique d'art (1902-1918) ; Méditations esthétiques. Les peintres cubistes (1913) ; Critique littéraire ; Manifestes et interventions critiques (1909-1912 : Autour de l'unanimisme ; 1913-1914 : Autour du futurisme ; 1916-1918 : L'Esprit nouveau) ; Portraits ; La littérature féminine : articles de Louise Lalanne ; Articles, comptes rendus, échos.
IV. THÉÂTRE : À quelle heure un train partira-t-il pour Paris ? ; Les Mamelles de Tirésias ; Couleur du temps .
Voici la captation de la lecture théâtrale de vers de Guillaume Apollinaire par les comédiens Amaury Delgrange et Agnès Jarrin, à l'occasion de la parution des œuvres complètes du poète aux éditions Bouquins.
Performance enregistrée le mercredi 12 mars 2025.
Vous souhaitant de belles lectures,
L'écume
La Quatrième (La Beauté de toutes nos douleurs) :
Ce volume, riche d'un appareil critique inédit et accessible, donne à lire la part majeure de l'œuvre de Guillaume Apollinaire : poésie, récits, critique et théâtre.
Ce volume contient :
I. POÉSIE : Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée , avec les bois de Raoul Dufy ; Alcools. Poèmes 1898-1913 ; Vitam impendere amori ; Calligrammes. Poèmes de la paix et de la guerre (1913-1916) ; Poèmes publiés par Apollinaire ; Poèmes ayant fait l'objet d'une publication posthume.
II. RÉCITS : Les Onze Mille Verges ; L'Enchanteur pourrissant avec les bois d'André Derain ; L'Hérésiarque et Cie ; La Fin de Babylone ; Le Poète assassiné ; Contes écartés du Poète assassiné ; La Femme assise .
III. CRITIQUE : Critique d'art (1902-1918) ; Méditations esthétiques. Les peintres cubistes (1913) ; Critique littéraire ; Manifestes et interventions critiques (1909-1912 : Autour de l'unanimisme ; 1913-1914 : Autour du futurisme ; 1916-1918 : L'Esprit nouveau) ; Portraits ; La littérature féminine : articles de Louise Lalanne ; Articles, comptes rendus, échos.
IV. THÉÂTRE : À quelle heure un train partira-t-il pour Paris ? ; Les Mamelles de Tirésias ; Couleur du temps .
Catégorie
🦄
Art et designTranscription
00:00C'est quand même super du fait qu'il y a des films des parages.
00:05Je suis belle fille narratrice, je m'occupe en fait de choses à l'âge d'envie,
00:11j'ai vraiment peu à dire.
00:13C'est très mignon, c'est un travail de théâtre d'espoir,
00:16qui a toute sa place quand je suis narratrice,
00:21comme celle-ci, des opérations générales.
00:26Au mois de janvier, j'ai été approchée par deux comédiens très enthousiastes,
00:32qui avaient, comme je le projette, déjà monté un petit spectacle
00:37au fond de la filière de l'île de Marseillaise.
00:41Le projet était de lire des textes,
00:45lire des poèmes d'amour, entre autres,
00:48des poètes.
00:50D'abord, j'ai été saisie par le grand enthousiasme,
00:54que vous allez voir ce soir.
00:56Il s'agit d'Annie Jarrin et d'Amandine Delgrange.
01:02Ils sont tous les deux très heureux de vous présenter leur spectacle.
01:08Ceci coïncisait très bien avec des publications cette année,
01:13qui ont mis en lumière la figure du poète,
01:21Apollinaire.
01:23Je vais vous en citer trois, qui sont les plus importants.
01:26Il y a un très très beau texte,
01:28qui est dessiné de noir sur blanc,
01:31de Frédéric Pajac,
01:33sur la figure d'Apollinaire.
01:35C'est absolument magnifique.
01:37Il y a un très très bon parigramme,
01:40illustré incroyablement,
01:42avec une iconographie des photos,
01:45telles que savent le faire les émissions Parigramme.
01:48C'est absolument sublime.
01:51Et alors là, c'est tout à l'honneur de la collection au bouquin,
01:56qui il y a quinze jours a fait paraître l'intégralité de l'oeuvre des hommes Apollinaire.
02:05Alors bien sûr, ses poèmes, il est d'abord poète,
02:09mais ses critiques d'art, son théâtre, des récits.
02:14Vous trouvez pour les amoureux d'Apollinaire,
02:18que vous avez découvert un texte que vous n'avez jamais vu auparavant.
02:24C'est un travail colossal.
02:26Et on remercie vraiment la collection au bouquin d'enrichir à ce point,
02:33notre bibliothèque.
02:36Très souvent, ils font des choix très audacieux.
02:40Et c'est très audacieux aujourd'hui,
02:42de parler sur la poésie.
02:45Mais pas complètement, parce qu'on voit que vous êtes nombreux
02:49et que vous êtes des amateurs et des lecteurs de poésie.
02:53Donc je m'arrête là.
02:55Je vous laisse en bonne compagnie,
02:57pour écouter les vers de Dieu de la poésie.
03:14...
03:40Ses regards
03:42laissaient une traîne d'étoiles dans les soirs tremblants.
03:47Dans ses yeux nageaient les sirènes,
03:52et nos baisers mordus, sanglants faisaient pleurer nos fées marraines.
04:00Mais en vérité, je l'attends.
04:03Avec mon cœur, avec mon âme, et sur le pont des...
04:08Reviens-t'en !
04:10Si jamais revient cette femme,
04:14je lui dirai, je suis content.
04:20Je ne veux jamais l'oublier, ma colombe, ma blanche rade,
04:25ô Marguerite exfoliée, mon île au loin, ma désirade,
04:31ma rose, mon giroflier.
04:36...
04:43Ces vers sont le cri d'un homme blessé.
04:48Il est celui de tous les cœurs déchirés par un amour impossible.
04:54Il résonne en nous, comme le déferlement d'une tempête,
05:01nous laissant palpitant, à bout de souffle.
05:07Ces vers ont été écrits par un poète
05:11qui, durant les vingt premières années du XXe siècle,
05:15a bousculé les côtes de la poésie traditionnelle,
05:19a ouvert grand les portes de la modernité
05:23et a fait souffler un incroyable vent de liberté sur la littérature française.
05:31Ce poète est tombé fou amoureux de Paris,
05:37au point, et surtout, quartier Saint-Germain-des-Prés,
05:42au point d'y avoir habité, ici, là, à quelques pas,
05:47au 202 boulevard Saint-Germain.
05:50Il a évidemment assidûment fréquenté les cafés de Flore et des Deux-Magots.
05:59Il a noué une solide et profonde amitié avec un peintre de renom,
06:06Picasso, dont il soutiendra les audaces dans ce grand mouvement appelé cubisme
06:13et dont lui-même s'inspirera dans sa propre poésie,
06:18notamment par l'étoilement des thèmes, au mépris souvent de tous liens logiques.
06:24En hommage à leur amitié, Picasso lui dédicacera la statue de sa muse à lui,
06:32une femme nommée Dora Maar,
06:34statue que vous pouvez voir dans le petit square attenant à l'église Saint-Germain-des-Prés.
06:44D'autres vers de ce même poète
06:49nous ont bouleversés au plus profond de notre cœur.
06:55Permettez-nous ce soir de vous les offrir
06:59comme un bouquet de fleurs, une à une, entrelacés.
07:06Ce poète se nomme Guillaume Apollinaire.
07:20Si je devais décrire Guillaume en un mot, je dirais l'été.
07:29La plage, le soleil, la mer, les reflets d'argent, le bonheur.
07:38Guillaume, c'est un homme qui s'émerveille, s'enthousiasme,
07:45s'émerveille, s'enthousiasme, s'extasie pour les choses.
07:52Guillaume, c'est aussi l'élégance, la culture.
07:59Il parle parfaitement cinq langues et séduit tout le monde sur son passage.
08:06Guillaume, c'est surtout l'amour.
08:12Un homme amoureux, un amoureux exigeant, probablement capricieux.
08:26Imaginez, on est au beau milieu de l'automne.
08:33Peut-être pour ceux qui veulent mieux sentir la situation,
08:38mieux la ressentir.
08:40Si vous en êtes d'accord, fermez les yeux.
08:45Guillaume est chez lui, debout, face à la fenêtre et il regarde dehors.
08:56Il pleut, il fait froid, humide, les feuilles volent
09:02et Guillaume sort d'une déception amoureuse.
09:08Il va écrire le poème Automne malade.
09:15Dans Automne malade, Guillaume va personnaliser cette saison
09:19pour exprimer ses sentiments profonds, ses ressentis intérieurs.
09:27D'abord, sa profonde déception pour les femmes
09:33qu'il compare à des nymphes, des nymphes cruelles.
09:40Ensuite, sa désolation pour ce manque d'intérêt, pour cette saison qu'il aime tant.
09:48Et enfin, pour exprimer sa propre mort, inévitable,
09:56avec l'arrivée proche et certaine de l'hiver.
10:18Automne malade.
10:43Automne malade et adoré, tu mourras quand l'ouragan soufflera dans les roseraies,
11:00quand il aura neigé dans les vergers.
11:12Pauvre Automne, meurt en blancheur et en richesse, de neige et de fruits mûrs.
11:31Au fond du ciel, planent des éperviers sur des nixenissettes,
11:40aux cheveux verts, zénènes, qui n'ont jamais aimé.
11:54Aux lisières lointaines, les cerfs ont bramé.
12:05Et que j'aime, ô saison, que j'aime tes rumeurs,
12:12les fruits tombant sans qu'on les cueille,
12:19le vent et la forêt qui pleurent toutes leurs larmes feuille à feuille en automne,
12:32les feuilles qu'on foule,
12:39un train qui roule,
12:50la vie.
12:57C'est cool !
13:20C'est en 1902 que Guillaume Apollinaire écrit le poème « Les cloches ».
13:46Il n'a que 22 ans, mais il connaît déjà le malheur de l'amour impossible.
13:57Ce bref poème, quatre petites strophes seulement, raconte l'histoire non moins brève
14:06d'un amour qui se voulait secret et qui s'achève de façon tragique.
14:15Une jeune femme tombe amoureuse d'un cigane, un homme du voyage.
14:25Par peur d'être mal jugée, les deux amants s'aiment en cachette.
14:31Mais voilà, très vite, tout le monde est au courant et le secret est brisé.
14:42Les cloches symbolisent ici les rumeurs, les ragots, les candiratons qui circulent à vive allure sur le couple.
14:55L'amour ainsi dévoilé va se terminer par une séparation définitive.
15:06Pour une fois, et la chose est assez rare, Guillaume Apollinaire ne parle pas de lui.
15:17Lui qui est très auto-centré, à la fois sujet et objet de ses poèmes, il cède la parole à une femme.
15:28Une femme habitée par les regrets éternels d'un amour éphémère.
15:36Mais se met-il vraiment en retrait ?
15:42Ou ne laisse-t-il pas plutôt s'exprimer la part féminine de sa sensibilité ?
15:51Voilà une question que l'on peut se poser.
15:58...
16:22Les cloches.
16:24...
16:29Mon beau tsygane, mon amant, écoute les cloches qui sonnent.
16:42Nous nous aimions éperdument, croyant n'être vus de personne.
16:58Mais nous étions bien mal cachés.
17:05Toutes les cloches à la ronde nous ont vus du haut des clochers et le disent à tout le monde.
17:20...
17:25Demain, Cyprien et Henri, Marie, Ursule et Catherine, la boulangère et son mari,
17:44et même Gertrude, ma cousine, souriront quand je passerai.
17:54Je ne saurai plus où me mettre.
18:02Tu seras loin.
18:07Je pleurerai.
18:12J'en mourrai peut-être.
18:16...
18:45...
18:51Guillaume, c'est un homme qui mène une vie particulière, compliquée, à un pilier de bar.
19:03Il passe toutes ses soirées au bistrot et y dépenser ses derniers sous.
19:10Guillaume, c'est un homme fauché, impecunieux et qui a du mal à s'assumer financièrement,
19:19à tel point qu'il vivra chez sa maman jusqu'à ses 27 ans, ce qui est très tard pour cette époque.
19:29Guillaume, c'est aussi quelqu'un qui se met dans des situations délicates.
19:38Il sera accusé du vol du tableau de la Joconde, à tort, sans aucun doute,
19:45mais passera malgré tout plusieurs nuits à la prison de la santé à Paris.
19:52Guillaume, c'est aussi un homme à la personnalité anxieuse, torturé, en tension, agité.
20:06Et une de ses amoureuses dira de lui, Guillaume est un homme aux multiples talents,
20:11dont celui de faire souffrir les autres et lui-même par la même occasion.
20:21On est en 1912, après une relation passionnée et orageuse de cinq ans
20:33avec la peintre de renom Marie Laurencin, Guillaume et Marie se séparent.
20:41Guillaume déménage et s'installe pour la première fois à Saint-Germain-des-Prés.
20:46Il est hébergé chez des amis.
20:50Et il va en profiter pour faire un point sur sa propre vie, sa propre existence.
20:57Il ne progresse pas, il passe de relation en relation.
21:02Et il va probablement écrire le poème le plus connu, Le Pont Mirabeau.
21:11Dans Le Pont Mirabeau, Guillaume va se souvenir de moments passés sur ce pont,
21:18vu qu'il y passait beaucoup de temps avec Marie,
21:21vu qu'elle habitait juste à côté dans le 16e arrondissement.
21:25Et il va exprimer le temps qui passe, l'usure du temps et la disparition de l'amour.
21:55Sous le pont Mirabeau coule la Seine et nos amours.
22:15Faut-il qu'il m'en souvienne ?
22:18La joie venait toujours après la peine.
22:22Vienne l'amour, sonne-le, les jours s'en vont, je demeure.
22:35Les mains dans les mains, restons face à face,
22:44Tandis que sous le pont de nos bras Passent des éternels regards, longs de silence.
22:58Vienne la nuit, sonne-le, les jours s'en vont, je demeure.
23:12L'amour s'en va comme cette eau courante, L'amour s'en va comme la vie est lente,
23:25Comme l'espérance est violente.
23:31Vienne la nuit, sonne-le, les jours s'en vont, je demeure.
23:43Passent les jours et passent les semaines, Ni temps passé, ni les amours reviennent.
23:57Sous le pont Mirabeau coule la Seine, Vienne la nuit, sonne-le, les jours s'en vont, je demeure.
24:30C'est en 1909 que Guillaume Apollinaire écrit le poème intitulé 1909.
24:59Imaginons, si vous le voulez bien, un peu la Seine.
25:05Ce soir-là, notre poète est invité dans un très beau salon de ces magnifiques hôtels particuliers de la rive gauche.
25:17Il est là, il regarde les convives et soudain il la voit, anonyme apparition, qui se détache des autres.
25:36Il est immédiatement subjugué par son élégance et sa beauté aristocratiques.
25:45Tout en elle éveille en lui l'esthète, sa chevelure, son visage, sa démarche, son maintien.
25:59Notre poète croit vivre un conte de fées dans lequel cette femme serait à la fois la muse, la fée, la cendrillon, bref, la femme idéale.
26:18Mais comme toujours, chez Apollinaire, deux forces contradictoires l'animent et l'attirent.
26:27L'une vers la beauté pure, celle de cette femme.
26:34L'autre, au contraire, vers ce qu'il appellera le sordide, l'atroce, soumis des bas quartiers avec son lot de voyous, de prostituées.
26:48Et dans ce poème, il passe d'une force à l'autre, d'un vers à l'autre, la beauté et la laideur.
26:59En cela, il met ses pas dans ceux d'un illustre prédécesseur, le grand poète Charles Baudelaire, l'auteur des Fleurs du Mal.
27:17...
27:391909
27:42La dame avait une robe en ottoman violine et sa tunique brodée d'or était composée de deux panneaux s'attachant sur l'épaule.
28:04Des yeux dansants comme des anges, elle riait, elle riait.
28:15Elle avait un visage aux couleurs de France, les yeux bleus, les dents blanches et les lèvres très rouges.
28:33Elle avait un visage aux couleurs de France, elle était décolletée en rond et coiffée à la récamier avec de beaux bras nus.
28:54...
29:00N'entendra-t-on jamais sonner minuit ?
29:03...
29:10La dame en robe d'ottoman violine et en tunique brodée d'or, décolletée en rond,
29:25promenait ses boucs, son bandeau d'or et traînait ses petits souliers à boucs.
29:41Elle était si belle que tu n'aurais pas osé l'aimer.
29:47...
29:54J'aimais les fameuses atroces dans les quartiers énormes où naissaient chaque jour quelques êtres nouveaux.
30:07Le fer était leur sang, la flamme leur cerveau.
30:14...
30:20J'aimais, oh, j'aimais le peuple habile des machines, le luxe et la beauté ne sont que son écume.
30:31Elle était si belle qu'elle me faisait peur.
30:37...
30:47...
30:58...
31:091901.
31:12Guillaume a 21 ans.
31:15Il vient juste d'arriver à Paris.
31:19Une relation lui propose un travail de professeur de français
31:26pour une jeune fille, une certaine Gabrielle.
31:31Guillaume accepte et le voilà embarqué en Allemagne.
31:37Arrivé sur place, il rencontre la gouvernante de Gabrielle,
31:45une certaine, une jeune Anglaise, une certaine Annie Pleyden
31:50et qui, comme par magie, a le même âge que lui.
31:56Guillaume tombe immédiatement fou amoureux d'elle
32:02et une certaine idylle va démarrer entre eux.
32:09Malheureusement, très rapidement, contraint par la fin de son contrat de travail,
32:14Guillaume doit retourner à Paris.
32:18Amoureux et persuadé qu'elle l'attendra, il va la voir retourner en Allemagne.
32:26Malheureusement, celle-ci sera déjà partie.
32:32Très amoureux et déterminé, il part la retrouver en Angleterre, à Londres.
32:42Mais il ne recevra pas là non plus l'accueil espéré.
32:49Colérique et déterminé, passionné, anxieux, il retourne la voir une deuxième fois à Londres.
32:59Et cette fois-ci, ça se passera très mal.
33:03Ils se disputeront à tel point qu'elle décidera de quitter Londres
33:07pour aller s'installer aux États-Unis, à New York.
33:14Guillaume va écrire le poème « La chanson du mal-aimé ».
33:21Dans « La chanson du mal-aimé », Guillaume va commémorer sa relation avec Annie Pléden
33:26et va évoquer sa tristesse et son impuissance face à l'amour.
33:56La chanson du mal-aimé
34:12Un soir, de demi-brume, à Londres,
34:18un voyou qui ressemblait à mon amour vint à ma rencontre,
34:27et le regard qu'il me jeta me fit baisser les yeux de honte.
34:36Je suivis ce mauvais garçon qui sifflotait, main dans les poches,
34:42nous semblions entre les maisons, onde ouverte de la mer rouge,
34:46lui les Hébreux, moi Pharaon.
34:51Que tombent ces vagues de briques, si tu ne fus pas bien aimé !
35:00Je suis le souverain d'Égypte, sa sœur épouse son armée,
35:07si tu n'es pas l'amour unique.
35:11Au tournant d'une rue brûlant de tous les feux de ses façades,
35:16plé du brouillard sanguinolent où se lamentaient les façades,
35:21une femme lui ressemblant.
35:25C'était son regard d'inhumaine, la cicatrice à son cou nu,
35:34sortie saoule d'une taverne,
35:41au moment où je reconnus la fausseté de l'amour même.
35:49Lorsqu'il fut de retour enfin dans sa patrie, le sage Ulysse,
35:54son vieux chien de lui se souvint près d'un tapis de hôtelisse,
35:59sa femme attendait qu'il revînt.
36:01L'époux royal de Saint-Quental, là de vaincre,
36:07se réjouit quand il la retrouva,
36:11plus pâle d'attente et d'amour, yeux palis, caressant sa gazelle mâle.
36:21J'ai pensé à ces rois heureux, lorsque le faux amour
36:25et celle dont je suis encore amoureux, heurtant leurs ombres infidèles,
36:29me rendirent si malheureux.
36:32Regret sur quoi l'enfer se fonde !
36:36Qu'un ciel d'oubli s'ouvre à mes voeux !
36:41Pour son baiser, les rois du monde seraient morts,
36:48les pauvres fameux, pour elles, eussent vendu leur ombre.
36:59J'ai hiverné dans mon passé, revienne le soleil de Pâques
37:03pour chauffer un cœur plus glacé que les quarante de Sébaste,
37:07moins que ma vie martyrisée.
37:11Mon beau navire, ô ma mémoire !
37:16Avons-nous assez navigué dans une onde mauvaise à boire ?
37:21Avons-nous assez navigué de la belle aube au triste soir ?
37:29Adieu, faux amour confondu, avec la femme qui s'éloigne
37:33et celle que j'ai perdue l'année dernière en Allemagne et que je ne reverrai plus.
37:38Voix lactée, ô sœur lumineuse des blancs ruisseaux de Canard
37:45et des corps blancs des amoureuses !
37:49Nageur mort, suivrons-nous d'un an ton cours vers d'autres nébuleuses ?
37:57Je me souviens d'une autre année.
37:59C'était l'aube d'un jour d'avril.
38:02J'ai chanté, ma joie bien-aimée, chanté l'amour à voix virile
38:06au moment d'amour de l'année.
38:19Applaudissements
38:27Merci, merci.
38:28Applaudissements
38:42Alors, déjà rien.
38:46Applaudissements
38:49Un grand merci à vous tous d'être là, il y a du monde.
38:52C'est impressionnant.
38:55Pour terminer cet intermède poétique, on vous propose de vous faire deux courts poèmes.
39:02Ils seront courts, c'est promis.
39:05Et on va commencer avec Agnès qui va nous interpréter le poème Les Sept Épées.
39:15Les Sept Épées
39:25Les Sept Épées
39:28La première est toute d'argent
39:33Et son nom tremblant c'est Paline
39:38Sa lame un ciel d'hiver neigeant
39:42Son destin sanglant Gébeline
39:45Vulcain mourut en la forgeant
39:48La seconde, nommez-nous Bosse
39:51Est un bel arc-en-ciel joyeux
39:54Les dieux s'en servent à leur noce
39:57Elle a tué trente bérieux
39:59Et fut douée par Carabosse
40:02La troisième, bleu féminin
40:06N'en est pas moins un chibriap
40:09Appelé Lul de Faltenin
40:12Et que porte sur une nappe
40:15L'Hermès Ernest devenu nain
40:19La quatrième, malouraine
40:23Est un fleuve vert et glacé
40:26C'est le soir quand les riveraines
40:30Y baignent leurs corps adorés
40:32Et des chants de rameurs s'y traînent
40:37La cinquième, sainte Fabo
40:40C'est la plus belle des quenouilles
40:43C'est un cyprès sur un tombeau
40:46Où les quatre vents s'agenouillent
40:49Et chaque nuit c'est un flambeau
40:53La sixième, métal de gloire
40:57C'est l'ami aussi doucement
41:00Dont chaque matin nous sépare
41:03Adieu, voilà votre chemin
41:06Les coques s'épuisaient en fanfare
41:10Et la septième s'exténue
41:13Une femme, une rose morte
41:17Merci, que le dernier venu
41:21Sur mon amour ferme la porte
41:25Je ne vous ai jamais connus
42:51Mon petit loup adoré
42:54Je voudrais mourir un jour que tu m'aimes
43:01Je voudrais être beau pour que tu m'aimes
43:06Je voudrais être fort pour que tu m'aimes
43:11Je voudrais être jeune, jeune pour que tu m'aimes
43:18Je voudrais que la guerre recommence pour que tu m'aimes
43:26Je voudrais te prendre pour que tu m'aimes
43:33Je voudrais te fesser pour que tu m'aimes
43:38Je voudrais te faire mal pour que tu m'aimes
43:44Je voudrais que nous soyons seuls dans une chambre d'hôtel à grâce pour que tu m'aimes
43:53Je voudrais que nous soyons seuls dans mon petit bureau près de la terrasse couché sur un lit de fumerie pour que tu m'aimes
44:04Je voudrais que tu sois ma soeur pour t'aimer incestueusement
44:13Je voudrais que tu eusses été ma cousine pour qu'on se soit aimé jeune, jeune
44:21Je voudrais que tu sois mon cheval pour te chevaucher longtemps, longtemps
44:31Je voudrais que tu sois mon coeur pour te sentir toujours en moi
44:39Je voudrais que tu sois le paradis ou l'enfer selon le lieu où j'aille
44:46Je voudrais que tu sois un petit garçon pour être ton précepteur
44:54Je voudrais que tu sois la nuit pour t'aimer dans les ténèbres
45:00Je voudrais que tu sois ma vie pour être par toi seule
45:07Je voudrais que tu sois un obus boche pour me tuer d'un soudain amour
45:37Merci à vous tous
45:46En ce printemps des poètes, on voit que la poésie a encore de beaux jours devant elle
45:56Merci à tous parce que vous êtes là pour en témoigner je crois
46:01Merci à vous tous et puis aussi surtout merci à cette merveilleuse librairie
46:10L'écume des pages qui nous a gentiment accueilli son président Loïc
46:19Et puis dans l'opérationnel ces derniers week-ends Delphine et Loïc
46:28Donc un grand merci à vous tous, à vous trois en particulier
46:31De nous avoir vraiment gentiment accueilli dans ce lieu qui est génial
46:37Donc je crois qu'il y a moyen pour vous de regarder des bouquins sur Apollinaire
46:44Si ça vous intéresse, si ça ne vous intéresse pas, tant pis
46:49Mais je crois qu'il y a pas mal de choses à regarder, à acheter
46:52En tout cas à regarder
46:54Et puis je crois aussi que l'écume a prévenu un petit pot
47:00Pour ceux que ça intéresserait
47:02Pour ceux qui aimaient bien s'enivrer un peu comme Apollinaire
47:05La poésie n'exclut pas
47:07Qui se laissait saisir par la poésie
47:10En tout cas un grand merci à vous tous
47:12Merci immensément
47:22Applaudissements