La Finlande ferme la quasi-totalité de ces postes frontières avec la Russie
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00:00 - On s'arrête un instant sur cette décision prise par la Finlande.
00:02 Le pays ferme la quasi-totalité de ses postes frontières
00:05 avec la Russie.
00:06 Helsinki dit vouloir contenir l'arrivée de demandeurs d'asile.
00:09 Près de 300 personnes se trouvent en ce moment à cette frontière.
00:14 Les explications à suivre d'Amara Mahloul.
00:17 Bonjour à vous. Merci d'être là du site Info Migrants,
00:21 ici à France 24.
00:22 Amara, les autorités russes ont annoncé ce jeudi
00:24 le renforcement de la sécurité dans la région frontalière
00:27 de la Finlande.
00:28 La veille, la Finlande avait de son côté décidé de fermer
00:31 tous les postes frontières avec la Russie en en gardant
00:34 qu'un seul ouvert.
00:35 - Oui, c'était exactement ça.
00:36 Là, ça fait à peu près une semaine que cette frontière
00:39 est au coeur de l'actualité.
00:40 Mais en fait, le mouvement a commencé depuis cet été.
00:43 Il faut savoir que c'est une route qui est peu ou pas empruntée
00:45 habituellement, alors que c'est pourtant une frontière extérieure
00:48 de l'Union européenne.
00:49 Donc, contrairement aux autres frontières de l'Union européenne,
00:51 elle est peu empruntée.
00:53 Alors que là, si on regarde depuis début août,
00:55 bon, 300, c'est depuis la semaine dernière,
00:57 mais depuis début août, ça fait quand même 700 personnes
00:59 qui sont entrées.
01:00 Ce sont des personnes qui se sont présentées sans papier,
01:02 sans visa régulier pour entrer en Finlande face à cet afflux.
01:06 Donc, la Finlande a très rapidement réagi.
01:08 Ils ont fermé les deux postes frontières les plus au sud,
01:12 au sud-est, ceux de Valima et Nujama,
01:14 en en dirigeant des clôtures de barbelés,
01:16 en espérant que ça freinerait les arrivées.
01:17 Mais malgré cela, des migrants ont continué à affluer.
01:21 Et ils se sont massés, ils se sont retrouvés derrière
01:22 les barbelés.
01:24 Et après, ils se sont déplacés un peu plus vers le nord.
01:27 -On sait à Marra s'il y a des enfants parmi ces groupes ?
01:30 -Non. -On est en mesure de le savoir ?
01:31 -Alors, on est en mesure de savoir déjà leurs origines.
01:33 Leurs origines, ils viennent de Syrie, du Yémen, de Somalie
01:36 et du Soudan.
01:37 On a assez peu d'informations sur ce groupe.
01:39 On essaye d'entrer en contact avec eux.
01:41 On a aussi, à France 24, l'équipe des observateurs
01:43 qui essaye d'entrer en contact avec eux.
01:46 Donc, pour l'instant, moi, je ne suis pas en mesure de dire
01:48 s'il y a des enfants parmi eux ou pas.
01:49 Habituellement, il s'agit plutôt d'hommes seuls.
01:52 Quand il y a une nouvelle route qui est empruntée,
01:53 on voit plutôt des hommes seuls arriver.
01:56 Il faut savoir que dès juillet 2022,
01:57 au vu du contexte sécuritaire en Europe,
01:59 la Finlande avait un peu anticipé ce genre de phénomène
02:03 et avait décidé et annoncé la construction d'une clôture
02:06 sur 200 km environ de sa frontière avec la Russie,
02:09 qui fait 1 300 km,
02:10 mais toute cette zone n'est pas densément peuplée.
02:12 Donc, il s'était dit que 200 km suffisait.
02:15 Pour l'instant, seuls quelques kilomètres ont été construits.
02:17 Donc, en fait, il semble que la Finlande
02:19 ait été un peu prise de court.
02:21 On a vu certains migrants qui tentaient justement
02:23 de traverser ces frontières à vélo.
02:26 C'est inhabituel. Comment est-ce qu'on l'explique ?
02:29 -Alors, c'est très étonnant.
02:30 On a d'abord pensé que c'était pour forcer la frontière,
02:32 mais en fait, non. Il s'agit d'une loi locale qui l'impose.
02:34 C'est un ancien accord entre la Finlande et la Russie
02:37 qui impose de ne pas traverser à pied,
02:39 mais à vélo ou à véhicule motorisé.
02:43 A l'origine, cette loi, en fait, servait à favoriser
02:46 les échanges entre les deux pays,
02:47 puis les exsurtions journalières des habitants de la région.
02:50 Mais justement, depuis qu'il y a des tensions
02:52 entre les deux pays, cette loi a été abrogée.
02:55 Donc, depuis le 9 novembre, normalement,
02:56 c'est interdit de circuler à vélo.
02:58 Il faut être en véhicule motorisé.
02:59 Mais comme on le voit, ce n'est pas respecté.
03:01 Et visiblement, les migrants se procurent des vélos en Russie.
03:04 Ils les abandonnent une fois la frontière franchie,
03:07 quand ils arrivent à passer.
03:08 -Vous avez répondu, déjà donné quelques éléments de réponse
03:11 à la question que j'allais vous poser,
03:13 savoir d'où viennent-ils, quels sont les pays d'origine,
03:16 et puis est-ce qu'on en sait un petit peu plus
03:17 sur leur situation actuelle ?
03:19 -Elle est très précaire,
03:20 parce que, comme vous savez,
03:21 comme je disais, c'est une frontière pas très empruntée,
03:24 parce que l'environnement est très hostile.
03:26 Donc là, à l'heure actuelle, on sait qu'il y a encore
03:28 400 ressortissants étrangers qui sont toujours rassemblés
03:31 au point de passage de Sala, dans la partie nord
03:33 de cette frontière.
03:35 La Finlande n'en a autorisé pour l'instant que 50 à traverser
03:39 pour demander l'asile.
03:40 En fait, elle essaye de trier les personnes
03:42 selon leur situation.
03:45 Il y a beaucoup de neige, ils sont dans la neige,
03:46 ils n'ont pas de tentes pour s'abriter.
03:48 Donc ils allument des feux de fortune
03:50 pour tenter de se réchauffer.
03:52 -Et la Finlande accuse donc bien Moscou
03:54 d'instrumentaliser cette situation, ces migrants,
03:56 pour faire à la fois pression sur elle-même
03:59 et sur l'Union européenne,
04:00 utiliser les migrants comme arme de pression.
04:03 C'est une situation qu'on a déjà vue dans l'Union européenne.
04:06 -Oui, là, la tension monte entre la Finlande et la Russie
04:09 depuis la guerre en Ukraine.
04:10 Ca avait mené à l'adhésion de la Finlande à l'OTAN
04:13 en avril dernier, ce qui avait irrité Moscou.
04:15 La Finlande accuse donc Moscou de faire ça
04:18 en représailles à cette adhésion,
04:19 mais Moscou réfute cela catégoriquement.
04:22 On avait déjà vu cela, notamment,
04:23 entre la Turquie et la Grèce en mars 2020.
04:26 A ce moment-là, la Turquie avait amassé elle-même en bus
04:29 des migrants qui étaient présents par dizaines de milliers.
04:31 Il y avait 50 000 migrants présents à la frontière grecque
04:33 à ce moment-là.
04:34 Puis on l'a vu également l'année suivante, en 2021,
04:37 la Biélorussie, alliée de la Russie,
04:39 avait acheminé depuis le Kurdistan irakien
04:41 des milliers de migrants à la frontière
04:43 avec la Pologne et la Lituanie
04:44 pour faire pression sur l'Union européenne.
04:46 -Merci beaucoup, Amara. Merci pour ces précieuses informations.
04:48 J'espère que vous pourrez établir davantage de contacts
04:50 avec ces personnes-là.
04:52 J'appelle que vous êtes rédactrice en chef
04:53 du site Info Migrant, ici, à France 24.
04:55 Merci à vous.