Violences faites aux femmes : «Elle commence dès le début de la domination et de l'emprise», estime Muriel Réus

  • l’année dernière
ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr
Muriel Réus, administratrice de Agipi et présidente de l’association "Femmes avec", répond aux questions de Dimitri Pavlenko à l'occasion du vendredi thématique sur les violences faites aux femmes.
Retrouvez "L'invité actu" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-interview-de-7h40
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video


Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/
Transcript
00:00 sur Europe 1. Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin la présidente de l'association Femmes Avec, Muriel Reus.
00:05 - Bonjour Muriel Reus. - Bonjour Dimitri.
00:08 - Bienvenue sur Europe 1, demain 25 novembre c'est la journée internationale pour l'élimination de la violence
00:13 à l'égard des femmes, cause qui vous est chère Muriel Reus, à nous aussi, à Europe 1.
00:18 Nous y consacrons notre vendredi thématique. Je précise que vous êtes également administratrice d'AJP,
00:23 la grande association d'épargnants. Alors vous êtes à Marseille ce matin Muriel Reus, pour un événement
00:29 en lien avec la question des violences conjugales. Et oui parce que les couples malheureusement abritent
00:35 une part importante des violences qui ciblent les femmes. Muriel Reus, vous qui connaissez bien le sujet,
00:40 quelle est l'ampleur du phénomène des violences conjugales aujourd'hui, fin 2023 ?
00:46 Je parle d'ampleur connue, parce qu'il y a tout un continent inconnu, si je peux dire, une part de l'iceberg qu'on ne voit pas.
00:51 - Ah oui, alors il y a une part inconnue comme vous le dites, qui est une part sur laquelle il faut mettre l'accent.
00:58 Aujourd'hui la situation est la suivante. 80% des mesures du Grenelle des violences sont en oeuvre,
01:05 mais on observe toujours une hausse constante des cas de violence. On a enregistré en 2022 244 000 cas,
01:14 soit une augmentation de 15%. Ces 244 000 cas ont été enregistrés par les services de police et de gendarmerie,
01:23 mais on sait que c'est une partie immergée de l'iceberg, parce que seulement un quart des victimes signalent les faits qu'elles subissent.
01:31 Et selon la Mission internationale pour la protection des femmes, la MIPROF, 3,6 millions de femmes subiraient aujourd'hui
01:39 au sein des couples des violences physiques et sexuelles. - 250 000 cas signalés, et une estimation à un peu plus de 3,5 millions de femmes françaises
01:51 qui subiraient des violences conjugales. Mais on parle de quoi ? Ça commence où les violences conjugales, Myriam Reyes ?
01:58 - Alors, si vous voulez, les violences, ces chiffres expliquent pour moi une meilleure compréhension du spectre des violences.
02:05 C'est-à-dire que les violences, ce ne sont pas que les violences physiques. Les violences physiques, c'est ce qu'il y a de plus visible, évidemment,
02:12 et elles représentent d'ailleurs deux tiers des violences. Mais les violences, c'est aussi les violences sexuelles, les violences sexistes et les violences cyber.
02:19 Et ces violences cyber prennent une importance de plus en plus forte aujourd'hui, parce qu'avec l'adoption généralisée du numérique
02:27 et de ces outils connectés, des tablettes, des mobiles, des montres, ces objets ont ouvert la porte à de nouvelles menaces,
02:35 comme le cyberharcèlement, le cyber contrôle, la cybersurveillance, la cyberviolence économique et administrative.
02:43 Et vous me demandez où commence la violence ? Eh bien, elle commence dès, par exemple, le contrôle des mots de passe, la lecture des SMS, la géolocalisation...
02:51 - Alors, c'est dans les deux sens, dans de nombreux couples, on peut dire quand même, Muriel Réuss.
02:55 - Non, pas tant que ça. Ça va dans les deux sens, ça, j'en sais rien, je ne suis pas trop là. Je ne suis pas dans le... comment dire...
03:01 - Dans l'intimité de tous les couples. - Dans l'intimité des couples. Mais on entend de plus en plus de jeunes filles dire aujourd'hui,
03:07 si mon compagnon ne lit pas mes messages ou n'a pas accès à l'intégralité de mon téléphone, c'est peut-être qu'il ne m'aime pas suffisamment.
03:16 Je ne suis pas sûre, je suis même certaine que ça ne soit pas de l'amour, que ça soit de l'amour, ça.
03:20 - Oui, mais c'est peut-être tout simplement de la jalousie ou du manque de confiance en soi, et vous appaucolez l'étiquette "violence conjugale" à ces phénomènes-là ?
03:30 - Alors, non, j'étiquette là-dessus le début de la violence. Vous me demandez ça commence quand, la violence ?
03:35 La violence commence dès le début de la domination, dès le début du phénomène qui va se mettre en place, qui est celui de l'emprise.
03:43 Quand quelqu'un essaie de contrôler vos faits et gestes, quand quelqu'un vous géolocalise, quand quelqu'un publie des vidéos, par exemple sexuelles non autorisées,
03:51 on est dans des actes de violence répréhensible et puni par la loi, comme la confiscation des papiers d'identité ou la mainmise sur les comptes bancaires,
03:59 dans les cas des violences conjugales, et là, c'est un phénomène récurrent et permanent.
04:04 - Mais alors, comment les pouvoirs publics, aujourd'hui, Muriel Reus, accompagnent-ils les femmes qui osent révéler les violences dont elles sont victimes ?
04:14 Est-ce qu'on les écoute ? Est-ce qu'on les croit, comme le dit le slogan ?
04:19 - On les écoute beaucoup plus, oui, bien sûr. Il y a un meilleur accompagnement des femmes qui déposent plainte.
04:28 Aujourd'hui, il y a 160 000 gendarmes et policiers formés. Il faut le saluer, formé à l'écoute, formé à la prise des plaintes.
04:37 - Les forces de l'ordre ont progressé, il faut le dire. L'appareil médico-social également, enfin voilà, il y a eu une prise de conscience et tout ça a progressé.
04:44 - L'appareil social médical aussi, et d'ailleurs, je voudrais dire à tous les auditeurs que souvent on nous dit "c'est pas facile de déposer plainte",
04:53 "c'est pas facile pour moi d'aller dans un commissariat ou dans une gendarmerie", mais vous pouvez aussi déposer plainte sur un simple courrier adressé au procureur de la République.
05:02 Et vous pouvez aussi demander à prendre une plainte, à déposer une plainte hors les murs, c'est-à-dire chez vous, dans les hôpitaux, dans des services médicaux, dans les lieux de votre choix.
05:12 - C'est-à-dire que les policiers, la gendarmerie, viennent jusqu'à vous ?
05:15 - Oui, on a des ordinateurs qui sont des ordinateurs que l'on appelle les ordinateurs Ubiquiti, il y en a 44 000 en France, donc on peut parfaitement faire cette demande et dire "moi je veux déposer plainte dans un cadre qui me sécurise", et ce cadre c'est celui-ci.
05:31 - Alors très concrètement maintenant Muriel Reyes, là on a parlé de comment ça se passe au niveau des pouvoirs publics, mais je suis victime de violences conjugales,
05:39 alors c'est pas un aveu, je me prends comme exemple, où j'ai quelqu'un autour de moi que je soupçonne de l'être.
05:45 Qu'est-ce qu'on fait ? Qu'est-ce que vous nous conseillez de faire Muriel Reyes ?
05:49 - Alors moi ce que je vous conseille de faire c'est d'abord d'être dans l'écoute et d'être dans l'empathie,
05:55 parce que vous n'êtes pas formé à la sidération, vous n'êtes pas formé à la dissociation,
06:02 donc dans ce cas-là il faut être dans l'écoute, dans l'empathie, il faut surtout ne pas être dans le jugement,
06:09 vous savez on entend souvent des gens dire "mais comment peux-tu rester, tu n'as pas à subir cela, il faut partir".
06:17 - Les victimes de violences conjugales elles font des allers-retours avant de partir, on le sait ça.
06:20 - Elles font 7 allers-retours avant de partir, donc ça montre bien la complexité, oui c'est 7 le chiffre.
06:25 Entre le moment où vous prenez conscience, enfin où les premiers actes démarrent, et où vous prenez conscience que réellement vous êtes victime de ces violences,
06:33 il y a tout un processus qui se met en place, et ce processus il est très long, alors pour certaines ça va plus vite,
06:38 mais la moyenne aujourd'hui c'est 7 allers-7 retours, ça montre bien la complexité des violences faites aux femmes aujourd'hui,
06:45 je dis aux femmes parce que 86% des victimes sont des femmes.
06:50 Donc dans ce cas-là, bienveillance, écoute, et puis ensuite, orientation, soit vers des associations que vous connaissez et qui sont à proximité de chez vous,
06:59 soit des numéros comme le 3919, le 114, et deux plateformes très importantes qui sont arrêtonslesviolences.gouv.fr et massécurité.fr.
07:10 - Merci beaucoup Muriel Réus de vos conseils, de nous avoir éclairés sur ce sujet des violences faites aux femmes, c'est la journée internationale demain,
07:17 on y reviendra tout au long de la journée sur Europe 1, merci d'avoir été avec nous en direct,
07:22 je rappelle que vous êtes la présidente de l'association Femmes Avec, et administratrice également de l'association AGIPI, bonne journée.

Recommandée