Cours de cinéma : le sexe dans la comédie romantique par Iris Brey
Cours de cinéma donné par Iris Brey, autrice et réalisatrice, le vendredi 27 septembre 2024 au Forum des images.
De la fellation dans Pretty Woman à l’orgasme feint dans Quand Harry rencontre Sally, comment le genre de la comédie romantique produit-il un discours sexuel en parallèle du discours amoureux ? Quelle image des sexualités féminines y est présentée ? Les héroïnes de romcom sont-elles désirantes ?
-- Dans le cadre de la thématique Refaire l'amour - La comédie romantique dans tous ses états
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-- Les cours de cinéma
Chaque vendredi à 18h30, entrée libre. Accueillant et enrichissant. Le bon plan de fin de semaine des cinéphiles !
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De la fellation dans Pretty Woman à l’orgasme feint dans Quand Harry rencontre Sally, comment le genre de la comédie romantique produit-il un discours sexuel en parallèle du discours amoureux ? Quelle image des sexualités féminines y est présentée ? Les héroïnes de romcom sont-elles désirantes ?
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Court métrageTranscription
00:00:00Alors merci à toutes et à tous d'être aussi nombreux ce soir.
00:00:14J'avoue que quand j'ai reçu le mail de Pauline et Zina me proposant de faire un cours de
00:00:20cinéma sur la comédie romantique, j'étais assez surprise puisque pour moi ça ne coulait
00:00:25pas de source que j'étais la bonne personne pour ça.
00:00:27Je rappelle que mon dernier ouvrage est sur l'inceste, il est sorti en poche aujourd'hui.
00:00:32Donc j'étais très heureuse de pouvoir changer de thématique et d'arrêter de regarder des
00:00:37enfants se faire violer au cinéma et donc je me suis penchée sur la comédie romantique.
00:00:43Alors il faut savoir que c'est un de mes genres préférés et ce dont je me suis rendu compte
00:00:50en essayant d'élaborer ce corpus, c'est qu'en fait je n'avais jamais vraiment réfléchi
00:00:56à ces films ni écrit sur ces films de manière, je dirais, dans ma recherche puisque j'écris
00:01:04des livres ou même quand j'écris des scénarios et j'étais donc très heureuse de me plonger
00:01:12dans cette matière et dans ces films dont certains j'ai vus de nombreuses fois jusqu'à
00:01:18ce que je me rende compte que ma petite amie n'aimait pas les comédies romantiques.
00:01:23Donc ça fait plusieurs mois que nous sommes toutes les deux dans une forme de débat sans fin
00:01:29et j'ai essayé de comprendre pourquoi elle n'aimait pas les films qui m'étaient si tendres
00:01:35et qui agissaient comme des doudous sur moi et elle m'a expliqué qu'elle en tant que
00:01:41lesbienne, elle ne s'était jamais identifiée à ces héroïnes qui cherchent ce prince charmant.
00:01:47Ce que je peux comprendre car il y a vraiment ce qu'on peut dire un fairy tale narrative,
00:01:53c'est-à-dire que la majorité des comédies romantiques sont basées sur un narratif du
00:02:00conte de fées où à la fin, évidemment, ils sont amoureux, ils s'embrassent et ça
00:02:06coupe pour qu'on ne voit pas ce qui se passe dans le couple après.
00:02:10Je dois dire que j'ai failli l'achever hier soir avec le film Sex Friends qui est
00:02:17sorti en 2011.
00:02:18Elle m'a dit pourquoi est-ce que ce film commence par un travelling sur des jonquilles.
00:02:24Je lui ai expliqué que c'était des iris et nous avons repris le film.
00:02:28Puis elle a commencé à me parler de Pénélopé Cruz et je lui ai dit que non, c'était
00:02:33Nathalie Portman, sexy.
00:02:34Voilà où j'en suis de mon couple aujourd'hui.
00:02:37J'espère qu'à la fin de cette séance, elle sera toujours avec moi.
00:02:40En tout cas, je pense que j'ai hâte en fait de vous livrer mes petites conclusions car
00:02:46comme je le dis, ça n'est jamais été vraiment mon objet d'étude et donc c'est plutôt
00:02:50comme une romantique et une cinéphile que j'ai appréhendé cette séance en me disant
00:02:57qu'on allait parcourir ensemble des extraits que j'ai choisis, basés en fait sur des
00:03:05choses que j'aime.
00:03:06Je préfère vous dire tout de suite qu'en fait, je n'ai pas de grande conclusion,
00:03:12c'est-à-dire qu'en fait, la comédie romantique et ce genre est tellement vaste
00:03:18qu'on peut vraiment se dire que c'est le genre parfait pour se vautrer dans l'hétéropatriarcat,
00:03:25mais on peut aussi se dire que c'est le genre parfait pour entendre des femmes parler.
00:03:29Donc, je ne pourrais pas vous dire exactement où moi-même je suis parce que je me sens
00:03:37tiraillée devant la plupart des films et donc on va essayer d'explorer ce tiraillement.
00:03:43Je trouve que les dernières lignes de Pretty Woman résument assez bien la situation puisque
00:03:48je vous rappelle qu'Edward monte pour rejoindre Julia Roberts et qu'il lui dit « So what
00:03:57happened when he climbed up the tower and rescued her ? » Donc, qu'est-ce qu'il
00:04:01arrive quand il grimpe pour la sauver et elle lui répond « She rescues him right back
00:04:06! » Elle le sauve à son tour. Et je pense qu'en fait, ce dialogue résume toute la situation,
00:04:11c'est-à-dire qu'on passe forcément par la codification du conte de fées pour avoir à
00:04:19certains moments des grands effets de subversion. J'en profite pour rappeler que le conte de fées,
00:04:26puisque en fait, à la base, je devais faire ma thèse en littérature du XVIIe sur les contes
00:04:32de fées et que c'est donc un genre qui a été créé par des femmes, non pas pour raconter des faux
00:04:39happy endings où à la fin, la femme se marie avec le garçon, le prince dont elle est amoureuse,
00:04:44mais que c'est un genre littéraire qui a été inventé par les Salonières dont Madame Dolnois,
00:04:49qui était la nièce de Perrault, mais aujourd'hui on ne retient que les contes de Perrault, et que
00:04:54ces femmes se réunissaient en fait pour écrire des contes de fées pour dénoncer le fait qu'elles
00:04:58aient été mariées à des hommes dès l'âge de 14 ans. Alors, quand on m'a proposé ce genre de la
00:05:05rom-com et qu'on m'a dit mais quel va être ton angle, je me suis dit de manière assez naïve,
00:05:11le sexe, parce que je me suis dit pourquoi pas, et que pour le coup, ça a été un de mes objets
00:05:18d'études, puisque j'ai écrit un livre qui s'appelle Sex and the Series, et qu'en fait,
00:05:23ce premier livre que j'ai écrit, il est arrivé grâce au forum des images, puisque j'ai donné
00:05:29une conférence ici sur la représentation des sexualités féminines dans les séries télé en
00:05:352015, et c'était la première fois que je donnais une conférence de ma vie, j'étais toute jeune
00:05:42docteur, et j'avais choisi de parler des séries télé parce que j'avais l'impression que le
00:05:48renouveau autour des représentations de corps et des sexualités se passait sur le petit écran,
00:05:53et non pas sur le grand écran, et suite à ce cours, en fait, il y avait un éditeur dans la
00:05:59salle qui s'appelle Sébastien Mirk, qui m'a proposé d'en faire un livre, qui après, j'ai réécrit
00:06:04plusieurs fois pour l'Olivier, que j'ai après écrit en deuxième et troisième édition, tant le
00:06:09sujet en fait continue à vivre, et que les séries continuent de me passionner, donc si vous pensez
00:06:16qu'après ce cours, je vais écrire un livre, et bien je peux vous dire tout de suite que ça ne
00:06:20sera pas le cas, parce qu'en fait, j'ai pas trouvé tant de sexe que ça dans les comédies romantiques,
00:06:25vous pouvez donc sentir mon esprit de panique, puisque j'ai beaucoup cherché, et j'ai peu trouvé
00:06:32de scènes qui me paraissaient vraiment pertinentes, mais ne vous inquiétez pas, car je sais faire des
00:06:37cours de cinéma sur le vide, c'est un peu ma spécialité aussi, donc je vais réussir à combler
00:06:43le manque de représentation finalement qu'on a, pour vous montrer, celles en tout cas, qui
00:06:50m'ont accompagnée dans ma construction de cinéphile, et de femme, et de scénariste, et donc
00:06:57évidemment, si on veut commencer par quelque chose, on va commencer par l'orgasme dans
00:07:03Quand Harry rencontre Sally, c'est l'extrait numéro 1
00:07:33On voit bien qu'il y a de l'orgasme dans les comédies romantiques, c'est ce qu'on voit dans les comédies romantiques,
00:07:40c'est ce qu'on voit dans les comédies romantiques, c'est ce qu'on voit dans les comédies romantiques,
00:07:45c'est ce qu'on voit dans les comédies romantiques, c'est ce qu'on voit dans les comédies romantiques,
00:07:52c'est ce qu'on voit dans les comédies romantiques, c'est ce qu'on voit dans les comédies romantiques,
00:07:55c'est ce qu'on voit dans les comédies romantiques, c'est ce qu'on voit dans les comédies romantiques,
00:08:00c'est ce qu'on voit dans les comédies romantiques,
00:08:31Non, sors de là.
00:08:48Tu vas bien ?
00:08:53Oh mon Dieu.
00:08:56Oh mon Dieu.
00:09:01Oh.
00:09:03Oh.
00:09:05Oh mon Dieu.
00:09:07Oh, oui, juste là.
00:09:09Oh.
00:09:11Oh.
00:09:13Oh.
00:09:14Oh.
00:09:15Oh mon Dieu.
00:09:17Oh.
00:09:18Oui.
00:09:19Oui.
00:09:20Oui.
00:09:21Oui.
00:09:22Oui.
00:09:23Oui.
00:09:24Oh.
00:09:25Oh.
00:09:26Oui.
00:09:27Oui.
00:09:28Oui.
00:09:29Oh.
00:09:30Oui.
00:09:31Oui.
00:09:32Oui.
00:09:33Oui.
00:09:34Oui.
00:09:35Oui.
00:09:36Oh.
00:09:37Oh.
00:09:38Oh.
00:09:39Oh mon Dieu.
00:09:41Oh.
00:09:50Je vais manger ce qu'elle mange.
00:09:53Donc on est sur une des scènes les plus cultes
00:09:56et on comprend pourquoi.
00:09:58On a l'impression qu'il a fallu 1989 pour que la planète découvre
00:10:01que les femmes faisaient semblant d'avoir du plaisir avec des hommes.
00:10:05Mais la personne à qui on doit cette scène s'appelle Nora Ephron.
00:10:11Alors je ne sais pas si un certain nombre d'entre vous
00:10:13étaient déjà à la conférence de Marianne Lévy la semaine dernière,
00:10:16donc je vais essayer de ne pas trop répéter ce qu'elle a dit.
00:10:20Évidemment, je renvoie aussi à son livre qui est paru cette année
00:10:23qui est un espèce d'énorme répertoire de toutes les comédies romantiques.
00:10:27Alors elle a vu plus de 500 films pour écrire ce livre.
00:10:30Je vous préviens, je n'en ai pas vu 500 pour arriver à mes petites conclusions.
00:10:35Mais en tout cas, je partage avec Marianne Lévy, je dirais,
00:10:40l'amour de Nora Ephron qui est, à mon sens, une des plus grandes scénaristes.
00:10:45Et donc je suis le genre de personne qui achète ses scénarios en librairie.
00:10:50Et donc j'ai acheté ce scénario de quand Harry rencontre Sally
00:10:55déjà pour voir son écriture.
00:10:58Et dans l'introduction, elle explique comment cette scène est apparue.
00:11:05Et je trouve que c'est assez intéressant.
00:11:09Je vais vous résumer ce qu'elle dit.
00:11:11Elle explique qu'elle a été contactée par deux hommes
00:11:18qui s'appelaient Rob Reiner, qui est le cinéaste,
00:11:21et Andy Scheinman qui écrivait aussi le film.
00:11:24Ils sont assis autour d'une table et ils lui ont dit
00:11:27maintenant, dis-nous ce que tu penses des femmes
00:11:31et ce que tu aimerais écrire.
00:11:33Et elle a dit je pourrais écrire un truc autour des fantasmes sexuels.
00:11:38Et elle a écrit la scène où Sally raconte son fantasme sexuel.
00:11:43Et ils lui ont dit quoi d'autre ?
00:11:45Et elle a répondu je pourrais écrire que les femmes s'envoient des fleurs
00:11:48à elles-mêmes pour que leurs mecs deviennent un peu jaloux.
00:11:52Et elle a écrit la scène où Mary s'envoie des fleurs.
00:11:55Et ils lui ont dit quoi d'autre ?
00:11:57Et elle a répondu les femmes font semblant d'avoir des orgasmes.
00:12:01Et là, ils n'arrivaient pas à la croire.
00:12:03Et elle a dit oui.
00:12:04Et elle écrit, there was a long pause.
00:12:07Donc il y avait un silence.
00:12:09Et elle dit je crois me souvenir qu'il y avait vraiment un long silence.
00:12:12Et là, ils lui ont dit toutes les femmes ?
00:12:16Et elle a répondu la plupart des femmes, au moins une fois.
00:12:21Et quelques jours après, Rob Reiner l'a appelé et lui a dit
00:12:26que lui et Andy avaient écrit cette séquence
00:12:29à propos de faire semblant d'avoir des orgasmes.
00:12:32Et il lui proposait d'insérer en fait cette blague
00:12:36dans la scène qui était connue jusqu'à maintenant
00:12:40Dans la scène, on entend le mot en anglais,
00:12:42and irons, qui veut dire chaînais, c'est-à-dire des porte-bûches.
00:12:46Donc il l'appelait la scène porte-bûches.
00:12:48Et ils lui ont lu cette scène au téléphone.
00:12:51Elle l'a adoré.
00:12:52C'est allé dans le scénario.
00:12:53Et puis, quelques semaines plus tard,
00:12:55c'était la première fois qu'il lisait autour de la table
00:12:58avec Meg Ryan qui joue Sally.
00:13:01Et c'est elle qui a proposé de faire semblant d'avoir l'orgasme
00:13:05dans la discussion.
00:13:06Ils ont adoré cette idée.
00:13:08Et elle est allée dans le scénario.
00:13:09Et après, Billy Crystal, qui joue Harry,
00:13:12a donné plusieurs douzaines de blagues
00:13:16qui sont elles aussi allées dans le scénario.
00:13:19Et c'est lui qui a suggéré qu'une femme, à la fin,
00:13:22se tourne et dise,
00:13:24je prendrai ce qu'elle est en train d'avoir.
00:13:27Et cette ligne, cette phrase,
00:13:31est dite dans le film par Estelle Reiner
00:13:34qui est donc la mère du réalisateur.
00:13:38Et je trouve ça assez généreux de sa part
00:13:42d'expliquer que le scénario, évidemment,
00:13:44peut être un endroit très solitaire,
00:13:46mais que souvent, les moments magiques
00:13:48viennent du fait qu'on soit à plusieurs autour de la table
00:13:52et que c'est aussi la collaboration
00:13:54et cette horizontalité qui permet d'arriver
00:13:57à des moments qui deviendront cultes.
00:14:00Mais elle dit quelque chose un peu plus tard
00:14:02dans cette introduction qui m'a marquée.
00:14:05Elle dit qu'en fait, on a toujours dit
00:14:08que ce film, Harry Rencontre Sally,
00:14:10était sur est-ce que les hommes et les femmes peuvent être amis.
00:14:14Et elle, elle explique que pour elle,
00:14:16le film raconte vraiment
00:14:18comment les hommes et les femmes sont différents.
00:14:20Et je vais la citer.
00:14:35Donc, les hommes n'ont pas envie de comprendre les femmes.
00:14:46Et en fait, ils s'en foutent un peu.
00:14:48Ils veulent des femmes comme amantes,
00:14:50comme femmes, comme mères,
00:14:52mais ils ne sont pas vraiment intéressés par elles comme amies.
00:14:56Ce genre de phrase qui sert un peu le cœur,
00:14:59mais en même temps qui est peut-être un peu vraie,
00:15:02puisque quand on regarde l'histoire du cinéma,
00:15:04on se rend compte qu'effectivement,
00:15:06il y a assez peu de films qui racontent ces amitiés
00:15:09et qu'en fait, il y a assez peu d'endroits
00:15:11où les femmes ont le droit de parler au cinéma.
00:15:14Si on regarde les statistiques,
00:15:16parce que c'est toujours bien d'ancrer ça dans des statistiques,
00:15:19en 2023, si on regarde les films américains,
00:15:23donc 2023, c'est quand même l'année où Barbie est sortie,
00:15:26seulement 18% des films avaient plus de personnages féminins
00:15:29que de personnages masculins
00:15:31et 5% avaient autant de personnages masculins
00:15:33que de personnages féminins.
00:15:35Donc c'est pour vous dire qu'encore aujourd'hui,
00:15:38le nombre de films où les femmes parlent
00:15:40et où les femmes pensent et où on s'intéresse à elles
00:15:43sont minoritaires.
00:15:45Et rappelons que quand les femmes parlent et pensent,
00:15:47elles sont souvent blanches et jeunes.
00:15:50La question qu'on peut se poser, c'est donc,
00:15:53est-ce que la comédie romantique,
00:15:55qui est peut-être le lieu où justement,
00:15:58on entend des femmes qui parlent et qui pensent,
00:16:01est en déclin ?
00:16:03Et est-ce qu'il ne faudrait pas une espèce de gros revival au cinéma
00:16:07pour avoir plus d'exemples de personnages féminins,
00:16:12tout simplement, qui ont des choses à dire ?
00:16:15Nora Ephron, pourquoi est-ce qu'elle est très importante ?
00:16:19C'est parce qu'avec Quand Harry rencontre Salim
00:16:22et tous ses autres films,
00:16:24elle a codifié le genre.
00:16:27C'est vraiment dans ses films à elle
00:16:30qu'on a commencé à suivre des règles,
00:16:33notamment la règle qu'elle a inscrite,
00:16:37c'est que le couple ne se rencontre que dans la dernière scène du film.
00:16:42Donc, dans tous les films de Nora Ephron,
00:16:45il ne peut pas y avoir de scène de sexe,
00:16:47sauf des scènes de sexe simulées,
00:16:50puisqu'on doit attendre la toute dernière scène
00:16:53pour que le couple s'embrasse,
00:16:55sur une musique qui rappelle vraiment celle de Walt Disney.
00:17:03Je rappelle juste ces films.
00:17:09Dans Harry rencontre Salim, il met 15 ans à se mettre ensemble.
00:17:12Dans You Got Mail, il découvre l'identité de l'un de l'autre à la fin,
00:17:16comme dans son film Sleepless in Seattle,
00:17:19qui est pour moi un des chefs-d'oeuvre,
00:17:21où il se retrouve en haut de l'Empire State Building
00:17:24à la dernière minute du film.
00:17:27Ce qui est intéressant dans la manière dont elle codifie ce genre,
00:17:31où la romance se fait toujours en dehors de toute sexualité,
00:17:34de toute scène de sexe,
00:17:36c'est qu'on peut voir là l'héritage du cinéma américain
00:17:40de la fin des années 30 et des années 40,
00:17:43puisque, je fais un petit retour en arrière,
00:17:46mais qui en fait est très important,
00:17:49c'est que de 1934 à la fin des années 50,
00:17:52voire les années 60,
00:17:54il y avait en place le code H.A.Y.S.
00:17:57C'était le nom d'un sénateur.
00:17:59Et qu'est-ce que c'était que le code H.A.Y.S.?
00:18:01C'était un code de censure
00:18:03qui établissait les règles à Hollywood
00:18:06de ce qu'on avait le droit de voir dans un film
00:18:08et ce qu'on ne pouvait pas voir.
00:18:10Donc c'était un code moral.
00:18:12Et il y avait certaines choses qui étaient interdites,
00:18:15comme le fait de voir une scène de sexe,
00:18:18la nudité à l'écran, la perversité sexuelle,
00:18:21ou des scènes d'accouchement.
00:18:23Et j'avoue que je n'y avais jamais pensé,
00:18:25mais j'ai eu un petit déclic en relisant le code H.A.Y.S.
00:18:28pour cette conférence,
00:18:30en me disant que,
00:18:32parce que c'est vrai que ça par contre j'ai écrit dessus,
00:18:34sur le manque de scènes d'accouchement,
00:18:36et c'est intéressant de voir comment ce code,
00:18:38est-ce qu'il est censé être moral ou non,
00:18:40a vraiment cristallisé des choses dans notre culture.
00:18:44Donc, en fait,
00:18:46quand on regarde le genre de la comédie romantique,
00:18:49et la manière dont les scénaristes et les réalisateurs l'écrivent,
00:18:55ils se réfèrent très souvent au genre de la screwball comédie,
00:18:59et à certains films en particulier.
00:19:02Et Nora Ephron, son film culte à elle,
00:19:07c'est un film qui s'appelle Elle et Lui,
00:19:10de Léo Macaré,
00:19:12qui est sorti en 1957.
00:19:14Et en fait, Sleepless in Seattle,
00:19:16c'est un peu un remake de ce film-là.
00:19:19Et effectivement, j'ai regardé Elle et Lui,
00:19:22en sachant très bien qu'il n'y aurait pas de scène de sexe.
00:19:25Mais bon, pour où j'en étais,
00:19:27on ne sait jamais ce que je vais réussir à grappiller.
00:19:30Ce que j'ai réussi à grappiller,
00:19:32et ce dont je ne me souvenais pas,
00:19:34c'était la scène du premier baiser,
00:19:36qui est assez magistrale,
00:19:38puisqu'elle se passe sur un bateau,
00:19:40et la manière dont Léo Macaré cadre le plan,
00:19:43c'est qu'on voit juste les pieds des personnages,
00:19:46et pas leur visage.
00:19:48Et on voit juste les pieds de la femme
00:19:50qui remontent pour se mettre à la bonne hauteur,
00:19:52et on comprend qu'ils s'embrassent
00:19:54en regardant leurs jambes qui s'approchent,
00:19:56puis qui se séparent l'une de l'autre.
00:19:58Donc même le baiser est hors champ.
00:20:01Et je pense que c'est vraiment
00:20:04une manière d'envisager l'érotisme,
00:20:08puisque évidemment que le code Hayes
00:20:11a aussi produit un autre imaginaire,
00:20:14qui était aussi celui
00:20:16de toujours vouloir contourner la censure,
00:20:18donc de montrer autre chose.
00:20:20Par exemple, toutes les métaphores du train
00:20:22qui passe sous un tunnel,
00:20:24pour parler de pénétration,
00:20:26toutes ces images-là,
00:20:28viennent vraiment du cinéma américain
00:20:30de cette époque-là,
00:20:32de la fin des années 30, 40 et 50.
00:20:34Et je pense que la rom-com
00:20:36est un petit tiers de cet érotisme
00:20:38dû hors champ,
00:20:40et que Nora Ephron
00:20:42en est la personne
00:20:47qui a le plus réussi
00:20:49à parler d'amour
00:20:51et à parler d'attirance
00:20:53sans jamais la montrer.
00:20:55Il y a une autre phrase qui m'a marquée
00:20:57en regardant à nouveau Elle et Lui,
00:20:59c'est que l'héroïne à un moment va au cinéma,
00:21:01et quand elle sort du cinéma,
00:21:03son mec lui demande
00:21:05« Qu'est-ce que t'as pensé du film ? »
00:21:07et elle lui dit, c'est toujours la même chose,
00:21:09« The boy gets the girl ».
00:21:11Le garçon a la fille à la fin.
00:21:13Et en fait, ce que Nora Ephron
00:21:15fait avec le genre de la comédie romantique,
00:21:17c'est qu'elle inverse ça,
00:21:19c'est qu'à partir de ces films,
00:21:21dans la comédie romantique,
00:21:23ça va être la fille qui va avoir le garçon à la fin.
00:21:25Et donc, cette inversion de genre,
00:21:27elle peut paraître
00:21:29à un endroit
00:21:31assez conservatrice,
00:21:33puisque finalement,
00:21:35ça n'est qu'une inversion,
00:21:37ce n'est pas une réinvention
00:21:39de comment est-ce qu'on peut parler d'amour.
00:21:41Mais en même temps,
00:21:43si c'est la fille qui à la fin
00:21:45doit avoir le garçon,
00:21:47c'est aussi lui donner une capacité d'agir.
00:21:49Et comment est-ce qu'on fait pour montrer des femmes
00:21:51qui ont envie d'un homme ?
00:21:53Sans qu'on les traite
00:21:55d'allumeuses,
00:21:57de racoleuses ou de prostituées.
00:21:59On demande à Meg Ryan
00:22:01de jouer la fille
00:22:03et souvent ça passe,
00:22:05parce que c'est une petite blondinette
00:22:07qui a l'air innocente
00:22:09et qu'elle dégage quelque chose
00:22:11du fantasme de la vierge.
00:22:13Et ce qui m'intéresse
00:22:15et me passionne
00:22:17dans la comédie romantique,
00:22:19c'est qu'est-ce qui se passe
00:22:21quand la fille qui va chercher le garçon
00:22:23est une travailleuse du sexe
00:22:25et qu'est-ce que ça provoque
00:22:27comme nouvelle imaginaire dans la comédie romantique.
00:22:29Pour moi, le film qui va tout changer
00:22:31c'est quand même
00:22:33Pretty Woman
00:22:35qui sort en 90,
00:22:37un film de Gary Marshall.
00:22:39Je vous propose
00:22:41de regarder
00:22:43un extrait
00:22:45qui commence sur un extrait
00:22:47d'une série
00:22:49que Viviane est en train de regarder.
00:22:51C'est l'extrait numéro 2.
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00:29:31de lumière directe dans le film, je trouve nous permet à nous de garder ça en tête et donc de
00:29:38ne pas basculer dans un voyeurisme ou dans ce qu'on pourrait appeler un male gaze et d'en
00:29:44fait de rester avec les personnages en voyant cette image télévisuelle qui en fait c'est ça
00:29:50qui pénètre l'image cinématographique et finalement je trouve ça assez fort puisque ça crée un
00:29:56parallèle entre Lucy Ball qui est la fiancée de l'Amérique et Viviane qui incarne cette
00:30:03prostituée et en le rapprochant en fait ces deux personnages de fiction il nous dit que autant la
00:30:11femme au foyer que la travailleuse du sexe sont en capacité de faire rire l'Amérique et aussi de
00:30:16devenir ce qu'on peut dire America's Sweetheart c'est à dire de faire fondre le coeur des
00:30:22spectateurs et des spectatrices donc je voilà pour moi c'est vraiment ça cette scène de
00:30:29fellation incarne finalement quelque chose de beaucoup plus subversif que ce qu'on a pu voir
00:30:36dans les films de Nora et Fron on va regarder un deuxième extrait qui est la scène du
00:30:42cunnilingus qui vous allez voir est bien plus chaste
00:31:12oh
00:31:12et
00:31:40Je pense que oui.
00:32:10Alors, après la fellation et la sitcom,
00:32:39on a Acuni et le piano, mais c'est une autre très bonne idée, je trouve, de mise en scène,
00:32:43puisque ça nous permet d'être toujours ramenés au corps de Viviane.
00:32:50Ce qui m'intéresse dans cette scène, c'est le plan en contre-plongée où Edouard demande
00:33:00aux hommes de partir.
00:33:01Et donc, nous, spectateurs, spectatrices, on voit cette salle qui était remplie d'hommes
00:33:06et tous ces hommes qui partent.
00:33:07J'ai l'impression que dans la mise en scène de ce réalisateur, il y a quelque chose de
00:33:14nous accompagner, nous aussi, de nous dire si vous, vous pensez vous rincer l'œil en
00:33:19les regardant, eh bien, s'il vous plaît, quittez la salle, puisque les personnes qui
00:33:22restent ne sont pas là pour regarder juste un acte sexuel, mais pour regarder deux personnages
00:33:30qui sont en train de tomber amoureux et qui sont en train de se rencontrer.
00:33:34On peut regretter que la tête de Richard Gyr s'arrête au niveau de son nombril pour
00:33:40suggérer un cunnilingus et que le fond du haut noir arrive assez rapidement.
00:33:44Mais moi, ce que j'aurais surtout aimé, c'est qu'en fait, ils s'accroupissent sur le piano
00:33:50et qu'ils mettent un petit tapis.
00:33:51Mais ce n'est pas le cas, puisque tout n'est pas à égalité dans ce film.
00:33:56Mais il y a quand même un semblant de vouloir en tout cas proposer des choses assez crues
00:34:05avec une mise en scène qui, je trouve, réfléchit beaucoup à la place des spectateurs et des
00:34:11spectatrices et qui est assez doux et généreux dans ce film qui, depuis, est devenu culte.
00:34:18Donc, en fait, quand on réfléchit au sexe dans la rom-com, c'est comme s'il y avait
00:34:24deux modèles qui vont s'offrir au scénariste de la génération d'après.
00:34:29On a vraiment le modèle Nora Ephron, où on va voir le modèle de Pretty Woman.
00:34:36Et donc, qui sont les héritières de Pretty Woman?
00:34:39Eh bien, il y a eu ce film de 2010 qui s'appelle Friends with Benefits, qui a été traduit
00:34:45par sexe entre amis.
00:34:46Donc, à ne pas confondre avec Sex Friends, sorti la même année avec Nathalie Portman,
00:34:52Sexy. Donc, là, le Friends with Benefits, c'est l'autre version du film avec, eh
00:35:00bien, voilà, là, j'ai envie de dire Ashton Kutcher, alors que ce n'est pas du tout ça.
00:35:03C'est le chanteur Justin Timberlake, merci, et Mila Kunis.
00:35:10Et donc, dans ce film-là, c'est un des seuls que j'ai trouvé où on voit un personnage
00:35:18féminin qui a un orgasme.
00:35:20Alors, pour vous résumer le film, c'est donc des personnes qui pensent qu'ils peuvent coucher
00:35:26ensemble en restant amis.
00:35:28Puis, évidemment, ils n'y arrivent pas.
00:35:31Je ne vous spoile rien.
00:35:33Et alors, au début, puisque j'ai revu ce film de manière illégale, pendant les scènes
00:35:40de sexe, il y avait des arrêts sur image.
00:35:42J'étais là genre, waouh, en fait, c'est hyper sophistiqué, ce film.
00:35:45Et pas du tout. C'était juste le site web illégal qui laguait.
00:35:50Donc, je pensais vous montrer un extrait.
00:35:52Quand j'ai compris qu'il n'y avait pas du tout de mise en scène qui m'intéressait là-dedans,
00:35:57j'ai décidé, je me suis dit que c'était un super effet de mon ordinateur et parce que
00:36:04ces arrêts sur image racontaient, je trouvais, beaucoup de choses.
00:36:08Mais ça, c'est mon propre imaginaire.
00:36:11Mais donc, il faut quand même le dire que c'est un des seuls films américains que j'ai
00:36:16trouvé, où non seulement on montre un personnage féminin qui a du plaisir et non pas dans
00:36:22une scène où elle simule dans un diner, mais qu'on l'accompagne vraiment jusqu'au
00:36:27moment de l'orgasme.
00:36:30Alors, on aura un temps d'échange à la fin ou peut-être que vous allez me dire que j'ai
00:36:33loupé plein de films américains où toutes les femmes jouissent dans des comédies
00:36:37romantiques. Mais en tout cas, je trouve qu'il n'y en a pas tant que ça.
00:36:43Et donc, dans ce même film, le film, pourquoi est-ce que je dis que c'est une référence
00:36:48directe à Pretty Woman, c'est que le film s'ouvre avec l'héroïne qui va au cinéma et
00:36:53elle va voir Pretty Woman.
00:36:55Et on pense qu'elle va y aller avec Justin Timberlake, mais en fait, elle est avec un autre
00:36:59garçon et Justin Timberlake, lui, est à Los Angeles et il va arriver.
00:37:02Bref, on s'en fout. Mais ça veut dire que le film s'ouvre littéralement sur cette
00:37:06référence. Et je trouve que c'est ce qui m'intéresse aussi dans le genre de la
00:37:11rom-com. C'est comment chaque film va tisser des liens avec le genre et avec les
00:37:18oeuvres précédentes pour que tout de suite, dans l'imaginaire du spectateur ou de la
00:37:22spectatrice, on sache de quel côté on se situe.
00:37:25Donc, moi, je m'étais mis à l'aise en me disant on est du côté de Pretty Woman et
00:37:29en plein milieu du film, il y a une référence à Nora Ephron que je n'ai pas du tout
00:37:33compris. Puisque, en fait, donc le personnage féminin qui a évidemment une mère
00:37:38alcoolique et compliqué, qui a des problèmes avec des hommes, elle s'assèche toutes les
00:37:43deux et sa mère lui dit est ce que ça ne te dirait pas un week-end entre filles et
00:37:47qu'on aille à Montauk, qui est donc la banlieue new-yorkaise chic, comme dans un
00:37:52film de Nora Ephron, sans hommes, sans bullshit.
00:37:55Et alors, tous les films de Nora Ephron sont avec des hommes et avec du bullshit.
00:37:59Donc, je n'ai pas vraiment compris la réf', ni s'ils étaient une blague, mais en tout
00:38:03cas, il me semble qu'ils faisaient fausse route à ce moment là, puisqu'il faut
00:38:06vraiment se souvenir que ce soit dans Harry Rencontre Sally, Sleepless in Seattle ou
00:38:11You Got Mail, Meg Ryan est toujours avec des hommes et ne couche jamais.
00:38:17Et en fait, il y a une typologie qui va se dessiner à partir de ça, une typologie
00:38:22d'actrice entre celles qui baisent et celles qui ne baisent pas, entre celles qui
00:38:27vont rejouer la maman et celles qui vont jouer les putains.
00:38:30Et la rom-com va vraiment devenir un genre qui va réactiver très fort ces
00:38:36stéréotypes. Et il y a un film, qui est aussi un de mes films adorés, qui
00:38:42s'appelle Coup de foudre à Notting Hill, qui m'intéresse parce que, justement,
00:38:47en fait, le film raconte cette dichotomie et produit un discours sur le genre.
00:38:56Donc, c'est l'extrait, le premier extrait de Notting Hill.
00:38:59Coup de foudre à Notting Hill.
00:39:29Coup de foudre à Notting Hill.
00:39:59Coup de foudre à Notting Hill.
00:40:29Coup de foudre à Notting Hill.
00:41:00Coup de foudre à Notting Hill.
00:41:24Cet extrait m'intéressait parce que je trouve qu'en fait, il y a un jeu aussi
00:41:28qui se passe à l'intérieur du film, mais aussi avec nous, spectateurs,
00:41:33spectatrices, puisque pour nous, Julia Roberts, qui joue Anna Scott,
00:41:39c'est aussi elle qui joue Viviane.
00:41:41Donc, en fait, il y a tout un imaginaire qui est associé déjà à cette comédienne.
00:41:46Et donc, quand on entend la table derrière qui parle de Meg Ryan de cette
00:41:50manière-là, c'est comme si nous, à la fois, on voyait le personnage qu'elle
00:41:55joue dans le film, c'est-à-dire Anna Scott, qui elle-même est une actrice
00:41:59dans le film, mais qu'on pense aussi à Julia Roberts, qui est actrice aussi
00:42:04dans la vie, vous me suivez.
00:42:05Mais donc, il y a quand même un double jeu de comment, en fait, est-ce qu'elle
00:42:11se situe par rapport à une comédienne qui incarne toute autre chose.
00:42:16Et ces lignées, en fait, fictives, parce qu'en essayant de trouver les films
00:42:24dont j'avais parlé ce soir et comment créer ce corpus, c'était assez difficile
00:42:29parce que j'ai donc regardé tous les films cités par Marianne Lévy dans son
00:42:35livre, mais donc il y en a plus de 200.
00:42:37J'ai regardé le programme du Forum des images et j'ai regardé un article
00:42:42qui est paru dans le magazine The New Yorker il n'y a pas très longtemps
00:42:46sur justement la crise de la rom-com.
00:42:50Et je me disais, en fait, qu'est-ce qui constitue une comédie romantique ?
00:42:54Parce que c'est tellement vaste et j'en suis venue à la conclusion que ce qui
00:42:59constituait pour moi un film de comédie romantique, c'était moins la question
00:43:03de la comédie et du romantique, mais plus des films qui allaient s'inscrire
00:43:08dans une lignée de films cultes et qui allaient faire référence à un imaginaire
00:43:13du spectateur et de la spectatrice pour aller fédérer quelque chose.
00:43:19Et je trouve que c'est un genre extrêmement généreux parce que ce qu'il
00:43:24propose, c'est que dans la salle, on partage un héritage cinéphile commun
00:43:29et qui est tout le temps une conscience du spectateur et de la spectatrice,
00:43:33ce qui est assez rare au cinéma.
00:43:37Et d'ailleurs, je vous parle que des comédiennes parce que c'est vraiment
00:43:41ce qui m'intéresse le plus, mais on pourrait parler de Hugh Grant et de ce
00:43:46qu'il a incarné dans la comédie romantique. Et d'ailleurs, en regardant
00:43:51cet extrait, j'ai un garçon de 5 ans qui était dans la cuisine avec moi
00:43:56quand je regardais ça et il m'a dit « Ah, on dirait ton père, Hugh Grant ».
00:44:01Et donc, mon père ne ressemble pas du tout à Hugh Grant. Et là, je me suis dit
00:44:04que c'était peut-être pour ça que j'aimais le genre de la comédie romantique
00:44:07et qu'il fallait que je reprenne mon analyse. Mais c'est une autre question.
00:44:10Je préfère qu'il me dise ça plutôt que je ressemble à Meg Ryan, je crois.
00:44:15Tout ça pour dire qu'on va lancer le deuxième extrait de Notting Hill
00:44:18pour voir justement comment ce personnage d'Anna Scott se situe
00:44:22dans cette lignée des comédiennes.
00:44:44Musique douce
00:45:14Musique douce
00:45:44Musique douce
00:45:55Musique douce
00:45:57Musique douce
00:46:14C'est ce qui me fait croire que c'est vrai que je peux te voir naquée.
00:46:19Toi et tout le monde dans ce pays.
00:46:21Garni, je suis désolé.
00:46:23Qu'est-ce qu'il y a entre les hommes et la nudité ?
00:46:26En particulier les poissons.
00:46:28Comment peux-tu être si intéressé par eux ?
00:46:31C'est ça.
00:46:32C'est ça.
00:46:33C'est ça.
00:46:34C'est ça.
00:46:35C'est ça.
00:46:36C'est ça.
00:46:37C'est ça.
00:46:38C'est ça.
00:46:39C'est ça.
00:46:40C'est ça.
00:46:41C'est ça.
00:46:42Comment peux-tu être si intéressé par eux ?
00:46:45Eh bien...
00:46:46Mais sérieusement, c'est juste des poissons.
00:46:48Chaque deuxième personne dans le monde en a.
00:46:51En plus, quand tu y penses,
00:46:53tu sais, la poisson a une très belle paire.
00:46:56Mais c'est...
00:46:57C'est bizarre.
00:46:58C'est pour la laitée.
00:46:59Ta mère en a...
00:47:01Tu as vu des milliers d'entre eux.
00:47:03C'est tout ce qu'on parle.
00:47:05En fait, je ne peux pas croire ce que c'est.
00:47:07Laisse-moi juste regarder.
00:47:13Non, non.
00:47:14C'est pas pour moi.
00:47:19Rita Hayworth disait...
00:47:22Ils vont au lit avec Gilda.
00:47:24Ils se réveillent avec moi.
00:47:26Qui est Gilda ?
00:47:28Sa partie la plus célèbre.
00:47:31Les hommes vont au lit avec un rêve et...
00:47:34Ils n'aimaient pas quand ils se réveillent avec la réalité.
00:47:42J'adore quand ils s'embrassent.
00:47:44C'était aussi pour montrer ça.
00:47:46Et se dire que c'est quand même étonnant
00:47:48à quel point les scènes de sexe sont totalement élipsées.
00:47:52La nudité, elle, reste hors champ.
00:47:55Et cette référence à Gilda
00:47:57est donc un film produit au moment du Code Haze
00:48:02avec cette image de Rita Hayworth
00:48:05dans ce film où elle n'est jamais dénudée.
00:48:08Mais en même temps, elle est tellement sensuelle
00:48:11dans un costume de robe bustier
00:48:14ou quand elle se met à danser,
00:48:16on a l'impression qu'elle exude
00:48:20quelque chose d'un érotisme total
00:48:23sans avoir rien à montrer.
00:48:25Et donc, là, le réalisateur, évidemment,
00:48:28non seulement fait une référence
00:48:30à la possibilité d'avoir un imaginaire érotique
00:48:33sans rien montrer,
00:48:35tout en nous demandant pourquoi on est tellement obsédés
00:48:38aujourd'hui avec l'envie de voir
00:48:41les seins des comédiennes
00:48:44et donc aussi s'interroger
00:48:49sur le rôle de la comédienne dans notre société
00:48:53et ce qu'elle peut véhiculer comme stéréotype
00:48:56et ce qu'on attend de ce corps formaté.
00:49:00Ce qui m'amène, pour moi,
00:49:04un film qui a changé les codes de la rom-com
00:49:08et changé la manière dont on regardait
00:49:11le corps des héroïnes,
00:49:13qui va inventer une nouvelle typologie.
00:49:16C'est Bridget Jones.
00:49:18C'est un film qui sort en 2000
00:49:21de Sharon McGuire
00:49:23qui est l'adaptation d'un roman, d'un best-seller,
00:49:26le journal de Bridget Jones.
00:49:28Et donc, ça va inventer cette nouvelle typologie.
00:49:32Je vous propose qu'on regarde,
00:49:34non pas une scène de sexe,
00:49:36puisqu'il n'y en a pas,
00:49:38mais l'après-sexe.
00:50:03Daniel ?
00:50:05Bridget ?
00:50:06Tu m'aimes ?
00:50:08Tais-toi, ou je le ferai encore.
00:50:11Tu m'aimes ?
00:50:13Bien. Tu as demandé.
00:50:15Et c'est parti !
00:50:17Je vais te donner quelque chose à goûter.
00:50:20Ok.
00:50:21Tu n'as pas l'âge, non ?
00:50:25Tu pleures pour ça.
00:50:33Je dois retourner à la ville.
00:50:36Les rencontres arrivent.
00:50:38Sunday ?
00:50:39Non, les rencontres demain.
00:50:41Je dois travailler sur des figures.
00:51:03C'est un film qui est un peu compliqué à revoir,
00:51:06parce que quand on le revoit,
00:51:08on a du mal à se dire que ce corps-là
00:51:11est considéré comme un corps qui doit mincir,
00:51:14puisque je vous rappelle que dans son journal,
00:51:16elle note son poids tous les jours.
00:51:18Et ce qui est aussi différent des héroïnes d'avant,
00:51:21c'est qu'elle est prise pour quelqu'un d'un peu bête et de naïf,
00:51:25alors que dans les films de Nora Ephron,
00:51:28Meg Ryan est toujours super intelligente.
00:51:32Ça va nous raconter autre chose de ce personnage féminin
00:51:36qui est prête à baiser et à faire plaisir à l'homme
00:51:43en satisfaisant ce que lui l'excite.
00:51:47Mais ça ne va pas être une héroïne
00:51:49totalement en capacité d'agir sur son désir.
00:51:54D'ailleurs, quand on le revoit la première fois,
00:51:57après qu'ils aient couché, c'est quand même sa secrétaire,
00:52:00on le voit lui peloter les seins et les fesses,
00:52:02et ça ne dérange personne au bureau.
00:52:04On se dit qu'il y a quand même certaines choses
00:52:06qui aujourd'hui nous surprennent un peu plus,
00:52:09non pas qu'elles aient cessé d'exister,
00:52:13mais il y a quelque chose d'un peu daté
00:52:15quand on revoit Bridget Jones.
00:52:17Et en même temps, il y a toujours un endroit
00:52:19qui m'émeut, je pense, par la sincérité de l'actrice
00:52:22et l'endroit où elle est en capacité d'agir,
00:52:26qui est celui d'écrire.
00:52:28Le fait d'avoir ce journal,
00:52:30et de revenir aussi à un genre littéraire
00:52:32qui souvent a été décrié,
00:52:34puisque l'autobiographie, le journal,
00:52:37quand c'est du côté des femmes,
00:52:39est souvent considéré comme inintéressant,
00:52:41et là on voit que d'abord le livre,
00:52:44puis le film et son succès mondial,
00:52:47puisque après il y a eu je ne sais pas combien de reboots,
00:52:50ont montré quand même qu'il y avait ce désir
00:52:54d'être du côté des femmes
00:52:56qui n'étaient pas considérées soit comme des intellos,
00:52:59soit comme des bombes sexuelles,
00:53:01mais qui étaient entre les deux.
00:53:03Et je trouve que cette Bridget Jones
00:53:06va devenir en fait elle-même l'héritière
00:53:09d'une nouvelle lignée d'héroïnes
00:53:11qui se passe du côté, pour moi, des séries,
00:53:14et de Lina Dunham.
00:53:16Lina Dunham a créé cette série
00:53:18qui s'appelle Girls en 2010,
00:53:20donc on est dix ans plus tard,
00:53:22et pour moi, je trouve que si on veut réfléchir
00:53:25à la comédie romantique aujourd'hui,
00:53:28il est impossible de le faire sans réfléchir
00:53:31notamment aux séries,
00:53:33et comment les séries se sont emparées de ce genre,
00:53:36avec des très bonnes séries anglaises
00:53:38comme Starstruck ou même Fleabag.
00:53:41Je pense que quand on parle d'un genre en crise,
00:53:46notamment au cinéma,
00:53:48puisque c'est l'article du New Yorker
00:53:50qui décrit ça,
00:53:52avec les propositions récentes
00:53:54qu'on a eues de RomCom au cinéma,
00:53:56il me semble que la série,
00:53:58comme d'habitude,
00:54:00est un endroit qui est fait
00:54:04pour renouveler les codes de genre
00:54:06et nous proposer des représentations du sexe
00:54:09qui, pour moi, vont beaucoup plus loin
00:54:11que le cinéma,
00:54:13et je vous propose de regarder un extrait de Girls
00:54:16qui est issu du pilot,
00:54:18donc du premier épisode de la saison 1.
00:54:20On va regarder Anna,
00:54:22une jeune vingtenaire
00:54:24incarnée par Lina de Nam,
00:54:26qui rejoint son amoureux.
00:54:51Ça vous fait mal ?
00:54:52Ça vous fait pas vouloir me parler ?
00:54:53Non.
00:54:54Je veux dire, je ne prendrais pas de merde de mes parents,
00:54:56ils sont des buffons,
00:54:57mais ma grand-mère me donne 800 dollars par mois.
00:54:59Wow.
00:55:00Hum hum.
00:55:01Donc c'est comme ça que vous vous soutenez ?
00:55:04Euh, oui, je supplémente,
00:55:07mais ça me donne la liberté
00:55:08de ne pas être un esclave de personne.
00:55:10Vous ne devriez jamais être
00:55:11un esclave de personne.
00:55:14À part moi.
00:55:20Je me sens assez flippé.
00:55:21Je déteste vraiment ce mot,
00:55:22j'en déteste tellement.
00:55:30Je t'aime tellement,
00:55:31je ne sais pas où tu t'es disparu.
00:55:34Qu'est-ce que tu parles ?
00:55:35Je suis là.
00:55:41C'est si drôle qu'il y a toujours de la lumière,
00:55:43mais il fait beaucoup plus sombre
00:55:44ces jours-ci.
00:55:45Est-ce que ça ressemble à votre poésie ?
00:55:47Ne sois pas un garçon.
00:55:49Qui, moi ?
00:55:52Sais-tu la partie sur ton résumé
00:55:53où ils te demandent
00:55:54de lister tous tes compétences spéciales ?
00:55:56J'ai pas appliqué pour un emploi
00:55:57depuis longtemps.
00:55:58C'est la partie où ils te demandent
00:55:59de lister comme
00:56:00yoga,
00:56:01l'espagnol,
00:56:02le par-ski,
00:56:03Photoshop.
00:56:04J'ai l'impression que je n'ai pas
00:56:06de compétences spéciales.
00:56:08J'ai quelque chose que tu pourrais faire.
00:56:10Quoi ?
00:56:11Mais d'abord, je dois voir
00:56:12si tu remplis tous les requirements.
00:56:14Quels sont les requirements ?
00:56:15Lâche-les dans ton ventre.
00:56:17Maintenant ?
00:56:18Oui, maintenant.
00:56:19Attends.
00:56:24Tu es une femme de carrière moderne.
00:56:26Je sais ce que tu aimes.
00:56:27Tu penses que tu peux venir ici
00:56:29et parler tout ce bruit ?
00:56:32Euh, non.
00:56:34Prends tes jambes.
00:56:39Qu'est-ce que tu disais ?
00:56:40Prends tes jambes.
00:56:44Ok, c'est bon.
00:56:45Je vais prendre de l'eau.
00:56:46Pourquoi devons-nous prendre de l'eau ?
00:56:49Quand je reviendrai,
00:56:50je veux que tu fasses
00:56:51la même position,
00:56:52mais je vais prendre
00:56:53tout le reste de l'eau.
00:56:54Prends-tu un condom ?
00:56:56Je le considère.
00:56:57Je le considère.
00:57:16Jésus Christ.
00:57:18C'est vraiment dur.
00:57:28C'est bon ?
00:57:29Oui.
00:57:31Est-ce que tu prends un condom ?
00:57:32Non.
00:57:33Attends, tu le prends, non ?
00:57:34Oui.
00:57:35Ok, parce que quand tu as dit
00:57:36que tu avais peur
00:57:37de l'eau, tu as essayé.
00:57:38Fais ça.
00:57:39S'il te plaît, ne fais pas ça.
00:57:40Ça sent terrible.
00:57:41Merci.
00:57:42Désolé.
00:57:43Ok.
00:57:44Merci.
00:57:45C'est la bonne position.
00:57:46Oui.
00:57:47Désolé.
00:57:48Je peux rester comme ça
00:57:49pour un moment ?
00:57:50Oui.
00:57:52Tu n'as plus besoin d'un condom ?
00:57:53Non.
00:57:54Tu n'as pas besoin d'un condom ?
00:57:55Non.
00:57:56Est-ce que tu veux que je bouge plus ?
00:57:57Quoi ?
00:57:58Je ne savais pas si tu voulais
00:57:59que je sois plus comme ça.
00:58:01Non, ça va.
00:58:02Tu vas bien.
00:58:03C'est tout ce qu'il faut faire.
00:58:04Je suis désolée
00:58:05pour l'inconvénient.
00:58:06Je ne veux pas le faire maintenant.
00:58:08Si on l'avait fait,
00:58:09je voudrais juste en parler
00:58:10et savoir ce que...
00:58:11Ce n'est pas confortable pour moi.
00:58:12Allons jouer au jeu calme.
00:58:13Tu n'es pas folle ?
00:58:14Non, je suis bien.
00:58:16C'est un bon moment.
00:58:18Lina Denham,
00:58:19dans la majorité de ses interviews,
00:58:21parle de l'influence
00:58:23que Nora et Fran a eues
00:58:24sur sa vie
00:58:25de scénariste
00:58:26et son rapport à l'écriture.
00:58:28Et d'ailleurs,
00:58:29il y a une conversation
00:58:30entre elle et Nora et Fran
00:58:31sur comment le métier
00:58:33de scénariste a évolué
00:58:35à Hollywood
00:58:36depuis toutes ces années.
00:58:38Et je trouve
00:58:39que ce que Lina Denham
00:58:41permet dans la manière
00:58:43de montrer le sexe
00:58:45à l'écran,
00:58:46c'est qu'elle montre
00:58:47toute la complexité
00:58:49que c'est pour son personnage féminin,
00:58:51Anna,
00:58:52de comprendre
00:58:53ce dont elle a envie
00:58:54et surtout le fait
00:58:55qu'elle n'ait même pas l'espace
00:58:56de pouvoir se poser la question
00:58:58dans le premier épisode
00:59:00de la série.
00:59:01Et le fait que
00:59:02de l'avoir autant parlé,
00:59:04autant cherché
00:59:05et autant vouloir être
00:59:06dans le fait
00:59:07de faire plaisir à l'homme,
00:59:09nous permet à nous,
00:59:10spectateurs, spectatrices,
00:59:11de comprendre
00:59:12son niveau de contrainte
00:59:14et à quel point
00:59:15elle doit se plier
00:59:16physiquement, littéralement,
00:59:18à ce que Adam lui demande.
00:59:21Et je trouve que la série
00:59:22est assez fine
00:59:23parce que le fait
00:59:24de la suivre pendant,
00:59:25j'ai un trou,
00:59:26mais je pense que c'est
00:59:27cinq saisons en entier,
00:59:28nous permet de voir vraiment
00:59:30comment une héroïne,
00:59:31petit à petit,
00:59:32va avoir l'espace
00:59:33de s'interroger
00:59:34sur qu'est-ce que c'est
00:59:35que le désir
00:59:36et qu'est-ce que c'est
00:59:37que son plaisir
00:59:38et que peut-être qu'en fait
00:59:39il ne passe pas
00:59:40par le personnage masculin
00:59:41mais que son plaisir
00:59:43va passer
00:59:44par ses amitiés féminines.
00:59:46Ce qui, je trouve,
00:59:48est une autre manière
00:59:49aussi d'envisager
00:59:50la rom-com
00:59:51puisqu'on pense toujours
00:59:52à la rom-com
00:59:53comme un couple amoureux
00:59:56dans une relation
00:59:57investie sexuellement,
00:59:58mais il y aurait
00:59:59quelque chose à dire
01:00:00sur penser la rom-com
01:00:03plutôt comme des œuvres
01:00:05qui nous montrent
01:00:06comment les femmes
01:00:07parlent entre elles
01:00:08et de romantisme
01:00:10et de comédie
01:00:11et de sexualité.
01:00:13Je vais oublier un extrait,
01:00:20mais je vais accélérer
01:00:25parce que comme on a mis
01:00:26un peu de temps
01:00:27à rentrer dans la salle
01:00:28parce qu'on m'a dit
01:00:29qu'il y avait quelqu'un
01:00:30qui bipait
01:00:31et que ça prenait du temps,
01:00:32je voudrais arriver
01:00:33à la dernière partie
01:00:34de ce que j'aimerais
01:00:35partager avec vous,
01:00:36ce qui est
01:00:37à quel endroit
01:00:38est-ce qu'on peut être
01:00:39dans le contemporain
01:00:41quand on écrit
01:00:42une comédie romantique
01:00:43et qu'on veut parler
01:00:44de sexualité et de sexe.
01:00:45Et il me semble
01:00:46qu'évidemment
01:00:47le meilleur moyen
01:00:48de combattre
01:00:49l'aspect conservateur
01:00:50de ce genre
01:00:51et le discours hétéronormatif
01:00:54qui habite,
01:00:55on doit quand même le dire,
01:00:56la majorité de ces œuvres,
01:00:58c'est quand même
01:00:59de regarder du côté
01:01:00des personnages lesbiens,
01:01:02gays et queers
01:01:04et de se dire
01:01:05qu'est-ce que
01:01:06les comédies romantiques,
01:01:07comment est-ce qu'ils ont
01:01:08intégré ces personnages-là
01:01:09et qu'est-ce qu'ils en ont fait.
01:01:11Et en regardant
01:01:13le programme
01:01:14du Forum des Images,
01:01:15j'ai découvert un film
01:01:17qui s'appelle
01:01:18Bros,
01:01:19contraction du mot
01:01:20brothers,
01:01:21de Nicolas Stoller
01:01:24qui m'a interpellée
01:01:26puisque c'est marketé
01:01:28comme la première
01:01:29rom comme gay.
01:01:31Et donc on va passer
01:01:32le premier extrait
01:01:33de Bros
01:01:34qui explique
01:01:35la difficulté
01:01:36que c'est
01:01:37de produire
01:01:38ce genre de film
01:01:39toujours aujourd'hui.
01:01:48Je lui ai dit
01:01:49quelque chose
01:01:50qu'un homme gay
01:01:51pourrait aimer
01:01:52et regarder avec sa copine.
01:01:53Je lui ai dit
01:01:54quelque chose
01:01:55qu'un homme gay
01:01:56pourrait aimer ?
01:01:57Comme quoi exactement ?
01:01:58Est-ce que je vais être
01:01:59au milieu
01:02:00d'une course à haute vitesse
01:02:01et tout d'un coup
01:02:02tomber amoureux
01:02:03d'Ice Cube ?
01:02:04Est-ce que je vais
01:02:05me faire foutre
01:02:06par Jason Momoa
01:02:07pendant que nous sommes
01:02:08je ne sais pas
01:02:09se préoccupant
01:02:10d'un volcan ?
01:02:11Et il m'a dit
01:02:12Bobby,
01:02:13nous voulons juste
01:02:14faire un film
01:02:15qui montre au monde
01:02:16que l'amour
01:02:17n'est pas l'amour.
01:02:18Nos relations
01:02:19sont différentes,
01:02:20nos vies sexuelles
01:02:21sont différentes.
01:02:22Et il m'a dit
01:02:23Bobby,
01:02:24nous voulions juste
01:02:25faire un film
01:02:26sur des gens gays
01:02:27qui sont gentils
01:02:28et je lui ai dit
01:02:29c'est ton premier erreur
01:02:30parce que
01:02:31pas tous les gens
01:02:32gays sont gentils
01:02:33et je suis allé
01:02:34et je suis resté.
01:02:35En tout cas,
01:02:36c'est totalement bien,
01:02:37je ne suis pas la bonne personne
01:02:38pour écrire un rom-com.
01:02:39Pourquoi pas ?
01:02:40Hum,
01:02:41je ne sais pas.
01:02:42Je veux dire,
01:02:43j'ai 40 ans,
01:02:44je n'ai jamais été amoureux
01:02:45et je n'ai jamais eu
01:02:46une relation sérieuse
01:02:47ce qui est bien.
01:02:48Tu sais,
01:02:49j'aime ma vie,
01:02:50j'aime ma liberté,
01:02:51j'aime mon indépendance
01:02:52mais tu sais,
01:02:53ça veut probablement dire
01:02:54que je ne suis pas
01:02:55la bonne personne
01:02:56pour écrire un rom-com.
01:02:57Pour l'inquiétude,
01:02:58je suis resté très sourd
01:02:59et ce soir,
01:03:00je suis honoré
01:03:01à l'award
01:03:02LGBTQ Plus Pride.
01:03:06Et je propose
01:03:07qu'on enchaîne directement
01:03:08avec le deuxième
01:03:09extrait de
01:03:10de Brose
01:03:11où vous allez voir
01:03:12comment il s'inscrit
01:03:13dans la comédie romantique
01:03:14et s'aligner.
01:03:44...
01:04:11...
01:04:40...
01:05:08Donc je vous encourage
01:05:09à venir voir ce film
01:05:10qui va bientôt passer
01:05:12au forum des images
01:05:14et qui a de nombreuses
01:05:16scènes de sexe explicites,
01:05:19il faut le dire.
01:05:20Et dans la production,
01:05:23je trouve,
01:05:24de comédie romantique,
01:05:25je trouve qu'en fait,
01:05:26c'est la meilleure
01:05:28qui a été faite
01:05:29ces dernières années.
01:05:30Et pourquoi est-ce que
01:05:32je trouve que c'est la meilleure ?
01:05:34C'est pas que parce qu'il y a
01:05:36des scènes de sexe explicites,
01:05:38c'est parce qu'il y a
01:05:39un vrai discours,
01:05:40en fait,
01:05:41dans le film,
01:05:42à dire que
01:05:43le fait d'avoir
01:05:44des personnages gays,
01:05:45comme il essaie de l'expliquer
01:05:46au début de l'extrait 1,
01:05:48va faire qu'il va y avoir
01:05:50certaines spécificités,
01:05:51en fait,
01:05:52à l'histoire d'amour.
01:05:53Et qu'en fait,
01:05:54le genre de la rom-com,
01:05:55à force d'être tellement codifié,
01:05:57il y a beaucoup de films
01:05:58qui ont juste repris
01:05:59les ingrédients
01:06:00et s'arrivent à quelque chose
01:06:01d'extrêmement plat.
01:06:02Comme si, finalement,
01:06:03on ne pouvait pas
01:06:04penser le genre
01:06:05aujourd'hui
01:06:06de manière contemporaine.
01:06:07Je me suis posé la question
01:06:09de à quoi pourrait ressembler
01:06:11une comédie romantique lesbienne.
01:06:13Alors, il faut savoir
01:06:14qu'on en a eu une,
01:06:15ça s'appelait
01:06:16Imagine me and you,
01:06:17et ça se terminait
01:06:18sur deux lesbiennes
01:06:19qui se faisaient un bisou
01:06:20à la fin sur un toit
01:06:21d'une voiture.
01:06:22Mais à quoi ça ressemblerait
01:06:25aujourd'hui
01:06:26une comédie romantique lesbienne,
01:06:29je pense que c'est
01:06:31une question
01:06:32qui reste ouverte.
01:06:34Et en tout cas,
01:06:35on comprend que ça reste
01:06:37très difficile,
01:06:38en fait, à Hollywood
01:06:39de comprendre
01:06:40que c'est le genre de choses
01:06:42qui pourraient
01:06:43nous intéresser.
01:06:44J'avais interviewé
01:06:46pour un documentaire
01:06:48Aileen Chaïken
01:06:49qui est la créatrice
01:06:50de The L Word.
01:06:51Et je lui avais demandé
01:06:52comment elle avait réussi
01:06:53à faire produire sa série.
01:06:54Et elle m'avait dit,
01:06:55j'étais à un dîner
01:06:56et le mec du studio
01:06:58est venu me voir
01:06:59et en fait,
01:07:00il y avait la série
01:07:01Queer as Folk
01:07:02qui venait de gagner
01:07:03un Emmy.
01:07:04Et elle m'a dit,
01:07:05en fait,
01:07:06il faut toujours
01:07:07que les hommes gays
01:07:08soient avant nous
01:07:09et après,
01:07:10ils nous laissent une chance.
01:07:11Donc, on peut espérer
01:07:12qu'après Brose,
01:07:13on ait accès
01:07:14à une grande comédie romantique
01:07:16lesbienne qui soit drôle.
01:07:18Et quand je me suis interrogée
01:07:21par rapport à ce genre-là,
01:07:24est-ce qu'il y avait
01:07:25des récits lesbiens
01:07:27et que Pauline m'a partagé
01:07:29le programme du mois de novembre
01:07:31qui n'est pas totalement annoncé,
01:07:33j'ai vu qu'en fait,
01:07:34ils avaient inclus
01:07:35dans leur programme de comédie
01:07:38trois films qui me sont chers
01:07:40qui s'appellent
01:07:41But I'm a Cheerleader
01:07:42de Jamie Babbitt,
01:07:43Go Fish de Rose Trochet
01:07:45et Watermelon Woman
01:07:46de Cheryl Dunier.
01:07:48Et je me suis posée la question,
01:07:50moi qui ai infligé
01:07:51à ma petite amie
01:07:52des comédies romantiques
01:07:53hétéronormées
01:07:54pendant les six derniers mois,
01:07:56pourquoi on n'avait pas
01:07:57regardé à nouveau
01:07:58ces films-là
01:07:59qui sont pourtant
01:08:00des films que je regarde souvent
01:08:02et pourquoi je n'avais pas
01:08:03eu l'imaginaire
01:08:04de les mettre
01:08:06dans la catégorie
01:08:07comédie romantique.
01:08:09Alors ça parle souvent
01:08:12de son propre biais
01:08:13et des choses
01:08:14qu'on ne veut pas voir
01:08:16mais j'ai trouvé
01:08:17qu'en tout cas,
01:08:18de revoir ces films
01:08:21me permettait à moi
01:08:24d'ouvrir en fait
01:08:25un autre imaginaire
01:08:26et de se dire
01:08:27que j'étais peut-être
01:08:28passée à côté
01:08:29de quelque chose
01:08:31en les voyant
01:08:32que comme des films de romance
01:08:33ou comme des films indépendants.
01:08:35Mais il faut quand même rappeler
01:08:36que le genre
01:08:37de la comédie romantique
01:08:39qui est souvent
01:08:40super produit,
01:08:42c'est-à-dire avec
01:08:43des productions importantes
01:08:44avec énormément d'argent,
01:08:47en fait,
01:08:48les films de lesbiennes,
01:08:49eux, ont été toujours produits
01:08:50avec quasiment rien.
01:08:52Je rappelle que
01:08:54je crois que
01:08:55Watermelon Woman
01:08:56s'est fait avec 300 000 dollars
01:08:58et une bourse.
01:08:59Et donc,
01:09:00je me suis demandé
01:09:01si c'était parce qu'il n'y avait pas
01:09:02cette esthétique
01:09:03de la comédie romantique
01:09:05à gros budget
01:09:06que je ne l'identifiais pas comme ça.
01:09:08Et puis, je me suis rappelée
01:09:10ce que je vous ai dit tout à l'heure.
01:09:11Je me suis dit
01:09:12mais est-ce que ces films-là
01:09:13s'inscrivent en fait
01:09:15dans une lignée ?
01:09:17Et j'ai re-regardé
01:09:19But I'm a Cheerleader
01:09:21qui est donc
01:09:22un film de Jamie Babbitt
01:09:24de 1999
01:09:25et je me suis rendue compte
01:09:26que Julie Delpy,
01:09:28il faisait une apparition
01:09:29dans un bar
01:09:30et qu'elle jouait
01:09:31une barmaid lesbienne.
01:09:32Et il faut savoir que
01:09:33Before Sunset
01:09:34et Before Sunrise
01:09:35étaient sortis
01:09:36quelques années avant
01:09:38et que donc,
01:09:39on pouvait le voir
01:09:40comme un clin d'œil
01:09:41à cette comédie romantique-là.
01:09:43Et qu'il y avait dans ces films
01:09:46cette idée
01:09:47de la référence
01:09:49et de faire référence
01:09:50à d'autres films
01:09:51qui étaient avant elle.
01:09:54Et j'ai réalisé une série
01:09:57il y a deux ans
01:09:58qui a été diffusée
01:09:59l'année dernière
01:10:00et qui est toujours disponible
01:10:01sur France TV Slash
01:10:02qui s'appelle Split.
01:10:04Et en fait,
01:10:05en faisant ma série
01:10:07qui, elle, a de nombreuses
01:10:08scènes de sexe explicites,
01:10:11j'ai donné comme référence
01:10:12aux comédiennes
01:10:13et à toutes les techniciennes
01:10:15et à toute l'équipe technique
01:10:17deux films
01:10:18Go Fish
01:10:19et Watermelon Woman.
01:10:20Et donc, je me suis posé
01:10:21la question aujourd'hui
01:10:22de est-ce qu'en fait
01:10:23j'avais écrit une comédie romantique
01:10:24sans le savoir ?
01:10:26Ça, je ne sais pas.
01:10:27Peut-être que ce sera à vous
01:10:28de me le dire.
01:10:29Mais en tout cas,
01:10:30je me souviens très bien
01:10:31qu'en faisant ces images-là,
01:10:32j'avais envie, moi aussi,
01:10:33de m'intégrer dans une lignée
01:10:35et de faire référence
01:10:37à des films
01:10:38qui m'avaient aidée
01:10:40à savoir comment,
01:10:42ce que je voulais montrer
01:10:43en fait dans le sexe.
01:10:45Et j'avais même demandé
01:10:47dans la série,
01:10:48à l'épisode 2,
01:10:49Elles vont au cinéma
01:10:50pour regarder un film
01:10:51et j'avais demandé
01:10:52que ce film soit
01:10:54de Rose Trochet.
01:10:56Et je rappelle, par ailleurs,
01:10:58parce que tout ça a un lien,
01:11:00Rose Trochet est donc
01:11:01la réalisatrice de la série
01:11:03The L Word
01:11:04et Jamie Babbitt
01:11:05est devenue la réalisatrice
01:11:06de la série Girls.
01:11:08Donc, en fait,
01:11:09toutes ces comédies romantiques
01:11:10dont je vous parlais,
01:11:11en fait, on peut très bien
01:11:12les rapprocher
01:11:13à ce cinéma américain
01:11:14de la fin des années 90
01:11:15qui est fait par un groupe
01:11:16de lesbiennes fauchées.
01:11:18Et donc, quand moi,
01:11:19j'ai voulu montrer cet extrait
01:11:21de Go Fish dans Split,
01:11:23je n'ai pas eu accès aux droits
01:11:25parce qu'ils étaient trop chers.
01:11:27Et donc, j'ai fait une référence
01:11:30avec le dernier plan
01:11:32de la série
01:11:33qui est en fait un copier-coller
01:11:35d'un plan du film
01:11:37de Rose Trochet
01:11:38que j'ai évidemment prévenu
01:11:41et à qui j'ai demandé
01:11:42l'autorisation
01:11:43parce que ça me paraît important
01:11:45que ces films-là
01:11:46ne disparaissent pas.
01:11:48Et donc, j'aimerais vous montrer
01:11:50en fait un dernier extrait
01:11:52d'un autre film
01:11:53qui s'appelle Watermelon Woman.
01:11:56Et c'est un film
01:11:58qui raconte l'histoire
01:11:59d'une personne
01:12:00qui a envie d'être réalisatrice
01:12:01et qui travaille dans un vidéoclub.
01:12:03Et cette femme
01:12:04est une femme noire.
01:12:06Et elle dit,
01:12:07à un moment du film,
01:12:09« Our black stories
01:12:10have never been told ».
01:12:12Et je trouve que...
01:12:17En fait, à chaque fois
01:12:18que je fais une conférence,
01:12:19je pleure.
01:12:20Ceux qui me connaissent le savent.
01:12:22Mais je trouve qu'on ne peut pas
01:12:23faire une conférence aujourd'hui
01:12:25sans se rendre compte
01:12:26du fait que toutes ces héroïnes
01:12:28de comédies romantiques
01:12:30sont blanches.
01:12:31Et que c'est une question
01:12:33qui commence à être prise en compte
01:12:35par certaines comédies romantiques,
01:12:37récemment notamment sur Netflix.
01:12:39Et je pense qu'il faut absolument
01:12:40que ce soit...
01:12:46Je ne sais jamais
01:12:47à quel moment ça va m'arriver.
01:12:48Et là, je m'étais dit,
01:12:49« Waouh, j'arrive à la fin de la conf,
01:12:50j'ai réussi à ne pas pleurer ».
01:12:52Et évidemment,
01:12:53ça me tombe dessus.
01:12:55Parce que c'est un film
01:12:56qui m'aime beaucoup.
01:12:58Notamment...
01:13:01dans sa représentation, en fait,
01:13:03de la sexualité lesbienne.
01:13:05Et je trouve que...
01:13:07que c'est, pour moi,
01:13:08la plus belle scène de sexe du cinéma.
01:13:11On va terminer par ça.
01:13:19Comment as-tu pu, Irene ?
01:13:21Tu sais combien c'était dur
01:13:22de trouver ces films ?
01:13:23C'est comme l'un des rares films
01:13:24de course qu'elle a jamais écrit.
01:13:26Vraiment ?
01:13:29Euh...
01:13:30Tu te souviens de mon fumée ?
01:13:31Non, vas-y.
01:13:35Tu sais,
01:13:36ce qui est bizarre dans ce set-up...
01:13:38Quoi ?
01:13:39Je ne sais pas, ça ressemble
01:13:40à un set-up.
01:13:41Comme...
01:13:42Je ne sais pas, tu sais,
01:13:43tout ce dîner et...
01:13:45Et...
01:13:46Et quoi ?
01:13:47Et la conversation amicale.
01:13:52Je dois confier que je suis un peu...
01:13:55Non, je suis très attirée par toi.
01:13:59Quoi ?
01:14:00Euh...
01:14:01Je voulais juste dire
01:14:02que tu es vraiment une femme mignonne.
01:14:03Je sais.
01:14:04J'ai entendu ce que ton ami
01:14:05a dit à la boutique.
01:14:07Tu nous as entendu ?
01:14:08J'ai trouvé les mots chauds
01:14:09depuis le moment
01:14:10où je t'ai vu écrire.
01:14:12Est-ce que je peux boire une cigarette ?
01:14:14Bien sûr, aide-toi.
01:14:19Est-ce qu'il y a du feu aussi ?
01:14:21Euh...
01:14:22Oui, mais c'est un peu plus clair.
01:14:27Alors...
01:14:31Maintenant que nous savons
01:14:32que nous sommes attirés par l'autre,
01:14:33qu'est-ce que nous faisons ?
01:14:34Euh...
01:14:35Tu ne penses pas que nous devions kisser ?
01:14:37Tu n'es pas une bonne trampe.
01:14:39C'est ce que tu es.
01:14:40Tu commettes un sin
01:14:41qui te mènera sûrement en enfer.
01:14:43Je vais en enfer,
01:14:44mais pas pour être une trampe,
01:14:45mais pour être pauvre
01:14:46et vivre dans les rues
01:14:47comme je dois.
01:14:48Pourquoi ne peux-je pas être heureuse
01:14:49de m'adapter à leur monde ?
01:14:50Dieu m'a donné cette couleur
01:14:51et il l'a fait pour une raison.
01:15:07Je n'ai pas peur de la terre.
01:15:10Je n'ai pas peur de ce que tu me donnes.
01:15:13Je n'ai pas peur de la peau.
01:15:16Je n'ai pas peur de ton confort.
01:15:20Je n'ai pas peur de la terre.
01:15:23Je n'ai pas peur de ce que tu me donnes.
01:15:26Je n'ai pas peur de la peau.
01:15:28Je n'ai pas peur de la terre.
01:15:58Je n'ai pas peur de la terre.
01:16:01Je n'ai pas peur de ce que tu me donnes.
01:16:04Je n'ai pas peur de la peau.
01:16:07Je n'ai pas peur de la terre.
01:16:28Par le fait qu'il n'y avait pas de sous-titres,
01:16:29et juste dire quelque chose
01:16:30qui me paraît important
01:16:31et que j'aurais dû dire
01:16:32avant de lancer l'extrait,
01:16:33mais j'étais trop émue,
01:16:35c'est qu'en fait,
01:16:36ce qu'elles regardent toutes les deux à la télé
01:16:38est en fait un film fictif,
01:16:40puisque tout le film raconte
01:16:42le manque de représentation
01:16:43des femmes noires
01:16:44dans le cinéma américain.
01:16:46Je voulais terminer par cet extrait aussi
01:16:48pour le juxtaposer
01:16:50avec Pretty Woman,
01:16:52qui elle avait
01:16:53I Love Lucy comme ref.
01:16:55Et là, le fait que ces deux héroïnes lesbiennes
01:16:57puissent regarder un film de fiction
01:16:59dans la fiction,
01:17:00puisque notre histoire n'existe pas,
01:17:03et qu'elles étaient en train de l'inventer.
01:17:05Voilà, merci.