Christophe Boutin : «Il y a derrière les populismes un phénomène de réaction des populations à un sentiment de déclassement et de dépossession»

  • l’année dernière
Invité dans Les visiteurs du soir, Christophe Boutin professeur des universités à l’Université de Caen, s'est exprimé sur le populisme : «Il y a derrière les populismes un phénomène de réaction des populations à un sentiment de déclassement et de dépossession». 
Transcript
00:00 D'abord, il faut distinguer les différents types de populisme. Il y a le populisme, je dirais,
00:04 savant en quelque sorte, c'est-à-dire les zones géographiques sur lesquelles il y a eu de
00:08 véritables populismes, c'est-à-dire l'Amérique latine et la Russie. Il faut distinguer cela de
00:14 l'appréciation que l'on fait généralement maintenant du populisme, qui est un terme
00:18 tout-venant, qui est employé pour, je dirais, pas tout et n'importe quoi, mais de manière très
00:23 large, sans qu'il y ait réellement d'éléments très convergents entre les différents titulaires.
00:28 Qu'y a-t-il de commun entre un populiste de gauche comme Chavez, Millet ou Perronne,
00:35 par exemple, pour prendre trois exemples évidents. Par contre, ce qui est certain,
00:39 c'est qu'il y a derrière les populismes, et quand on a dirigé l'ouvrage avec Olivier Dard et
00:44 Frédéric Rovillois, on avait justement choisi ce pluriel par hasard, ce qu'il y a de commun dans
00:49 les populismes actuellement, c'est que c'est un phénomène de réaction et de réaction importante
00:55 des populations à un sentiment de déclassement, à un sentiment de dépossession. Vous évoquiez
01:01 tout à l'heure la référence à l'âge d'or, et on vient d'évoquer à l'instant la référence à la
01:06 sécurité physique, mais les populations actuellement se plaignent d'une double insécurité,
01:11 une insécurité physique, effectivement, et Millet choisit de la prendre en compte, y compris,
01:17 on vient de le dire, avec une alliance avec le centre droit, ce qui peut surprendre,
01:20 mais aussi une insécurité culturelle. La référence à l'âge d'or, elle est un peu ici,
01:25 on se demande qui on est, qui on est encore, ce qu'on représente, on veut représenter
01:30 quelque chose. Or, le discours d'une part des dirigeants actuellement, au peuple de différents
01:36 États, c'est que, mon Dieu, on ne représente plus grand-chose, qu'il faut tourner la page,
01:41 oublier qui on était, et partir en avant, se fondre dans le grand courant mondialiste,
01:46 et je crois que c'est ce qui conduit aussi en réaction aux différents mouvements populistes
01:52 que nous connaissons.
01:52 [Musique]
01:57 [SILENCE]

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