• l’année dernière
Transcription
00:00 Nous sommes ici à la gare de Namur, à la veille d'une nouvelle série de grèves,
00:03 après les premières que nous avons connues au mois de novembre,
00:05 avec le ministre Georges Hinkiné en charge de la SNCB et deux représentants de la vêteur.
00:10 Nous allons discuter un petit peu de la situation de la vêteur, mais aussi des améliorations à la SNCB.
00:14 Nous sommes donc dans le train, il est à l'heure.
00:24 Tout à fait.
00:25 Merveilleux.
00:26 Monsieur Ball, qui venait du Hénau, vous êtes venu en train.
00:29 Oui.
00:29 Votre train, il était à l'heure aussi ?
00:31 Non, il avait 10 minutes de retard, alors que finalement, il est parti avec 10 minutes de retard de tournée,
00:37 alors qu'il était normalement à la case départ.
00:39 Donc, il part déjà en retard, c'est quelque chose qu'on a difficilement...
00:44 On a du mal à comprendre.
00:46 Et finalement, il devait avoir 10 voitures, on n'en avait que 3.
00:51 Alors, je vous laisse imaginer, après deux arrêts, ce train était archi bondé.
00:55 Et c'est quelque chose qui n'est pas normal.
00:57 Finalement, des gens ont pris parfois un ticket de première classe et n'ont même pas pu s'asseoir en deuxième.
01:04 Donc voilà.
01:05 On se tourne vers vous.
01:07 Moi, je venais d'Assesse, là où j'habite, avec un train qui amène des étudiants,
01:13 parce que je l'ai pris à 7h40, qui était correctement composé.
01:17 Mais comme navetteur depuis 30 ans, j'ai déjà été confronté, comme Monsieur Ball, à des compositions incomplètes.
01:24 Et évidemment, effectivement, ce qu'il décrit est juste.
01:29 Quand une composition est incomplète, quand il n'y a pas suffisamment de capacités,
01:33 il y a de l'inconfort, il y a du mécontentement qui est légitime.
01:38 Tout ce que je peux dire en tant que représentant de l'autorité fédérale,
01:42 c'est qu'on met tous les moyens pour que ça n'arrive plus.
01:44 Mais on ne peut pas améliorer ça.
01:46 On ne peut pas l'améliorer du jour au lendemain.
01:50 La question, c'est de savoir pourquoi le train était incomplet.
01:53 Est-ce qu'il y avait du matériel défectueux ?
01:56 On a une série de trains qui sont en fin de vie.
01:58 On a commandé des nouveaux trains.
02:00 On a un opérateur industriel, Alstom, pour ne pas le nommer, qui est en retard de livraison.
02:05 Mais toute la pression qu'on peut, c'est la SNCB qui le fait à son égard.
02:08 Ils doivent payer des pénalités.
02:10 Mais si les trains ne sont pas là, c'est comme si vous commandiez une nouvelle voiture
02:13 et que le concessionnaire vous disait "désolé, Monsieur, elle n'est pas encore arrivée".
02:18 "Quand est-ce qu'elle va arriver ?" "J'espère la semaine prochaine ou dans deux mois".
02:22 On est dépendant de l'extérieur.
02:24 Le retard est important pour Alstom ?
02:26 Oui, mais il se monte en années.
02:29 Monsieur Mansoui, vous représentez Canopia,
02:32 donc vous vous intéressez à la mobilité aussi puisque vous êtes chargé de mission là-bas.
02:36 Vous prenez le train régulièrement.
02:37 Comment vous jugez maintenant le train aujourd'hui par rapport à il y a deux ans ?
02:41 Maintenant, vous prenez de manière plus assidue.
02:42 En deux ans, et le ministre a un mandat depuis trois ans, comment vous voyez l'évolution ?
02:47 Je pense qu'ici, il y a vraiment une dualité entre le présent, ce qu'on ressent maintenant, et le futur.
02:53 On voit que le rail est quand même un secteur où ça prend du temps,
02:58 quand on met en place des choses, de voir les changements.
03:02 Et donc concrètement, aujourd'hui, je ne peux pas vous dire que ça s'est fortement amélioré
03:07 par rapport à il y a deux ans, parce que ce ne serait pas vrai.
03:10 Par contre, ce qui est pour nous positif, c'est qu'on voit que la vision qu'a proposé Monsieur le ministre
03:17 et les contrats qu'il a mis en place, s'ils sont bien respectés par les gouvernements consécutifs,
03:23 va nous amener vers du mieux.
03:25 Le problème, c'est qu'effectivement, maintenant, pour le moment, sur les prochaines années,
03:29 ça va être un peu compliqué.
03:31 C'est aussi lié au fait qu'on a traversé une crise énergétique,
03:34 que les contrats de service public, le contrat de service public de la SNCB a été négocié pendant cette crise.
03:41 Et donc, on voit au niveau des trajectoires budgétaires qu'il y a un petit trou.
03:48 Vous êtes au début de votre carrière de navetteur, on va le dire.
03:52 Donc là, on vous dit que ça ira mieux demain, dans quelques années.
03:55 Monsieur Ball, il est à la fin de sa carrière.
03:57 Ce discours, ça ira mieux demain ?
04:00 Oui, moi, j'ai connu ça pendant une quarantaine d'années.
04:03 On a toujours dit oui, ça va aller, ça va aller.
04:05 Puis finalement, je me suis rendu compte au fil du temps qu'on avait beaucoup de promesses
04:11 et que finalement, on était gros gens comme devant.
04:14 Maintenant, c'est vrai que ce qui a été mis sur papier,
04:17 et j'approuve totalement ce que M. Gilles Kenney a fait,
04:21 sur papier en tout cas, c'est merveilleux.
04:24 Maintenant, ce que j'attends, c'est le concret.
04:27 Mais maintenant, on va voter.
04:29 Il y aura un nouveau gouvernement.
04:30 Est-ce que ce gouvernement-là va respecter les contrats de gestion ?
04:34 J'ai des doutes.
04:35 J'ai des doutes, je suis désolé.
04:37 Si maintenant, on a un gouvernement qui, à la limite, se dit
04:41 « le rail, ça passe après, on va investir dans autre chose ».
04:46 Et on peut toujours, malheureusement, imaginer le pire
04:50 quand on voit ce qui se passe aux Pays-Bas.
04:52 Si maintenant, en Belgique, ça se passe comme ça,
04:55 je sais pertinemment bien que du côté du Nord,
04:59 il y a certains partis qui, le rail, ça ne les intéresse pas plus que ça.
05:03 Et j'ai peur.
05:04 Ils ont bien en tête qu'il n'y avait pas en Belgique de vision à 20 ans,
05:08 sur le rail.
05:08 On a écrit d'abord la vision 2040, largement concertée,
05:11 y compris avec vos associations.
05:14 Ça faisait 10 ans qu'on attendait un contrat
05:16 entre Infrabel, le gestionnaire du réseau,
05:18 et la SNCB et l'État fédéral.
05:20 Ça veut dire qu'on fonctionnait d'année en année,
05:22 sans savoir le budget de l'année suivante,
05:24 ce qui n'est pas une bonne manière de développer des politiques industrielles
05:27 parce qu'on ne peut pas avoir de la programmation.
05:28 Maintenant, on a un contrat à 10 ans avec les deux entreprises.
05:32 C'est pas seulement un contrat d'objectif,
05:34 c'est un contrat avec des moyens qui sont inscrits
05:38 dans quelque chose qui a une base légale.
05:40 Une loi ne peut être modifiée que par une autre loi.
05:42 Il y a quelque part un renversement de la charge de la preuve
05:45 à charge d'un prochain gouvernement
05:46 qui voudrait remettre en cause nos engagements.
05:50 Ils ne sont pas si faciles à modifier parce qu'ils engagent 7 parties.
05:53 Je ne sais pas si les 7 parties seront dans le prochain gouvernement.
05:56 Nous, on est candidats à être dans ce prochain gouvernement
05:58 et assurer la continuité des engagements.
06:03 Ce n'est pas si facile à déverrouiller.
06:06 Et par ailleurs, je voudrais insister par rapport à la question précédente.
06:13 On ne m'écrit pas quand un train est à l'heure.
06:16 Je voudrais que tous les trains soient à l'heure.
06:18 Je voudrais que davantage de trains soient à l'heure
06:19 et qu'il n'y ait plus de trains annulés.
06:22 Mais la très grande majorité des trains qui circulent sur les réseaux,
06:25 je ne veux pas donner une image catastrophique.
06:27 Je ne suis pas satisfait du niveau de qualité en tant que ministre.
06:30 Oui, parce que la punctualité est quand même très bonne.
06:32 Quand on regarde les chiffres jusqu'au mois d'octobre...
06:34 Donc, elle est sans doute au plus bas sur ces 10 dernières années
06:40 parce qu'on paye maintenant des retards d'investissement passés.
06:44 Elle est néanmoins, on vient de prendre ici le train qui est bien rempli.
06:48 On a regardé le panneau d'affichage à Namur,
06:51 qui n'est pas la ligne la plus en souffrance.
06:53 On n'est pas tout à fait en heure de pointe.
06:56 Mais ne faites pas croire, M. Allais,
07:00 à toutes les personnes qui ne prennent pas encore le train,
07:02 que tous les trains sont systématiquement en retard.
07:04 Je suis d'accord de dire qu'il y a trop de trains en retard.
07:07 Je veux réaffirmer que la très grande majorité des trains sont à l'heure.
07:12 En ce moment, le train pour Bruxelles depuis Namur.
07:15 Donc, si je veux aller à un concert à Bruxelles, en partant de Namur,
07:19 je vous conseille l'intera Terminéto parce que mon dernier train
07:22 est à 22h30, quelque chose.
07:25 C'est quelque chose que je connais bien puisque c'est ma ligne.
07:29 J'ai souvent, en tant que député, eu des séances tardives.
07:32 Je voyais mes collègues qui pouvaient prendre le train jusqu'à une heure du matin.
07:37 Et mon dernier train, un peu avant 23h à Namur.
07:40 Il y a une raison très objective pour ça.
07:41 C'est parce que toutes les nuits,
07:44 sur cette voie entre Bruxelles et Namur, et même jusqu'à Luxembourg,
07:49 on travaille sur le réseau.
07:51 Les équipes d'Infrabel investissent à la fois pour terminer le RER
07:58 pour lequel on a dégagé les moyens au départ de Bruxelles,
08:00 et à la fois pour réduire le temps de parcours entre, maintenant,
08:04 Namur et Luxembourg, pour pouvoir faire repasser des trains internationaux.
08:09 - Vous, M. Mansu, vous constatez que sur d'autres lignes,
08:12 il y a également ce problème de tôt le matin, tard le soir, d'avoir des liaisons.
08:18 - Je pense qu'il y a pas mal de lignes où on est assez limité en termes de timing.
08:24 Je laisserai peut-être à Géry qui connaît mieux les lignes le choix de répondre.
08:28 Mais c'est vrai qu'effectivement, quand on est naveuteur,
08:30 ça demande parfois un peu d'organisation.
08:34 Toutefois, j'aimerais quand même rebondir sur ce qu'a dit M. le ministre.
08:38 Tous les trains ne sont pas en retard.
08:41 Il y a des problèmes, c'est vrai.
08:43 Et donc, il y a des raisons de ne pas prendre le train,
08:45 mais il y a aussi des raisons de prendre le train.
08:47 Je pense que c'est important de souligner.
08:48 Et nous, en tant que naveuteurs, si on prend le train,
08:50 c'est parce qu'on aime prendre le train et qu'on aime la qualité,
08:54 le confort quand tout se passe bien, le fait de pouvoir lire un livre, etc.
08:58 C'est un mode de transport qui est plus écologique, qui est moins cher,
09:03 dans lequel on peut faire autre chose.
09:05 On peut travailler dans le train, on peut lire dans le train.
09:08 Donc voilà, je pense qu'il ne faut pas non plus jeter la pierre au train.
09:11 C'est vrai qu'en ce moment, il y a des problèmes, on ne va pas se mentir.
09:13 Mais en tout cas, si nous, on prend le train,
09:15 c'est parce qu'on aime prendre le train, parce que ça a des avantages
09:18 et c'est pour ça qu'on le fait.
09:20 Monsieur Bahlon, on se tournait justement sur les horaires
09:22 un petit peu compliqués du matin et du soir.
09:24 Vous, vous représentez l'association naveuteur.be.
09:27 C'est une critique, une plainte des usagers de ne pas avoir assez de trains ?
09:34 Justement, le soir, maintenant, ça dépend.
09:37 Les lignes aussi, ça dépend.
09:38 Les endroits, peut-être des endroits où c'est plus compliqué que d'autres.
09:43 Si je prends mon cas ici à Leuze, par exemple,
09:46 pour le matin, il n'y a pas de souci.
09:48 Je pense qu'il y a suffisamment de trains, suffisamment d'eau.
09:53 Je ne sais pas à quelle heure arrive le dernier train.
09:55 Maintenant, c'est vrai que dans un cas d'un concert, par exemple,
09:59 ça peut être compliqué aussi de rentrer.
10:01 Ça, c'est possible.
10:02 Nous nous approchons de Bruxelles, dans une zone justement avec beaucoup de travaux.
10:08 Monsieur Mansui parlait effectivement à l'efficacité de coordonner les travaux.
10:13 C'est un enjeu aussi pour vous de coordonner les travaux sur le réseau ?
10:18 Oui, on peut travailler sur le réseau ferroviaire la nuit quand les trains ne passent pas.
10:24 C'est une question de sécurité pour les travailleurs de la voie.
10:27 De plus en plus, on essaye, pour être plus efficace,
10:30 d'interrompre complètement le trafic pendant le week-end ou pendant des périodes de vacances.
10:34 Mais si les périodes de vacances changent, comme on l'a vu,
10:37 et je pense que c'est une bonne réforme d'un point de vue scolaire,
10:41 dès lors que ce sont des travaux qui sont programmés parfois des années à l'avance,
10:45 il arrive, et c'est frustrant pour les voyageurs,
10:47 qu'on supprime un trafic ferroviaire au moment où les écoles sont encore ouvertes.
10:53 Et donc toute cette question du dialogue entre le gestionnaire d'infrastructures Infrabel et de la SNCB,
10:59 c'est essentiel.
11:00 Ça va beaucoup mieux que c'était par le passé, mais ça reste un enjeu énorme.
11:05 Parfois, en tant que ministre, je dois convoquer les deux CEOs qui s'entendent globalement bien,
11:09 Mme Dutour-Noir et M. Gilson,
11:12 pour se demander si on ne peut pas trouver une solution qui permet d'assurer le trafic des voyageurs
11:17 et en même temps d'assurer les travaux de modernisation à la voie.
11:20 Et parfois, le gestionnaire d'infrastructures me dit "Monsieur le ministre,
11:22 vous m'avez demandé de mettre à quatre voies, vous m'avez demandé de renouveler ça,
11:27 il y a une urgence en matière de sécurité, je n'ai pas le choix, si on veut tenir nos plannings,
11:31 il faut que Mme Dutour-Noir accepte de ne pas faire rouler ses trains".
11:35 Et à la fin, c'est vrai que les voyageurs sont frustrés.
11:38 Mais je dis souvent, on ne fait pas de domelette sans casser deux.
11:41 Quand on rénove sa maison, ça fait un peu de poussière, c'est un peu d'inconfort,
11:46 on a tous fait ça, on change ses châssis.
11:50 Oui, il y a du vent, il fait froid, mais une fois que c'est fini, on se rend compte que ça valait la peine.
11:54 On est plutôt dans la période où on doit subir les désagréments liés à la remise à niveau du réseau.
12:00 Pourquoi ? Parce qu'on ne l'a pas fait suffisamment à l'avance.
12:04 Quand il y a un trou dans le toit d'une maison, il faut le réparer tout de suite,
12:07 pas attendre dix ans plus tard, trois ministres, parce que ça prend plus de temps et ça coûte plus cher.
12:13 Donc vous avez entendu les arguments du ministre à vos questions, différentes questions,
12:17 ponctualités, travaux. Votre verdict, vous êtes convaincu ?
12:22 Je suis convaincu sur le long terme, mais j'attends de voir encore sur les prochaines années
12:27 comment ça va se développer et voir un peu avec le prochain gouvernement
12:31 si ce qui a été mis en place va continuer.
12:35 Monsieur Bale ?
12:36 Je confirme aussi, moi je veux du concret.
12:38 Et quand je verrai tout ce qui a été mis sur papier, appliqué, je ferai bravo.
12:46 Mais tant qu'on n'a pas ça sur le terrain, j'ai toujours des doutes malheureusement.
12:50 Je me mets à la place des navetteurs qui subissent ça tous les jours,
12:55 qui ont des problèmes tous les jours.
12:57 Ils n'attendent qu'une chose, c'est que ça s'améliore.
12:59 Et actuellement, ce n'est pas le cas du tout.
13:02 Donc on espère.
13:04 Si on continue sur la ligne que nous avons tracée avec ce gouvernement,
13:08 l'amélioration sera nette et l'objectif de transporter plus de voyageurs,
13:12 parce que c'est le mode de transport le plus écologique, qu'il est confortable,
13:16 que c'est important pour l'économie aussi, pour la mobilité.
13:20 On va y arriver, simplement ça prend du temps.
13:23 Il ne suffit pas de claquer dans les doigts.
13:26 Mais il y aura déjà quand même un petit changement le 10 décembre.
13:29 On a besoin de jalons.
13:31 Et quand on dit 2000 trains en plus par semaine,
13:35 des nouvelles liaisons, des trains plus tardifs
13:38 au période de loisirs, vendredi, sabedi,
13:42 ça c'est du concret, c'est du changement.
13:44 Et c'est vrai que c'est important aussi dans une législature.
13:47 Ça fait trois ans et deux mois de montrer des changements et un impact.
13:53 Vous prenez encore souvent le train ?
13:54 Une ou deux fois par semaine.
13:56 Beaucoup moins qu'avant, parce que les horaires de ministres,
14:00 ça commence avant 6 heures du matin et ça termine après 23 heures,
14:05 avec beaucoup de réunions et de mobilité nécessaire dans la journée.
14:10 Mais en général, plutôt pour rentrer le soir.
14:14 Et puis ça me permet de rencontrer du personnel de la SNCB,
14:18 des voyageurs qui m'interpellent, comme encore ce matin en gare de Namur.
14:22 Et c'est important de garder les pieds dans la réalité.
14:25 Mais je l'ai fait pendant 30 ans, je connais.
14:27 Je vous remercie à tous les trois d'avoir participé.
14:29 Merci.
14:31 (...)

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