• l’année dernière
Isabelle Nanty et le réalisateur Rudy Milstein en interview pour la sortie au cinéma de la comédie "Je ne suis pas un héros". Actuellement en salles.
Transcription
00:00 On a bossé ensemble au théâtre, j'avais écrit un sketch et j'avais proposé à Isabelle
00:10 de jouer dedans et on ne se connaissait pas du tout et ça s'était super bien passé.
00:14 Isabelle, dans tous les rôles qu'elle fait, il y a toujours de l'humanité et c'est
00:18 ça que je trouve absolument hallucinant, c'est qu'il y a toujours des personnages
00:22 profondément humains, même quand c'est des personnages très durs, très méchants
00:26 ou cruels, il y a toujours énormément d'humanité et c'est vrai que quand je l'ai rencontrée,
00:31 je me suis dit qu'elle est tellement gentille dans la vie, elle joue comme elle est aussi
00:33 dans la vie.
00:34 Je n'en revenais pas parce qu'il y a des rencontres d'écriture et de personnalité
00:45 artistique et tout ça, mais là, ils rassemblent tellement de choses, c'est-à-dire que son
00:48 écriture, lui comment il joue et puis là, la surprise du film, c'est des petits événements
00:54 quand même.
00:55 J'ai eu la chance d'avoir rencontré 3-4 personnes dans ma vie qui rassemblaient plein
01:01 de qualités comme ça et qui ont marqué ma vie, mais là, je viens d'avoir 61 ans
01:07 et je rencontre Rudy qui marque ma vie et je sais que ça va marquer le public aussi.
01:14 C'est toujours décalé, il y a toujours du relief, il y a toujours une ou deux ou trois
01:20 lectures.
01:21 Je ne discute pas moi.
01:25 Non, non, mais moi j'avais envie de travailler avec lui, j'aurais joué n'importe quoi,
01:30 n'importe qui.
01:31 De toute façon, j'ai adoré être dirigée par lui et j'ai adoré jouer.
01:35 Donc, le personnage, ils n'existent pas pour moi les personnages.
01:39 Ce sont des mots qu'il faut manger, penser et redire.
01:43 Donc, en les redisant, ils vous modifient, ils vous font avoir des émotions, ils vous
01:48 font… Mais moi, je ne suis qu'une mangeuse des mots de Rudy.
01:52 Je les digère un petit peu, j'essaie de les faire passer par une douleur.
01:56 De toute façon, je pense qu'il n'y a pas une personne dans la vie qui ne souffre
02:00 pas.
02:01 Donc, effectivement, ce qu'il racontait tout à l'heure, c'est que tous les personnages
02:04 ont une souffrance.
02:05 Ce qui est intéressant, c'est d'aller chercher laquelle.
02:07 Moi, je me suis dit que cette femme, elle souffre, elle est frustrée, elle a l'impression
02:12 d'être nulle, d'être rien.
02:14 Ce n'est pas loin de ce que je peux penser de moi bien souvent.
02:18 Donc, je prends ce petit bout de moi que je pense, je me l'injecte et avec les mots
02:23 de Rudy, ça devient cette dame que quand je la vois, je dis qu'elle est horrible.
02:26 Encore une fois, Isabelle, elle met tellement d'humanité dans les personnages.
02:29 Ce personnage-là, je savais qu'effectivement, elle pouvait être très dure, très cruelle.
02:34 Mais je savais que tu allais mettre ton humanité et toute ta gentillesse et toute ta bienveillance
02:38 que tu as.
02:39 Et au final, je crois que quand on voit le film, je ne sais pas si on se dit en tant
02:43 que spectateur, elle est horrible.
02:46 Je pense qu'on la comprend.
02:47 Je savais exactement ce que je voulais.
02:52 Je savais exactement ce que chaque personnage devait donner.
02:57 Je savais exactement ce que j'allais prendre de chacun.
02:58 Ce que j'ai vu, c'est que juste Rudy, il est convaincu.
03:01 Il est convaincu.
03:03 Il avance.
03:04 Il a envie.
03:05 Il vous regarde.
03:06 Il fait avec ce qui se passe.
03:08 Il crée.
03:09 Il est là, vraiment là.
03:11 Et donc, quand on est vraiment là, on ne se pose pas plus de questions que de faire.
03:15 Et comme il est inspiré, il fait.
03:17 Et vraiment, il nous dirige.
03:19 Enfin, il nous dirige comme un chef d'orchestre ou même il joue de nous comme des instruments.
03:25 Comme actrice, c'est tout ce que j'aime.
03:27 C'est d'être joué comme instrument, d'être joué par les metteurs en scène.
03:31 J'ai essayé de faire en sorte que, comme c'est une comédie aussi, que le tournage
03:36 soit un lieu de récréation, que ce soit un lieu d'amusement.
03:40 Il y a énormément de matière pour le bêtisier.
03:42 Et c'était vraiment hyper important de préserver cet esprit de léger, d'humour, de détente.
03:48 De détente absolue, de confiance entre nous.
03:51 Mais en fait, c'était facile parce que moi, je viens du théâtre à la base et j'adore
03:55 cet esprit de troupe.
03:56 Et j'ai tout fait pour créer cet esprit-là.
03:58 Et c'est vrai qu'on était pendant les 30 jours de tournage, j'ai retrouvé ce truc
04:04 de troupe.
04:05 Je ne l'ai jamais trouvé aussi bien que dans ton film.
04:11 Enfin, je le trouve toujours bien.
04:13 Mais là, il est beau, il est tendre, il est intelligent, il va vite, il va lentement,
04:19 il va dans tous les rythmes.
04:20 Il est perdu, on a envie de le prendre dans ses bras.
04:23 Moi, j'étais désespérée de jouer cette mère méchante alors que j'avais que envie
04:29 de le prendre dans mes bras.
04:30 Ce que j'admire énormément chez lui, c'est qu'il arrive à prendre chaque réplique,
04:35 chaque mot et il sait comment ça doit être dit, quel sous-texte il faut mettre, quel
04:41 rythme il faut avoir pour en tirer la comédie.
04:44 Et sans qu'on voit les coutures de ce truc-là.
04:46 Et c'est toujours hyper sincère, à 100%, c'est incarné, c'est sincère.
04:52 Et en même temps, il arrive à faire rire avec tous les mots.
04:55 Moi, je le trouve virtuose.
04:56 J'ai adoré bosser avec lui.
04:57 [Musique]
04:59 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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