SMART BOURSE - Quart d'heure américain

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Lundi 27 novembre 2023, SMART BOURSE reçoit Pierre-Yves Dugua (Correspondant américain)

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00:00 Chaque lundi, le dernier quart d'heure de Smartbourse est consacré à l'actualité
00:08 américaine au sens large, économique, politique notamment, avec ce quart d'heure américain
00:14 et notre correspondant américain en visioconférence avec nous, Pierre-Yves Dugas.
00:18 Bonsoir Pierre-Yves, ravi de vous retrouver.
00:20 C'est donc retour de quelques jours de congé pour les élus du Congrès à l'issue de la
00:26 semaine et du week-end de Thanksgiving.
00:28 Donc retour aux affaires au Congrès, quels vont être les sujets du moment et quels sont
00:32 les dossiers sur lesquels démocrates et républicains vont à nouveau pouvoir s'écharper, Pierre-Yves ?
00:38 Alors Grégoire, résumé de la saison précédente, il n'y a pas de shutdown possible avant la
00:46 mi-janvier, avant le 19 janvier et peut-être un autre shutdown puisqu'on a cette espèce
00:51 de fusée à deux étages possible le 2 février.
00:55 En attendant, on a jusqu'au 15 décembre, date a priori de la fin de la session parlementaire
01:02 tant pour le Sénat que pour la Chambre, mais les choses pourraient se prolonger un peu
01:05 plus s'il fallait.
01:06 On a jusqu'au 15 septembre pour régler un problème urgent qui avait été évacué de
01:13 la solution temporaire trouvée pour éviter le shutdown, qui est celui de l'aide à l'Ukraine,
01:19 à Israël et à Gaza.
01:21 On parle de plus de 100 milliards de dollars que la Maison-Blanche demande au Congrès
01:25 et les républicains qui ont une très courte majorité à la Chambre des représentants
01:28 ne sont pas du tout disposés à faire un chèque en blanc de 106 milliards de dollars
01:34 au président Biden sans obtenir en échange des choses importantes.
01:38 Or, ils lisent les sondages et ils constatent que s'il est un sujet sur lequel le président
01:43 Biden et les démocrates en général sont vulnérables, c'est celui de l'immigration.
01:48 Plus de 60% des Américains considèrent que la politique de Joe Biden en matière d'immigration
01:53 est une catastrophe.
01:54 Et donc, les républicains exigent pas simplement des petites mesures pour renforcer le contrôle
02:03 des frontières, en particulier la frontière sud des États-Unis, mais les républicains
02:08 rêvent d'une réforme fondamentale du droit d'asile.
02:11 Ça va être très difficile à obtenir parce qu'on s'écharpe sur cette question depuis
02:17 10 ans et nous n'avons que jusque donc au 15 décembre pour régler cette affaire.
02:22 Pour vous donner une idée de l'état d'inquiétude, pas simplement des nationalistes trumpistes
02:28 de la droite des républicains, mais aussi des centristes démocrates sur cette affaire,
02:32 c'est qu'au cours de l'automne, c'est plus de 8000 illégaux qui étaient arrêtés
02:37 tous les jours.
02:38 Plus de 8000 illégaux arrêtés tous les jours à la frontière sud des États-Unis,
02:43 ça fait beaucoup.
02:44 Pour l'exercice fiscal qui s'est achevé le 1er octobre, donc au cours des 12 derniers
02:49 mois en gros, plus de 2 millions d'illégaux ont été interceptés, qui cherchaient à
02:54 rentrer sur le territoire américain, même pour un pays comme les États-Unis, 2 millions,
02:59 c'est quand même beaucoup.
03:00 Que veulent les républicains ? Alors, Joe Biden est prêt à leur donner 14 milliards
03:06 supplémentaires pour augmenter les salaires des agents de la police aux frontières, embaucher
03:13 davantage de juges pour traiter les questions d'asile et les doter également, ces agents
03:21 de la police aux frontières, de moyens technologiques avec des caméras qui font de l'imagerie
03:25 et tout ça, des choses formidables.
03:27 Peut-être même construire encore un tout petit peu de ce mur que Donald Trump voulait
03:33 absolument construire et que Joe Biden, à reculons, a fini par accepter, en tout cas
03:38 pour une toute petite portion parce qu'il ne pouvait pas faire autrement.
03:40 Mais 14 milliards, ce n'est pas suffisant.
03:43 Les républicains veulent réformer le droit d'asile, en particulier ils veulent revenir
03:47 au principe qui avait été établi sous Donald Trump, à savoir que si vous demandez à entrer
03:52 aux États-Unis et à profiter du principe des droits d'asile politique, il faut le faire
03:58 depuis l'extérieur.
03:59 Vous ne pouvez pas arriver aux États-Unis et demander l'asile, on vous dit d'accord,
04:04 vous remplissez le dossier et vous jurez la main sur le cœur de revenir pour que votre
04:10 droit d'asile soit statué.
04:13 C'est ce qui se passe aujourd'hui et naturellement, beaucoup de ces demandeurs d'asile disparaissent
04:18 ensuite et on ne les retrouve jamais.
04:20 Il n'est pas du tout évident qu'un compromis puisse être trouvé d'ici trois semaines.
04:27 Un petit groupe de sénateurs, bipartites, tant démocrates que républicains, cherchent
04:33 un compromis qui permettrait de libérer l'aide à l'Ukraine et l'aide à Gaza.
04:38 Je rappelle que les États-Unis ont déjà versé 113 milliards de dollars d'aide à
04:42 l'Ukraine.
04:43 Plus de la moitié, c'est en fait de l'argent qui va directement au Pentagone, qui vide
04:48 une partie de ses stocks pour les envoyer en Ukraine.
04:50 L'autre moitié transite notamment par les organisations humanitaires et les banques
04:56 de développement pour aider l'Ukraine.
05:00 L'aide humanitaire à Gaza et l'aide militaire supplémentaire à Israël sont des choses
05:05 très urgentes et les républicains ont choisi ce dossier très piquant et le compteur tourne.
05:11 Je vais simplement, si j'ai le temps, illustrer la difficulté politique dans laquelle se
05:16 trouve Joe Biden.
05:17 En septembre, le gouverneur du Texas a décidé de jouer un tour à l'administration démocrate
05:26 en vue de démontrer à ses électeurs que les démocrates n'étaient pas vraiment sérieux
05:29 en matière de reprise du contrôle de la frontière.
05:32 Il a installé sur plus de 300 mètres à Eagle Pass, qui est une ville frontalière au sud-ouest
05:37 de San Antonio, une bouée flottante qui est au milieu du Rio Grande et ces énormes boules
05:46 flottantes sont ancrées au fond de la rivière et en dessous, il y a des morceaux très coupants
05:51 de scie.
05:52 L'objectif c'est qu'on ne puisse plus traverser au moins sur plus de 300 mètres à Eagle
05:59 Pass, la frontière, à la nage.
06:01 Plus de 210 000 personnes ont été attrapées au cours des 12 derniers mois en train de
06:07 faire ce trajet juste à cet endroit.
06:09 Et bien naturellement, le département de la justice a dit "vous, gouverneur du Texas,
06:14 vous n'avez pas le droit de faire ça parce que cette rivière est techniquement navigable
06:19 et vous n'avez pas demandé l'autorisation du gouvernement fédéral, alors la défense
06:22 des frontières relève du gouvernement fédéral, donc vous n'avez pas l'autorité juridique
06:28 pour imposer cette barrière".
06:31 Le gouverneur du Texas dit "nous sommes face à une invasion, je cite, et cette urgence
06:37 de l'invasion justifie que je prenne les affaires entre les mains".
06:41 Un premier juge a tranché en urgence à Austin, capitale du Texas, pour dire que cette frontière
06:48 flottante était illégale.
06:50 Et puis en appel à la Nouvelle-Orléans, la frontière flottante peut rester en place
06:57 le temps que, d'ici quelques semaines et quelques mois, on juge sur le fond de la réalité
07:03 de cette urgence et du droit du gouverneur du Texas d'intervenir.
07:08 Tout ça, donc, renforcement du contrôle de l'immigration versus package, nouveau package
07:15 d'aide à l'Ukraine, Israël, Gaza, ça explique sans doute pourquoi Joe Biden ne va pas à
07:21 la COP28.
07:22 J'ai vu ça passer rapidement, Pierre, je ne connais pas les deux sous du non-déplacement
07:26 de Joe Biden pour cet événement, mais ça montre en tout cas qu'il y a des affaires
07:30 à Washington qui sont effectivement clés avec un calendrier, comme vous l'avez très
07:34 bien rappelé, un calendrier serré, comme on dit.
07:37 Parce que si on ne règle pas cette affaire de l'Ukraine et de l'aide à Israël, la
07:44 situation en Ukraine devient de plus en plus compliquée, il manque de munitions.
07:47 Donc c'est un problème.
07:50 Et puis, nous allons retomber sur la première date butoir du 19 janvier, qui risque de nous
07:56 provoquer un shutdown, totalement indépendamment de cette affaire de l'immigration, et sur
08:02 cet autre shutdown possible début février, ce n'est pas le moment de partir, surtout
08:06 pour un président qui vient de prêter ses 81 ans et qui constate dans les sondages,
08:11 il vient d'ailleurs de refuser de répondre à la question à ce propos, qu'il constate
08:15 que sa popularité est au plus bas, il est en dessous de 40%.
08:18 - Trois minutes pour évoquer la possibilité de Nikki Haley pour les primaires républicaines,
08:25 Pierre-Yves.
08:26 On a déjà parlé avec vous de Nikki Haley, il faut peut-être la resituer un petit peu
08:28 dans le paysage.
08:29 Et quand je dis possibilité, possibilité d'exister à côté de Donald Trump.
08:37 Elle est issue de l'immigration, ses parents étaient indiens du Punjab, elle est née
08:42 en Caroline du Sud en 1972, elle a été élue locale, elle a été ambassadrice des Etats-Unis
08:52 aux Nations Unies sous Donald Trump de manière assez efficace, sans se disputer avec Donald
08:56 Trump, ce qui n'était pas facile.
08:58 Et aujourd'hui, on constate que ça serait, enfin on constate, beaucoup de républicains
09:05 qui, de la perspective d'une victoire de Joe Biden qui ne serait possible que parce que
09:12 Donald Trump est en face de lui, rêvent de voir Nikki Haley emporter l'investiture.
09:19 Pour l'instant, Nikki Haley est très très loin de Donald Trump, mais elle est en train
09:25 de passer devant tous les autres.
09:27 En particulier, elle est devant Ron DeSantis, maintenant, dans de nombreux Etats-clés, en
09:33 particulier dans l'Iowa et le New Hampshire, qui sont les deux premiers à avoir leur primaire,
09:38 et des noms que vous connaissez bien et que les gens qui nous écoutent connaissent probablement
09:44 bien aussi, sont en train de lui envoyer de l'argent.
09:47 Nikki Haley est capable de lever des fonds auprès de Stanley Druckenmiller, un des pères
09:53 des Hedge Funds.
09:54 Elle a reçu un coup de téléphone et des chèques de Jimmy Dimon, le patron de JP
10:00 Munger Chase, qui l'encourage dans sa quête de l'investiture républicaine.
10:06 Et souvenez-vous de Gary Cohn.
10:09 Gary Cohn qui a été patron de Goldman Sachs.
10:12 Gary Cohn, qui a dirigé l'équipe économique qui a rapproché de Donald Trump dans les
10:17 premiers mois de l'administration Trump et qui a fait plutôt du bon travail avant de
10:22 très très vite partir en se rendant compte que la maison blanche de Trump était un chaos
10:25 total, Gary Cohn n'a que de bonnes choses à dire sur Nikki Haley.
10:31 Ils ont tous, ces gens-là, beaucoup d'argent et ils sont prêts à le perdre, sachant que
10:35 pour le moment Donald Trump est toujours le favori.
10:38 Mais il semble que si ça n'est pas Trump, maintenant le cheval qui avance le plus vite
10:44 s'appelle Nikki Haley.
10:45 A suivre évidemment, ça ne fait que commencer pour ceux qui se passionnent et qui se passionneront
10:50 encore pour cette élection américaine.
10:52 Il y en a encore pour des mois devant nous.
10:53 Merci beaucoup Pierre-Yves.
10:54 Pierre-Yves Dugas, correspondant américain, avec nous chaque lundi dans ce quart d'heure
10:58 américain de Smartbourse à 17h45 si vous nous suivez en direct dans Smartbourse dès
11:02 17h et à retrouver bien sûr en replay sur bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble
11:08 de vos plateformes.
11:08 Merci.
11:09 [Musique]

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