L'édito de Gauthier Le Bret : «Crépol : la visite compliquée d'Olivier Véran»

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Dans son édito du 28/11/2023, Gauthier Le Bret revient sur la visite d'Olivier Véran à Crépol.
Transcript
00:00 Oui, Romain, j'ai envie de vous parler ce matin de deux porte-paroles.
00:02 L'un est ministre du gouvernement.
00:04 Il s'appelle, comme vous venez de le dire, Olivier Véran.
00:06 Il était hier à Crépol, neuf jours après le meurtre de Thomas.
00:09 Sur place, un autre porte-parole, André.
00:12 Un porte-parole de la France rurale, de la France de Thomas, comme il dit,
00:16 qui a crié à Olivier Véran, "Vous n'avez pas honte."
00:19 -Bonjour. -Bonjour, monsieur le ministre.
00:23 -Ca va ? -Bonjour, monsieur.
00:24 -Ca pourrait aller mieux.
00:26 -On va aller voir la famille pour commencer.
00:27 -Oui, il y a plus de temps.
00:29 -On répond au ministre, qui défend depuis toujours
00:32 tous ces gouvernements qui défendent la France des cités
00:35 contre la France de Thomas, la France rurale,
00:38 la France des gens qui élèvent leur gosse comme il faut,
00:40 qui ne les élèvent pas dans la haine.
00:42 -Vous l'avez peut-être entendu au début de l'extrait.
00:45 Quand Olivier Véran arrive sur place, il demande à l'une des officielles
00:48 si, je cite, "ça va".
00:50 Elle lui répond du tac au tac, "ça pourrait aller mieux".
00:52 Ca paraît anecdotique comme ça,
00:54 mais c'est tellement révélateur d'une forme de déconnexion.
00:57 Cet homme qui a interpellé Olivier Véran n'a aucun mandat,
01:00 aucune fonction gouvernementale.
01:02 Il n'est ni député, ni sénateur, mais il doit représenter du monde.
01:06 Ceux qui ne croient plus aux politiques qui se payent deux mots
01:09 et qui ne changent rien, Olivier Véran, à nouveau,
01:12 a évoqué hier un risque de basculement.
01:14 On l'écoute.
01:15 -Ce qui a coûté la vie à Thomas n'est ni un fait divers,
01:18 ni une simple rixe en marge d'un bal de village.
01:22 C'est un drame qui nous fait courir le risque
01:25 d'un basculement de notre société
01:27 si nous ne sommes pas à la hauteur.
01:29 -Un risque de basculement de notre société
01:31 si nous ne sommes pas à la hauteur.
01:33 On sent que chaque mot d'Olivier Véran est pesé.
01:36 -Oui, chaque mot est pesé, sans doute validé en haut lieu.
01:39 Il lit un texte, c'est assez rare pour être souligné.
01:42 Il craint le risque d'un basculement
01:44 après avoir refusé la semaine dernière
01:46 de reprendre le mot de Gérald Darmanin,
01:49 son collègue du gouvernement, dans "Sauvagement".
01:51 Il promet une justice implacable, une main qui ne tremble pas,
01:55 il peut y croire. Olivier Véran fait même du Nicolas Sarkozy.
01:58 "Vous n'en pouvez plus de ces bandes violentes",
02:01 a dit le porte-parole du gouvernement.
02:03 Nous non plus. Quand Nicolas Sarkozy,
02:05 ministre de l'Intérieur, disait en 2005
02:07 "Vous en avez assez de cette bande de racailles,
02:10 "on va vous en débarrasser." Des mots forts, chocs,
02:12 mais tellement vains, car rien ne change.
02:15 On a voulu mettre ces deux paroles en parallèle,
02:17 celle du porte-parole du gouvernement
02:19 et de cet habitant de Crépole, car ça illustre
02:22 la diversité du fossé entre les deux,
02:24 entre le gouvernement et une partie de la population,
02:27 entre les gouvernants et les gouvernés.
02:29 Et au même moment, sur les plateaux de télévision,
02:32 un célèbre éditorialiste du Service public expliquait
02:35 que les jeunes mis en cause dans la mort de Thomas
02:38 étaient venus "s'amuser et draguer des filles",
02:41 bien sûr avec des couteaux de 20 cm.
02:43 Là aussi, on peut parler de fossé
02:45 entre une partie des médias et une partie de la population.
02:48 -Quel décalage ! Ils ne sont pas allés que draguer des filles.
02:52 -Effectivement, de 20 à 25 cm,
02:54 avec des lames de 20 à 25 cm.
02:55 Merci beaucoup, Gauthier.
02:57 On a entendu ce monsieur,
02:59 représentant de la France de ceux qui élèvent bien leurs gosses.
03:02 Je pense que ça parle à beaucoup d'entre vous.
03:05 -Il n'a pas de mandat,
03:06 mais il doit représenter beaucoup de monde,
03:09 peut-être même plus que certains députés.
03:11 [Musique]
03:14 [SILENCE]

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