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Transcription
00:00 - Bonsoir Sarah Doraghi, aujourd'hui vous allez nous emmener du côté de Grenoble pour notre visite culturelle.
00:05 On s'arrête au musée de Grenoble pour une expo intitulée "Histoire d'image"
00:09 qui vous a beaucoup plu Sarah, et pourtant je vous sens un peu chafouine.
00:12 Vous avez un compte à régler avec le monde de l'art j'ai l'impression.
00:15 - Oui, bougonne même ! Oui, il n'y a pas photo Thomas, il faut agir.
00:18 - Il n'y a pas photo, c'est un jeu de mots, un indice, un début de piste.
00:21 - Oui, c'est tout ça Thomas, c'est tout ça.
00:23 Alors indignez-vous, venez, indignez-vous avec moi.
00:26 Je ne sais pas pourquoi je sens que les auditeurs d'Europe 1 d'ailleurs seront d'accord, la photographie comme discipline artistique
00:31 ne reçoit pas les honneurs qu'elle mérite dans le milieu artistique, dans le monde des beaux-arts on va dire.
00:37 Alors la peinture ça y va, la sculpture, l'architecture c'est super, les grands musées, les musées des beaux-arts comme on dit
00:43 sont si fiers de leur collection, si fiers des murs chargés d'histoire qui abritent leur chef-d'oeuvre.
00:49 Mais là attention, je ne vous parle pas des centres d'art, des maisons de la photo, des foires internationales et autres galeries branchées,
00:55 mais des grands musées, les musées classiques qui snobent en silence avec une pointe de condescendance,
01:01 la photographie qui pourtant tire comme personne le portrait de nos sociétés, qu'elles soient artistiques, informatives ou les deux.
01:09 - Et alors il y en a un, un musée formidable, c'est le musée de Grenoble.
01:12 - Alors oui, celui-là il est particulièrement exceptionnel et il a un directeur tout aussi formidable,
01:16 M. Guito Sato, qui est complètement d'accord avec moi, avec nous, on l'écoute au micro d'Europe 1.
01:21 - Pendant très longtemps, notamment en France, la photographie a été considérée comme un art mineur,
01:27 qui est relevé d'une simple technique et dont les objets étaient reproductibles à l'infini.
01:32 C'était aussi par ailleurs une expression avant tout associée aux médias, les journaux, les magazines,
01:38 et donc n'avait pas la dignité suffisante pour entrer dans un musée consacré aux beaux-arts.
01:45 - C'est pas considéré comme de l'art en fait.
01:47 - Oui c'est ça.
01:48 - Quand même non, j'ai vu des expos d'art contemporain, de Gursky par exemple,
01:52 j'adore, qui est un grand photographe allemand, à Beaubourg, j'avais vu une expo.
01:55 - Oui c'est un centre d'art, c'est pas dans les musées des beaux-arts.
01:59 - Ah ok, je comprends.
02:00 - C'est ça le truc, c'est ce côté "ah c'est un art mineur encore",
02:04 c'est pas un art majeur pour rentrer dans le musée des beaux-arts.
02:07 En tout cas, voilà, ce directeur qui est fantastique,
02:09 qui va quitter malheureusement le musée de Grenoble, mais qui a fait un travail formidable,
02:13 c'est le deuxième musée, vous savez le musée d'art moderne de Grenoble,
02:16 c'est le deuxième musée d'art moderne de France,
02:18 qui est la plus grande collection d'art moderne et d'art contemporain de la région,
02:22 juste après Pompidou.
02:23 Alors, il a fait un travail remarquable,
02:25 et avant de partir, il nous offre cette exposition intitulée
02:28 "Histoire d'image, collection Antoine de Galbert".
02:30 Antoine de Galbert, c'est un mécène qui a enrichi notamment le fonds photographique du musée.
02:35 Et ces deux-là ont un peu réparé cette injustice,
02:38 en faisant rentrer la photographie dans ce grand musée, par la grande porte.
02:41 Alors, voici une expo de photos, tirages d'images, de clichés d'art et d'actu,
02:46 que Guy Tossateau offre comme un dernier cadeau au musée de Grenoble,
02:49 et un pied de nez à tous ceux qui refusent de voir la photographie comme un art majeur.
02:53 - Et alors cette expo "Histoire d'image" au musée de Grenoble, ça parle de quoi du coup ?
02:56 - Alors, c'est Guy Tossateau qui va nous le dire,
02:58 vous avez entendu sa voix, il a une voix de musée, il a une voix sublime, poétique,
03:02 je préfère qu'on l'écoute lui.
03:04 - "Histoire d'image" nous parle du monde tel qu'il est,
03:07 à travers un télescopage ébouriffant d'images et de regards,
03:10 qui évoque tant la folie du monde, sa fureur et ses souffrances,
03:13 que la grandeur de femmes et d'hommes
03:15 qui trouvent toujours en eux la force de dépasser les épreuves qu'ils rencontrent.
03:19 C'est en définitive une magnifique leçon d'espoir et de résistance
03:22 qui est offerte par des artistes qui ont fixé,
03:25 parfois au péril de leur vie, ce monde tel qu'il va,
03:28 pour réveiller la conscience de leur contemporain.
03:30 - C'est vrai qu'il a une voix de musée, hein !
03:32 - Mais oui !
03:33 Alors, des marginaux, on va voir des marginaux de nos sociétés,
03:35 les gitans de la Courneuve, photographiés dans les années 60,
03:38 les habitants de Groenland,
03:39 aujourd'hui, le parcours d'un migrant,
03:42 les photographies ironiques et grinçantes des dictateurs,
03:45 l'Angleterre en crise de Margaret Thatcher,
03:46 jusqu'à celui drôle, cynique, attendrissant de Martin Parr,
03:50 Mandela, le commandant Massoud, le virus, le coronavirus,
03:53 la révolte des femmes de l'Espagne franquiste,
03:55 jusqu'à celle des femmes en Iran,
03:57 une série de paysages, de portraits d'Inde,
04:00 bref, la vie par fragments, le temps, l'instant, au musée de Grenoble,
04:03 une histoire d'images, de nations, Antoine de Galbert,
04:05 c'est jusqu'au 3 mars 2024,
04:07 et je terminerai en citant Henri Cartier-Bresson, ce photographe,
04:11 qui disait "Photographier, c'est mettre sur la même ligne de mire,
04:14 la tête, l'œil et le cœur".
04:16 Toutes les infos sur notre site europe1.fr.
04:19 - Voilà, il faut aller au musée de Grenoble,
04:21 ça peut être une bonne idée pour ce week-end.
04:23 Merci beaucoup Sarah Doraghi,
04:24 on vous retrouve très vite dans Culture Média.

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