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Transcription
00:00 Il y a un peu plus de dix ans, le 8 février 2013, vous étiez mon invité sur RMC et BFM TV à 8h30.
00:09 Depuis trois mois, trois mois avant ce 8 février 2013, vous étiez accusé depuis trois mois d'avoir détenu un compte bancaire non déclaré en Suisse jusqu'en 2010.
00:21 Argent ensuite déplacé à Singapour. Mediapart poursuivait son enquête, vous niez devant les députés. Le 8 janvier 2013, le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire pour blanchiment de fraude fiscale.
00:36 Et donc un mois plus tard, le 8 février 2013, nous sommes face à face.
00:43 Les yeux dans les yeux, est-ce que vous avez eu un compte en Suisse ou pas ?
00:47 Je n'ai pas, je n'ai jamais eu de compte en Suisse Jean-Jacques Bourdin et la réponse apportée aux autorités françaises par la Suisse permettra, je l'espère, et très vite, et le plus vite serait le mieux, d'en finir avec ces saletés.
01:04 Ces accusateurs, pourquoi vous accusent-ils, Jérôme Cahuzac ?
01:09 Faudrait le leur demander, car ce sont eux qui ont démarré cette campagne abominable il y a maintenant un peu plus de deux mois.
01:16 Vous avez pensé à démissionner ?
01:18 A aucun moment.
01:19 A aucun moment ? À quitter le gouvernement ?
01:20 Pourquoi démissionner quand on se sait innocent ?
01:23 Jérôme Cahuzac, vous avez menti ce matin-là, pourquoi avez-vous menti ?
01:36 Ce qu'on vient d'entendre, ce que j'ai fait, les 45 secondes ou la minute à l'Assemblée nationale, tous ces moments-là me hantent.
01:51 Ça me hante.
01:54 J'ai été ce que je n'aurais jamais voulu être, j'ai fait ce que je n'aurais jamais voulu faire, mais c'est quelque chose que je dois assumer.
02:01 J'essaye de le faire depuis dix ans, j'essaie de le faire dignement, je reconnais ce qui s'est passé.
02:09 La question n'est pas de savoir pourquoi j'ai menti.
02:13 En général, on ment quand on est acculé, on ment parce qu'on ne sait pas s'en sortir, mais même en disant ça, je suis gêné parce que je ne me trouve pas d'excuses.
02:23 Mais en quittant le studio...
02:25 Pardonnez-moi, mais je ne vais pas vous donner des explications qui pourraient sembler être des excuses, je ne m'en accorde pas.
02:32 Et si vous me permettez, je n'abuserai pas, je vous le promets, mais une citation littéraire, pendant toute cette période, naturellement, j'ai eu l'occasion de réfléchir, d'essayer de comprendre.
02:45 J'ai lu un livre de Bernanos qui s'appelle "Journal d'un curé de campagne", et à la fin, il y a une phrase à laquelle je pense souvent.
02:55 Le plus dur, c'est de se pardonner à soi-même. C'est ça le plus dur.
02:59 - Vous vous êtes pardonné à vous-même ? - Je ne crois pas.
03:03 - Mais vous êtes coupable ou victime ? - Ah non, j'étais coupable.
03:07 - Vous étiez coupable ? - Oh, il n'y a aucun doute. Aucun doute.

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