SMART SPACE - New Glenn vise la planète Mars !

  • l’année dernière
La première mission confiée à la future fusée de Blue Origin par la NASA en 2024 devrait être l’envoi de deux petites sondes, vers Mars ! Une annonce surprenante qui a fait réagir quelques acteurs du secteur alors que l’entreprise de Jeff Bezos n’a pas dépassé le stade de la fusée suborbital avec New Shepard. Alexandre Mangeot cofondateur et PDG d’Hyprspace nous livre son éclairage dans le call actu.
Transcript
00:00 Dernier essai réussi pour Ariane 6 avant son vol inaugural jeudi 23 novembre à Kourou.
00:10 Le moteur Vulcain 2.1 de l'étage principal de la fusée s'est allumé et a fonctionné
00:15 à pleine puissance pendant environ 7 minutes, un peu plus même de 7 minutes, ça représente
00:21 la même durée qu'une mission réelle pour envoyer un satellite en orbite.
00:25 Seule différence ici évidemment.
00:27 Les boosters à poudre n'ont pas été mis à feu et la fusée est restée accrochée
00:31 au sol.
00:32 Avec ce test, c'est toute la chronologie d'un lancement qui a été mise à l'épreuve,
00:37 débutant bien avant l'allumage moteur avec la veille le remplissage des réservoirs d'hélium
00:42 liquide.
00:43 Prochaine étape donc, le vol inaugural prévu en 2024.
00:47 Le Sénégal va réceptionner son premier satellite début décembre.
00:52 Un nanosatellite de 10 cm seulement d'envergure qui passera 4 fois par jour au-dessus du Sénégal
00:58 pendant 5 ans équipé de capteurs optiques et infrarouges nommés Gainsat.
01:03 Il a été entièrement conçu par une équipe d'ingénieurs et de techniciens sénégalais
01:09 formés au Centre spatial universitaire de Montpellier ici en France.
01:14 Un projet de 1,5 million d'euros porté par le ministère sénégalais de l'enseignement
01:19 supérieur qui espère ainsi booster un nouveau secteur d'activité, vecteur d'emploi.
01:25 Au total, 8 ingénieurs et 5 techniciens ont été formés au Centre spatial universitaire
01:30 de Montpellier, une formation qui a débuté en 2020.
01:33 Et c'est aussi grâce à un partenariat similaire avec le Centre spatial de Montpellier que
01:39 Djibouti avait, elle aussi, pu arriver au terme de son premier lancement de satellite.
01:45 D'autres pays africains pourraient donc suivre la même stratégie en murmure que le Cameroun
01:51 s'intéresse à ce partenariat.
01:53 Dernière actualité, New Glen vise la planète Mars.
01:59 La première mission qui sera confiée à la future fusée de Blue Origin par la NASA
02:05 devrait être l'envoi de deux sondes vers la planète rouge en 2024.
02:08 Une annonce surprenante qui a fait réagir quelques acteurs du secteur alors que l'entreprise
02:14 de Jeff Bezos n'a pas dépassé le stade de la fusée suborbitale avec New Shepard,
02:20 qui est d'ailleurs clouée au sol depuis quelques mois.
02:23 Alexandre Manjot, cofondateur et PDG d'HyperSpace, une startup française, a répondu à notre
02:29 call actu.
02:30 Bonjour Alexandre Manjot et bienvenue dans Smart Space.
02:33 Bonjour et merci de me recevoir.
02:35 Alors pour vous, Blue Origin n'a pas tout à fait fait ses preuves pour décrocher un
02:38 tel contrat ?
02:39 Non, pas vraiment, puisque comme vous l'annonciez tout à l'heure, Blue Origin n'a pas atteint
02:45 le stade de vol orbital.
02:46 Et là, on parle d'une mission qui va largement dépasser même le vol orbital puisqu'il
02:51 faut s'échapper de l'attraction de la Terre pour aller se mettre en orbite autour de Mars.
02:54 Donc on parle d'une mission qui est vraiment très, très ambitieuse au regard de l'accomplissement.
03:01 Je ne sous-estime pas l'accomplissement déjà de Blue Origin parce que faire des vols habités
03:04 ce n'est quand même pas rien, mais en termes de structuration de fusée, on n'est pas du
03:09 tout sur les mêmes choses.
03:10 Oui, vous l'avez dit, on a quand même une fusée New Shepard qui a été capable de
03:15 faire un vol habité et de dépasser la ligne de Carman.
03:17 Et ça, c'était déjà une étape, un milestone technologique assez impressionnant.
03:22 On peut se dire que c'était peut-être une des étapes les plus difficiles à franchir
03:26 et que la voie est toute tracée.
03:27 Vous vous dites que ce ne sera pas du tout la même chose.
03:29 Alors, je ne suis peut-être pas le meilleur placé pour savoir si ce sera l'étape la
03:34 plus dure à franchir parce que moi-même, ma start-up n'a pas encore franchi cette étape-là.
03:38 Ce qui est certain, c'est que le vol habité nécessite un très haut niveau de fiabilité
03:43 des systèmes et là-dessus, il faut peut-être être confiant dans le fait que Blue Origin
03:49 est capable de produire des systèmes complexes, fiables.
03:52 Néanmoins, la fusée dont on parle aujourd'hui qui est opérationnelle chez Blue Origin,
03:56 c'est une fusée qui reste très simple, relativement petite, mono-étage, mono-moteur.
04:01 Alors que New Glenn est une fusée bien, bien plus grande, avec des niveaux de complexité
04:06 qui sont sensiblement différents.
04:09 Puisque là, on parle d'une fusée multi-étage avec plusieurs moteurs, des moteurs même
04:13 de nature différente.
04:14 Donc, on attend avec impatience, je pense, ce vol de New Glenn.
04:19 Et c'est quand même assez, encore une fois, assez surprenant de lui voir attribuer comme
04:25 première mission une mission martienne.
04:27 Il y avait d'autres acteurs pour prendre cette place, hormis SpaceX, évidemment ?
04:32 Alors là, c'est une excellente question.
04:36 Je ne suis pas dans les papiers de la NASA.
04:40 J'imagine que oui, il aurait pu y avoir d'autres acteurs.
04:41 ULA, en l'occurrence, qui a déjà des lanceurs opérationnels, aurait pu, je pense, largement
04:51 répondre à cet appel pour faire cette mission.
04:54 Est-ce que vous y voyez comme plusieurs observateurs, suite à cette annonce, un espèce de coup
05:00 de coude à SpaceX ? Et peut-être de la part de la NASA et certainement de Blue Origin.
05:05 Oui, c'est assez difficile de ne pas voir ce petit coup de coude à SpaceX qui, depuis
05:11 le départ, la vision martienne portée par Musk est une empreinte assez forte sur la
05:19 culture de SpaceX.
05:20 Oui, clairement, je pense que c'est communément admis que Bezos et Musk ont un long passif
05:28 de compétition entre eux.
05:30 À mon sens, cette compétition est possiblement contre-productive dans le sens où ça demande
05:39 énormément d'efforts de capital intellectuel, mais également de capital financier.
05:43 Et ça ne va pas s'en rappeler ce qui se passe également en Europe sur la partie des
05:50 micro-lanceurs, puisque là aussi, il y a une compétition assez féroce entre tous
05:54 les acteurs qui développent, peu ou pro, à peu près la même chose.
05:57 L'argument en Europe, et peut-être celui de la NASA, c'est de challenger ses partenaires
06:03 en augmentant la compétition au sein de son secteur.
06:08 Est-ce que là, c'est une façon pour la NASA de challenger SpaceX alors qu'elle
06:11 n'a pas le droit de faire ça ?
06:14 Fred, un petit peu le programme Artemis aussi ?
06:17 Sans doute.
06:18 On peut voir de la NASA une volonté de rappeler à SpaceX qu'il y a des concurrents aux
06:24 États-Unis.
06:25 Effectivement, Starship est en retard sur le planning initial, notamment si on veut
06:30 lui faire la mission Artemis qui lui a été tribuée dans les temps.
06:34 Mais bon, j'ai envie de dire qu'elle lanceur n'est pas en retard aujourd'hui.
06:38 Je ne pense pas que ça accélère le programme Starship en lui-même, mais peut-être que
06:48 ça rappellera à la direction de SpaceX qu'ils ne sont pas les rois sur la montagne
06:56 et qu'il y a d'autres possibilités pour la NASA.
06:59 C'est intéressant, vous l'avez dit, vous-même vous mettez au point un système
07:04 de propulsion pour lanceur, un système hybride, on en a déjà parlé dans cette émission.
07:09 Ça veut dire que vous pourriez chausser les chaussons de Blue Origin et imaginer,
07:16 est-ce qu'on pourrait imaginer en Europe un contrat semblable au même niveau technologique ?
07:20 Je l'appelle de mes voeux, bien sûr.
07:26 Par contre, la technologie de propulsion qu'on développe est vraiment innovante dans
07:33 le sens où à ce jour aucun système propulsif avec notre technologie de propulsion n'a
07:38 atteint l'orbite.
07:39 Ce que je voulais dire tout à l'heure par ma remarque vis-à-vis de ce qui se passe
07:42 en Europe, c'est qu'aujourd'hui vous avez une dizaine d'acteurs en Europe qui développent
07:46 un micro-lanceur, avec des trajectiles plus ou moins différentes, mais globalement toutes
07:50 basées sur la même technologie de propulsion.
07:52 Évidemment, il faut qu'en Europe on rattrape notre retard par rapport à ce qui se passe
07:56 du côté nord-américain, mais je pense que cette compétition avec un trop grand nombre
08:02 d'acteurs est contre-productive.
08:03 En ce qui concerne Hyperspace, nous on développe une nouvelle technologie de propulsion et
08:07 on sera bien heureux de la mettre à disposition des prochains acteurs du spatial pour avoir
08:14 un avantage compétitif par rapport aux technologies qui sont aujourd'hui utilisées et même
08:18 du côté nord-américain.
08:19 Merci beaucoup Alexandre Mangeot d'avoir pris le temps de réagir à cette actualité
08:25 avec nous aujourd'hui.
08:26 Je rappelle que vous êtes co-fondateur et PDG d'Hyperspace.
08:29 On enchaîne avec le Talk sur Bismarck.

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