En matière de lanceurs, Emmanuel Macron souhaite faire émerger des champions français. A l’occasion de sa visite en Guyane, le président de la République a annoncé les lauréats retenus sur l’appel d’offres pour la création de mini-lanceurs dans le cadre du plan France 2030. Quatre start-up ont été retenues : MaiaSpace, Sirius Space, Latitude et HyPrSpace. On en parle avec Alexandre Mangeot, le cofondateur et PDG de cette dernière.
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00:00 La Biélorussie rejoint l'espace ! La mission russe Soyuz MS-25 qui a embarqué la première
00:10 femme cosmonaute biélorusse à rejoindre la station spatiale internationale.
00:15 La fusée a décollé avec succès samedi 23 mars dernier depuis le cosmodrome de Baïkonour
00:20 au Kazakhstan.
00:21 A l'issue dans l'envol d'environ 50 heures, Soyuz MS-25 s'est arrimée avec succès.
00:27 A l'ISS ce lundi, nous a fait savoir l'agence spatiale russe Roscosmos.
00:32 Trois personnes composent l'équipage, une russe, une biélorusse et un américain.
00:38 Cette biélorusse Marina Vassiljevskaya est la première personne biélorusse à voler
00:43 dans l'espace.
00:44 C'est un événement pour le pays qui a largement relayé ce lancement.
00:49 Autre actualité, la France subventionne les mini lanceurs.
00:54 Quatre start-up ont été retenus dans le cadre du plan France 2030.
00:59 C'est le président de la République lui-même qui en a fait l'annonce depuis son déplacement
01:04 à Kourou en Guyane.
01:05 Les quatre lauréats sont Maya Space, Sirius Space, Latitude et Hyperspace.
01:11 Alors justement, le cofondateur et PDG d'Hyperspace Alexandre Mangeau a accepté de répondre
01:17 à notre call actuel.
01:18 Il est en ligne avec nous.
01:19 Bonjour Alexandre Mangeau, que représente concrètement cette offre ? Un premier contrat
01:24 peut-être et surtout du financement ?
01:26 Bonjour Cecilia, merci de me recevoir.
01:29 Je tiens à corriger ce que vous venez de dire.
01:33 Il ne s'agit pas d'une subvention là aujourd'hui, il s'agit clairement d'un contrat d'achat.
01:38 C'est une opération commerciale.
01:39 Et il me semble le président lui-même l'a bien précisé, il y a une obligation de résultat
01:47 qu'il y a derrière ce financement.
01:49 Donc là, il s'agit finalement pour France 2030 de donner le moyen aux startups qui ont
01:57 été sélectionnées de montrer que finalement on était bientôt prêts à commercialiser
02:03 nos offres de lancement.
02:04 Et donc pour nous, il s'agit d'une opportunité qui est immense.
02:08 On est extrêmement honoré évidemment et on est prêt à relever le défi qui nous attend.
02:12 Et combien ça représente alors financièrement ce contrat ?
02:15 Étant donné que les contrats sont en cours de signature, je n'ai malheureusement pas
02:20 la liberté de vous divulguer les montants des contrats.
02:22 Mais ce sera fait d'ici peu.
02:24 Alors on parle d'une somme de grosso modo de 400 millions pour les quatre entreprises.
02:27 Est-ce que c'est juste ?
02:28 Oui, ça c'est une information qui a été rendue publique.
02:32 Donc oui, l'enveloppe totale est de 400 millions.
02:36 Donc pour chaque startup, c'est plusieurs dizaines de millions.
02:41 Voilà, on imagine à peu près, si c'est bien réparti, que ça fera à peu près 100
02:44 millions pour les quatre startups.
02:46 Alors on ne s'avance pas, je comprends bien que vous ne pouvez pas confirmer ou affirmer
02:50 ce chiffre.
02:51 Ça représente aussi de l'infrastructure un accès à Kourou spécifique ? Expliquez-nous.
02:55 Alors l'ouverture de la base de lancement à Kourou a été faite il y a deux ans de
03:03 mémoire pour que des startups puissent commencer à s'installer et à préparer la commercialisation
03:10 de leur offre de lancement.
03:11 Nous, à ce stade, on n'a pas été retenu pour Kourou, donc on attend que l'ouverture
03:18 se représente à nous.
03:19 En tout cas, dans l'intervalle, on a cherché d'autres alternatives de lancement et on en
03:25 a quelques-unes en Europe.
03:27 Si toutefois, Kourou ne devait pas être réouvert pour les micro lanceurs.
03:31 C'est vrai qu'il s'était précisé, en tout cas dans cette offre, c'était un petit peu
03:34 la formule proposée pour ces entreprises-là.
03:37 Pour l'instant, ça concerne plutôt trois entreprises.
03:40 Le CNES fait partie de ces engagements ? Quel est son rôle dans tout ça ? Comment ça
03:47 s'articule ?
03:48 C'est une bonne question.
03:51 Au titre de ce contrat-là, le CNES a plusieurs casquettes.
03:56 Celui de client, évidemment, puisque c'est lui qui s'avère avec le CNES qu'on va contractualiser.
04:00 Il a également l'autorité de sauvegarde naturelle pour l'opérateur français.
04:06 De toute façon, le CNES a une vue très exhaustive sur le développement, sur les technologies,
04:12 sur l'ensemble de la fusée.
04:14 Et étant donné qu'il a ces deux casquettes à la fois, et potentiellement également
04:24 gestionnaire du site de lancement, si toutefois on devait tirer depuis Kourou.
04:28 Avec toutes ces casquettes, il a une vue très exhaustive sur comment on progresse dans la
04:35 complétude du contrat que l'on va signer.
04:38 Et donc, ça rend ce client un peu spécial vis-à-vis d'un acteur purement commercial
04:45 avec qui on va pouvoir signer d'autres contrats dans le futur.
04:49 Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ? Que le CNES sera plus agile, plus attentif
04:53 aussi à votre processus de développement technologique ?
04:56 Oui, tout à fait.
04:58 Il va être présent à tous les stades d'évolution de notre développement, même si le contrat
05:06 spécifie bien qu'il n'achète pas le développement, il ne finance pas le développement.
05:09 Mais le CNES aura vision sur tout l'ensemble du développement et ça va permettre de
05:14 rassurer notre client que l'on va pouvoir mener à bien le contrat jusqu'à sa complétion.
05:20 Donc le contrat, concrètement, c'est la promesse d'un lancement, quand et pour envoyer quoi ?
05:24 Alors, en ce qui nous concerne, notre premier vol orbital est prévu pour 2027, au titre
05:32 donc de près de trois ans de développement.
05:35 Pendant ces trois ans de développement, on a prévu un vol suborbital, donc il ne fait
05:39 pas partie du contrat, mais bien évidemment, cette première échéance de démonstration
05:44 en vol sera suivie par le CNES avec grande attention.
05:47 Donc rendez-vous en 2027 pour le vol inaugural du lanceur orbital et si tout se passe bien,
05:56 on a d'autres contrats de lancement qui arriveront par la suite.
06:00 Je vous demande ça pour préciser, parce qu'effectivement, officiellement, on pourrait
06:04 se dire que ce n'est pas vraiment une subvention, mais est-ce qu'il y a un objectif commercial
06:07 pour l'État derrière ce vol inaugural qui aura lieu en 2027 ? Parce que proposer et
06:14 accompagner les entreprises pour leur propre vol inaugural, c'est bien les aider à achever
06:19 leur propre développement.
06:20 Est-ce qu'il n'y a pas d'objectif derrière qui va être bénéfique pour la France ?
06:24 Si, il y aura un objectif.
06:26 C'est juste qu'à ce stade-là, on est encore trop en amont pour définir quel est l'objectif
06:30 réel du premier vol et de ceux qui arriveront par la suite.
06:33 La CNES a bien l'intention de mettre des charges utiles à bord de notre fusée et
06:40 donc pour rendre réellement le service qui est escompté par le lanceur, c'est-à-dire
06:46 mettre en orbite une charge utile.
06:48 Aujourd'hui, effectivement, la charge utile n'est pas définie, ni son orbite de destination,
06:54 mais à mesure qu'on va avancer dans notre développement et qu'on va se rapprocher
06:59 de la date de lancement, toutes ces choses-là vont être cadrées, spécifiées et on va
07:05 devoir rendre le même service que l'on rendrait un opérateur commercial, c'est-à-dire que
07:10 la charge utile devrait être mise en orbite le plus précisément possible, à l'heure
07:16 indiquée, à la date de lancement souhaitée, etc.
07:19 Donc on a vraiment affaire à un client avec ce contrat du CNES.
07:24 Est-ce que vous vous sentez en concurrence aujourd'hui avec ces autres entreprises,
07:29 ces autres startups, MySpace, Sirius Space et Latitude, qui bénéficient elles aussi
07:34 du contrat, qui ont peut-être des efficiencies un peu différentes ? Certaines pourront lancer
07:37 peut-être plus tôt leur lanceur.
07:39 Est-ce que ça joue, vous vous sentez, dans cette relation aussi avec l'État et le CNES ?
07:45 Oui, bien sûr.
07:46 Et puis c'est tout à fait légitime.
07:48 Parce que, moi, mon point de vue, c'est que sans compétition, c'est difficile de proposer
07:55 une offre qui est compétitive.
07:57 Et l'idée aujourd'hui dans l'Europe spatiale, c'est de faire émerger de la concurrence
08:04 pour s'assurer que les systèmes qui sont développés arrivent en temps et en heure
08:08 et au coût escompté.
08:09 Je ne pointerai pas du doigt sur à quoi je fais référence, mais je pense que tout le
08:14 monde m'aura compris.
08:15 Et donc c'est vraiment important, cette nouvelle philosophie, pas seulement pour l'État
08:21 français, mais pour le spatial européen dans son entièreté, puisque aujourd'hui,
08:25 le spatial européen est quand même très particulièrement touché par ces aspects-là.
08:29 En ce qui nous concerne, effectivement, comme vous l'avez dit, on va arriver certainement
08:33 un peu plus tard que les autres.
08:34 La raison est simple, c'est qu'on développe un nouveau système de propulsion.
08:39 Il est très novateur par rapport à ce que font aujourd'hui les trois autres qui ont
08:43 été sélectionnés.
08:44 Et donc on a un plan de développement qui est quand même un peu plus long, en moyenne
08:50 un an plus long que nos concurrents qui ont été sélectionnés.
08:52 Merci Alexandre Mangeau d'avoir accepté de répondre à notre call actuel aujourd'hui
08:57 pour réagir sur ce contrat récemment signé avec la France et l'intermédiaire du CNES.
09:03 On enchaîne avec le talk sur Bismarck.